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Perdus dans la nuit (XXI)

J'ai encore en tête l'état d'esprit dans lequel j'ai abordé ma seconde année de fac.

J'avais fait tomber beaucoup d'illusions sur la vie étudiante en un an, et même sur ce qu'était la vie en général.

J'étais venu vivre d'incroyables aventures et partager le meilleur de ma jeunesse avec des amis-pour-la-vie.

Côté ami, j'étais gâté. J'avais mon petit groupe de la MDL, plus particulièrement Joomi, et Yugyeom dans ma promo. Côté aventures aussi, j'avais eu mon compte ! Et mon insupportable voisin du numéro cinq y était pour beaucoup.

Ce que j'avais le plus foiré finalement, c'était l'amour. Comme quoi, plus on a de certitudes, plus on se goure. J'étais venu rejoindre la femme de ma vie pour savourer enfin notre grande histoire sans limite et je m'étais fait supplanter dès le début par ce type exécrable qui avait réussi le même miracle que moi : faire tomber Yoon Eunha amoureuse.

Après des péripéties, des retournements de situations et des trahisons à faire pâlir les scénaristes des Feux de l'amour, nous avions eu une brève période de presque-couple qui s'était soldé par un échec.

Même Min Yoongi s'en sortait mieux que moi sur le plan relationnel. Enfin, c'était comme ça avant qu'on s'envoie en l'air dans mon appartement. Ça aussi, ça relevait de la pépite niveau connerie. Yugyeom s'en serait frappé le front contre les murs ! Heureusement, l'aimable Yoongi m'avait sommé de tenir ma langue, sous peine de me couper les couilles. Charmant, comme d'habitude.

Bref, quoi qu'apporte cette nouvelle année universitaire, j'espérais un peu plus de sérénité et de bonnes décisions sentimentales. J'aimais Eunha, bien sûr. Et dans un monde parallèle, c'était toujours la femme de ma vie. Mais c'était terminé. Fini, rideau, basta, point final. Ne pas céder à la tentation de la revoir serait mon défi du jour jusqu'à la fin de mon existence. J'allais m'en sortir.

Et un jour, qui sait ? J'allais peut-être retomber amoureux.

J'avais fait le ménage dans ma tête et dans mon cœur, je m'efforçais de maintenir une volonté de fer, et pourtant, tous les efforts du monde n'auraient pas suffit à me préparer à... ça.

Quand je dis "ça", je parle de la soirée de rentrée de la Maison des Langues.

A ce jour, je n'ai encore rien vécu de comparable.

La soirée avait lieu chez Choi Hansol, un nouvel inscrit à la MDL. Ses parents et sa petite sœur Sofia prolongeaient les grandes vacances chez de la famille aux Etats-Unis. Je ne sais pas si Monsieur et Madame Choi se doutaient des risques qu'ils encouraient à laisser un étudiant de première année disposer de leur immense baraque. Ce qui est certain, c'est qu'ils n'ont pas pu imaginer ce qui s'est passé ce soir-là.

J'étais parti tôt par peur de me perdre, la maison des Choi se situant dans un quartier résidentiel où je n'avais jamais mis les pieds. Mes yeux se baladaient entre l'itinéraire sur mon portable et les plaques à chaque angle de rue. Il faisait déjà nuit, j'avais du mal à me repérer.

Depuis la sortie du métro, j'avais remarqué un garçon qui hésitait aux mêmes intersections que moi. Il était bien coiffé, portait une chemise sympa dans un style habillé sans être trop strict. Je nous soupçonnais d'aller au même endroit.

Il finit par remarquer que je le suivais, que nous cherchions tous les deux notre chemin, et il dû tirer la même conclusion puisqu'il tenta un sourire dans ma direction. Il tenait un sac plastique qui renfermait un pack de bières. Quant à moi, j'avais apporté une bouteille de Chablis -non pas parce que les goûts d'Eunha me hantaient ; j'avais supposé qu'il y aurait d'autres alcools en quantité plus que suffisante et j'avais envie de boire du blanc.

