Chapitre Unique
Il faisait froid et nuit tard à l'Académie Ashford. Une silhouette arrivait par l'arrière. La pâle lueur lunaire dévoila lentement et sans précision ses blessures dues à son duel face au Prince des Chevaliers Noirs : Zero. Ce combat, il l'avait tant attendu mais, arrivé sur le champ de bataille, face à son ennemi, la peur s'était emparée de lui. L'angoisse de ne pas savoir qui se cachait sous se masque et qui prétendait combattre au nom de la Justice. Il ne connaissait personne avec une telle prétention, un tel orgueil. Et pourtant, cette personne, il la côtoyait tout les jours, il la connaissait depuis des années mais il ignorait qui elle était réellement.
Ce combat, depuis longtemps, il s'était préparé pour le remporter mais aujourd'hui, il avait échoué lamentablement. Il s'en voulait. Zero allait encore fait de victimes. Par sa faute. Il n'avait pas pu tirer. Pourquoi ? Il l'ignorait... Mais il n'y était pas parvenu... Il avait des doutes. Des doutes sur l'identité de Zéro. Cette voix... Cette façon de parler... Il avait l'impression de la connaître mais à la fois de lui être étrangère.
Il entendit des pas s'approcher de lui. Une démarche faible, titubante, hésitante... La lumière émanant du satellite terrestre lui permit de voir la silhouette qui se dirigeait vers lui et de la reconnaître assez facilement. Il l'interpella. Le concerné tourna doucement la tête vers lui.
-Su...Suza...ku ?
-Lelouch ! Est-ce que ça va ?
L'ex prince tomba lourdement dans les bras de son ami, épuisé. Le brunet le retint et recula de quelques pas, soutenant le poids du Britannien.
-Hé ! Lelouch ! Répond-moi !
Il n'obtint rien. Le Japonais soupira et porta son ami comme une princesse avant de l'amener à sa chambre puis de le déposer sur son lit. Il alluma sa lampe de chevet qui éclaira le visage souffrant de Zéro. Il posa une main sur son front, prenant sa température, espérant qu'il ne fût pas fiévreux. Ce qui n'était pas le cas. Le soldat remarqua de multiples blessures sur le visage et les bras du garçon aux cheveux ébènes. Comment avait-il pu finir dans cet état ?
-Que t'est-il arrivé, Lelouch ?
Il caressa doucement sa main. Inconsciemment, il remonta jusqu'à sa joue. Ce geste eu pour effet de faire s'ouvrir les yeux améthystes de l'ancien prince. L'Eleven retira précipitamment ses doigts, gêné par la situation.
-Non...attend...
Le chef de l'Ordre des Chevaliers Noirs prit la main de son ami et la reposa sur sa joue. Il soupira et le fixa en souriant légèrement.
-Lelouch ? J'ai une question...
-Vas-y... Je t'écoute...
-Comment t'es-tu retrouvé dans cet état ?
-Je...J'ai joué de l'argent...et j'ai gagné mais ça n'a pas plu à mon adversaire... Il a demandé à ses gardes du corps de me tuer. J'y ai échappé de peu.
En disant cela, Lelouch détourna le regard.
-Tu me mens, Lelouch. Lorsque tu nies la vérité, tu fuis le regard des autres.
-Suzaku...Je...Je ne peux pas te dire...
-Pourquoi ?! Tu sais bien que je ne te jugerai jamais ! Tu es mon meilleur ami!
-Tu me détesterais...
-La seule personne que je hais dans ce monde, c'est Zero ! Je ne pourrais jamais te détester Lelouch.
-Alors tu me hais déjà... Je suis Zero, Suzaku...
Le Britannien d'honneur resta incrédule face à cette annonce. Lelouch serait Zero ?! Non, impossible.
-Lelouch...Dis-moi que tu plaisantes ! C'est...C'est irréel ! Tu ne peux pas... Pas toi !!
Le concerné se redressa comme il pût malgré sa douleur à l'épaule en serrant les dents.
-Britannia est pourrie de l'intérieur... Il faut que ça change. Je te l'ai déjà dit...
-Mais je t...
Suzaku plaqua une main sur sa bouche, conscient de ce qu'il s'apprêtait à dire.
-Je te faisais confiance, Lelouch !
-Tu ne peux pas comprendre...
Une larme roula sur la joue du brunet. Il avait mal au cœur. Son meilleur ami. Son confident. Se trouvait être son pire ennemi. Il sentit une chaleur se poser sur sa joue. Lelouch la lui avait caressé.
