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Chapitre 4

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Lyanna

Lorsque je sors de la salle de bain, la première chose qui attire mon attention est cette immense bibliothèque. Elle est juste incroyable grande. Elle doit contenir des milliers de livres. Je m'approche et laisse glisser ma main sur les couvertures de romans d'auteur tous plus célèbres les uns que les autres. J'observe leur tranche. Je m'apprête à en prendre un lorsqu'une voix me tire de ma contemplation.

— Sers-toi, fais comme chez toi, vibre une voix masculine aussi dure que la pierre, me faisant me tendre tel un arc à la première intonation.

Je crois mourir de peur sur le coup. Mon rythme cardiaque s'accélère subitement me faisant lâcher le bouquin que je tiens. Je me tourne pour réprimander mon agresseur lorsque mon regard se pose sur un jeune homme d'une beauté à couper le souffle, torse nu et pieds nus. Ses cheveux noirs, mouillés, un peu trop longs s'échappent de sa serviette, et quelques mèches lui tombent sur le visage. Je suis du regard une des gouttes d'eau qui s'échappe d'une de ses mèches pour finir sa course sur sa clavicule, poursuivant sa route le long de sa poitrine, glissant sur ses abdominaux saillants afin de venir mourir sur l'élastique de son jogging. Je ne peux m'empêcher de déglutir face à cette vision, tout en rêvant de prendre sa place. C'est comme si mes pulsions prenaient possession de mon corps. Si je m'écoutais, je laisserais libre cours à mes envies, mais heureusement que j'ai encore de la retenue, même si je bave littéralement devant lui. Ce mec est un pur fantasme sorti tout droit de mon imagination.

On rêve toute de tomber un jour sur une chocolatefever et lui, c'est The chocolatefever et je me la ferais bien.

Mais si, une chocolatfever... ! C'est un peu comme une bonne grosse glace avec double portion de glace, morceaux de m&m pilés, copeaux de chocolat, quitte à se faire plaisir autant y aller dans l'excès, coulis de chocolat fondant dessus, un peu de noix de coco râpées, de la crème chantilly et pour finir la cerise qui termine ce mets des plus succulents. J'en salive rien que d'y penser, rien que de le regarder, ce qui me fait me passer ma langue sur mes lèvres asséchées. Il a une carrure impressionnante. Il est bâti comme un dieu, environ un mètre quatre-vingt-dix de muscles. Il a des épaules larges, des abdominaux parfaitement dessinés, le bombé de ses pectoraux et la largeur de ses cuisses montrent qu'il s'entretient. Comme ça doit être plaisant de passer sa main sur ce corps, et pas que sa main. Et ce V, mon Dieu, juste parfait ! Un vrai péché mignon ce gars.

Regarde-le dans les yeux Ly. Ne baisse pas la tête. Ne le reluque pas. Dans les yeux. Juste les yeux, je m'intime mentalement.

— Heu... Pardon, je... Désolée, je murmure d'une voix tremblante.

J'ai envie de l'envoyer bouler, mais rien ne sort, si ce n'est un pauvre pardon que je parviens à balbutier du bout des lèvres tant il m'intimide.

Je sens son regard inquisiteur posé sur moi. Sa respiration bruyante et la tension qui se répand entre nous me paralysent. Il m'effraie, pourtant, sa voix réchauffe mon cœur. Il m'attire, pourtant, son regard impénétrable me fait rester sur mes gardes. Il s'est adressé à moi de façon brutale et froide, et malgré ça, cette voix éveille en moi un quelque chose que je ne parviens pas à définir. Pendant un instant, je papillonne vivement des yeux. Je reste immobile à le scruter du regard comme une affamée. J'ai conscience de le regarder de façon inconvenante, mais comment faire autrement ? Je passe de son torse aux épaules larges, qui montent et descendent à un rythme soutenu, signe de son énervement de me trouver dans son antre, à ses pieds pour qui je semble avoir une soudaine passion. Pour ne pas le reluquer, je me force à regarder ses pieds. Il a de très beaux orteils, même eux ils sont sexy.

Putain, je suis mal !

Comment ne pas le regarder ?

Franchement, il est canon, un aspirateur à filles. Je me reprends et me baisse pour ramasser le livre lorsque mon crâne rencontre le sien. Nous nous percutons si violemment que sous le choc, je fais un pas en arrière et percute de mon dos la bibliothèque. Mes yeux s'écarquillent tout à coup et mon souffle se coupe lorsque je le vois se précipiter sur moi. Je le sens sur moi, tout contre moi, me recouvrant de toute sa personne. M'enveloppant dans une étreinte douce et imposante. Je retiens ma respiration pendant qu'il m'étreint. Son corps chaud et puissant épouse à merveille le mien.

Une collision. Un choc.

Lui. Moi.

Une réunion de deux corps.