- Tu vas à la soirée d'Hansol ? me fit-il.

- Ouais, enfin je le connais pas vraiment, avouai-je. Il vient de s'inscrire à la Maison des Langues de ma fac et il a proposé qu'on fasse notre soirée de rentrée chez lui.

- Je le connais pas trop non plus. On est dans la même fac alors ? Je suis dans sa promo, en L1.

- Même fac mais pas la même année, j'entre en L2 ! Jungkook, me présentai-je en regroupant le Chablis et mon portable dans la même main pour lui tendre l'autre.

Il la serra chaleureusement en effectuant le même manège. Hansol avait vraiment invité tout le monde. Quiconque ayant le moindre lien avec lui pouvait se pointer, ça sentait le joyeux bordel.

- Minho, se présenta l'étudiant en L1. Tu crois que c'est encore loin ?

- Pas d'après le plan.

Nous fîmes le reste du trajet côte à côte. Nous ne savions pas trop comment poursuivre la conversation mais la situation nous amusait.

La maison était immense, digne d'une série américaine, de quoi raviver mes fantasmes sur la vie universitaire et m'enthousiasmer au plus haut point. Rien ne manquait : la façade en bois peint, le porche typique et son perron, les cinq fenêtres flanquées autour, le gazon ras, l'allée de graviers. J'étais conquis.

La porte s'ouvrit sur Hansol qui nous invita à entrer. C'était notre première rencontre ; on m'avait simplement envoyé l'adresse de sa maison. Nous fîmes de rapides présentations. Il connaissait déjà Minho, évidemment, et le brancha sur le sujet d'un de leurs cours. 

Je fus surpris de voir le monde qui s'entassait. Presque tous les visages m'étaient inconnus. J'arrivai la cuisine, pas moins peuplée que les autres pièces du rez-de-chaussée. La musique trop forte, les discussions, le tintement des bouteilles de bière et des verres, tout se mêlait dans un brouhaha général et constant. J'avais l'impression d'être en boîte de nuit.

- Je peux poser ça où ? criai-je à un garçon qui avait l'air de gérer les boissons.

- Par là, sur le comptoir ! cria-t-il à son tour en agitant un torchon vers la gauche.

Je poussai quelques verres vides pour déposer mon Chablis.

- Qu'est-ce que tu bois ? reprit le type au torchon.

Je n'eus pas le temps de lui répondre qu'un hurlement de joie retentit dans mes oreilles.

- T'ES LAAAAA !

Lisa, ivre morte, me tomba littéralement dessus. J'avais ses bras autour de mon cou et je m'inquiétais de la voir vaciller sur ses talons hauts.

- Sa..Salut.

Je la remis sur ses pieds, prêt à la rattraper au cas où. Son état me préoccupait.

- Tu fais connaissance avec Seungri ?

Le gars au torchon eut un petit rire.

- C'est qui Seungri ? s'amusa-t-il.

- Bah, c'est toi ! s'exclama Lisa.

- Non...

- Ah, excuse-moi... Seungwoo ! Seungkwan ? Seungwoo ou Seungkwan ! C'est pareil, conclut-elle en me le présentant. Et ça c'est Jeon Jungkook !

Elle attrapa un verre au passage. J'allais demander le prénom exact de Seung-quelque chose sauf qu'un nouveau fracas m'interrompit. C'était toujours Lisa qui, en quittant la cuisine, avait brusquement dérapé et s'était raccrochée au comptoir où j'avais mis le Chablis. Ma bouteille toute neuve gisait sur le sol. Son contenu se répandit entièrement sous nos yeux consternés -surtout les miens- et forma une grande flaque où baignaient des morceaux de verre.

- Oups, lâcha Lisa avec un rire de petite fille.

Celui dont j'ignorais toujours le nom (Seung-qui ?) soupira de découragement et écarta Lisa pour nettoyer les dégâts. Ils avaient dû être présentés en début de soirée et elle avait complètement oublié comment il s'appelait, puisqu'elle protestait et s'excusait en changeant son prénom de façon aléatoire.

