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Chapitre 3 : Gabriel et Lucas

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Gabriel et Lucas

Gabriel

Une semaine que je tourne en rond comme un fou chez-moi. Une semaine que je suis de mauvais poil. Une semaine que je ne fais que dormir, me réveiller et somnoler. Une semaine qu'elle m'évite.

Autant dire à mon échelle de vie, une éternité. Quand on y pense, c'en est risible. C'est vrai avec du recul, je prends conscience que j'ai passé seize longues années sans elle. Je ne contrôlais déjà pas grand-chose avant, et là, j'ai l'impression que c'est encore pire. Je n'ai pas revu le petit cul de Ly depuis sept longs jours. Ni dans la piscine, ni dans la cour, ni dans le jardin, ni à sa fenêtre. J'espérais la voir après notre nuit et notre réveil dans mon lit, mais rien. Sept jours qu'elle a fui et qu'elle n'est pas réapparue. Sept jours qu'elle inonde mes pensées. Sept jours que je bande en pensant à son corps parfait et à sa petite chatte mouillée. Je n'aurais pas dû la laisse seule ce matin là.

Je suis trop con !

L'inaction commence à me rendre fou. Elle m'évite et je suis d'humeur maussade. Elle ne répond ni au téléphone ni à mes messages. J'ai carrément inondé la messagerie de son téléphone. Je suis même allé tard le soir jeter de petits cailloux tout contre sa vitre pour tenter de m'excuser afin d'amorcer le dialogue, mais elle n'a pas ouvert sa fenêtre. De peur de réveiller son père, j'ai rebroussé chemin. Elle n'est quasiment pas sortie de la maison depuis, certainement pour ne pas tomber sur moi et les rares fois où je l'ai entraperçue, elle semblait aller super bien. Je la hais d'aller si bien, alors que moi, je vais si mal. Est-ce que je la hais vraiment ? Non, j'en suis incapable, même si j'ai plus envie de faire preuve de tendresse, de bienveillance et de compassion avec elle. J'ai envie de la torturer comme elle me torture depuis une semaine. Je devrais l'ignorer, mais je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi. Je n'aurais jamais dû la toucher autrement que par la pensée, je n'en serais peut-être pas là.

Même pas en rêve, me crie conscience.

Ma nervosité s'amplifie au fil des jours qui passent. Je suis de mauvaise humeur. Après ma virée au boudoir, Vince est venu prendre la température, j'ai tellement été froid avec lui et ronchon que je ne l'ai pas revu depuis. C'est là que je me rends compte que Lucas a raison. Va falloir que je discute avec lui.

J'appréhende plus ma discussion avec Ly qu'avec Vince et pour cause, je pense qu'elle regrette ce qui s'est passé entre nous et que c'est sa façon de le rejeter. Elle m'a demandé d'oublier. Comment pourrais-je oublier ? Ça m'est impossible, même si je le voulais. Elle est mon phare dans le brouillard. Celle qui éclaire ma vie et me guide sur le chemin pour la vivre. C'est dingue comme un instant peut rendre un amour éternel. J'ai vécu toute ma vie sans voir, plonger dans une brume épaisse et glaciale, avançant sans réellement savoir où j'allais, avançant plus pour ma mère et ma famille que pour moi-même, et ce peu importe le chemin que je suivais. Je prenais la vie comme on prend un train au hasard sans me soucier de la gare de destination et encore moins du moment où j'arriverais en gare. Sans connaître le chemin. Sans savoir la distance à parcourir. Sans chercher la lumière. Ces quatre dernières années, je les ai vécues trop vite, me brûlant les ailes au passage. J'ai perdu trop de temps, je me suis perdu.

Je ne faisais qu'exister.

Le brouillard s'est dissipé et je me retrouve sur une mer calme et lisse avec un panorama à 360°, une vision à perte de vue, où l'horizon ne semble pas avoir de fin ce qui me laisse un champ infini de possibilité.

Je veux faire plus qu'exister. Je veux vivre et dans ses bras, je vis. Je fais plus que vivre, je ressens, je me perds, je respire, et ne suffoque plus. Et surtout, je souris à la vie et à l'amour.

