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Chapitre 3 : Lyanna

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Lyanna

Lorsque j'arrive devant l'entrée du manoir de Gabriel, je remarque que la porte est ouverte. Lentement, je franchis le seuil et m'arrête subitement devant le carnage de la pièce. Mon regard s'égare sur-le-champ de ruines qui se profilent devant mes yeux. Il a entièrement saccagé son salon ainsi que la bibliothèque. Tout est sens dessus dessous, il n'a rien épargné. On dirait qu'une tornade a croisé un ouragan en plus d'un tsunami, car il ne reste presque rien. En voyant l'état des lieux, les battements de mon cœur s'accélèrent à m'en faire mal. Je porte la main à ma poitrine. Une larme coule le long de ma joue. Je l'essuie de mon autre main. J'ose un pas me préparant à le voir surgir à tout moment. Je ne me suis pas préparée à ce que je vais lui dire.

Comment calmer sa colère ? Va-t-il accepter de me parler ?

S'il m'écoute, je peux m'estimer heureuse vu le dernier regard qu'il m'a lancé avant de partir. Jamais je n'oublierai l'expression de ses yeux, ternes et sans vie, comme si son âme s'était éteinte en un battement de paupières. Je traverse le salon et gagne les escaliers. Chaque escalier monté me rapproche un peu plus de la confrontation fatidique qui m'attend, qui nous attend. La tension me gagne, ainsi que l'anxiété qui ronge un peu plus mon cœur au fil des secondes qui s'égrènent. Sans parler de la peur qui m'enveloppe et qui me donne autant envie de prendre mes jambes à mon cou pour fuir, que le courage pour l'affronter. Une fois dans le couloir, je marche lentement en direction de sa chambre, la porte est grande ouverte. Je m'arrête sur le seuil et jette un regard circulaire à la pièce, mais il ne s'y trouve pas. J'entends alors un bruit en provenance de la chambre voisine. Je m'y rends, et c'est là que je le vois. Devant moi, de dos, face à sa baie vitrée, le bras relevé au-dessus de sa tête et son front appuyé dessus légèrement avachit vers l'avant. Son autre bras pend le long de son corps avec dans sa main un verre au liquide ambré. Mon cœur se serre de le voir ainsi. Il a dû sentir ma présence, car ses épaules se crispent. Je me racle la gorge pour lui signifier ma présence. Il ne se retourne pas, mais je vois tous ses muscles tendre sa chemise.

— Gabriel, j'ose d'une voix blanche.

C'est plus un chuchotement qu'un parler franc. N'obtenant aucune réponse, je réitère la chose croyant qu'il ne m'a pas entendu en y mettant un peu plus de vigueur.

— Gabriel...

— Dégage, tonne sa voix glaciale.

Il est furax et je crois qu'à ce moment je suis loin de la vérité. Même si je ne suis pas surprise par cet accueil polaire, je ne peux m'empêcher de reculer d'un pas. Je déglutis avec difficulté. J'ai toujours cette boule, ce nœud au fond de la gorge. Gabriel offre à ma vue son large dos, je n'ai aucun mal à imaginer sa mâchoire se crisper. Son bras quitte la vitre et rejoint l'autre le long de son corps. Il serre son poing comme si je venais de lui administrer une terrible gifle. C'est un peu le cas. Il ne fait pas semblant, il souffre et cette douleur, c'est moi. Moi qui la lui ai infligée.

— Non ! je lui réponds fermement en entrant dans la chambre.

— Barre-toi de chez-moi, tu n'as rien à y faire, m'annonce-t-il en vidant son verre d'une traite avant de le fracasser contre le sol dans un geste rageur.

Je sursaute, mais me reprends très vite.

— Il faut qu'on parle, je tente, pas très rassurée.