- Prends ce que tu veux, déclara le garçon en me désignant la table couverte de bouteilles.

A genoux, il épongeait, résigné. J'attrapai un gobelet en plastique et vérifiai sommairement sa propreté, puis j'optai pour un verre de coca. Vu l'ambiance de la soirée, j'allais commencer tranquille.

Je quittai la cuisine pour rejoindre le grand salon, où l'ambiance était lourde et saturée d'alcool. Je reconnus Joomi au fond, elle discutait près de la fenêtre avec un groupe de fumeurs. Je lui souris de loin sans pour autant venir la déranger. Je ne voyais ni Jimin, ni Jin, ni Mingyu, et Namjoon n'avait pas l'air d'être encore arrivé.

Qu'à cela ne tienne, j'étais assez grand pour me faire des amis tout seul. Quel intérêt d'être dans ce genre de soirée si l'on ne fait pas de rencontre ?
Un autre petit groupe attira mon attention. Ils étaient seulement deux et tenaient des gobelets comme le mien. Ils restaient prudemment à l'écart, et observaient toute cette agitation d'un air intimidé.

- Hey, saluai-je en me glissant auprès d'eux.

- Hey, répondirent-ils aussitôt avec des sourires maladroits.

Dans le coin où nous étions, il était possible de s'entendre sans crier. Le premier me dépassait de quelques centimètres, avait quelque chose d'européen dans le visage et un très joli grain de beauté au-dessus de l'œil gauche. Il s'appelait Kai. 

Le second s'appelait Taehyun, et si son prénom ressemblait vraiment à celui du mec qui avait gâché ma vie, c'était leur seule similitude. Taehyun était plus petit -enfin ma taille-, avec de grands yeux bruns et des traits d'enfant. Il m'évoquait une fille qui se serait métamorphosée en garçon sous l'effet d'un sortilège.

 
Une Cendrillon du genre. 

J'avais trouvé un sacré concept, en n'ayant rien bu d'autre que du coca ! J'étais plutôt fier de mon idée, mais je la gardai pour moi par peur d'offenser Taehyun.

Ils m'accueillirent avec plaisir, ravis qu'un "grand" s'intéresse à eux.

Ils étaient jeunes. Plus jeunes que moi. Ça me faisait bizarre de ne pas être le plus petit, sans doute parce que j'étais né dans la seconde moitié de l'année et que j'avais l'habitude d'être le bébé Kookie d'Eunha. Yugyeom était mon cadet de quelques semaines, mais qu'il prenait tellement soin de moi que j'avais tendance à l'oublier.

Kai et Taehyun habitaient dans la même rue que la famille Choi. Les garçons allaient dans le même établissement que Sofia, la petite sœur d'Hansol. Propulsés dans une soirée étudiante, ces deux lycéens se contentaient de regarder de loin et de boire du jus d'orange. Ils m'avouèrent que c'était la première fête de leur vie. J'endossai le rôle du grand frère rassurant.

- C'est souvent comme ça, vous inquiétez pas. On s'y fait. Ils sont pas méchants !

En fait, j'adorais ça. J'avais toute leur attention, leur respect, leur admiration, et même leur confiance. Ils me posèrent des questions sur la fac et j'en posai quelques unes sur le lycée. Ils me répondaient avec embarras, en minimisant l'importance de leurs histoires par rapport aux miennes. J'étais un adulte, j'étais confronté à la vraie vie, j'avais mon indépendance. Je n'avais pas peur de boire des shots d'alcool fort ou de draguer des filles plus âgées, ce qui, à leur âge, représentait le summum du cool. Taehyun et Kai me confièrent qu'ils aimaient bien se retrouver le samedi pour regarder des animés et manger de la pizza ou les tacos de la mère de Kai. C'était d'ailleurs leur programme du soir avant qu'Hansol ne les invite.

- Tu dois trouver ça nul, s'excusa Kai.

- Pas du tout, répondis-je avec un sourire amical.

