-Leurs défenses vont lâcher, allez on continue ! hurla un homme, complètement caché sous une large cape noir qui laissait tout juste entrapercevoir une armure.

Il tentait tant bien que mal d'encourager ses troupes. Mais cela faisait des heures qu'ils essayaient de prendre d'assaut ce château.

Le succès n'était pas au rendez-vous. Les morts quant à eux oui. La tempête et la pluie aussi au désespoir du général.

Elle venait de commencer. Au pire moment. Les gouttelettes ne transpercèrent pas ses vêtements de qualités. Mais visiblement, d'après les frissonements de ses hommes, ce n'était pas le cas pour tous.

Il vit avec horreur quelques-uns s'enfuirent en courant. Les lâches ! Des flèches vinrent les abbattre.

Le général haussa les épaules, ça dissuadera probablement quelques éventuels déserteurs.

Il se joignit au groupe qui portait de bélier.

Il donna un signal et tous s'élancèrent avec un cri de guerre rageur. Paf. Le choc fit trembler l'énorme porte de bois massive. Comme à chaque coup.

-Allez, cette fois-ci se sera vraiment la bonne, on ne lâche rien !

Ils reculèrent. Puis repartirent à l'assaut. Enfin, la porte craqua et s'effondra.

Soudain, tous les hommes tenant le bélier à droite furent transpercés par des flèches. Ils s'écroulèrent sans vie, créant un déséquilibre.

Les soldats de gauche furent obligés de lâcher leur fardeau. Les projectiles lancés par leurs adversaires obligeaient les attaquants à se disperser. Le général se glissa à l'endroit où se tenait la porte plus tôt.

Il y serait à l'abri. Il faisait des grands signes à ses hommes pour les faire venir, mais ils étaient trop paniqués pour le voir.

«Mais quelle bande d'incapables ! Comment voulez-vous que je réussisse à prendre une forteresse avec...eux comme troupes !»

Au même moment, des mains le saisirent et le tirèrent à l'intérieur du château. Il donna un coup de coude à son agresseur qu'il ne voyait pas à cause de la main pleine de crasse posée sur ses yeux. Aussitôt, en réaction à son attaque, il reçut un coup dans le ventre.

Visiblement ils étaient au moins deux à le tenir.

Il sentit une corde venir s'enrouler autour de ses poignets. Il eût le réflex de contracter ses muscles. Ainsi, quand il relâcherait la pression, la corde serait trop grande et il pourrait se détacher.

Hélas, les deux hommes semblaient connaître l'astuce et lui hurlèrent d'arrêter. Ils accentuèrent leurs dires d'une gifle et d'un coup à la mâchoire.

Il tomba et se retrouva à genoux. Les mains qui lui cachaient la vue ne suivirent pas le mouvement et il put observer trois hommes.

Enfin, observer, à peine deux secondes. Juste le temps qu'ils leur fallut pour foncer sur lui, terminer d'attacher ses poignets et passer un bandeau sur ses yeux. Un coup de pied dans son ventre annonça le moment de le relever.

Il fût ensuite traîné jusqu'à une porte et on le laissa là, sans repère. Il se mit en position assise, trop las pour essayer de se défaire de ses liens.

Il s'assoupit et fût réveillé par des petites claques. Il ouvrit les yeux une lumière vive l'éblouit et il dût cligner des yeux plusieurs fois avant de réussir à regarder autour de lui.

Il était dans la place centrale du château, dans la grande cour. Un cercle de personnes venues voir ce qu'il faisait là l'entourait.

Il se frotta les yeux et fixa d'un air étonné le prince Edward.
Ce dernier lui sourit d'un air hypocrite.
-Tu ne pensais tout de même pas être capable de prendre mon château ?

Le prisonnier lui.lança un regard assassin.
-Si ? Mais tu es bien naïf mon pauvre !

Il fit signe à la foule de nobles de s'écarter. Un ligne se forma et dégagea la vue jusqu'à... une estrade.

L'homme reconnut avant même de lever les yeux ce que c'était.

Il se força à regarder quand même. Ils étaient trente. En mauvais état. Déjà attaché. Leurs pieds touchaient encore le bois de l'estrade, mais pour combien de temps ?

Edward lui tourna la tête et la tourna vers lui.
-Tu auras l'exceptionnelle chance de vivre plus longtemps qu'eux ! C'est génial n'est-ce pas ? Tu auras le temps de te réjouir du spectacle avant de mourir.
Il répliqua en essayant de paraître insensible et poli:
-Ça ira, ne prenez pas cette peine pour moi, laissez ce spectacle à la vue d'autres...
-Allons, je sais que tu adores les exécutions ! Et puis, je t'invite, tu ne peux refuser !

Edward s'approcha de lui et lui glissa à l'oreille:
-De toute façon que tu ne le veuilles ou non, tu verras tes hommes mourir pendus !

Il le releva ensuite et l'entraîna derrière lui jusqu'à l'estrade. Les nobles les suivirent et s'attroupèrent autour des condamnés.

Le prince obligea l'homme à passer devant chacun de ses compagnons et les regarder. Il eut envie de vomir en voyant son second. Malgré la corde qui lui enserrait le cou, il essayait de garder bonne figure.

Enfin, le prince s'arrêta et son père arriva. Il fixa durement le prisonnier. Il fit ensuite un signe de tête et avant même que le général n'ai le temps de se tourner vers ses troupes, un bruit retentit et plus aucun des pieds ne touchait le sol.

Tous étaient en train de se débattre faiblement. Puis un à un la mort vint les faucher.

Le général eut la nausée. Mais il n'eût pas le temps de s'attrister sur le sort de son.second et des autres qu'il dût s'inquiéter du sien.

Les yeux fermés il laissa le bourreau lui passer le corde au cou. Avant de mourir le général sourit. Après tout, son plus grand rêve depuis tout petit était de voir le château. C'était chose faite. Certes, il n'avait vu que vaguement l'entrée et maintenant la cour, mais c'était mieux que rien.

Il rouvrit les yeux et s'imprégna des lieux. Il posa ensuite son regard sur le roi et son fils. Ils lui sourirent d'un même sourire sadique.

Puis ils hochèrent la tête de concert. Le général ne sentit plus d'appuis sous ses pieds. Il n'eût pas de chance, ayant été mal attaché, de mourir d'un coup sec, en se tordant la nuque. Il eût droit à la peur causée par l'étouffement.

Puis la mort vint le chercher.

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