-Le...Lelouch... Tu ne....peux pas...être Zero...
Il hurlait de l'intérieur. Pourquoi le destin était-il si cruel ? D'abord son père, puis Euphemia et ensuite Lelouch ? Qui serait le prochain à lui être pris, à lui être interdit par un mauvais concours de circonstances ?!
-Suzaku, ne pleure pas... Calme-toi...
-Que...que je...me calme ? Tu...tu es mon...pire ennemi...et en même temps...ce...celui que je... j'aime...le plus au monde...
Suzaku resserra ses doigts sur les draps. Il lui avait dit...
Il se jeta dans les bras de l'ex prince et nicha sa tête dans son cou.
-Je ne veux pas te perdre, Lelouch ! Je ne peux pas !
-Mais Suzaku... Tu ne vas pas me perdre... Pourquoi est-ce que tu dis ça ?
-Parce que...Parce que je serais peut-être obligé de te tuer et ça, c'est inconcevable... Je tiens trop à toi pour ça... Je t'en prie... Abandonne l'Ordre des Chevaliers Noirs ! Maintenant que je sais qui tu es... Je ne pourrais plus jamais retourner sur le front... Abandonne les, je t'en supplie !!
-Non, je ne peux pas ! Je dois changer ce monde !
-Ton utopie naïve ne te mènera à rien si ce n'est à la mort...
-Alors abandonne l'Empire et sois mien. Avec toi à mes côtés, je n'aurais plus à retenir mes coups ! Tu pourras me mener à la victoire ! Nous mener à la victoire... Juste toi, moi et Nunally.
Lui prêter allégeance et renoncer ce pourquoi il s'était battu ? Sa raison lui criait de ramener Zero à ses supérieurs mais son cœur lui ordonnait de rester avec lui et de le rejoindre. Il ne savait que faire. Il se retrouvait déchiré en deux. Il ne pouvait faire ni l'un ni l'autre. Dans tous les cas, ce serait une trahison. Mais laquelle était la pire ? Trahir Britannia ou trahir celui qu'il aimait ?
-Lelouch...Je ne peux pas choisir entre toi et Britannia ! C'est impossible ! C'est comme te demander de choisir entre Nunnally et l'Ordre des Chevaliers Noirs !
-Suzaku... Si tu tiens réellement à moi, le choix est évident !
Manipulateur !!! Hurla la conscience du brunet
-Mais Lelouch... Si seulement tu pouvais comprendre...
-Comprendre quoi ?
-Ce que je ressens... C'est une déchirure ! Toi ou Britannia ? Te tuer ou être à toi ?
Ses larmes coulèrent longuement et abondamment.
Zero sentit son cœur se briser. Il l'avait fait pleurer. Il avait fait pleurer Suzaku.
Il retira la tête de son ami de son cou et le força à le regarder dans les yeux. Il y vit la détresse, la peur, la haine et son exact opposé. Alors, il percuta. Il prit conscience de la profondeur des paroles de Suzaku. Son ami...l'aimait...?
-Suzaku... Est-ce que tu...tu... m'aimes ?
Sa question chamboula totalement le Japonais. S'il l'aimait ? Plus que sa propre existence ! S'il était prêt à lui avouer ? Autant se tirer une balle. Lelouch le repousserait à coups sûrs. Trois choix s'offraient à lui : Le premier, il lui disait la vérité, de A à Z; le deuxième, il fuyait lâchement, et le troisième, il passait à l'acte. Le premier ne lui plaisait guère, le deuxième consisterait à montrer sa faiblesse à Zero mais le troisième devait surement être le pire : Il embrasserait Lelouch... Non pas que cela le dérangerait mais il n'osait même pas imaginer la réaction de son vis-à-vis. Que faire ?
-Suzaku ?
-Je...
Ignorant quoi faire, Suzaku posa ses lèvres contre celles de Lelouch. Le baiser fut chaste mais tendre. Il surprit l'ex prince qui accepta l'échange. Lorsqu'ils se séparèrent, le pilote du Lancelot fondit en larmes.
-Je suis...désolé...
Il avait dit ça d'une voix triste et à peine audible. Pourtant, le Britannien l'avait bien entendu. Il lui fit doucement relever la tête et le fixa de son regard améthyste.
-Tu n'as pas à t'excuser, Suzaku.
Il lui caressa tendrement la joue avant de l'embrasser à nouveau ce qui eu pour effet de faire rougir le Japonais. Une poignée de secondes les sépara juste après.