Je les trouvais bien moins nul que moi au même âge. J'aurais été incapable d'assister à une soirée de "grands" avec un pote. Leur innocence me rendait nostalgique. D'ailleurs, je souhaitais à Kai et Taehyun de tomber amoureux le plus tard possible, pour qu'ils puissent faire leurs propres choix et s'engager dans la vie d'adulte sans attache. Qu'ils évitent de sélectionner une fac et de programmer leur vie en fonction d'une fille... ou d'un mec, selon leurs goûts.

Voyant que le feeling passait bien, j'allai nous chercher directement une bouteille de coca et une brique de jus d'orange à la cuisine, que j'installai sur une petite table à côté des fauteuils où nous nous étions échoué. Nous formions l'anti-soirée la plus sage jamais constatée et nous en étions contents. C'était une discussion simple, sans séduction, sans besoin de maintenir une quelconque façade.

Nous étions à part, désintéressés de ce qui se passait autour. Il nous arrivait de tourner la tête quand un étudiant arraché beuglait, tombait, ou cassait quelque chose -Seung-truc accourait aussitôt avec son torchon, à croire qu'on lui avait cousu dans la main- mais nous reprenions immédiatement la conversation. Une autre fois, le regard de Kai fut happé par un couple en train de conclure à deux mètres de nous mais il se décala sur la droite pour leur tourner le dos et n'avoir plus que Taehyun et moi dans son champ de vision.

Nous loupions la plupart des actions que mes camarades qualifieraient plus tard "d'immanquables", tout ce qui se passait de croustillant dans la soirée se passait sans nous, jusqu'à ce qu'une effervescence massive nous force à nous interrompre.

Ce fut d'abord un mouvement inhabituel : des petits groupes de deux ou trois personnes allaient et venaient entre le salon et le couloir. De là, on entendait des exclamations, des rires, des petits cris. Je regardai le fond de la pièce et Joomi n'y était plus.

Je la vis quelques minutes plus tard surgir du couloir, les yeux rouges et le visage fermé, puis traverser le salon pour retourner à la fenêtre. On s'écartait sur son passage, et le groupe avec qui je l'avais vu discuter se referma autour d'elle comme pour la soustraire au regard des autres.

- Je reviens.

Je laissai Taehyun et Kai pour me diriger vers le couloir. Un tas de gens s'étaient agglutinés autour d'une porte. Certains poussaient pour ouvrir, d'autres tiraient pour fermer, d'autres encore filmaient la scène.

- Qu'est ce qui se passe ? demandai-je à une fille que je ne connaissais pas.

Elle gloussa et s'éloigna de moi sans un mot. La poignée de la porte glissa subitement des mains de celui qui la tenait. Quelques insultes fusèrent à l'intention des pousseurs, qui s'étaient rués sur l'opportunité et réussissaient maintenant à maintenir une ouverture.

- Vous êtes des gamins ! jura le type qui venait de récupérer la poignée et tirait de toutes ses forces, furieux.

Qu'est-ce que ça pouvait être ? Une fille couverte de vomi ? Un couple surpris en plein acte ? Dans les deux cas, c'était dégueulasse de vouloir filmer.

Je jouai des coudes pour me frayer un chemin jusqu'à l'interstice. Je découvris la salle de bain des Choi et Min Yoongi étendu sur le carrelage blanc, le teint rouge, le pantalon aux chevilles pendant que deux bécasses suçotaient son cou et passaient leurs mains sur lui sans jamais lui toucher l'entrejambe. Elles avaient l'air de s'éclater. Lui avait les yeux fixes et un sourire béat. Il bandait mou.

Mon souffle se bloqua et je restai en apnée, contemplant la scène avec horreur. J'étais paralysé. J'entendais les cris, les rires et les protestations de loin. Je ne pouvais pas être là. Je ne pouvais pas assister à ça. Ce n'était pas en train de se produire.

Et pourtant.
Il fallait que j'agisse.

Mu par une force soudaine, j'écartai les mains accrochées à la porte qui me barraient le passage et entrai dans la pièce. Les filles tournèrent la tête.

- Dehors, grondai-je d'une voix que je ne reconnaissais pas.