Je la veux elle, en plus de la douceur de ses bras, du goût de sa peau, de son odeur capiteuse, de la chaleur de sa féminité... De mes mains sur ses hanches, sur son ventre, sur ses seins. De mes reins qui la réclament, ardemment, brutalement, sévèrement, parce que la vie se joue en cet instant. Avec elle, je me sens serein, mais aussi désarmé, car je ne me suis pas préparé à tout ce qui me tombe dessus depuis qu'elle est revenue dans ma vie. Elle me revigore.

Je ne veux plus rien perdre, ni le temps, ni les occasions, ni les mots, ni les sensations, ni les sentiments, et surtout pas les émotions. Je veux de nouveau son corps nu tout contre moi. C'était la première fois, notre presque première fois, même si elle n'a pas été totale.

Belle. Entêtante. Imparfaite. Désordonnée. Vengeresse. Diablesse...

Je ne saurais dire quand tout a basculé entre nous. Peut-être au moment où son regard assassin m'a foudroyé sur place et envouté le cœur face à Ivan. Je ne sais plus très bien. Je ne sais plus si c'était avant ou après qu'on endosse nos rôles respectifs de mari et femme. Tout ce que je sais, c'est qu'à ce moment, pour moi, la terre a cessé de tourner, j'ai arrêté de respirer, le sol s'est dérobé sous nos pieds et l'histoire de nos corps enflammés a commencé, à défaut de celle de nos cœurs. Impossible d'oublier la vision et la sensation de son corps chaud et tremblant sous le mien. Elle a été tout ce que je n'aurais jamais pu imaginer et rêver. La réalité a dépassé le rêve perpétuel qui se joue dans ma tête depuis que j'ai eu ma toute première érection à l'adolescence.

Elle a retiré les liens qui tendaient mes mains, mon cœur et mon esprit. Elle a défait ce nœud qui me broyait le cœur depuis des années et qui m'empêchait de ressentir et de m'émouvoir. J'ai envie de lui dire les mots. J'ai envie de sauter dans le vide pour elle. Je me sens prêt à toutes les folies, toutes les extravagances du moment qu'elle me laisse l'approcher, la regarder et lui parler. Mais elle me l'interdit. Elle m'a donné de par sa seule présence l'impulsion d'aller de l'avant, l'impulsion qui me manquait pour prendre ma vie en main et la vivre. J'ai passé des journées dans la véranda, devant ma baie vitrée, espérant la voir et mes nuits, dans ma pièce secrète, mon boudoir, à la dessiner encore et encore. J'ai essayé de rationaliser cette attirance, ce besoin presque vital qui me pousse vers elle, mais c'est au-delà de l'entendement, de la raison et du cœur. C'est plus fort que ce qu'on a vécu enfant. Ce n'est pas une sorte de répétition infantile et capricieuse que je veux retrouver, et que je m'évertue à vouloir faire exister, non, loin de là.

C'est un renouveau.

Deux cœurs qui se sont trouvés enfants et perdus, deux âmes qui viennent de renouer, de s'effleurer, de se caresser, de s'apprivoiser pour un même cœur qui bat à l'unisson. Elle ne l'admettra pas, mais son cœur a tremblé, a palpité, a vibré pour moi et à cause de moi. Depuis une semaine me voilà enfermé à la dessiner encore, et encore, et encore. Le sol est recouvert de portraits de Ly, tous adultes. Depuis son retour, je ne la dessine plus enfant. Les dessins sont éparpillés devant moi, à mes pieds. Je les trouve imparfaits bien qu'ils soient parfaits. Ils sont parfaits, car ils sont son exacte représentation. Ils sont imparfaits, car ils sont dépourvus de son essence, de cette étincelle de vie qu'elle sait mettre dans ses regards, ses sourires, ou encore ses postures. Alors je les rejette au sol, mais ne les jette pas. J'en suis incapable. Ne sont-ils pas elle après tout. Mes doigts sont recouverts de fusain.

Je deviens fou. J'ai perdu la notion du temps, j'ai l'impression d'errer tel un fantôme entre ces deux endroits. Je me sens étouffer.

Oui, j'étouffe.