-Tu..tu...
-Non, tu ne rêves pas. Moi aussi je t'aime.
Il passa une main dans les cheveux bruns de son, à présent, amant.
-Hé dire que tu es censé me haïr ! Pour quelqu'un qui me déteste, tu ne refuses pas le contact.
-Ne crois pas que je ne déteste pas le Zero que tu incarnes, Lelouch Vi Britannia. Je continuerai de me battre, puisqu'on ne peut pas trouver un terrain d'entente. Je refoulerai mes sentiments, une fois arrivé sur le champs de bataille.
Le Chef de l'Ordre des Chevaliers Noirs rit légèrement.
-Toi ? Refouler tes sentiments ?! Voyons, Suzaku, sois réaliste. Tu n'as même pas été capable de m'avouer ce que tu ressentais, alors le refouler, encore moins !
-C'était une ruse pour voir si tu m'aimais !
Le Britannien secoua doucement sa main.
-Mais oui, mais oui. Je vais te croire !
Pris d'une envie de vengeance, le brunet le plaqua durement contre le matelas en le fusillant du regard.
-J'y arriverai ! Je dois y parvenir. Je n'ai pas le choix.
Un sourire arrogant se dessina sur le visage du dominé.
-On a toujours le choix. Tu as le choix de quitter l'Empire et de me prêter allégeance.
L'Eleven l'enfonça un peu plus dans le lit.
-Arrête avec ça ! Ma réponse est non et tu le sais très bien ! Je ne quitterai pas mon poste pour tes beaux yeux !
-C'est bien dommage ! Mais puis-je te demander deux services ?
-Vas-y.
-Numéro 1 : Ne parle de cette discussion à personne. Et numéro 2 : Peux-tu te lever, s'il-te-plait ?
-Ne t'en fais pas, je ne dirais rien. Et, pourquoi je devrais me lever ?
-Parce que j'ai un problème en bas.
Suzaku regarda vers le "bas" de son amant et rougit violemment en voyant la bosse qui déformait son pantalon.
-C'est pas ma faute !!
-C'est pas de la mienne non plus, Lelouch ! J'y suis pour rien si tu contrôles pas tes hormones !
Le concerné grogna et poussa doucement, presque avec amusement, le militaire à côté de lui. Celui-ci gémit de protestation et se redressa comme il le put. Du bout des doigts, l'ancien prince caressa la joue du brunet. Celui-ci rougit et détourna le regard.
-Regarde-moi, Suzaku...
-Pourquoi ?
-Parce que j'en peux plus de ne plus te regarder dans les yeux !
Sans s'en rendre compte, Lelouch embrassa de nouveau son amant.
-Suzaku, je t'aime. Quand est-ce que tu vas en prendre conscience ?!
-Quand tu arrêteras de jouer avec mes sentiments pour que je quitte l'Empire.
-Je me fiche de tout ça pour l'instant ! Je veux juste être avec toi ! S'il-te-plait, ne me gâche pas ce plaisir. Devoir me battre contre celui pour qui je suis prêt à tout est épuisant mais surtout brisant. Ça m'achève à coups d'aiguilles dans le cœur. Je me connais, je sais qu'à un moment je vais craquer et tout laisser tomber si je n'arrive pas à tenir. Alors, je t'en prie, Suzaku...
-Qu'est-ce qui me prouve que c'est pas encore une de tes stratégies pour que je t'appartienne ?!
Cette phrase percuta violemment le pauvre Britannien. Son amant ne lui faisait pas confiance...Et ça lui faisait mal... Il tourna la tête, attristé mais trop fier pour lui laisser voir cette faiblesse. Déjà qu'il lui avait dit qu'il avait besoin de lui alors lui montrer que ce manque de confiance le blessait, certainement pas !
En ce qui concernait le Japonais, il préférait rester sur ses gardes. Il ignorait si, celui qu'il avait en face de lui, était Lelouch ou Zero. S'il s'agissait de son ennemi, il n'allait pas tomber dans le piège. Zero avait un esprit tordu, il avait déjà pu le constater plusieurs fois et ses méthodes le dégoûtaient au plus profond de lui-même. Mais pourtant, il savait que derrière cet esprit sadique et malsain se cachait celui qui, au fil du temps, avant l'invasion du Japon, était devenu son meilleur ami et, à présent, son amant. Seulement, ce qui le décevait le plus n'était certainement pas qu'il fît parti essentiel des terroristes, non, ce qui le décevait, c'est que Lelouch n'avait jamais eu le courage de lui avouer en face quelle double vie il menait. Mais en même temps, Suzaku ne l'avait pas fait non plus, dans le simple souhait de ne pas l'inquiéter.