Il se retourne lentement, le visage défiguré. Il n'a plus rien d'humain. Il est comme éteint et hébété. Il a revêtu ce masque d'indifférence, ce masque impénétrable dépourvu de sentiments et de vie qui le rend encore plus inaccessible. Il me présente un visage défait, un regard fermé, sévère et aussi sombre que les ténèbres. Il a une posture bien droite et ancrée au sol, qui me dit que si je veux en découdre avec lui, je risque de le regretter, car la colère est mauvaise conseillère et à cet instant, elle l'habite et l'anime entièrement. Il n'est que rage. Il n'est que haine. Le regard furieux qu'il pose sur moi me tiraille. Ses sourcils froncés n'annoncent rien de bon pour moi. Il a l'air plus dangereux que jamais.

— Dégage, pour ton propre bien barre-toi de cette chambre, de chez moi et de ma vie, me dit-il en serrant les dents.

Il me faut une force incroyable pour souder mon regard au sien et ne pas le lâcher des yeux. Je le fixe sans ciller, le souffle court, rythmé par la cavalcade de mon cœur, mais subjuguée par autant de perfection et de charme insolent. La colère de ses prunelles à laisser la place à une détermination. D'un pas de plomb, je fais quelques petits pas.

— Jamais !

Ses grands yeux dilatés et imbibés d'alcool ne me quittent plus. Il m'examine de la tête aux pieds, comme s'il me voyait pour la première fois de sa vie et je n'aime pas ça. Il semble épuisé. Mon estomac se noue. Ses sourcils noirs se froncent et ses lèvres dessinent une moue dédaigneuse.

— Madame, Feder, c'est bien ça ! Qu'est-ce qui me vaut la joie de ta présence ici alors que ton cher et tendre mari est en bas ?

Un éclair de haine pur et brûlant traverse ses prunelles en prononçant ces mots. Cela est si fugace que je pense l'espace de quelques secondes l'avoir rêvé.

— Gabriel... ne joue pas à ce petit jeu malsain. On doit vraiment parler, je tente d'un ton conciliant.

— Jouer... moi ? Mais je ne joue pas ! C'est toi qui joues depuis le début ce petit jeu malsain de la fille amoureuse qui se dit libre alors qu'elle est mariée à un autre homme. À CE PUTAIN DE BÂTARD DE JULES FEDER, éructe-t-il. Je n'ai pas pour habitude de baiser des femmes mariées, alors tu excuseras ma colère. C'était une première pour moi. C'est toi qui me mens depuis des semaines, c'est toi qui m'as regardé droit dans les yeux en me disant que tu m'aimais en sachant que tu appartenais à un autre.

Ma pression sanguine à mesure qu'il comble la distance qui le sépare de moi augmente. Son hésitation à deux ou trois mètres de moi me trouble, tout comme le souffle de son déplacement. Il a la respiration lourde et saccadée. Mon ventre se tord lorsqu'il m'attrape le coude pour me précipiter, et surtout me jeter hors de la chambre. Je me dégage de son emprise et rentre un peu plus au cœur de la pièce.

— Je ne veux ni te voir ni te parler. Et, crois-moi, vu l'état dans lequel je suis, là, maintenant, tu n'as aucune envie de jouer avec moi, me prévient-il d'une voix vindicative. Pars pendant qu'il en est encore temps ! crache-t-il d'un ton extrêmement grave, l'air plus menaçant.

Son regard devient plus sombre et sa mâchoire se contracte sous la colère. Il n'y a aucune complaisance dans sa voix, il est sincère et pense chaque mot qu'il vient de prononcer. Il n'y a pas une once de bienveillance ni dans son regard ni dans son geste presque violent pour me faire quitter sa chambre. Il me chasse carrément de sa vie.

— Non ! On ne peut pas rester sur un malentendu.

— Un malentendu, non, mais je rêve !

Sa voix grince comme une craie sur un tableau noir avant que son rire ne résonne dans la chambre.

Hystérique. Hargneux. Sombre.

