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Chapitre 3

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Gabriel

Des mois que je fais encore et toujours ces mêmes rêves. Des mois que je me suis remis à rêver d'elle. Des mois que cette mélancolie amorphe ne me quitte plus. Une semaine que je n'arrive pas à fermer l'œil de la journée. Toujours cette même voix enfantine qui résonne dans ma tête, toujours ces mêmes yeux gris qui me scrutent, toujours ces mêmes images qui me polluent l'esprit. Pourquoi je n'arrive pas à me sortir de la tête cette gamine ? Je devrais rêver d'une beauté, d'une femme adulte aux formes plantureuses, et au lieu de ça, je la revois, toujours elle, cette pleurnicheuse qui hurle mon prénom à la mort. Pourtant, sa voix s'est éteinte et lorsque je ferme les yeux, je réalise que son image n'a presque plus de contour. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me prend aux tripes. Pourquoi est-elle encore présente dans mon esprit, alors que moi, je suis complètement sorti du sien ? Ça me met les nerfs.

Vivre ici pour toujours, mon cul !

Elle m'a fait promettre de ne jamais la quitter, et pourtant, elle m'a quitté sans un regard en arrière.

On dit que le temps efface la tristesse, la douleur, le manque, les peines, les cicatrices, lentement avec douceur, que tout ça s'estomperait, mais il n'en est rien. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Plus d'envie, plus de saveurs, plus d'attente, plus de vie. Le spleen est bel et bien là, ancré jusqu'au fond de mes tripes.

Plus de rêve... non, il m'en reste encore un. Le dernier.

Je m'y accroche désespérément, mais je sais que lui aussi va finir par s'évaporer, car l'amertume et le désespoir ont presque empli entièrement mon cœur, le vidant lentement du peu d'espoir qu'il contient encore et qui s'effrite au fil du temps.

Je devrais peut-être consulter. Ça fait longtemps que je n'ai pas vu le docteur Laurence. Non, si je le fais, ça va inquiéter maman et elle ne va plus me lâcher. J'ai enfin droit à un peu de liberté, hors de question que ça vienne entacher ce peu que l'on m'a octroyé. J'ai mis longtemps à l'acquérir, alors ce ne sont pas des rêves récurrents qui vont m'en priver. Après tout, ce ne sont même pas des cauchemars, non, ce sont juste des souvenirs passés qui refont surface. Je pousse un long soupir en louchant sur le réveil et m'étire tel un chat avant de me mettre sur le ventre. J'ai à peine dormi quatre heures. À présent que je suis réveillé, il va m'être impossible de me rendormir. De frustration, je prends mon oreiller et l'envoie valser à l'autre bout de la pièce. Je plie mon bras, pose ma tête dessus et fixe le plafond dont le ventilateur souffle un air frais. Je laisse mes yeux cligner puis se fermer lentement. Ma respiration se cale sur le ronronnement des pales du ventilateur. Le jour, c'est le pire, lorsque mon cerveau se met en ébullition et que le malaise de la journée s'infiltre lentement dans mes veines, pulse jusqu'à mon cœur et enchaîne mon esprit à ce substitut de vie qui est la mienne.

Ça ne sert à rien, je ne me rendormirai pas. Je me redresse et quitte du lit d'un pas lourd. L'écho de voix à l'extérieur attire mon attention. Je gagne la fenêtre et tire sur le rideau derrière lequel je découvre un soleil radieux malgré les filtres protecteurs. Juste ce qu'il faut pour me déprimer un peu plus. Je hais le soleil bien qu'il soit la première chose dont j'aimerais me parer si je le pouvais. J'aperçois Vince en pleine discussion avec une nana. Il s'adresse à elle avec fougue en lui lançant un clin d'œil éloquent agrémenté de son super sourire à petites culottes, mais la réaction escomptée n'est pas celle à laquelle je m'attendais ni lui d'ailleurs. C'est bien la première fois que je vois le sourire de mon frère faiblir de la sorte devant une fille. Et pour cause, elle vient de lui mettre une baffe derrière le crâne. Il cligne des yeux plusieurs fois pour être sûr de ne pas rêver et moi aussi. Ça n'a jamais dû lui arriver un truc pareil, se faire éconduire de la sorte. Il y a un début à tout. C'est jubilatoire. L'espace de quelques secondes, je trouve mon frère trop calme, mais il se reprend très vite. J'imagine sans mal la connerie salace qu'il a dû lui sortir pour la pousser à passer aux mains. Pour connaître mon frère, je sais que son sang s'échauffe dans ses veines et je suis certain que sa peau fourmille, mais d'excitation. Pourquoi ? Parce que cette fille vient d'attiser sa curiosité et la mienne par la même occasion.