J'ai besoin de me défouler pour faire retomber la pression et cette frustration, ce mal-être qui m'habite depuis qu'elle a fui ma chambre l'autre soir. Depuis qu'elle m'évite, rendant toute communication impossible entre nous. Je quitte mon boudoir et file en direction de mon dressing pour passer un short. Je gagne le rez-de-chaussée pour rejoindre ma salle de sport où j'enfile mes gants de boxe. Je me mets à frapper mon sac. D'abord des coups lents, pas très forts, juste pour m'échauffer. Une droite. Une gauche. Une droite. Une gauche. J'échauffe et détends mes muscles. J'inspire et j'expire, lentement. Mes pieds nus sont ancrés au sol et mes poings par rafales s'abattent sur le sac à bonne cadence.

Gauche, droite, souffle. Gauche, droite, souffle.

Une fois bien échauffé, je me mets à frapper plus fort, tout en tournant autour du sac comme si mon adversaire se mouvait. Je sautille, j'esquive, me baisse et repars à l'attaque. Plus je frappe et plus ma tête ce vide, plus elle se vide et moins je pense, alors j'augmente la cadence. Plus vite et plus fort. Je sens mes cheveux se coller à mon front et la sueur couler le long de mes tempes et de mon dos. J'ai le souffle bruyant, lourd et court. Le sac se balance dans tous les sens. Lucas arrive et me le soutient. Je le remercie d'un regard et continue de frapper, encore et encore à ne plus pouvoir lever les bras. Mes poings me font mal.

— Tu vas bien ? s'inquiète-t-il.

Je ne le regarde pas. Je reste concentré sur ma frappe et ma respiration. Il ne me quitte pas des yeux. Il tente de lire en moi. Je verrouille tout. J'espérais faire le vide, m'éclaircir les idées, mais avec cette fouine de Lucas, je sens que mon cerveau va être complètement retourné juste avec sa présence. J'avais raison, voir Lucas me fait repenser à Ly. Ma respiration se fait plus lourde et difficile. La fatigue me gagne, mais je continue de frapper, ce n'est pas encore assez.

— Tu veux en parler ?

— De quoi ? je réussis à prononcer entre deux respirations hachées.

— De ce qui te mine !

Il resserre sa prise sur le sac, rendant mes coups plus douloureux. Je m'arrête, plante mon regard dans le sien et de mon gant, dégage ma mèche de cheveux de mon front et de mes yeux.

— Y a rien qui me mine, réponds-je le souffle coupé avant de reprendre ma frappe.

— Fais attention à ton jeu de jambes.

En fait, avec Ly, tout est parti en couilles dès qu'il est entré en jeu. S'il ne s'était pas pointé au petit matin, elle n'aurait pas fui.

— Je dois m'inquiéter ?

— Non ! je souffle en martelant le sac de coups.

— La dernière fois que tu t'es acharné sur ce pauvre sac de boxe, c'était il y a quatre ans, et on sait tous les deux comment ça s'est terminé. Tu as fait une crise Gabriel ?

J'aime mon frère, mais là, il me gave à vouloir se mêler à chaque fois de mes affaires, et surtout, à me ressasser mes erreurs passées. Je me stoppe net. Les bras m'en tombent. De mes dents, j'arrache le scratch pour me défaire de mes gants. Lucas abandonne le sac et vient à mon aide. Je le laisse faire.

— Merci, je lance avant de les balancer sur la chaise et d'enfiler mes chaussettes et mes baskets, l'ignorant complètement

Je passe à côté de lui sans lui décrocher un mot, espérant qu'il abandonne et me laisse seul, mais mon frère est collant et persévérant. Il me suit jusqu'au tapis de course. Je monte dessus et programme quarante-cinq minutes de courses à intensité rapide. Lucas s'adosse au mur et me regarde courir. Il ne me quitte pas des yeux. Moi, je fais abstraction de lui et me concentre sur la télé devant moi. Au bout de plusieurs minutes, voyant que je n'en démords pas, il se décolle du mur et fait deux pas dans ma direction.

— Tu ne veux pas me parler ?