Ses yeux flamboient de l'orage de sa puissante colère. J'hésite à l'affronter dans cet état. Il a l'air d'un dément. Je tends la main vers lui en signe de paix. Il l'écarte. J'arrive encore à sentir l'empreinte de ses mains sur moi. Il y a de cela quelques minutes, Gabriel embrasait mon corps. Comment a-t-on pu arriver à cette guerre froide ?

— Laisse-moi juste le temps de t'expliquer. Jules n'est rien ni personne. Je me suis mariée avec lui, mais cette cérémonie n'avait rien d'officiel et de légal. C'était bidon ! Sa grand-mère était malade et elle voulait assister à son mariage avant de mourir. Nous avons donc organisé ce simulacre de mariage, enfin ma mère et ses parents.

Mon fugace espoir de le ramener à la raison meurt au moment où il me prend le poignet et resserre sa prise. Je crois ne l'avoir jamais vu si en colère, pas même lors de notre première rencontre pour nos retrouvailles. Ses doigts me broient le poignet, mais il n'a pas l'air de s'en rendre compte. Ses sourcils se froncent et ce sont deux iris sauvages aussi noirs que les ténèbres qui me défient. Il respire à petites goulées pour se maîtriser et ne pas se laisser emporter par sa haine pour moi. Je lis dans ses yeux la condamnation de notre histoire, de ce nous que j'aime plus que de raison.

— Je sais que j'aurais dû refuser, mais les circonstances ont fait que je me suis laissé entraîner, lui dis-je d'une voix fébrile.

Je serre les dents face à la douleur. Je ne veux pas lui montrer qu'il m'impressionne et m'effraie en même temps. Il me fait mal, vraiment mal.

— Tu me fais mal, laché-je alors qu'un gémissement sort involontairement de ma bouche.

Son regard oscille de mes yeux à mon poignet. Il finit par relâcher la pression de ses doigts avant de s'éloigner de moi. Je me le masse pour soulager la douleur et lui me tourne le dos et passe ses mains dans ses cheveux..

— Tu l'aimes ?

J'ouvre la bouche hébétée qu'il puisse penser et dire une telle chose.

— Non ! je réponds presque choquée qu'il ose me dire ça après ce que nous avons vécu tous les deux.

— Tu ne l'aimes pas, mais tu l'as pourtant épousé, insiste-t-il d'un ton crispé. Il y a un truc qui m'échappe.

Ma lèvre inférieure se met à trembler. Tenir tête à Gabriel est difficile et c'est une mission à haut risque, j'en prends juste conscience.

— Je viens de te dire que ce n'est pas un vrai mariage, mais un mariage bidon.

— Tu n'as même pas conscience de ce que tu as fait. Tu as détruit ma vie, détruit mon dernier espoir.

Je le dévisage sans comprendre.

— Tu n'écoutes donc rien de ce que je te dis. Il n'est pas mon époux !

— J'ai très bien entendu, pas un vrai mariage, beugle-t-il. À te retrouver en tenue de cérémonie. Avec un autre homme. Tu me prends vraiment pour un abruti ! J'ai vu la photo, je te signale. En même temps, je n'y ai vu que du feu. Si ton mari n'avait pas vendu la mèche. Pas ton époux... mon cul ! Le regard amouraché que tu posais sur lui, son bras enserrant sa taille, tes seins siliconés pressés tout contre son torse. Il s'est glissé dans ta petite culotte lui aussi ? Il t'a baisée ? Il a aussi léché ta chatte ?

J'ai un léger haussement de sourcils et mes narines tremblent. Il est volontairement méchant. Sa voix s'élève, cassante et méconnaissable. Il veut me blesser, me faire mal, comme moi je lui ai fait mal sans le vouloir.

— Gabriel, arrête de faire le gamin égoïste et capricieux, je t'en prie. Calme-toi et discutons de tout ça calmement.

J'amorce un pas vers lui et pose ma main sur son biceps. Avec une exclamation étouffée, il retire sa main comme si je l'avais brûlé.

— Que je me calme ! Putain, j'ai juste envie... me dit-il en levant sa main pour refermer son poing qu'il finit par laisser retomber. Va-t'en ! m'ordonne-t-il.