Ses bras m'emprisonnent. Il me domine de toute sa stature. L'espace d'un instant, plus rien ne compte, juste lui et moi, lui contre moi et ses bras autour de moi, m'étreignant avec force. Les miens sont posés à plat tout contre son torse et ma tête repose tout contre son cœur. J'ai une drôle d'impression, je me sens à ma place, comme si j'étais chez moi. C'est rassurant et doux. Je l'entends, il cogne, son cœur.

Affolement ou excitation, je ne saurais dire ?

C'est étrange ce sentiment qui me traverse subitement, car cet homme qui m'est totalement étranger me rappelle quelque chose de familier et d'apaisant. À son contact, j'éprouve un élan de sérénité que je n'ai pas ressenti depuis des années. Lorsque j'ouvre les yeux, il est toujours contre moi et je sens son regard intense plongé dans le mien avant de courir sur ma personne. Si un regard peut embraser, alors le sien vient de m'enflammer d'une ardeur exaltante qui me consume de l'intérieur. Mon pouls s'accélère lorsque je sens ses muscles saillants et tendus se bander tout contre moi. Son parfum suave me recouvre. Je pourrais me contenter jusqu'à la fin de ma vie de cette odeur masculine si singulière et envoûtante. Tous mes sens sont en alerte. Les battements impétueux de mon cœur mêlés à ce torrent de sensation qu'il éveille en moi me consument. Je ne ressens rien d'autre que le désir sauvage qu'il a fait naître dans mon ventre, qui se déploie jusqu'à recouvrir tout mon épiderme pour faire vibrer tout mon être. Je n'ai ni le contrôle de la situation ni celui de mon traître de corps. Je frissonne. Il a un léger mouvement de recul. Voir ce trouble dans ses yeux m'oblige à une certaine retenue.

Je ne suis qu'à quelques centimètres de son visage, de ce fait, je peux voir ses petites taches de rousseur qui parsèment son nez ainsi que ses joues, ça le rend encore plus craquant et sexy. Cette proximité me donne subitement très chaud, trop chaud. Respire Lyanna, par le nez, tu n'as quand même pas déjà oublié comment on fait ?!

Inspire. Expire lentement. Inspire.

À ce moment précis, plus rien ne compte, juste lui, cette douce torpeur et moi. Je me perds dans le noir intense et profond de ses iris. Ce regard ténébreux m'attire.

Ces yeux... ils me sont familiers.

Ce noir... Pénétrant, intransigeant... Je l'ai déjà vu.

Pourquoi mon cœur tambourine-t-il dans ma poitrine à m'en faire mal ? Pourquoi ai-je envie de me lover dans ses bras alors que je ne le connais pas ? Et pourquoi je n'arrive pas à me souvenir où je les ai vus ni à qui ils appartiennent ? J'ai beau chercher au fond de mes souvenirs et de ma mémoire, rien. J'aimerais tellement avoir un éclair de conscience, un souvenir, un flash, un semblant d'élément, aussi peu précis soit-il, mais absolument rien ne vient.

Je ne sais pas comment gérer toutes ces émotions qu'il fait naître en moi, sans parler de ces pensées licencieuses qui se bousculent dans ma tête. C'est complètement déroutant. C'est la première fois qu'un truc comme ça m'arrive. Je me sens sans parvenir à me l'expliquer presque connectée à lui. Son regard me fait vibrer, son toucher me transporte dans un ailleurs, un ailleurs où j'aimerais rester pour toujours, tant tout y est plus intense, plus doux, plus vrai.

Ce type est le plus magnifique des spécimens masculins qu'il m'ait été donné de voir. J'aime la façon dont il me regarde et particulièrement mes lèvres. Il me donne l'impression qu'il va les happer d'un instant à l'autre, et pourtant, il n'en fait rien. Je ne peux m'empêcher de passer ma langue sur celles-ci afin de les humidifier. J'espère que je ne bave pas.

Oh, oui, vas-y, goûte-les ! me supplie conscience que je préfère ignorer.

Je vois un de ses bras s'abaisser et quelques secondes plus tard, je sens sa main se poser sur ma hanche. À ce geste, je me rends compte que j'ai passé mes bras autour de sa taille. La chaleur de ses mains termine de complètement réveiller mon corps, je le sens sur ma peau se répandre par ondes de chaleur. Mon ventre se crispe et mon désir s'éveille. Je défais mon étreinte et ramène mes bras vers moi lorsque je remarque que son front se fronce. Mon attention est aussitôt attirée par cette caresse sur ma hanche qui éveille mon épiderme. Je dois rompre le contact, de ses yeux, de son toucher, de sa peau sur la mienne, et ne plus regarder ses lèvres tentatrices qui m'appellent.

— Tu comptes me lâcher où bien, tu as l'intention de continuer à me peloter ?

Putain, pourquoi ai-je dit ça ? C'était tellement doux, tellement sensuel. Aussitôt dit, aussitôt regretté. Le moment suspendu que nous partagions s'est envolé au moment où j'ai ouvert la bouche. J'ai envie de me baffer. Malgré tout, je me félicite, ma voix est restée naturelle malgré le trouble qu'il a fait naître en moi, et je ne tremble pas de la tête aux pieds, ni à cause de la peur ni à cause des effets qu'il a sur moi. Parfait, je peux dire que jusque-là, je maîtrise royal. Plus je le regarde et plus je me dis que j'ai déjà vu cette tête quelque part. Mais oui ! C'est le portrait craché de Vincent, mais en plus vieux.