Leur attitude, d'abord aguicheuse, changea radicalement. L'une d'elle allait répliquer mais sa copine la tira par le bras. Tout le monde relâcha la porte et les laissa passer.

- Yoongi. Debout.

Ses yeux voilés se posèrent enfin sur moi. Il déglutit péniblement.

- Va chier, Jungkook, lâcha-t-il dans un râle d'agonie.

Très bien, il voulait la jouer comme ça. Je l'attrapai sous les aisselles pour le soulever. Il essaya de me faire perdre l'équilibre mais je passai son bras autour de mes épaules et le mien autour de sa taille. Tant bien que mal, je réussi à couvrir sa paire de fesses et à lui rattacher le pantalon. J'en profitai pour menacer les derniers voyeurs.

- Celui ou celle que je trouve encore là en sortant... je le vire de la soirée avec son smartphone carré dans le cul.

Merde, Yoongi déteignait sur moi.

-Lâche-moi, Jeon, gémit-il.

- Tais-toi.

Je l'agenouillai devant la baignoire et je fis couler l'eau froide.

- T'es vraiment complètement con.

Son marmonnement se transforma en glouglou quand il se prit le jet dans la gueule. Il cracha et s'agita comme un chat échaudé. Je le maintenais par la nuque. Lorsque je jugeai qu'il avait assez dégusté, je coupai l'eau et je l'aidai à s'asseoir sur le tapis de bain. J'ouvris le placard sous le lavabo, et pris une serviette propre que je lui lançai. Il s'en saisit et se tamponna le visage.

Une fois certain qu'il ne tomberait pas dans les vapes, je le laissai avec la serviette et refermai la porte de la salle de bain derrière moi. Étrangement, il n'y avait plus personne.

J'allai rejoindre Joomi. Tout le monde me regardait.

- Je peux te parler ?

- Jungkook...

Elle fondit en larmes. Je lui ouvris mes bras et elle s'y jeta, nichant sa tête contre mon torse. Je la serrai doucement. Ça faisait une éternité que je n'avais pas tenu de fille comme ça.

- C'est mon meilleur ami, qu'est-ce que je vais lui dire !, sanglota-t-elle.

Je la berçai dans mes bras, faute de réponse à lui offrir.

- Je suis entrée là-dedans et j'ai essayé de le tirer, il m'a repoussé, j'arrêtais pas de répéter "Et Hoseok ?" mais il voulait rien savoir, il m'a dit de la fermer...

- Il déconne. J'ai viré les deux gourdes de là.

Je n'avais rien à lui dire. J'avais couché avec Yoongi alors que son mec -que je connaissais- dormait à quelques mètres de nous et j'adorais Joomi; est-ce-que c'était pire ?

En le voyant dans une telle posture, j'avais eu envie de le cogner. J'avais eu envie de traîner ces deux pétasses par les cheveux -je détestais insulter les filles mais ces deux grosses connes méritaient une exception.

Et je n'avais pas pensé une seconde à Hoseok.

J'avais simplement tiré Yoongi de là parce que ça faisait mal de le voir comme ça. Quel abruti.

Joomi pleura longtemps. Quand elle reprit contenance, je la laissai avec Namjoon, qui était finalement arrivé, pour aller voir Kai et Taehyun. Ils avaient l'air effrayés.

- Il y avait quoi dans la salle de bain ?

Je leur expliquai brièvement la situation. Taehyun avait les yeux écarquillés. Deux gosses, une fille en larmes et Min Yoongi, et dire que c'était seulement notre soirée de rentrée !

Je réfléchissais à ce qu'il fallait faire de Yoongi quand il revint parmi nous dans le salon, et l'une des deux connes l'attirait comme une mouche. Ils se sourirent et je vis Yoongi avancer vers elle. Kai et Taehyun échangèrent un regard d'angoisse. De l'autre bout de la pièce, je vis Joomi faire des grands gestes qui signifiaient "empêche-le !!!" ...facile à dire. J'abandonnai les lycéens pour la piste de danse et je m'approchai à mon tour. Dès que Yoongi fut à ma portée, je le pris par les hanches et le tournai vers moi. Il oublia l'autre fille instantanément et se pendit à mon cou.