Je lève les yeux d'exaspération. Il a de plus en plus de mal à garder le contrôle. Sa voix redouble d'intensité. La lueur folle que je vois dans ses yeux commence à me faire peur.

— Je te l'ai dit, pas avant qu'on ait parlé de tout ça.

— Parler avec toi, je n'en ai aucune envie. Par contre baiser... me lâche-t-il en réprimant un sourire amer. C'est ce que l'infâme menteuse que tu es fait de mieux, me dit-il en se déchaussant et en me jetant un regard de mauvais garçon alors que je le regarde avec répugnance.

Il affiche un sourire salace pour accentuer ses propos qui alimentent un peu plus mon envie de l'étriper. J'en ai plus qu'assez de sa prétendue indifférence, et qu'il essaie d'utiliser le sexe pour éviter toute discussion avec moi. Ses yeux noirs s'assombrissent aussi vite qu'ils se sont illuminés.

Dire que je suis choquée par ses propos est en dessous de la vérité. Je deviens livide quand il passe à côté de moi et qu'il me fait un de ses sourires maîtrisés de connard, dépourvu de sincérité comme pour me prévenir qu'il va me pourfendre sans le moindre regret. Cette lueur animale, presque bestiale au fond de ses prunelles m'arrache un frisson le long de l'échine. Il me dépasse et s'éloigne en direction de la porte. Je lui tourne le dos. Je n'ose pas lui faire face, redoutant ce qui va suivre. Lentement, je me retourne et plonge mon regard dans le sien. Il se tient à côté de la porte, la main sur ma poignée.

— Ton sale caractère met à mal ma patience. Je ne suis vraiment pas d'humeur Gabriel.

Je marche jusqu'à son lit et m'y laisse tomber, abattue, en me prenant la tête entre les mains. La bataille ne fait que commencer et je me sens déjà épuisée avant même de l'avoir livrée. J'ai l'impression qu'il est déjà trop loin de moi et que malgré tout ce que je pourrai lui dire, il continuera de s'éloigner de moi. Je dois le ramener à la raison, mais comment ? Je dois le forcer à m'entendre, mais surtout à m'écouter. J'ai du mal à respirer et les battements désordonnés de mon cœur m'empêchent de me concentrer. J'attrape la bouteille d'alcool qui se trouve au bas du lit et je m'enfile une longue rasade. Le liquide ambré m'embrase la gorge. Je tousse.

— Dommage pour toi, car je ne suis d'humeur que pour ça ! C'est ta dernière chance, m'avertit-il en braquant son regard sur moi.

— Gabriel... je tente en reposant la bouteille à sa place et en m'essuyant ma bouche du revers de ma main.

Mon apostrophe rude sonne comme un ordre. Je me relève et lui fais face. Je le foudroie d'un regard meurtrier. L'envie de le rouer de coups me prend. J'aspire une longue goulée d'air pour m'intimer au calme.

— Vais-je devoir m'adresser au succube, me propose-t-il avec cynisme. Même si je n'ai pas eu de nouvelles d'elle depuis longtemps, je suis certain qu'elle répondra oui. Pour un plan cul, elle est toujours partante, elle, toi aussi jusqu'à l'arrivée de ton époux.

Ses mots me choquent, me heurtent sans qu'aucun remords ne le retienne. Ils sont chargés d'une tonne de rancune et de relents de haine. En l'entendant parler de son ex, les poils de mes bras se hérissent, tout comme la comparaison qu'il fait de moi avec elle, car il sous-entend que je suis une Marie couche-toi là.

— Noémie, je m'entends dire surprise.

Je devrais bondir sur mes jambes et lui lacérer le visage de mes ongles, voire même lui arracher les yeux pour avoir osé insinuer ce qu'il vient de me balancer à la figure, mais la surprise à ce moment prend le pas sur la colère. Je serre le poing et le foudroie du regard. Il pourrait appeler cette fille juste pour me blesser davantage, juste pour se venger.