J'inspire lentement, et expire bruyamment pour lui signifier qu'il me gonfle. Il fronce les sourcils comme si mon expression le touchait.

— Très bien, tu ne me laisses pas le choix Gabe.

Il sort son téléphone de sa poche, fait défiler l'écran et sélectionne un numéro. Je le regarde du coin de l'œil ne comprenant pas ce qu'il cherche. Nos regards s'accrochent. Je lis de la détermination dans le sien. Je continue de courir et reporte mon attention sur la télé et ce stupide feuilleton qui passe. Lorsqu'il parle, je sens son regard posé sur moi, il ne le dévie pas une seule seconde.

— Jean, bonjour, c'est Lucas. Je vais avoir besoin de vos services. Oui, une surveillance rapprochée comme il y a quatre ans.

Au premier mot prononcé, je ne prends même pas la peine d'arrêter le tapis ou de diminuer la cadence, je bondis hors de celui-ci et me précipite sur mon frère pour lui arracher son téléphone mettant ainsi fin à sa conversation téléphonique. Il n'a pas dit une protection, mais une surveillance rapprochée, et ça, il en est hors de question. Je ravale ma colère.

— Je peux savoir ce que tu fous ? sifflé-je amèrement.

Je le fixe avec animosité. Lucas fait partie de ces hommes qui gèrent et contrôlent absolument tout, ne laissant rien au hasard. Si je le laisse faire, il risque de m'enchaîner plus que je ne le suis déjà. Lucas, c'est une poigne de fer dans un gant de velours. En affaires, il sait être impitoyable, et je ne veux pas en subir les frais. C'est l'une des raisons qui font de lui le digne successeur de notre père à la tête de l'entreprise familiale.

— Tu ne veux pas discuter, alors je prends les mesures nécessaires afin d'éviter tout éventuel débordement, me prévient-il.

— Putain, Lucas, tu fais chier ! Tu n'as vraiment personne d'autre à aller emmerder.

Je lui lance un regard noir. Le sien est grave, voire protecteur. Mes narines frétillent et mon souffle se fait court. Je serre les poings pour me contenir et ne pas péter un plomb devant lui.

— Non, tu es ma marionnette préférée, s'enorgueillit-il en me regardant droit dans les yeux. Mon téléphone, me réclame-t-il en me présentant la paume de sa main.

Je le regarde un instant, hésitant. Je n'ai aucun mal à décrypter ses intentions réelles qui sont claires comme de l'eau de roche. Soit je parle, soit je subis sa surprotection qui à mes yeux relève plus de la tyrannie.

— Dans tes rêves, rétorqué-je quand la sonnerie retentit.

Le seul réflexe qui me vient est de mettre ma main dans mon dos pour serrer avec force ce fichu téléphone comme si j'espérais qu'il se casse.

— Tu veux mordre, je peux mordre encore plus fort. Pas de problème, je l'appellerais tout à l'heure du boulot Gabriel.

Il appuie bien sur chaque lettre de mon prénom pour me prouver qu'il ne plaisante pas.

— Je te déteste vraiment quand tu endosses le rôle de maton.

— Si je l'endosse, c'est uniquement de ta faute, parce que tu m'y contrains. Je t'ai pourtant prévenu, ne me donne aucune raison de m'inquiéter. Aux moindres signes, tous tes privilèges sautent. Hors de question que tu fasses subir ça une seconde fois à maman, c'est compris, me dit-il un brin menaçant. Les parents rentrent demain matin. Si maman te voit comme ça, elle va s'inquiéter, et ce n'est pas bon pour son cœur, tu le sais. Alors, soit tu me dis ce qui ne va pas et on tente de trouver une solution ensemble vu que tu rumines tout seul dans ton coin depuis une semaine, soit dans l'heure qui suit, tu te vois assigner cinq baby-sitters, intérieur et extérieur qui seront mes yeux et mes oreilles. Tu ne pourras même pas aller pisser sans que l'un d'eux ne lorgne sur ta queue pour s'assurer que tout va bien.

— Tu fais dans l'humour maintenant.

Lucas ne tique pas. Il reste maître de lui, moi, j'ai un mal de chien à tenter de cacher ma colère et mon agacement qu'il s'immisce ainsi dans ma vie.