-Lelouch, je ne voulais pas te blesser mais comprends-moi...Celui qui est en face de moi, a une double vie, une double identité. Alors j'ignore à qui je m'adresse.
-Tu crois vraiment que ça m'a fait mal ?!
Lelouch éclata de rire. Un rire sinistre mais désespéré.
-Non, ça ne m'a pas fait mal, Suzaku.
Il rit plus fort. Sa voix se brisa alors que les larmes lui montaient aux yeux.
-Évidemment que ça ne m'a pas fait mal ! Non ! Ça m'a brisé ! Suzaku, tu ne me fais pas confiance ! Tu me poignardes silencieusement, sans la moindre pitié, avec pour seule arme tes paroles !!
-Lelouch...Je...Ce n'était pas mon but.
-Vraiment ?!! Alors pourquoi ?! Pourquoi tu refuses de me croire ?! Bordel, tu me rends dingue !!
-Arrête, Lelouch...
-Non, j'ai pas finit ! Pourquoi ?! Pourquoi me refuses-tu ?!! Pourquoi ?!! Tu m'en veux ? Qu'est-ce que j'ai pu faire pour que tu m'en veuilles à ce point ?!!
-Tais-toi...
-Laisse-moi finir ! J'essaye de te convaincre que c'est bel et bien moi qui te parle mais tu refuses de me croire !! Comment ?! Comment ai-je pu te perdre ?!!
-La ferme !!!
Le brunet saisit brutalement son vis-à-vis par le col. Les larmes coulaient le long des joues de l'ex prince. C'était bien la première fois que ce dernier montrait sa faiblesse à son ami.
-Pourquoi est-ce que tu me dis tout ça ?!
-Su...Suza...ku...Je...
-Allez, dis-moi pourquoi tu fais semblant d'être aussi faible ?!!
-Je ne...fais pas...semblant...
Il n'y croyait définitivement pas. Peu importe ce qu'il dirait, le soldat resterait fixé sur l'idée qu'il mentait. Pourtant, le Chef des Rebelles était sincère. Sûrement la première fois qu'il le fût autant. Le pilote du Lancelot le força à se rapprocher.
-Dis-moi la vérité, Lelouch !
-M...Mais...c'est la vérité !
-Comment pourrais-je savoir ?!
-Pourquoi tu ne me crois pas ?!!
-Parce que tu mens très bien !!
Décidément, Suzaku semblait vouloir détruire ce pauvre Lelouch avec ses paroles emplies de colère et de haine. Mais là, il venait d'aller trop loin. L'ancien héritier de Britannia se leva et courut comme il le put à travers les couloirs de l'Académie, souhaitant rester loin de celui qui venait de le briser.
Le brunet ne comprenait vraiment pas pourquoi le Chef de l'Ordre des Chevaliers Noirs venait de s'enfuir en pleurant. Il n'avait fait que dire la simple vérité ! Cependant, il savait que son ami, une fois mit face à cette réalité, l'acceptait avec énormément de mal et, généralement, il préférait la fuir plutôt que de la regarder en face. Seulement, le soldat eu un pincement au cœur en voyant son amant partir en pleurant, laissant des perles salées dans son sillage.
Rattrape-le, espèce de crétin ! Tu l'aimes non ? Alors cours-lui après et excuse-toi ! Idiot !! Lui hurla son cœur
C'est ton pire ennemi, abats-le ! Non, mieux ! Ramène-le à Sa Majesté et demande-lui de te faire Knight Of Round en échange de la capture de Zero ! Lui siffla sa conscience, tel le Tentateur à Ève.
Encore une fois, il se retrouvait coupé en deux. Il savait que Lelouch lui en voudrait s'il le ramenait à son père.
Le soldat grogna. Il commençait déjà à se détester pour se qu'il allait faire.
Il sauta du lit et partit à la poursuite de son ami. Il savait où il se rendait. L'endroit où, à chaque fête, il se trouvait pour tout admirer, tel un roi qui contemplait son royaume : Le toit de l'Académie Ashford.
Il tourna au coin de plusieurs couloirs, monta divers escaliers avant d'arriver à destination où il vit un Lelouch totalement effondré. Il se rua vers lui malgré sa volonté. Il remarqua que le brun avait une seringue à la main.