— Oui, Noémie. Elle vaut tellement mieux que toi ! me révèle-t-il.

Ses mots s'enfoncent dans mon cœur comme un poignard et me lacèrent la chair.

— Tu le penses vraiment ?

Il croise mon regard désemparé et sans ciller il me répond.

— Ouais !

Ma voix se brise.

— Tu devrais en effet peut-être l'appeler alors.

— Contrairement à toi, je ne cours pas plusieurs lièvres moi, mais pour une bonne baise, je vais faire une exception. Et là, tout ce dont j'ai envie, c'est de baiser, pas de jacasser comme une gonzesse.

— Alors c'est ça ta solution. Me jeter et recontacter ton vieux jouet qui sera incapable de te combler, car celle que tu veux, et surtout, que tu aimes, c'est moi.

Il claque la porte d'un geste brusque et la ferme à clé avant de s'y adosser sans me quitter du regard. Toujours contre la porte, il défait les boutons de ses manches et ôte complètement son nœud de cravate. D'un geste du doigt, il me montre ma robe.

— Enlève-là ! exige-t-il d'un ton qui se veut sans appel.

— Non, je m'écrie qu'il me rabaisse uniquement à ça. Je ne suis pas un de tes jouets que tu rémunères à la soirée.

— Ne me provoque pas Lyanna. Vire ta robe, m'ordonne-t-il froidement.

— Si tu as vraiment envie, appelle une de tes call-girls.

— Je peux te rémunérer si tu veux, me précise-t-il.

Là, il se met à rire et je recule d'un pas sous le choc. Mon cœur s'arrête de battre, écorché par l'âcreté des mots qu'il me jette à la gueule. Les horreurs fusent. Je tente de me contenir. Il me vise personnellement, et je le reconnais, ça fait mal.

— Si tu voyais ta tête, tu es blanche comme un linge.

Bien sûr que je le suis, comment ne pas l'être. Il a un comportement et tient des propos ignobles à mon encontre. Tout ça se paiera à un moment ou à un autre. Il marche lentement vers moi tel un félin prêt à déchiqueter sa proie, sans me quitter du regard en défaisant un à un les boutons de sa chemise.

— Tu es repoussant Gabriel, je lui signifie en jetant un regard en direction de la porte.

Il ne veut rien entendre. Je me dis que la fuite est peut-être la meilleure solution jusqu'à ce qu'il se calme.

— Tu n'as pas toujours pensé ça, rien que tout à l'heure, tu me trouvais à ton goût. J'étais suffisamment baisable avant que ton époux se pointe.

Son comportement me révolte. Il me regarde, mais me donne l'impression que son regard me transperce, un peu comme si j'étais transparente et qu'il ne me voyait pas. Ses beaux yeux noirs sévères sont étrangement dilatés, par la colère et tout l'alcool qu'il a ingurgité. Une sensation écrasante de vide s'empare de moi me coupant presque les jambes.

— C'est vrai, mais je hais ton côté sulfureux, il est juste détestable.

— Personne ne te sauvera ce soir, Lyanna.

Je ramène mon regard vers lui, il a compris que j'ai envie de fuir cette chambre ainsi que lui. Je déteste qu'il m'appelle par mon prénom complet.

— Je n'ai pas besoin d'être sauvée, Gabriel, je vais bien contrairement à toi, c'est toi qui en as besoin. Je ne vais pas faire ce que tu demandes. Pas avant qu'on ait mis les choses au clair.

Il fronce les sourcils. Sa lèvre supérieure tressaute.

— Tu l'envisages donc... me dit-il un air glorieux sur le visage. À défaut de t'excuser, je veux t'entendre crier quand tu vas jouir, m'annonce-t-il de sa voix caverneuse en tirant sur sa cravate qu'il finit par enrouler autour de sa main.

