La Peur
Je me souviens encore du goût métallique du sang dans ma bouche. Je le sentais m'emplir de sa saveur amère, il semblait si réel. Je me souvenais aussi de la peur... La vraie peur.
J'avais cinq ans alors. Je m'étais avancée tard le soir, dans le couloir, marchant à pas de loup pour ne pas être entendue. J'avais posé délicatement mon pied sur la dernière marche et avais retenu ma respiration quand elle avait craqué.
Mes parents, absorbés par le film qu'ils regardaient ne m'avaient pas entendue, j'avais pu ramper jusqu'au canapé et m'installer pour regarder l'émission avec eux.
Si seulement j'avais su alors, qu'il fallait remonter. Remonter tout de suite ! Remonter avant qu'il ne soit trop tard ! Mais je ne le savais pas, je ne pouvais pas le savoir. Alors je suis restée cachée sous le fauteuil et j'ai posé mon regard innocent sur la télévision.
La première image qu'ont rencontrée mes yeux m'a paralysée sur place. Mes cheveux se sont hérissés sur ma nuque, je me suis mise à trembler incontrôlablement.
Je voulais hurler, pleurer, fuir. Je voulais échapper à ça. Mais j'en étais incapable. Ma gorge était sèche, mes jambes flageollantes incapables de me porter ailleurs.
La peur, à l'état pur, s'est emparée de moi, tel un froid intense m'emprisonnant dans son étreinte glaciale. Elle s'est faufilée dans mon cœur et s'y est installée. J'étais hantée par cette image. Par ce sang, qui emplissait l'espace.
Il était omniprésent. Rouge vif, il s'approchait de moi telle une vague prête à m'engloutir. Il y en avait trop ! Trop de sang, il ne finissait pas de couler, quitter le corps de cette femme. Et elle.... Elle, elle était pâle... Si pâle. Trop pâle. Ses yeux blancs, vides, me fixaient froidement, terribles. La mort l'habitait.
La mort se faufilait en elle comme la peur en moi. Un serpent mortel semant doucement son poison dans nos cœurs.
Le mien rata un battement. Mes dents s'entrechoquèrent violemment. Tous, tous mes membres échappaient un à un à mon contrôle.
Elle reprenait vie sous mes yeux terrifiés. Oh, elle ne rescusitait pas dans le film. Elle s'animait, lentement, toujours aussi morte, toujours aussi pâle, toujours aussi horrifiante.
Elle quittait, sans me lâcher de ses yeux éteints, la télévision. Elle quittait l'écran !
Sa main sortit d'un coup, perçant l'écran et le traversant sans le casser. Je retins un glapissement de terreur, je me tapis dans ma cachette. Le reste du corps de la morte suivit bientôt la main froide.
Un hoquet de terreur s'échappa de mes lèvres tremblantes. Aussitôt, la morte se tourna vers moi. Elle me fixait. Elle me voyait. Elle s'approchait.
Elle s'approchait !
Fuir, il fallait fuir ! Pourquoi n'arrivais-je pas à reculer ? Pourquoi restais-je plantée là ? Pourquoi est ce que je ne bougeais pas alors que la main morte se faufilait vers le col de mon tee-shirt ?
Elle m'aggripa et me sortit de mon abri d'un mouvement brusque. Je retrouvai l'usage de ma voix et hurlai. Hurler jusqu'à en perdre mon souffle. Me débattre, jusqu'à ne plus avoir de force. Pleurer, jusqu'à ce que mes yeux s'assèchent.
La morte était imperturbable, insensible à ma panique suffoquante.
Je tournai la tête vers mes parents. Ils étaient absents. Absents ! J'étais seule, seule avec une morte. Seule avec la mort.
Pourquoi m'avaient-ils abandonnée là ? Comment avaient-ils osé abandonner leur fille ?
J'étouffais, je me noyais dans cette incompréhension. Et dans ce sang. Ce sang, tant de sang, trop de sang. Et moi qui avais horreur du sang...
C'était trop pour moi, trop pour mon petit cœur fragile, trop pour mes membres las. Mon organisme eut recours à la solution la plus simple, je m'évanouis, plongeant avec soulagement dans l'inconscience.
***
—Jill! Jill réveille toi! Qu'est ce que tu fais ici ?
Une voix que je connaissais très bien me tira du sommeil. Je me frottai les paupières et regardai autour de moi. J'étais couchée, sous le canapé, mes parents étaient accroupis près de moi.
Derrière eux, dénotant parmi la pénombre de la pièce, la télévision, m'eblouissant.
—Qu'est ce que tu faisais ici choupette ? redemanda maman.
Mais moi, je ne pouvais pas répondre. Je ne pouvais pas détacher mon regard de la télévision et cette image terrible qui se frayait doucement un chemin jusqu'à mon cerveau, tandis que mon corps se remettait à trembler.
Cette image allait me hanter pour le reste de ma vie...
************
Hey! Voici une petite histoire inspirée de faits réels ! Je l'ai écrite dans le cadre de mon cours de français, le but : écrire une nouvelle en utilisant certains expressions liées à la peur qu'on venait de voir.
Bref, j'espère que ça vous a plu !
Bisous
Dream
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