- Salut toi !

- Reste tranquille, sifflai-je.

Personne n'avait rien fait. Même Namjoon. Était-il découragé ? Avait-il essayé d'intervenir, comme Joomi ? Et les autres ? Personne n'avait essayé de l'aider. Il y avait bien le groupe qui voulait refermer la porte, et après ? J'étais le seul à comprendre que c'était grave ? Si les rôles avait été inversés, deux gars et une nana, est-ce qu'ils se seraient bougés davantage ?

J'avais peur pour lui.

Yoongi logea ses mains sur mes fesses. Je les remontai. Il les redescendit. Je les remontai et durci mon regard. Il essaya de m'embrasser.

Il réussit à atteindre mon menton, comme j'avais levé la tête. Bientôt, je sentis sa langue sur ma pomme d'Adam.

- Arrête.

Je ne pouvais pas le lâcher, une seconde d'inattention et il retournerait se fourrer dans le pétrin. Heureusement, Joomi me délivra rapidement. Malgré sa rancœur, elle était venue danser avec lui.

- On se le partage, proposa-t-elle.

J'acceptai. Ce n'était pas un hyung, c'était un bébé pour qui on organisait des tours de garde. Joomi avait compris qu'il n'était pas dans son état normal : c'était inutile de lui en vouloir maintenant.

Mes pas me menèrent à la cuisine, qui par bonheur était déserte. Je ne savais pas ce que je ressentais. Si Lisa ne l'avait pas cassée, j'aurais descendu la bouteille de Chablis. Je fis de la place sur la table pour m'asseoir entre les verres sales, les bouteilles presque vides et les gobelets éparpillés. On aurait dit un champ de bataille. J'avais besoin d'un remontant. Je jetai mon dévolu sur un shot de vodka pure et la brûlure m'apaisa.

Il faisait bon dans la cuisine, moins étouffant que dans le reste de la maison. La fenêtre était ouverte et j'avais vue sur les étoiles. J'évitais de penser à ce qui se serait passé si je n'avais pas été là. Une tristesse immense me rongeait le ventre. Yoongi était seul. Personne ne veillait sur lui, à part Hoseok.

Je ne fus pas surpris de le voir entrer dans la cuisine. Ses cheveux menthe n'étaient toujours pas secs, à moins que la sueur ne les ait à nouveau mouillés. Il s'approcha de moi et de la table. J'eus le réflexe de vérifier qu'il n'y avait pas de débris au sol.

Avec des gestes gauches, il se plaça entre mes jambes. J'étais surpris que son odeur d'alcool ne m'écœure pas. La vodka que je venais de boire devait y être pour quelque chose. Il posa son front contre le mien. Nos nez se touchaient aussi. Il cherchait mes lèvres, et je lui refusais.

- Non, lui dis-je.

- Si.

Il prit mes poignets pour me coincer sur la table. Je pouvais me dégager mais j'avais peur de lui faire mal, de l'envoyer au sol ou contre les bouteilles. Ne trouvant pas ma bouche, c'est son bas-ventre qu'il colla sur le mien. Je le poussais délicatement et je résistais d'une voix ferme, évitant ses assauts.

- Ça suffit !

Namjoon le tira par le col et l'épingla au mur.

- Ne lui fais pas mal ! réclamai-je tout en étant reconnaissant de son intervention.

Namjoon et Joomi avaient débarqués ensemble dans la cuisine, et cette dernière se confondit en excuses.

- Il m'a échappé !

- C'est pas grave...

- Je suis désolée Jungkook !

- Ça va, tout va bien.

Comme nous deux, Namjoon-hyung ne savait pas quoi faire de lui. L'enfermer dans une pièce n'était pas une option. Je savais bien comment ça allait finir. Inévitablement.

- Je le ramène.

- T'es sûr ? s'enquit Namjoon.

- Ne te sens pas obligé, s'inquiéta Joomi.

Je les déculpabilisai d'un sourire. Si, j'étais obligé.