Il n'y a plus aucun doute sur son identité.

S'agit-il de Gabriel ? S'agit-il de Lucas ? Une chance sur deux.

Je ne sais pas auxquels des deux frères Casta je fais face. Mon Dieu, la ressemblance avec Vince est saisissante, on dirait presque son clone. Seize années sont passées, je suis incapable de dire qui j'ai devant moi. Lucas ? Gabriel ? Ils se ressemblaient déjà tellement à l'époque. Je tressaille sous l'effet du choc. Mon très cher Gabriel... Mon cœur s'emballe de savoir qu'il pourrait être Gaby. J'ai peut-être Gaby devant moi. J'ai tellement pensé à lui au cours de ces longues années que j'ai peur d'être déçue. Je suis inquiète. Mon regard perplexe devient curieux. Je l'observe avec attention espérant déceler un indice qui m'aiguille quant à son identité. Un long silence s'installe. J'attends. Il attend.

BOUM. BOUM. BOUM. BOUM.

Il a un très beau visage, une peau aussi blanche que la mienne, c'est rare pour un homme, qui tranche avec le noir de ses grands yeux. Comment un simple contact visuel peut-il m'électriser de la sorte et me traverser de part en part ? Est-ce dû à l'intensité de ses prunelles noires ou au fait qu'il puisse s'agir de Gabriel ? Ses cheveux de jais assez longs lui tombent sur le visage ce qui le rend encore plus mystérieux. J'aime le geste qu'il a de sa main de les ramener en arrière pour tenter de coincer une grosse mèche derrière son oreille, ça le rend encore plus sexy. Alors que je me perds dans son regard, je sens une chaleur inhabituelle se répandre dans mon bas-ventre. Comment peut-il avoir une telle emprise sur mes sensations ? Mon regard le détaille inlassablement, s'aventure sur les courbes affolantes de son corps. Il faut que j'arrête, que je me ressaisisse, avant de me mettre à baver devant lui, si ce n'est pas déjà le cas.

— Rassure-toi, tu n'es pas le genre de fille que j'ai pour habitude de peloter.

J'en ai le souffle coupé. J'ai une vague envie de lui en mettre une. Savoir que c'est peut-être Gaby me rend extrêmement nerveuse. Si c'est lui, il ne m'a pas reconnue. Autrefois, je me plaisais à me perdre dans la profondeur de ses yeux dans lesquels je décelais tendresse, sincérité et amour. Dans ces iris-là, je ne vois rien de tout cela, juste une profonde colère ainsi que cette petite étincelle dans leur fond, une fêlure derrière laquelle je perçois une profonde mélancolie, mais cela ne dure que quelques secondes. Mélancolie et souffrance. Si ces yeux, si ce regard appartient à Gabriel, je ne le reconnais pas, je ne retrouve pas en lui ce qui le caractérisait autrefois, ce petit garçon au cœur tendre. En ce super jeune homme qu'il est devenu. Je me crispe face à sa dernière réplique.

— Non, mais quel goujat ! opposé-je en vrillant mon regard au sien. Et toi, pas le genre de garçon que je pourrais laisser me toucher.

Et toc, prends ça dans tes dents ! Pour qui se prend-il ? Une conclusion s'offre à moi, les hommes sont tous des porcs ! Ce type est vraiment un sale porc ! En une phrase, il a tout balayé. Je l'exècre ! Non, il ne peut pas être Gabriel. Je prie pour que ce ne soit pas lui. Cette froideur, cette indifférence, ce dédain... Ça ne peut-être que Lucas. Déjà à l'époque, il me titillait sans cesse.

— Je ne suis pas un garçon, s'empresse-t-il d'objecter avec emphase, agacé.

— Et moi je ne suis pas une fille, je lui rétorque aussi sec.

Je suis une femme, connard. Je n'ai rien d'une petite fille.

— T'es un garçon alors ? se moque-t-il ouvertement en mimant une pause de gonzesse, non, en fait une pause de princesse mal baisée.

J'ai les nerfs.

— Tu es un malin, toi ! Je suis une femme, mais toi, tu es un garçon. Tu as un pénis, donc tu es un garçon, avancé-je avec une once d'autosatisfaction.

J'en remets une couche. On dirait que monsieur se vexe vite quand on met à mal sa virilité. C'est bon à savoir. Son soupir irrité m'arrache un demi-sourire qui se veut sincère.

— Je ne suis pas un garçon, je suis un homme, termine-t-il avec plus de conviction dans la voix cette fois.

Ça reste à voir, pauvre con !

— On ne va pas jouer sur la sémantique des mots. Toujours est-il que je ne laisse pas le genre de personne que tu es poser les mains sur moi.

