Sa surface lisse et calme fut soudain dérangée. Tandis que des vagues se levèrent, le vacarme emplit l'espace. Un trou béant se créa, seul lieu de répit. Mais autour...

Autour, les éléments se déchaînaient.

L'eau volait, se débattait pour fuir sa prison. Elle se rébellait contre son impassivité précédente. Sa force décuplait à chaque instant, les secousses s'intensifiaient.

Et le vent s'aliait à sa fureur. Il se levait, secouait les branches des sapins qui entouraient le lac. Les bois craquaient, s'envolaient et s'écrasaient dans l'eau. Ils coulaient et disparaissent dans la masse devenue sombre et incontrôlable.

Pendant ce temps, le tonnerre grondait, lui. Il mugissait au loin, s'approchait petit à petit. Ses éclairs parsemaient le ciel sans prévenir et s'abattaient tantôt sur la forêt, tantôt sur le lac. Il aidait la mission du feu qui se réveillait après les attaques de son allié. Les sapins tombaient, foudroyés, et s'enflammaient. Le feu en profitait alors pour se montrer. Ses flammes brûlantes ravageaient la forêt, détruisant la végétation.

Et soudain, tout cessa.

Le trou se reboucha. L'eau s'apaisa. Le vent retomba. Le tonnerre sa calma. Le feu s'éteignit.

Les années défilèrent, les saisons se succédèrent sans que jamais ce mystère ne soit expliqué, ni même connu de la civilisation.

Jusqu'à ce jour-là. Cette catastrophe.

Le cinquième hiver après la brusque révolte des éléments, le lac avait gelé. Une glace dure le recouvrait entièrement. Les flocons tombaient, se déposaient délicatement sur la terre ferme et s'installaient-là. Il ne s'agissait pas d'une neige fondante, elle prenait de l'ampleur et semblait décidée à rester tout l'hiver, au plus grand plaisir des enfants.

Leurs cris perturbaient le calme de la saison durant laquelle les oiseaux ne chantaient plus, la nature se reposait et reprenait des forces. Ils riaient à gorge déployée. Ils couraient dans la neige, se jetaient à terre et roulaient, dévalant la vallée.

Les luges étaient concurrencées par des traîneaux et même, plus rarement par des skis sortis exceptionnellement. La pente était parfaite. Ni trop raide, ni trop plate, elle offrait des combinaisons plaisantes aux jeunes.

Nombreux étaient les bonshommes de neige commencés, rares ceux aboutis. Les batailles de boule de neige faisaient fureur. Et au milieu de ce joyeux bazar, une ombre au tableau.

Ce petit garçon immobile. Il se tenait debout, les bottes ancrées dans la couche blanche qui recouvrait le sol. Il ne bougeait pas d'un millimètre, ne s'amusait pas avec les autres. Il ne riait pas. Ne parlait pas. Il ne faisait rien. Rien...
À part scruter d'un œil furieux le moindre des mouvements des autres. Ses prunelles jaunes lançaient des éclairs et effrayaient les autres enfants. Ses cheveux blonds, coupés courts, se recouvraient de flocons mais il ne tremblait pas. Malgré l'eau qui coulait dans son dos, malgré la neige qui le recouvrait, aucun frisson ne parcourait son corps.

Il se mit soudainement en marche. D'un pas raide, mécanique, le regard vide. Ses iris semblaient éteints, recouverts d'un voile transparent.

Son pied droit se posa à la bordure du lac. Certains enfants le regardèrent faire, les plus grands effrayés à l'idée qu'il ne s'arrête pas, les plus jeunes hesitant à courir le rejoindre sur la glace. Mais personne n'intervenait.

Le garçon continua sur sa lancée. Son pied gauche commit le geste de trop.

Le premier pas sur le lac.

La glace ne réagit pas, l'enfant continua à avancer. Il arriva bientôt au milieu de la masse gelée. Au centre exact de l'étendue d'eau. Sur le petit cercle, le tout petit cercle que la tempête avait épargné cinq années auparavant.

Le cercle qui se fissura.
La glace qui se brisa.
Le garçon qui chuta.
Le trou se reboucha.

Et puis...

Des hurlements transpercèrent l'espace.
Les enfants fixèrent en vain la glace.
Mais il n'y avait plus aucune trace.
Du garçon emporté par le trépas.

Ce qui s'était passé ? Personne ne le sait. Il y eut bien les témoignages effrayés des petits... Mais là reposait tout le problème : qui croirait des enfants affirmant avoir vu quelqu'un disparaître dans le lac ?

Tout parent responsable... Mais qui continuerait à les croire lorsqu'ils affirmeraient que la glace s'était mise à bouger pour recouvrir le trou ? Plus personne.

L'histoire tomba dans l'oubli, aucun ne connaissait la famille du disparu.

Ainsi, le mystère reste entier, inconnu de la population. Sauf de cet homme. Tapi dans l'ombre, derrière un arbre. Il avait vu les éléments se déchaîner, le garçon chuter. Et il avait même déjà repéré la victime suivante...

Ce serait elle. Cette fille rousse dont les yeux orangés semblaient embraser ses victimes.

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Hello!
Petit texte écrit dans le cadre du tournoi des 24 plumes, n'hésitez pas à me laisser vos avis et passer faire un tour :)
Bisous,
Dream