— Dis-toi que tu es mon jouet Gabe, je te tiens au creux de ma paume. J'ai un droit total sur toi, que tu le veuilles ou non.

— Je suis déjà en prison. Tu crois que c'est nécessaire de me mettre à l'isolement.

— Oui, si tu t'apprêtes à péter une durite et à faire une connerie. Et l'expérience me dit que tu es sur le chemin. Alors ? insiste-t-il plus durement.

Je me détourne de lui et me passe une main dans mes cheveux, d'un geste rageur. Lucas ne plaisante pas, il est sérieux. Il me mettrait même une camisole s'il le jugeait nécessaire. Contrairement à mes parents, dans ces moments-là, Lucas sait être sans cœur et implacable, sans états d'âme. Alors, je le crois sur parole lorsqu'il dit qu'il me privera de tous mes privilèges et du peu des libertés auxquelles j'ai le droit.

— Je ne le fais pas pour te punir, mais parce que je t'aime. Si ça doit te protéger de toi, je n'hésiterai pas Gabe. J'endosserai le rôle du méchant et tu pourras me détester autant que tu le veux. Mais si je le fais, ne compte pas retrouver ta liberté de si tôt. Ils te colleront h vingt-quatre, même pour aller chier. Terminé l'intimité mon vieux, fini les branlettes.

La menace est limpide et ne me laisse aucun doute sur la suite des événements. Enfermé à perpétuité avec aucun passe-droit.

— Tu crois être en prison là, ça ne sera rien en comparaison avec ce que je te réserve.

— Je t'aime autant que je te déteste, mais là, maintenant, tout de suite, je lui dis en me plantant bien devant lui pour que mon regard s'accroche au sien, je ne te déteste pas, je te hais. Tu crois que ça va changer quelque chose à ma façon de vivre ou de me conduire. J'ai déjà le droit de ne rien faire.

De ma main, et dans un geste brusque, je colle son téléphone tout contre son torse pour lui montrer mon mécontentement.

— C'est faux ! C'est toi qui t'imposes ces limites et cet isolement forcé. Tu es libre de sortir, quand tu veux, mais en suivant certaines règles qui sont non négociables.

— Libre de sortir sous certaines règles..., je rigole, mauvais. Pour être zieuté comme un monstre de foire. Pour être pointé du doigt. Pour entendre les gens chuchoter derrière moi. Et pour toi, c'est être libre ça ?

— Je sais que ce n'est pas celle que tu voudrais, c'est la seule que tu n'auras jamais, alors autant t'y habituer et l'accepter.

— M'y habituer... l'accepter... j'éructe avec véhémence. Tu crois à ce que tu dis. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour tenir jusqu'à maintenant. Plus de seize putains de longues années Lucas. Toute ma vie. Ma vie, je hurle. C'est juste un supplice absolu. Ne me demande surtout pas de m'habituer et d'accepter ce rien, quand toi, tu bénéficies d'une liberté absolue et totale, sans aucune réserve, restriction ou contrainte. Et arrête d'objecter à chaque fois, en faisant celui qui se met à ma place ou me comprend, car tu pourras dire ou faire tout ce que tu veux, jamais tu ne ressentiras ce que je ressens et ce que je vis au quotidien, cloîtré dans cette prison de verre depuis toujours.

— Ce n'est pas de ma faute !

— Nan, c'est vrai.

— Ce n'est pas non plus celle de nos parents.

— Je n'ai jamais dit ça, mais un peu quand même. J'ai hérité de leurs gènes mutants, et pas vous.

De frustration, il serre les dents, se détourne de moi et se passe la main dans les cheveux avant de revenir sur moi.

— Je ne suis pas ton ennemi Gabe.

— Tu agis pourtant comme tel en jouant au Dieu suprême qui a le droit de vie et de mort sur mon insignifiante personne.

— OK, j'en ai marre ! Fais-toi plaisir, déteste-moi autant que tu veux, tant que tu es sain et sauf et que maman va bien, ça me va. Je te l'ai dit, le rôle du méchant ne me dérange pas, au contraire ! Accouche ? insiste-t-il d'une voix plus tempérée alors que sa patience s'amenuise.