Il m'insupporte. Parce qu'il se croit beau alors monsieur pense qu'on rêve toutes qu'il daigne poser ses mains sur nous, comme s'il nous faisait une fleur. Bon OK, pas qu'il se croit, il est beau, même canon. Ce n'est pas parce qu'il a une belle gueule qu'il doit se croire tout permis et tout se permettre. Mais quelle conne ! Pourquoi ai-je dit ça ? Il va me prendre pour une fille facile et frivole qui se laisse peloter et tripoter par n'importe qui.

— Qu'est-ce que je dois comprendre ?

Nous restons immobiles à nous toiser du regard, dans un silence devenu gênant, quasi religieux. Je ne peux m'empêcher de sourire, on dirait que je viens de blesser l'ego de monsieur. Il doit être habitué à toutes les voir se pavaner devant lui, à les avoir à ses pieds avec leurs petites culottes baissées.

— Ce que tu as envie de comprendre !

Je jubile. Si des yeux pouvaient tuer, eh bien, à cet instant, ils l'auraient fait. Je lâche un rire moqueur jusqu'à ce que mon regard se pose sur sa main qui recouvre mon sein. Et là, bien entendu, il termine de m'achever avec classe. Le connard.

— Pour ce qu'il y a à peloter, pas de quoi en faire tout un foin. Aussi plate qu'une planche à repasser, termine-t-il, avec son petit sourire comblé et arrogant.

Mon étonnement béat lui donne envie de rire et il ne s'en prive pas le salaud. Mais je rêve, pincez-moi ! Monsieur est en train te tâter le matos comme si j'étais une quelconque marchandise en me détaillant d'une façon indécente et le pire, c'est qu'il semble y prendre du plaisir malgré ses mots.

Froid. Détaché. Stoïque.

Parfaitement maître de lui, et moi, je suis plus que troublée. En fait, il me caresse carrément et ça me fait un effet de malade. Ça ne devrait pas. Ce type m'agresse verbalement et physiquement et moi, j'y prends presque du plaisir. Mais réveille-toi, fille ! Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Ses mots me reviennent : pour ce qu'il y a à peloter... non, mais, je t'en foutrais moi. J'ai une belle poitrine, voluptueuse et ferme, et lui... Heureusement que je ne suis pas le genre de fille complexée à prendre la mouche sur la première remarque négative sur son corps. Je suis soufflée par son culot. Si elle est aussi plate, pourquoi continue-t-il de me tâter le sein ? C'est limite l'hôpital qui se fout de la charité. Ces bonshommes, tous les mêmes. De sales menteurs, profiteurs qui disent une chose, mais en pensent une autre. C'est comme si je disais, je déteste le chocolat, mais que je me tapais la tablette entière. C'est pareil pour lui.

— Non, mais... comment oses-tu ? je lui hurle dessus à m'en faire exploser les poumons. Tu te crois au marché à tâter les noix de coco.

Une lueur de mépris traverse mon regard. Je gonfle mes joues et souffle par le nez. Je prie pour que ça ne soit pas Gabriel, mon Gaby, mon petit ange. Il n'a pas pu virer pervers, pas lui, si innocent, si doux, si gentil... J'accuse le coup. Il se penche sur moi, ses lèvres à quelques centimètres de mon oreille. Son souffle dans mon cou m'élance d'un frisson, et d'une voix suave qui suscite un déferlement d'émotions disparates en moi, maîtrisant chaque intonation, il me murmure enfonçant un peu plus le clou :

— J'aurais dit de simples noisettes, me répond-il, fier de lui, un sourire moqueur étirant ses lèvres. Ça ne doit pas t'arriver souvent qu'un aussi beau garçon te pelote au vu de ta réaction.

Et arrogant de surcroît. J'ai presque envie de lui dire : où est-ce que tu vois un beau garçon, car moi, je ne vois qu'un petit merdeux prétentieux de bas étage. À quoi m'attendais-je ? Son arrogance me plombe. J'ouvre la bouche, mais tout reste coincé au fond de ma gorge. Je frémis. Sa voix a beau être mielleuse et chaude comme de la braise, son regard exprime tout le contraire, il est aussi glacial qu'un froid polaire en Antarctique. Je bous littéralement, autant par son geste hautement déplacé que par ses mots. Une colère insidieuse s'écoule dans mes veines. Oui, ce geste me met dans une rage folle et apocalyptique. Au jeu du plus con, je suis hyper douée. Il vient d'éveiller mon esprit de compétition. Monsieur sans gêne veut se la jouer ainsi, très bien, jouons. Je peux faire preuve de défiance, de spontanéité, et surtout, de bêtise. Oui, de bêtise, car ce que je m'apprête à faire est réellement une bêtise, mais c'est lui qui m'y a poussée, et qui a commencé. Voyons qui sera le plus téméraire, le plus surprenant, le plus con de nous deux.

Ne déconne pas Lyanna, me tance ma petite voix intérieure, car je m'engage sur une pente dangereuse et glissante, mais c'est déjà trop tard.