Je mets ma fierté en berne même si c'est la goutte d'eau en trop et que le verre déborde déjà. J'inspire calmement et profondément pour réprimer un sanglot, mais les larmes embuent déjà ma vue. Hors de question que je lui montre mes faiblesses. Je prends sur moi en envisageant déjà la façon dont je me vengerai de tout ce qu'il me fait subir ce soir.

— C'est vrai, tu as raison, je te demande pardon, je ne me suis pas excusée. Je suis désolée, sincèrement désolée pour ce malentendu. J'aurais dû commencer par ça.

— Tu es idiote ou tu le fais exprès. Je me contrefous de tes excuses, vocifère-t-il toujours en marchant droit sur moi, me forçant à reculer.

Je bute contre le pied du lit. Je relève les yeux et croise son regard couleur charbon maléfique et intransigeant.

— Tu préfères peut-être que je le fasse, mais je risque de mettre cette jolie robe en lambeaux.

Je ne peux empêcher mon corps de vibrer sous sa menace.

— Ou encore mieux, que ton époux s'en charge. Autant te prévenir, les plans à trois, je ne les aime que lorsqu'il y a deux nanas, je crois te l'avoir déjà dit ! C'est deux fois plus de plaisir.

Je lève la main pour le gifler, mais il se saisit de mon poignet et m'arrête avant que ma paume n'atteigne sa joue.

— Ne prends pas cet air condescendant, ta petite bouche à sucette m'a donné envie de baiser. Une petite pipe ?

Il met dans sa voix toute la morgue qui l'habite pour me blesser et ça fonctionne. Il est cruel. Un sourire mauvais se dessine lentement sur son visage. Il prend plaisir à me torturer de la sorte.

— Fais-toi du bien tout seul, tu peux te masturber tout seul comme le grand garçon que tu es, tu n'as pas besoin de moi pour ça.

— Ce n'est pas faux ! Mais de toutes les petites bouches à sucettes que j'ai testées, c'est de loin la tienne la meilleure, tu excelles. Ton époux est au courant de ton talent pour les sucettes.

Mes poumons me brûlent et ma poitrine se soulève rapidement. Surmonter les problèmes pas à pas, même si j'ai le droit ce soir au grand Gabriel Casta, vicieux, furieux et dangereux.

— Jules n'est pas mon époux, combien de fois il va falloir que je te le dise ? m'agacé-je.

— Autant de fois qu'il sera nécessaire pour que je te croie.

— Je comprends ta colère, je t'assure.

— Oh mon dieu, clame-t-il en posant sa main sur son cœur. Ça me rassure si tu comprends ma colère. Quel soulagement ! Et de toi à moi, je ne suis pas en colère, je suis en rogne, j'ai la haine. J'ai vraiment la haine, et surtout, j'ai envie de te faire mal. Tu es certaine de vouloir rester dans cette chambre avec moi.

Je place mes mains devant moi, dans un geste de protection et par la même occasion touche son torse que je repousse dans une vaine tentative, car il ne bouge pas d'un seul centimètre. Gabriel est si maître de lui en temps normal, si serein, que le voir habité par la colère m'effraie un peu, même si je sais qu'il ne me fera jamais de mal contrairement à ce qu'il vient de me dire. Ça ne m'empêche pas pour autant de trembler comme une feuille. Il a l'air d'un animal sauvage que je dois réapprendre à dompter.

— Souris chérie, moi, je souris bien.

Je sens son souffle chaud chargé en alcool me caresser le visage. Je le repousse plus fermement et me décale pendant qu'il ôte sa chemise et qu'il la laisse tomber sur le sol. J'ai un mal de chien à détourner mon regard de son torse nu. Je frissonne.

— C'est la dernière fois que je demande, ôte ta robe ou...

— Ou quoi ? le coupé-je énervée. Que vas-tu faire ? Tu vas me frapper ? Tu vas abuser de ma personne à t'en repaître pour ton bon plaisir, sans états d'âme pour assouvir ta vengeance et calmer ta colère.