Avec ce geste, elle vient de susciter son intérêt, et certainement son envie et son désir de l'avoir. Vincent adore relever les défis et elle vient sans le savoir de le provoquer et de le mettre au défi. Sans se départir de son sourire, il se passe la main sur l'arrière du crâne sans la quitter des yeux. Il n'a pas l'habitude qu'on le traite ainsi. C'est la première fois que je vois une fille le malmener de la sorte et peu importe l'âge, qu'elle ait sept où soixante-dix-sept ans, elles lui mangent toutes dans la main. Vince est un séducteur dans l'âme, un vrai Don Juan, engagé, sûr de lui et un brin extravagant. Il les fait toutes craquer, enfin presque.

Serait-elle l'exception qui confirme la règle ? Rien que pour ça, je pense que je vais apprécier sa petite copine.

Cette scène me fait du bien. Elle me tourne le dos, je n'arrive pas à voir son visage. Elle semble jeune au vu de sa tenue, un petit short en jean qui lui arrive au-dessus des genoux, un débardeur blanc qui moule bien son corps et des sandales blanches. Même si je ne peux pas voir son visage, il y a une chose que je ne peux pas lui enlever, c'est son joli petit cul. Il est à croquer. J'ai beau me contorsionner dans tous les sens pour espérer voir son visage, rien n'y fait. Elle a la peau extrêmement blanche et à ses cheveux relevés en chignon. Leur couleur m'interpelle, comme les siens. Roux. Je me demande s'ils sont aussi soyeux que ceux de... ? Le sont-ils toujours d'ailleurs ? Elle a l'air d'avoir du caractère. Ça le changera des petites bimbos sans cervelles qu'il a l'habitude de chasser. Bien qu'elle soit de dos, elle semble avoir de l'allure et une certaine prestance. Pour baffer un jeune homme de presque une tête et demie de plus qu'elle, j'ajouterais courageuse, pleine de confiance en elle et d'assurance. Elle me plaît cette petite.

Vince vient de trouver son maître. La voir de dos, les mains sur les hanches en train de lui faire la leçon, la rend hyper bandante, mais je me rabroue mentalement, c'est qu'une gamine de son âge et je préfère les femmes adultes bien en chair, aux adolescentes. Je secoue la tête pour chasser ces images de mon esprit. Ça fait longtemps que je ne suis pas allé au Boudoir, va falloir que je remédie à ça. J'ai besoin de baiser, ça m'aidera peut-être à me détendre et à dormir. Baiser pour me vider, tant les burnes que l'esprit. Faire le vide.

Je me sens fatigué. J'ai envie de ne rien faire, de procrastiner toute la journée en toute tranquillité, mais je dois terminer la collection d'hiver sur laquelle je travaille. Comme le sommeil ne veut pas de moi, autant m'y mettre.

Je ne m'attarde pas plus longtemps, une envie de pisser me prend. J'aurai l'occasion de voir son visage et de faire plus ample connaissance avec cette reine de la gâchette. Je lâche le rideau et gagne la salle de bain. D'abord, les toilettes, et ensuite la douche. Mes muscles se relâchent au contact de l'eau. Lorsque je me sens plus serein, je coupe l'eau et m'enroule une serviette autour des hanches. Il est tout juste midi. Je prends dans mon dressing un bas de survêtement que j'enfile après m'être badigeonné tout le corps et le visage de crème, puis je gagne le rez-de-chaussée pour aller manger un bout. Alors que je descends les escaliers en frottant mes cheveux mouillés avec la serviette, je vois dans mon salon, la fille que j'ai aperçue tantôt avec Vince dehors, debout devant ma bibliothèque en train de fureter.

Non, mais vas-y, te gêne pas, je t'en prie ! Lorsque je la vois lever le bras et prendre un livre, ma main se crispe sur la rambarde que je serre avec force. S'il y a bien une chose dont j'ai horreur, c'est que des inconnus touchent à mes affaires.

— Sers-toi, fais comme chez toi ! claque ma voix dure alors que je quitte les escaliers et m'avance vers elle nonchalamment.

Prise en faute, elle sursaute et lâche le bouquin. Elle se tourne brusquement et se confond en excuses tout en me scrutant du regard, de la tête aux pieds, et surtout les pieds.

— Heu... Pardon, je... désolée, bredouille-t-elle d'une voix ténue, peu assurée.