Malgré l'angoisse qui me gagne, ma colère persiste et réclame vengeance, mais c'est ma bêtise qui l'emporte. Je glisse ma main entre nos deux corps et la pose sur son pénis. Voilà, c'est fait ! À présent, on est à égalité. Œil pour œil et dent pour dent, c'est ce que dit le proverbe, non. Il n'a jamais été aussi vrai qu'à cet instant. S'il croit que je vais me laisser faire, c'est mal me connaître, mais c'est vrai, il ne me connaît pas et inversement. Peu importe qu'il s'agisse de Gabriel ou de Lucas, seize ans nous séparent, nous avons changé. Ce n'est même pas au contact de ma main sur le tissu que je prends conscience de mon acte, non, j'en prends réellement conscience lorsque je le sens grossir entre mes doigts, et à cet instant, je souhaiterais me transformer en petite souris pour aller me cacher dans le trou le plus profond que je puisse trouver. Malgré la honte qui s'abat sur moi, je ne peux plus me défiler, je me dois d'assumer mon geste avec toute la dignité qu'il me reste. Mon regard va de lui à son entrejambe que je tiens dans le creux de ma main. Je suis certaine d'être plus rouge qu'une écrevisse. Prise à mon propre piège.

— À croire que tu n'as jamais touché ni noisettes ni noix de coco, et encore moins palper de seins de ta vie. Tu te crois mieux loti ? je lui dis en laissant glisser mon regard droit sur son entrejambe tout en lâchant un rire laconique.

Le sourire qu'il affiche me met hors de moi, mais très vite, il s'estompe comprenant où je veux en venir. Il inspecte mon visage d'un air d'abord déconcerté cherchant à percer le mystère de mes yeux gris et le sous-entendu de mes propos. Ensuite, il laisse place à la surprise. Il ne s'attendait pas à ça de ma part ni à cette petite phrase assassine. Il est surpris et peut-être un peu choqué. Nous le sommes tous deux pour dire vrai, de mon effronterie. Nous restons cois de longues secondes. Je prends sur moi pour ne pas faiblir en premier, hors de question que je cède la première, je soutiens son regard avec détermination malgré les palpitations qui gagnent tout mon corps. Dire que je tiens ses bourses dans ma main. J'ai honte. Mais ça, je crois que je l'ai déjà dit. Là, à cet instant, je le sens bien réveillé. Je ne rêve pas, je lui fais de l'effet. Je me demande pourquoi j'ai commis une telle stupidité. Quelqu'un peut me le rappeler ? Ah, oui, j'ai voulu faire ma petite maligne et le battre sur son propre terrain et à son propre jeu, et me voilà dans une situation des plus cocasses, et prise à mon propre jeu. J'ai envie de crier, mais rien ne franchit la barrière de mes lèvres, même pas un petit murmure frustré et étranglé.

Rien. Nada. Niet.

Juste un filet d'air qui me maintient en vie. Les secondes s'égrènent, lentement et longuement. Je ne respire presque plus. Je le fixe. Mon cerveau n'arrive plus à filtrer ce qui se passe. Il est comme brouillé, non carrément vidé.

Ly, tu ne rougis pas, je m'intime, je m'ordonne, je m'oblige.

Rougir serait comme lui révéler mes faiblesses. Rougir serait ne pas assumer mon geste de pure folie. Oui, je suis FOLLE, c'est un fait avéré. On ne peut pas être mentalement seine d'esprit lorsqu'on se permet ce genre d'écart. Ce n'est pas un écart, mais un geste d'une extrême intimité, et même plus que ça. Je ne me suis jamais permis ce genre de chose avec personne. Je suis décidément une fille perturbée.

Est-ce à cause d'eux et de ce qui s'est produit ?

La panique me gagne, j'ai envie de pleurer. Il m'observe, me scrute, m'examine et j'en fais autant avec lui. Je le fixe avec tout l'aplomb qu'il m'est possible d'avoir dans ce genre de situation. Le poids de son regard pèse sur moi. Avant j'étais une ombre, à présent, je m'affirme et existe par et pour moi-même. Je suis vivante, il me fait ressentir des choses et avoir sa queue dans la paume de ma main y est pour beaucoup. Est-ce qu'il m'excite ? Oui ! Comment le contraire pourrait-il être possible lorsque je tiens ses couilles dans ma main ? Il n'y a plus aucune frontière entre nous, celle de l'intimité a été franchie par chacun des camps. J'ai subitement un coup de chaud lorsque je réalise qu'il durcit à vue d'œil.

— Alors on en est là, œil pour œil et dent pour dent !

Il me dit ça les yeux dans les yeux pendant que son regard me déshabille. Je le dévisage fière de moi même si je n'en mène pas large. Il toussote pour reprendre contenance, mais j'ai bien perçu les trémulations dans sa voix. Ses traits deviennent plus tendus et je perçois sans mal le doute s'insinuer dans son esprit. Mon Dieu, quand je raconterai ça à mes petits enfants... Mon irritation grimpe de seconde en seconde. Putain de merde ! Je prends une profonde inspiration en comprenant que je ne m'échapperai pas de cette situation gênante ni lui ni moi d'ailleurs. Comment avons-nous fait pour nous retrouver lui à me caresser le nichon, et moi à tenir sa bite ? Si je dois reconnaître une chose de tout ce bordel, c'est qu'il est sacrément bien monté le bougre, gros, long, dur. Elle se dresse. Elle durcit, et frétille dans ma main, dans ma main, bordel de merde !