Il est sincère, franc et direct. Il ne prend aucun plaisir à me menacer et il sévira s'il le juge nécessaire. Je sais qu'il serait prêt à aller en enfer pour moi, pour me ramener vers eux. Il me donne l'impression d'être un gamin de dix piges qu'on menace de punir s'il ne fait pas sa chambre. J'aimerais que ça soit aussi facile. Je recule et rejoins le salon. Il me suit dans un silence quasi religieux. Je me place devant la baie vitrée et regarde en direction de la maison des Rehan, et de la fenêtre de la chambre de Ly.

— Ça fait une semaine qu'elle m'évite, je lâche d'une voix mal assurée.

— Et je peux savoir ce que tu lui as fait ? Quand je suis parti d'ici l'autre jour ça avait l'air de rouler.

Je me tourne. Un petit sourire s'échappe de ses lèvres. C'est après que tu sois venu que c'est parti en eau de boudin, j'ai envie de lui dire, c'est ta faute, mais je n'en fais rien.

— Tu veux dire à part la faire jouir, je lui dis un sourire satisfait, mais crapuleux sur les lèvres qui gagne mes yeux et les siens.

— Charmant ! proclame-t-il en levant les yeux au ciel. Tu n'en as pas marre de te comporter en véritable connard avec elle.

Je fais mine de réfléchir.

— Non ! J'ai eu des limites toute ma vie, alors là, avec elle, je ne m'en impose aucune. Oui, il n'y a aucune limite au plaisir que je tire d'elle, à l'asticoter, la malmener, et surtout, à abuser d'elle.

— Raconte, me propose-t-il.

Je lui fais un topo de ce qui s'est passé du club, jusqu'à l'oubli des clés de Ly en omettant certaines confidences inutiles, genre l'intervention d'Ivan, les trois vœux et mon premier souhait exaucé avec l'ensemble de lingerie. Pour finalement finir à poil tous les deux dans mon lit. J'essaie de paraître désinvolte pour effacer mon trouble, mais sous son regard pesant qui me décortique, j'échoue lamentablement.

— Tu l'aimes ! Pourquoi te sens-tu obligé d'agir comme un connard avec elle ?

— Parce qu'elle, elle ne m'aime pas ! j'affirme avec conviction. Parce qu'elle, elle m'a oublié. Parce qu'elle te préfère, je termine d'une voix à peine audible.

— Je vais te faire la même réponse que j'ai faite à Vince, elle t'aime, mais elle ne le sait pas encore. Et ne te sers pas de moi comme excuse Gabe, je ne fais pas partie de l'équation.

— Tu en fais partie que tu le veuilles ou non.

— Je ne ferai jamais rien contre toi, tu le sais. Lyanna t'est destinée à toi. Elle ne m'intéresse pas. Et qu'est-ce que je t'ai dit la dernière fois ? Précis, concis et direct au but. Sois clair avec elle et sincère au lieu de forcer et de tenter de rentrer par effraction. Tu as essayé de prendre contact avec elle ?

— Non, je me contente de me morfondre, je lance d'une voix pleine de sarcasme. Bien sûr que j'ai essayé, mais elle ne répond ni à mes appels ni à mes messages. J'ai inondé sa messagerie. Comme je ne peux pas sortir et qu'elle, elle reste cloîtrée chez elle pour être sûre de m'éviter, je suis dans une impasse.

— Tu peux sortir, il te suffirait de...

Je le coupe sec.

— N'en dis pas plus, lui dis-je en le toisant durement, le regard plus sombre. Hors de question.

— Vous faites vraiment une belle paire de bras cassés tous les deux. Vous vous êtes vraiment bien choisis...

— Je l'ai choisie, pas elle.

— Oh que si, elle t'a choisi. J'étais là au cas où tu ne te souviens pas.

— Je me demande si je ne l'ai pas rêvé ce moment. Elle l'a lui aussi oublié, comme tout ce qui la liait à moi, j'ai l'impression de... Je me dis que je me raccroche à du vent.