- Trouvez-lui ses affaires.

Dans le salon, la soirée tournait mal. Un étudiant rond comme une queue de pelle venait de tomber sur la table basse et de la casser en deux. Je croisai Taehyun et Kai avec leurs manteaux, eux aussi me cherchaient pour me dire qu'ils s'en allaient. Je certifiai que c'était la meilleure chose à faire et je leur laissai mes coordonnées pour qu'on se parle sur Kakao.

Je trouvai Choi Hansol livide devant la porte de sa salle de bain, en train d'actionner la poignée à demi-dévissée. Seung-au-torchon frottait chaque carreau de carrelage par à-coups rageurs.

Pris de remords, je me courbai en deux devant eux pour présenter des excuses. Hansol me fit signe de me relever et me serra mollement la main pour me dire au revoir. Il restait cordial mais je voyais dans ses yeux qu'il regrettait d'avoir organisé cette soirée.

Je m'éclipsai avec Yoongi.

Je n'avais jamais vu qui que ce soit dans un tel état. J'en venais à me demander s'il n'avait pris que de l'alcool, si l'une des filles l'avait drogué. J'avais loupé son arrivée et celle de Namjoon en me coupant de la soirée. Je discutais avec Kai et Taehyun. Je ne l'avais pas vu boire, je ne l'avais pas vu tout court avant de le découvrir allongé sur ce carrelage blanc.

Mon téléphone était déchargé. Les maisons et les rues se ressemblaient toutes. Je n'avais aucune idée du chemin pour rentrer. Tout était fermé, nous ne croisions personne.

- Bonsoir, Monsieur, salua Yoongi.

Je me tournai avec l'espoir de demander comment rejoindre le métro ; peine perdue. Yoongi venait de saluer un nain de jardin. Il fallait revenir sur nos pas.

Je reconnus enfin la rue de chez Hansol. Une silhouette s'approchait de nous en titubant, emmitouflée dans une veste large. C'était Lisa. Elle marchait pieds nus et tenait ses talons à la main.

- Vous êtes là ? s'étonna-t-elle d'une petite voix perchée en nous reconnaissant.

- On est perdu. Tu as de la batterie ? On veut aller prendre le métro.

- C'est par là, fit-elle en pointant la direction d'où nous venions.

- Tu es sûre ? Tu veux bien regarder sur le plan ?

Elle consentit à sortir son portable pour nous guider. Yoongi s'était assis à côté d'une poubelle.

- Lève-toi, intimai-je.

- Non.

- Hyung, c'est pas le moment. Il faut qu'on rentre.

- Non !

Je n'eus pas le temps d'éviter l'impact. C'était le jour des encombrants. Devant la poubelle, on avait déposé le pied cassé d'un vieux porte-manteau en bois et Yoongi venait de me le lancer dans les jambes. Je grimaçai de douleur, soufflai en serrant les dents et me penchai en sautillant d'un pied sur l'autre. Ça faisait un mal de chien, pire que de se prendre un meuble. Lisa nous regardait l'un et l'autre.

- Il est taré.

C'est tout ce qu'elle trouva à dire, et elle se mit à rire. Je fis voler le pied du porte-manteau à l'autre bout de la rue et je claudiquai jusqu'à Yoongi. Il se mit à grogner comme une bête. Je le saisis au col.

- Kook, easy, m'avertit Lisa.

Je n'en avais, mais alors, rien à foutre. 

- Ecoute enfoiré, vociférai-je, s'il te reste une étincelle de bon sens, je te conseille de rentrer avec moi. Tu te tiens à carreaux, et tu arrêtes d'entraîner tout le monde dans la merde où tu te noies !

Il avait décollé du sol, pas tout à fait mais il se tenait sur la pointe des pieds et ma poigne le maintenait à cette hauteur. Il était petit, fin, fragile. Mais il avait eu la force de me niquer les mollets. 

- On marche, ordonnai-je.