Je suis certaine que mes joues fument, il ne peut en être autrement. Il se met à rire, un rire incrédule, me sortant de mes pensées. Face à son regard troublé, j'écarquille les yeux. Il est aussi gêné que moi et aussi rouge que je dois l'être. Nous nous regardons dans le blanc des yeux, attendons-lui comme moi, que la gêne disparaisse et que la situation s'arrange comme par magie, mais la magie n'existe pas, malheureusement. Ne supportant plus son regard posé sur moi, ma main se lève presque malgré moi et s'abat sur sa joue. Ce type sûr de lui a une exacte conscience de ce qu'il est, de ce qu'il dégage, de ce qu'il suscite, qu'à cet instant, j'ai le sentiment inhérent d'être son exact opposée, et ça, je le refuse. Alors une fois de plus, je laisse ma bêtise prendre le dessus ainsi que le feu rageur qui me consume de l'intérieur d'être encore et toujours une victime.

Putain, de putain, de putain !

Je viens de le gifler ! Mais pourquoi ai-je fait ça ?

Non, non et non. Lyanna arrête de déconner, je me fustige mentalement. Je suis sur le qui-vive, tous mes sens en alerte. Il est clair que je n'ai pas un gamin de seize ans en face de moi, mais bel et bien un homme adulte, son attribut pour preuve. Il a l'air furieux. Ses pupilles dilatées me foudroient. Je suis en train de vivre mon dernier jour de vie, ma dernière heure, non, ma dernière minute, the last seconde. Il serre les poings, c'est mauvais signe pour moi, vraiment mauvais signe. Le regard noir qu'il me lance me paralyse, je ne lui trouve plus rien de doux. Mes yeux s'attardent sur lui et s'égarent juste en dessous de son nombril qui dévoile quelques poils pour terminer sa course à ses pieds nus. Je sais, il me manque une case, je vis un des moments les plus critiques de ma vie, et moi, je fais une fixette sur ses pieds nus.

— Non, mais tu te prends pour qui ? je lui hurle en posant mes mains sur mes hanches pour donner plus de poids à ma colère.

Ces yeux, ce sont exactement les mêmes que Vincent, en plus expressifs, plus pénétrants, plus ardents. C'est étrange, pourquoi je me sens autant attirée par lui et pas l'inverse ? Est-ce dû au fait d'être aussi proche de lui ? Mais la sévérité de son regard dépourvu de douceur me fixe avec une sorte d'intensité qui m'oblige à reculer d'un pas. Je ne peux pas lui échapper. Il cligne plusieurs fois des paupières. Mon regard se pose sur la trace rouge de sa joue. Je déglutis. Je dois me reprendre. Il est en colère, réellement en colère, sa respiration frénétique pour preuve. Je prends sur moi pour encaisser le contre coup de la tempête qui va s'abattre sur moi d'un instant à l'autre. Étrangement, même s'il m'impressionne, il ne me fait pas peur.

— Quoi ? je lui lance face à son regard meurtrier, sans me démonter.

Je suis suicidaire, je ne me l'explique pas autrement. Je suis surprise par ma propre réaction, mais surtout, par la violence de mon geste. Le voir se tendre et ses lèvres se déformer dans une grimace de colère, me fait penser que j'aurais peut-être dû m'abstenir. Il va me frapper, il va m'en coller une, c'est imminent. Je vais manger le mur. Il inspire profondément comme s'il cherchait à calmer ses émotions, à ne pas se laisser emporter par elles et par ses démons que je vois danser telles les flammes de l'enfer au fond de ses yeux.

— Tu viens de me gifler là ?! s'écrie-t-il son visage à quelques centimètres du mien en contractant sa mâchoire.

Ce n'est pas bon pour moi. Il avance d'un pas, sans me lâcher du regard, et je recule aussitôt d'un pas. J'ai l'impression d'être une biche face au lion prêt à bondir sur sa proie. Il est fort, grand et imposant. Comment vais-je faire pour lui échapper ? Comment une biche échappe-t-elle à un lion ? Elle ne lui échappe pas, elle se laisse croquer puis dévorer. Je me serais bien laissé croquer en temps normal, puis dévorer, mais je ne pense pas qu'à cet instant précis, on donne la même signification à ces verbes. Oh god ! Il est très proche, sa bouche, son regard, son souffle, son parfum...

— Monsieur est perspicace, je lui réponds d'une voix plus tempérée.