Je m'allonge sur le canapé en soupirant et ramène mes bras sur mon visage pour le cacher à Lucas. Je ne veux pas qu'il voie l'expression de mes yeux, car il a ce don de lire en moi comme personne, et c'est terriblement déstabilisant.

— Besoin d'un coup de main ?

Mon cœur se met à battre plus fort et j'ai les paumes moites.

— Oui, non, je me reprends en me redressant. Je gère.

— On ne dirait pas !

— Je gère, j'insiste.

— OK. Tu as pris des dispositions pour ta collection ?

Face à mon silence, Lucas s'avance.

— Je vois. Faut que tu recrutes Gabe. Il te faut une assistante qui fera tout ce que tu ne pourras pas faire et ne voudras pas faire, et qui s'occupera de tous tes rendez-vous extérieurs.

— Je sais, je vais m'y mettre, je le préviens.

— Quand ? Tout ça devrait déjà être réglé. Elle est en train de chambouler ta vie et tes habitudes, et je dois reconnaître que j'aime ça ! Si j'avais su qu'en t'ignorant, elle te mettrait un bon coup de pied au cul, j'aurais fait en sorte d'aller te la chercher il y a bien longtemps, se marre-t-il.

Face à sa remarque, je lui lance un regard noir.

— Tu as qu'à le faire si t'es pas satisfait. C'est ton initiative. Je suis styliste, l'artistique c'est mon domaine, le reste, je ne veux pas en entendre parler, tu le sais pourtant. Ça, c'est pour toi et plus tard pour Vince. La lumière, les paillettes, les gens, c'est pour vous, je préfère rester dans l'ombre.

— Tu y es déjà, je te signale. Si seulement tu voulais te donner la peine de sortir de ta bulle et d'entrer dans la lumière.

— Elle ne m'aime pas, tu le sais. Et je pourrais faire tout ce que je veux, tenter de l'amadouer, lui dire que je me languis d'elle, que je me meurs de son absence, ça ne changera rien pour moi. Elle et moi, on n'est peut-être pas destinés à être ensemble.

— Pourquoi je pense qu'on ne parle plus de l'ombre et de la lumière ?

— Je m'occuperais de tout ça plus tard. Je vais prendre une douche.

Sans lui laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit, je gagne l'étage le laissant seul dans mon salon. Mon téléphone m'annonce l'arrivée d'un message. Je regarde l'écran. Je souris, mon premier vrai sourire depuis une semaine.

***

Lucas

Je le regarde fuir, comme il aime à le faire lorsqu'il veut éviter la discussion. Très bien, monsieur ne veut pas se bouger, eh bien, je vais prendre les choses en mains. Je sais exactement quoi faire pour les inciter, non, les forcer à se parler. Satisfait de mon idée. Je gagne le manoir et contacte le service juridique de l'entreprise.

— Bonjour, Émile. Prépare-moi un contrat.

— Salut boss. Tu as changé d'avis ! s'exclame-t-il surpris. Toi qui ne voulais pas en entendre parler de la remplaçante de Becky. Qu'est-ce qui a changé ? Elle est belle ?

— Oui, mais ce n'est pas ce que tu crois. Ce n'est pas pour moi. De plus, il s'agit de la copine de mon frère.

— Oh ! Il y a des choses que tu veux que je note en particulier ?

— Non, un contrat de base. Tu me l'envoies pas mail.

— OK ! Pour quand le veux-tu ?

— Maintenant.

— Laisse-moi juste le temps de le fignoler et de te l'envoyer. Autre chose ?

— Non merci, ce sera tout.

Je reçois le contrat une dizaine de minutes plus tard. Je l'imprime et y appose ma signature avant de le ranger dans ma pochette. J'avise ma montre. Il est l'heure d'aller travailler. J'irais trouver Lya en revenant du boulot ce soir. Je range mes affaires dans mon sac en cuir et quitte le manoir. Je m'apprête à me rendre à ma voiture, lorsque j'aperçois la famille Rehan sur sa terrasse à profiter du soleil. En voyant Lyanna, je ne peux m'empêcher de sourire. Finalement, ça va être plus facile que je ne le pensais et je n'aurais pas à attendre pour mettre mon plan à exécution.

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