Son regard affolé va de la bibliothèque, au livre qui gît à mes pieds. Oui à mes pieds et pas sur ma belle gueule. Tu n'as jamais vu un mec se balader chez lui torse nu et pieds nus ? Cette nana a un problème. Elle s'attarde plus sur mes orteils que mon torse musclé ou mon superbe faciès. Son regard oscille entre ma personne et le livre. Nous nous baissons pour le ramasser en même temps, mais bien évidemment, nous nous cognons la tête, ce qui me fait lâcher ma serviette. Sous le choc, elle se recule et bute contre la bibliothèque de laquelle certains livres dégringolent. J'ai juste le temps de me précipiter sur elle et de la protéger de toute ma personne. Son corps se plaque tout contre le mien, on s'emboîte à merveille. Je peux sentir sa voluptueuse poitrine s'écraser tout contre la mienne, ses doux cheveux caresser mon cou, son suave parfum chatouiller mes narines et ses deux bras enserrer ma taille. C'est un long silence qui s'ensuit. Les livres sont éparpillés à nos pieds.

Pourquoi le simple fait d'être tout contre cette gamine embrase mes sens ?

Une fois le danger passé, nous restons figés, l'un contre l'autre, de longues secondes. Je suis certain qu'elle peut entendre les battements désordonnés de mon cœur, sa tête repose tout contre lui. J'ose malgré tout un léger mouvement de la tête et ouvre les yeux. Je me retrouve face à son visage au teint d'opale et à son regard gris, pénétrant qui me transperce. J'ai un léger mouvement de recul. J'étouffe. J'ai certainement cessé de respirer, oui, c'est ça. Je suis en apnée. À cet instant, plus rien ne peut m'atteindre.

Ces yeux... Je les connais.

Ce gris, intense, doux... Je le reconnais.

Je les connais par cœur pour m'être forcé chaque jour au début, mais le temps faisant son œuvre, à penser à eux pendant douze ans. Mon esprit avait fini par les oublier, jusqu'à il y a quelques mois. Depuis, je pense à eux tous les jours que Dieu fait, et ce, jusqu'à cet instant. Je suis encore étonné de la précision de mes souvenirs malgré le temps écoulé. Les souvenirs remontent en moi par vagues successives, mais je les refoule, je ne veux pas me laisser dépasser par mes émotions ni par mes sentiments. Ces souvenirs, je les chasse bien que je les ai chéris avec un plaisir infini durant de longues années, autant dire, pour moi, une vie entière. Ce sont eux qui m'ont maintenu à flot, grâce à eux, j'ai continué d'espérer et d'y croire.

J'ai peur. Que ferait-elle dans ma bibliothèque ? C'est impossible ! Elle ne peut pas être là, ça ne peut pas être elle ? Pas après toutes ces années ? Et pourquoi maintenant ?

Les questions se bousculent dans ma tête. Et pourtant, mes yeux, et tout ce que je ressens, tout ce qu'elle me fait ressentir, me confortent dans cette idée qu'elle est bel et bien là, tout contre moi. Je me concentre et perçois la fraîcheur de sa présence, ainsi que la fébrilité qui l'anime. Mon cœur lui qui n'a plus jamais frémi depuis son départ, palpite comme jamais. J'ai peur de faire une attaque tellement il me fait mal, mais une douce douleur, de celle qui vous ramène à la vie.

Mon cœur bat. De bonheur. Le vrai.

Le pur, celui qui vient du cœur.

Je n'ai jamais accepté son départ, mais j'ai toléré son absence, car je n'ai tenu que dans cet espoir, celui de la revoir un jour. Même si j'ai tenté de l'effacer de mon esprit, je la retrouvais dans une odeur, dans un rire, dans un objet, dans un parfum, elle ne m'a jamais vraiment quitté, et à présent, elle est là, devant moi.

C'est ELLE !

Je n'ai plus aucun doute.

LYANNA REHAN.

LY...

Je dois me calmer, calmer la frénésie de mon cœur, retrouver mon calme, et surtout, écoper la fébrilité qui m'envahit. Je ne parviens pas à la lâcher du regard à tel point que j'ai peur de déchirer mes paupières à force de cligner des yeux. Je désire me perdre dans ce gris et être ramené à la vie par la seule force de sa présence.

Elle a un visage magnifique, un menton fier et des pommettes saillantes. Sa peau paraît aussi douce que celle d'un bébé, et d'une blancheur quasi diaphane. Il y a une grande douceur qui se dégage d'elle. Une fois que mon regard s'est ajusté, je parcours des yeux les courbes de son corps si parfait. Des fourmis d'impatience s'attaquent à mon ventre. J'ai les mains moites et la gorge sèche. Je combats les élancements de mon cœur. Je ne peux m'empêcher de la bouffer des yeux. J'essaie de calmer les battements erratiques de mon cœur, en vain.

BOUM. BOUM. BOUM. B.O.U.M.