-Lelouch ! Mais qu'est-ce que c'est ?!
-Va-t-en...Laisse-moi...
-Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?! Tu te drogues depuis combien de temps ?!!
-Moi ? Me droguer ? Non, je ne prends aucun stupéfiant.
-Alors que contient cette seringue ?
-Tu sais...Elle était destinée à Schneizel s'il avait eu l'idée de m'attaquer. Jamais je n'aurais cru l'utiliser sur moi... On dit que le venin de la Cuboméduse d'Australie peut tuer un homme en cinq minutes. On verra bien ce que ça va donner.
Un sourire se dessina sur les lèvres de Lelouch. Sincère et désespéré, voilà ce qu'il était. Et jamais Suzaku ne l'avait vu dans cet état. Il s'agenouilla devant lui et saisit la seringue avant de la lancer loin d'eux. Il se plaça au dessus de lui et planta ses yeux dans ceux de son vis-à-vis.
-Qu'est-ce qui t'a pris ?
-Suzaku...
-Non mais sérieusement, qu'est-ce qui t'a pris ? D'abord tu m'embrasses, ensuite tu joues avec mes sentiments, puis tu éclates en sanglots, tu fuis et enfin...tu tentes de te suicider. Pourquoi ? Pourquoi ce comportement ?
Il avait dit cela d'une voix douce et rassurante.
Lelouch serra les dents, une grimace défigura son visage. Ses yeux se plissèrent et s'emplirent de larmes. Il voulut hurler mais aucun son ne sortit de sa gorge.
-Parle-moi. J'ai bien compris qui se trouvait en face de moi. Je suis ton ami. Tu sais que tu peux tout me dire.
Le concerné demeura muet. Son regard se vida, comme s'il venait de perdre tout sentiment, toute envie de vivre. Il se fit doucement secouer mais cela n'eu aucun effet.
-Lelouch, tu m'entends ? Hé, Lelouch !
Le dix-septième prince de Britannia bougea doucement ses doigts et les posa sur la joue de celui qu'il aimait. Il semblait sur le point de mourir mais, à la connaissance du brunet, Lelouch se trouvait en bonne santé.
Le pilote posa sa main par-dessus celle de son vis-à-vis.
-Su...za...ku...
-Lelouch, qu'est-ce que tu as ? Parle-moi, je t'en prie ! Tu m'inquiètes !
-Su...za...ku... je... ne... veux... plus... vivre...
Il avait murmuré ça d'une voix faible. Si faible que son ami ne parvenait plus à la reconnaître.
Il resta choqué de son annonce.
-Tu...tu veux...mourir ?
N'ayant pas la force de répondre, le questionné hocha doucement la tête.
-Lelouch, pourquoi ?! Tu...C'est toi qui m'as ordonné de vivre ! Pourquoi tu veux tout abandonner ?
-Je...n'ai...plus...la...force...Laisse-moi...
Les larmes montèrent aux yeux du Japonais. Il n'allait pas le laisser mourir. Hors de question.
Il l'aimait, c'était indéniable. En se l'avouant complètement, il venait de choisir son camps. Et il allait forcer Lelouch à se battre pour vivre.
-Écoute-moi bien Lelouch Vi Britannia, tu vas vivre, d'accord ?! Je t'interdis de mourir de manière aussi pitoyable juste parce que tu n'as plus envie de te battre !! Renoncer à tout ce dont pourquoi tu t'es battu jusqu'ici ? Ça, c'est hors de question ! Tu n'as pas le droit ! Tu ne peux pas crever ici et maintenant !! Qu'importe ce que tu feras pour mettre fin à tes jours, je serais toujours là pour t'en empêcher. Tu as ma parole, Lelouch ! Tant que je serais en vie, tu ne mourras pas ! C'est compris ?!
Ces paroles ne firent pas bouger le Chef des Rebelles. Il ne broncha pas. Même s'il savait pertinemment que son ami avait raison, il n'allait pas appliquer ce qu'il lui disait. Il n'avait plus de volonté. Mais ça n'avait pas échappé à Suzaku.
-Dis-moi, Lelouch...Pour toi, qu'est-ce qui est le plus important ? Penser à ta personne en mourant de manière stupide et inutile ou penser aux autres et te secouer un peu ?!!
-Je veux...partir...Ça ne...sert à...rien...d'insister...Suzaku...