Lisa pinça les lèvres, je vis que je l'intimidais et qu'elle se contenterait de nous guider sans moufter. J'avais lâché Yoongi et nous remontions la rue tous les trois, Lisa en tête, moi au milieu qui me retournais toutes les cinq secondes pour vérifier que l'autre idiot suivait le mouvement. Il traînait les pieds, ce qui manquait de le faire trébucher une foulée sur trois. J'attendais qu'il se torde une cheville pour appeler une ambulance et me débarrasser de lui.

Nous allions bifurquer lorsque Yoongi se mit à courir. Dans la direction opposée. 

- Merde, soupirai-je.

Je fis demi-tour. Il s'écroula une première fois sur une autre poubelle avec laquelle il roula sur la chaussée. Le bruit de sa chute déchira le silence du quartier endormi. Yoongi rampa sur les coudes pendant un mètre ou deux, et se releva.

- Reviens ici, appelai-je avec calme et autorité.

Il n'écoutait pas. Je marchais à environ cinq mètres de lui quand il reprit sa course. Il allait descendre toute la rue. Voulait-il repartir chez les Choi ?

- Jungkook, attention ! 

Lisa n'avait pas besoin de crier. Une seconde plus tard, les phares d'une voiture éclairèrent la route devant moi.

- Yoongi, reste sur le côté ! lui criai-je.

Mais je m'étais trompé. Il ne cherchait pas à retourner à la fête. Il voulait ce stupide bout de bois, le pied du porte-manteau que j'avais jeté en plein milieu de la route. Je le compris en le voyant s'aventurer sur le goudron.

- Putain Yoongi !

Je m'élançai à sa poursuite. Le bruit du moteur se rapprochait. A une heure pareille dans ce genre de quartier désert, le conducteur dépassait largement la vitesse autorisée. Peut-être avait-il bu, lui aussi ? 

- Yoongi ! Reste pas là ! La voiture putain ! Hyung !

Je hurlais. Lisa hurlait. 

Le bruit du klaxon.

Yoongi qui tourne la tête. Son visage blafard illuminé par les phares. Le cerveau qui pédale, qui peine à analyser ce qui se passe. 

Mes jambes qui me font mal à cause du coup que j'ai reçu. Yoongi immobile. Je cours.

J'ai peur. Il va se passer quelque chose de grave.

Il est juste devant moi.

Je tends la main. Je tire sa manche. Je l'expulse sur le trottoir de toutes mes forces. La voiture klaxonne et passe devant nous, me frôle. Yoongi est sain et sauf. Il est couché sur le trottoir.

- QU'EST-CE QUI VA PAS CHEZ TOI ? 

Yoongi tentait de se hisser en position assise. Il se tenait l'épaule.

- TU VEUX CREVER OU QUOI ? TU VEUX CREVER, C'EST CA ?

J'avais les poumons en feu, à cause de la course, de l'air de la nuit, de l'angoisse, et mon cœur dopé à l'adrénaline cognait comme jamais.

- Pas ici ! Pas devant moi ! Pas comme ça !

Je le haïssais. J'avais failli assister à sa mort. J'avais failli avoir un cadavre sur les bras alors que je n'avais rien demandé. J'avais bu du coca et un seul shot, j'avais discuté avec des lycéens, j'aurais pu passer une bonne soirée. S'il n'avait pas fallu que je joue les héros, deux fois, tout ça pour me faire balancer cette merde de porte-manteau dans les jambes. J'allais avoir un bel hématome par sa faute.

Il avait vraiment failli se tuer pour un bout de bois. 

- Tu sais quoi ? Si tu veux faire ça, c'est ton problème. Après tout vas-y ! Je suis pas responsable de toi ! Je suis pas ta mère, ou ton mec, ou ta putain de babysitter ! Démerde-toi !

Je remontai la rue des Choi pour la énième fois.

- Je trouverai, dis-je froidement à Lisa en passant devant elle.

Elle n'avait pas bougé et me regardait avec des yeux de poisson mort. Son téléphone marchait, elle n'avait qu'à appeler un taxi. Quant à Yoongi, ce n'était plus mon problème.

J'avais suffisamment fait de sacrifices pour des gens qui ne voulaient pas être sauvés.

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