Mon cœur tambourine à vive allure jusque dans ma tête. Il comble la distance qui nous sépare et pose son doigt sur mes lèvres pour m'inciter au silence. La peur et l'excitation s'invitent dans mon cœur et dans mon ventre.

— Je vais te punir, comme tu le mérites.

Sa voix à l'air douce et charmeuse en surface, elle camoufle ses intentions malhonnêtes qui brillent au fond de ses yeux. L'air me manque.

— Et si je refuse ?

Il défait le bouton de son pantalon dans un geste d'une nonchalance hautaine qui m'attire irrémédiablement malgré le contexte de notre situation. Ses mains s'arrêtent sur sa fermeture éclair. J'exhale. Un long silence s'ensuit faisant monter la tension.

— Tu vires de ma chambre !

— Ai-je le choix ? je demande, les lèvres serrées.

— Tu l'as. Je te le laisse, chose que tu n'as pas faite pour moi, me laisser le choix de te choisir ou pas en sachant que tu étais mariée.

Nous nous défions du regard durant de longues secondes. J'aime sa force de caractère, mais là, je le sens bien trop loin de moi. Il n'en démordra pas. Si je sors de cette chambre, je sais qu'il ne se laissera plus approcher avant un long moment, alors sans le quitter des yeux, je porte ma main à la bretelle de ma robe et je la fais glisser lentement, puis l'autre. Ma robe glisse le long de mon corps tout comme mon bon sens qui me souffle de fuir. Elle s'étale à mes pieds en corolle.

— Parfait !

Un petit sourire fier étire ses lèvres ourlées, limite pervers, mais un sourire qui a tout du rictus de satisfaction, qu'un sourire animé par la joie ou le plaisir. Il m'a déjà adressé ce genre de sourire, mais jusqu'à ce soir, il ne m'avait pas gêné ni mis aussi mal à l'aise comme en cet instant. Il prend son temps pour me contempler. Je suis du regard le cheminement du sien.

— C'est ça que tu veux ? je demande en enjambant ma robe. Te venger de façon méchante, me rabaisser, me faire peur. Très bien, vas-y, fais ce que tu veux, après on pourra peut-être discuter comme des gens civilisés. On se dispute alors que ça n'a pas lieu d'être. Je suis fatiguée de devoir me justifier pour un fait qui n'a aucune importance pour moi.

Sa respiration qu'il a retenue discrètement se relâche. Je frémis de le vouloir autant que je le redoute.

— Mais pour moi, ça en a ! jacte-t-il, le regard vide, mais la mélancolie dans sa voix.

Je l'ai réellement blessé, je n'en prends conscience qu'à cet instant. Je me plie à son exigence. Je me fais docile pour mieux revenir à la charge au moment opportun. Il s'immobilise un instant devant la vue de mon corps nu que je lui offre, car c'est bien le cas malgré mon état d'esprit, je m'offre à lui. Ses yeux se promènent partout sur moi, il savoure sa petite victoire, mais je n'ai pas encore dit mon dernier mot. Il va me le payer, foi de Lyanna Rehan. Tout vient à point à qui sait attendre. Je sens presque leurs caresses alors qu'ils s'attardent le long de mes jambes et remontent lentement en direction de ma petite culotte en dentelle qui s'embrase sous l'intensité de son regard malgré les circonstances et son comportement de vrai salaud. Ils s'égarent sur mes hanches, mon ventre, et remontent sur mes seins qui se gonflent sous l'ardeur de leur effet. L'excitation monte d'un cran, à moins que ça ne soit la pression.

— Que dois-je faire exactement à présent pour combler monseigneur ? Tu me veux où ? Sur le lit, sur le sol, contre le mur ou encore devant la baie vitrée pour en faire profiter les invités restants du spectacle.

Je pousse un soupir de reddition. Mon palpitant se met à accélérer, produisant des coups d'avertissement assourdissants qui me vrillent les oreilles. J'ai conscience que c'est mon avenir qui se joue à cette seconde et que ma vie risque d'être bouleversée à tout jamais pour le meilleur ou pour le pire.

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