-Tu es bête de croire que je vais abandonner, Lelouch. Je suis têtu. Bien plus que tu ne l'es.
-Cette fois...c'est moi...qui aurait... raison...de ton...acharnement...
-Pas en étant aussi faible. Non, oh que non !
À mesure que Lelouch répondait, Suzaku savait qu'il était en train de le tirer de ce gouffre. S'il voulait vraiment mourir, il ne répondrait plus et trouverait un moyen de mettre fin à son existence.
-Je ne...suis pas...faible !
-Prouve-le moi et lève toi !
Le Britannien s'appuya contre le muret et tenta de se lever, sans succès. De plus, sa douleur à l'épaule lui faisait atrocement mal. Il retomba à genoux. Il n'osa tourner son regard vers le militaire. Pourtant celui-ci lui tendit sa main.
-Qu'est-ce...que tu fais ?
-Je t'aide. Parce que tu es faible. T'es même pas fichu de te lever tout seul.
-J'ai pas...besoin de ton aide !
Le soldat inclina la tête sur le côté en souriant. Il y était parvenu finalement. Il venait de retrouver le Lelouch qu'il avait toujours connu.
-Allez, lève-toi. Tu vas pas rester ici jusqu'à l'aurore !
Le Britannien soupira, releva la tête et lui lança un de ses plus beaux sourires. Il s'appuya sur son genou et se leva en s'aidant de la main de son ami.
-Lelouch, sois honnête avec moi. Est-ce que tu m'aimes réellement ?
-Suzaku, si je ne t'aimais pas, tu crois que j'aurais pris la peine de te sauver la vie en mettant en danger tout mes plans ?
-Vu sous cet angle...
Le Major sourit à son vis-à-vis. Il lui caressa doucement la joue. À sa grande surprise, le Britannien vint se loger dans ses bras en nichant sa tête dans son cou. Le fils de l'ancien Premier Ministre posa sa main sur le crâne de son ami et commença des caresses dans ces cheveux ébènes qu'il aimait tant. Une autre main se plaça au niveau de ses reins, rapprochant leurs corps.
-Qui désires-tu réellement, Suzaku ?
-Je...Je... Tu me demandes encore de choisir entre toi et Britannia, c'est ça ?
-Non, non. Ne t'en fais pas. Qui désires-tu ? Avec qui veux-tu passer ta future vie ? Avec qui serais-tu capable de t'afficher en public, sans honte ni gêne ?
Même s'il connaissait déjà la réponse, Lelouch voulait l'entendre de sa bouche.
-Je t'aime mais...ce sera avec Euphie...Désolé, Lelouch.
-Serait-ce nos yeux violets qui te charment ?
-Ceux d'Euphemia ont beau être magnifiques, ce ne seront jamais les tiens. La couleur de tes yeux est vraiment unique, impossible à reproduire.
Le concerné se sentit rougir. Il s'écarta doucement de celui qu'il aurait voulu considérer comme son compagnon.
-Merci, Suzaku...Mais c'est ici que nos routes se séparent...
Les deux jeunes hommes étaient face à face et n'importe qui arrivant, les yeux rivés vers l'horizon se dessinant entre eux serait aveuglé par le soleil rougeoyant se levant et, par un effet d'optique, se situant au centre de leur position.
-Adieu, Suzaku Kururugi.
Le prince déchu tourna les talons, faisant ombre à la lumière puis partit. Une goutte d'eau tomba dans son sillage, reflétant un infime instant les rayons du lever de l'étoile de feu. Le pilote le regarda et fit un quart de tour afin de se placer dans le même axe que son ami.
-Adieu, Lelouch Vi Britannia.
Ils auraient pu s'aimer...Seulement un mauvais concours de circonstances leur a refusé ce privilège. Ils détestent la seconde vie de l'autre mais ils se vouent un amour sans faille et un profond respect en dehors du champs de bataille. En d'autres termes, ils s'aiment à s'en haïr. Qui cèdera le premier ? Qui tirera la première balle ? Ou, au contraire, qui refusera de tirer sur son adversaire ? Lequel mérite de mourir ? Et celui qui mérite de vivre ? Ou alors, s'accompagneront-ils dans la mort ? Peut-être suvivront-ils tous deux mais leur amour en sera briser à jamais.
Quelles que soient les réponses à ces questions, là ne fut pas le sujet de ce récit. Et peut-être les obtiendrez-vous en lisant un autre écrit, racontant le futur de ces deux amants précipités dans la haine de l'autre...
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