Arrête de faire ta maligne Lyanna. Sur le coup, je me maudis de m'être laissée aller à une telle pulsion. L'anxiété me gagne lorsque je vois le regard noir qu'il me lance, si intense, si noir, si dur que je me surprends à être encore debout devant lui et en vie, et pas à terre en train de pleurer, mais cela ne saurait tarder. Je fais glisser mes yeux sur ce qui nous entoure. La sortie me tend les bras, elle est juste là, devant moi, mais avant elle, il y a lui. Je commence à paniquer et ma poitrine se fait plus lourde. Je jurerais presque que lui a un petit rictus limite moqueur, non, vicieux sur le visage. Je dois dégager d'ici et rapidement avant que...

— Et en plus, tu te fous de ma gueule, éructe-t-il.

Son regard martial, sans ciller et fixe, me fout les jetons. Son mépris est si palpable que je me raidis aussitôt, mais ce n'est pas pour autant que je me la ferme.

— La prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de me peloter.

C'est ça, Lyanna, ne te laisse pas faire, ne te ratatine pas face à lui. Il est coriace, mais tu l'es encore plus que lui.

— Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu fous chez moi ?

C'est vrai que je ne me suis pas présentée, ni lui non plus. Chez lui, chez lui, c'est vite dit, plutôt chez ses parents, à présent, reste à savoir lequel des deux fils, il s'agit.

— Tu veux dire chez monsieur et madame Casta, je le reprends.

Lyanna, mais tais-toi bordel ! Arrête de mettre de l'huile sur le feu. C'est plus fort que moi, il fait tout pour me faire réagir et sortir de mes gonds, et moi, je plonge tête baissée.

— Non, chez moi, cette aile du manoir est à moi. Tu es chez moi, insiste-t-il.

Plus de doute possible, il s'agit bien d'un des deux fils.

— Tu es donc...

J'avais raison, c'est le frère de Vincent, mais c'est lequel des deux ? Lucas ? Gabriel ? Je n'ai pas le temps de pousser plus loin ma réflexion qu'il se plante devant moi me défiant de toute sa personne. Je relève la tête et plonge le regard dans les abîmes du sien.

— Tu es une amie de Vince, je vous ai vus plus tôt. Tu devrais te dépêcher de le retrouver avant que je ne pète réellement un câble.

— Vincent, non... en fait, c'est lui qui m'a dit que je pouvais...

— Qu'est-ce que ce petit con t'a dit ?

Je sens un étau se resserrer sur mon poignet et me tirer violemment vers la sortie. C'est comme une brûlure que je ressens à cet endroit. La panique me gagne et mon esprit s'assèche de toutes pensées. Je ne peux rien contre lui, il est plus fort. Ça me ramène deux mois en arrière. Mon cœur cesse de battre et moi de respirer. Son regard va du mien à mon poignet affublé de mon énorme montre. Il s'interroge. Je ne comprends pas ce brusque changement d'attitude. Pourquoi cette soudaine colère qui n'a pas lieu d'être ?

— Tu me fais mal, lâche-moi... je me mets à crier, espérant alerter d'autres membres de la famille, mais personne ne vient me sauver.

Il doit en avoir marre que je hurle à la mort, car il finit par me lâcher. Sa poigne est douloureuse et la douleur de mon poignet m'élance. Je le frictionne de mon pouce. Je profite de cette seconde d'inattention pour lui flanquer un coup de pied dans le tibia à défaut de son service trois-pièces. L'effet est garanti et immédiat. Il se recule. Il ressemble à une poule qui sautille et qui tente de voler, mais le résultat est des plus navrants, car il ne fait que de simples bonds dépourvus de grâce. Il a l'air d'avoir mal et de souffrir, bien fait. Fallait pas me chercher. Lorsque je l'entends gémir de douleur, je dois avouer que j'éprouve un pincement au cœur. Ce n'est pas dans mes habitudes d'être méchante, voire, violente. De me réjouir du malheur des autres, mais dans ce cas... Je balaie du revers de ma main ma culpabilité face aux noms d'oiseaux dont il m'affuble.

— Petite chochotte ! Tu veux que je délivre un certificat de virilité ? Estime-toi heureux, j'aurais pu être moins magnanime et viser tes bijoux de famille.

Oui, je regrette, c'est là que j'aurais dû viser. Un bon coup bien placé pour lui faire passer toute envie de recommencer un jour. Il a de plus en plus de mal à respirer. Il est rouge pivoine. J'ai l'impression qu'il suffoque. Manquerait plus qu'il me fasse une syncope. Il serre des poings au niveau de son entrejambe. La fureur que je lis sur son visage ne présage rien de bon pour moi.

— Salope, m'insulte-t-il en contractant sa mâchoire. Après un regard insistant, il ajoute : tu ne perds rien pour attendre.

Pourquoi n'ai-je pas visé ses couilles ? Ça fera partie des regrets de ma vie. J'encaisse sans ciller et lui me foudroie d'un regard glacial. Je le soutiens, hors de question que je perde la face et lui laisse prendre le dessus. N'oublions pas que c'est lui qui chiale comme une gonzesse et qui est plié en deux devant moi. J'ai le dessus, je le domine de toute ma personne. Malgré tout, j'ai les nerfs à vif. En entendant cela, je pousse un profond soupir de soulagement avant d'accentuer mon sourire pour qu'il ait à son tour encore plus les nerfs. J'avoue, je prends plaisir à le narguer ouvertement. S'il a l'insulte facile, c'est que je n'ai pas dû frapper assez fort. Oui, je ne regrette pas mon coup d'éclat, juste l'endroit choisi. Oui ! J'aurais dû faire de lui une chanteuse d'opérette.

— Je perçois comme un soupçon d'hostilité dans ta voix.

Je ne peux m'empêcher de cacher ma joie, c'est jouissif de le voir avoir mal, je sais, je suis un brin sadique, je le revendique avec fierté. Mais mon assurance fond comme neige au soleil lorsque je le vois se redresser et son regard prendre cette expression pleine de dureté. Je m'apprête à fuir le plus loin possible de lui lorsque je remarque la blessure sur son dos. Il s'est blessé en me protégeant. À cet instant, je suis rongée par la culpabilité et les remords.

— Mon Dieu, tu es blessé, les livres...

J'entreprends un pas vers lui inquiète, mais il me fuit aussitôt, comme si ma présence l'insupportait, comme s'il craignait une réaction épidermique à mon contact. Son regard polaire me transperce.

— Ne me touche pas ! m'avertit-il peiné et en colère.

— Mais ton dos... j'ose alors que la nervosité me gagne face à sa blessure.

— Fais-nous une faveur et dégage de chez moi, gronde-t-il.

— T'es toujours aussi désagréable et con, ou bien j'ai droit à un traitement de faveur.

Je n'en peux plus de ce mec. Il est trop con, trop borné et juste trop con. Je prie pour que ce ne soit pas Gabriel, mais Lucas. Il est plus que furieux, je viens de venir à bout de sa patience et de lui faire franchir sa ligne de raison. Foutue empathie, devant sa blessure, mes émotions ont pris le dessus. On se regarde sans se lâcher.

— Tu as trois secondes te barrer de chez-moi, sans cela, je ne réponds plus de rien, m'annonce-t-il avec ce léger sourire indéfinissable sur les lèvres tout en émettant un grognement amer.

Pour la première fois, depuis que j'ai franchi le seuil de la porte, il me fait réellement peur, je tremble. Je suis incapable de faire le moindre geste, son regard sombre et ténébreux m'en empêche. Il est si noir, si fermé, qu'il en est déroutant. Je suis incapable de le déchiffrer. Le silence nous engloutit. Il est si pesant que je me sens de plus en plus vulnérable, anxieuse et submergée face à sa force, à son regard furieux et à sa personne. Une petite voix dans ma tête me hurle de prendre mes jambes à mon cou. Il est dangereux. Chaque cellule de mon corps me le crie avec force.

Je vois sa poitrine se gonfler et se dégonfler au rythme frénétique de sa respiration. Ses lèvres s'étirent bizarrement, son sourire n'a rien de doux, rien de naturel, ce n'est pas un sourire, mais plus un rictus qui se fige sur ses lèvres. J'ai peur, je me dois de bouger. Je fais un premier pas sur le côté puis un autre et lorsque je le vois s'élancer droit sur moi, je détale tel un lapin sans demander mon reste, la peur ancrée au fond du cœur. Ma main attrape la poignée de la porte d'entrée que j'ouvre violemment avant d'en franchir le seuil et de terminer ma course à cinq mètres à l'extérieur. Ne ressentant plus de danger, je m'arrête dos à la porte.

Lentement, je me tourne, presque au ralenti, la respiration hachée. J'ai fui comme si j'avais eu la mort aux trousses. Il est devant moi à environ six mètres. Je le trouve étrangement encore plus imposant, plus impressionnant et plus flippant, plongé dans l'embrasure de la porte côté ombre. Je me sens bizarrement toute petite, alors que c'est moi qui suis baignée par la clarté des rayons du soleil et lui par les ombres qui se projettent jusque dans son regard.

Pourquoi s'est-il arrêté ? Je ne comprends pas ? Il lui aurait été si simple de combler cette distance pour avoir le dessus sur moi.

Être si prêt et en même temps si loin de lui fait augmenter ma pression sanguine et je suis sûre, ma tension, par la même occasion, et cela m'affole. Mon cœur bat avec une frénésie anormale. Son visage est si marmoréen, que j'ai du mal à croire que j'arrive à percevoir sa colère, qui émane de lui d'où je me trouve. Il n'a plus rien de doux. Ses yeux sont sévères et me fixent avec une sorte d'intensité empreinte de colère et teintée de déception. Il recule d'un pas, il est aussi droit qu'un i. Il se fend d'un sourire plein d'ironie dont je ne saisis aucune des subtilités puis abaisse le rideau électrique qui s'interpose entre nous jusqu'à ce qu'il se referme complètement. Je réalise peut-être pour la première fois que ce gars, peu importe qui il est, Gabriel ou Lucas, porte la douleur dans son regard.

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