Succomber. Résister.

Succomber pour me perdre en elle et avec elle.

Résister à l'appel de celle qui me hante encore aujourd'hui, et ce, depuis seize longues années.

Elle remplit à nouveau tout mon univers le rendant visible, me rendant aveugle pour le reste du monde.

Je ne me lasse pas de l'admirer. Quelques secondes de plus, un temps infini pour graver à jamais chaque trait de son visage, chaque courbe de son corps dans mon esprit et dans mon cœur, de nous devenus adultes. J'ose un geste dans sa direction pour caresser sa joue, je trépigne d'impatience, mais je capitule. Elle s'empourpre. Oui, j'y renonce à cause de ses yeux et de ce qu'ils me disent en cet instant. On n'a jamais eu besoin des mots pour se comprendre, nos yeux nous suffisaient.

Je vois l'inquiétude assombrir son regard. Je cligne plusieurs fois des paupières pour chasser cette image qui vient de s'immiscer et d'apparaître dans ma tête, à savoir, moi léchant ses lèvres charnues telle une fraise juteuse. Très vite, la fraise est délaissée pour ses deux petites lèvres roses que ma langue s'imagine savourer avec ardeur. Machinalement, mon bras gauche redescend lentement et ma main se pose sur sa hanche. Ma respiration devient de plus en plus lourde, presque saccadée. Mon cœur me donne l'impression qu'il va exploser tant il bat vite et cogne fort. Je n'arrive pas à le calmer. Comment suis-je censé contrôler le tourbillon émotionnel qui me dévaste de l'intérieur ? Inconsciemment, mon index se glisse sous le tissu de son débardeur et je me mets à lui caresser la peau au niveau de la hanche. Elle est magnifique, encore plus belle que je l'avais imaginée femme.

— Tu comptes me lâcher où bien, tu as l'intention de continuer à me peloter ? m'enguirlande-t-elle.

Je lève un sourcil tout en prenant une profonde inspiration. L'instant magique prend fin et la bulle dans laquelle nous étions éclate.

Elle ne m'a pas reconnu.

Elle ne me reconnaît pas.

J'ai un doute. Tout à coup, je ne sais plus. Est-ce réellement ma petite femme ? Plus de seize longues années nous ont séparés, seize ans, c'est long. Mon esprit me joue-t-il des tours ? J'ai tellement rêvé de la revoir que peut-être mon subconscient se joue de moi, j'hallucine. Oui. Ça ne serait pas impossible ni la première fois.

— Rassure-toi, tu n'es pas le genre de fille que j'ai pour habitude de peloter.

D'où ça sort cette merde ! Bien sûr que c'est le genre de fille que je peloterais si j'étais amené à le faire. Pourquoi lui ai-je dit ça ? Certainement, parce que je n'ai pas apprécié le ton qu'elle a utilisé pour me parler, agressif et froid. Mon visage se ferme et mes mains se crispent. Jadis dans ses prunelles, je parvenais à déceler des trésors de sensibilité, sans parler de son sourire tranquille et réconfortant, elle, si douce et gentille. À cet instant, je me sens tiraillé entre nostalgie et mélancolie de ne pas retrouver toute son essence au fond de ses yeux. Je ne la reconnais pas, je sais que c'est elle, et pourtant, je ne la retrouve pas en elle. En cette femme splendide qu'elle est devenue. Elle plisse les yeux tentant d'évaluer la véracité de ma réponse.

— Non, mais quel goujat ! s'exclame-t-elle réellement offusquée, voire même, vexée. Et toi, pas le genre de garçon que je pourrais laisser me toucher.

— Je ne suis pas un garçon, je rouspète de façon virulente.

— Et moi, je ne suis pas une fille.

— T'es un garçon alors ? je lance faussement choqué en portant mes mains à mes joues et en esquissant un sourire amusé, ravi de la mettre en boule.

— T'es un petit malin toi. Je suis une femme, mais toi, tu es un garçon. Tu as un pénis, donc tu es un garçon.

— Je ne suis pas un garçon, je suis un homme.

— On ne va pas jouer sur la sémantique des mots. Toujours est-il que je ne laisse pas le genre de personne que tu es poser les mains sur moi.

Je grince des dents. Non, mais elle m'a bien regardé. N'importe quelle femme aimerait se faire toucher par moi, et plus encore, si je l'autorisais.

— Qu'est-ce que je dois comprendre ?

Ses yeux me mettent à pétiller et j'écarquille les miens. Le petit sourire moqueur qu'elle me jette à la figure à raison de mon calme. Non, mais elle croit quoi là ? Mis à part son joli petit cul moulé dans son petit short en jean, il n'y a vraiment pas de quoi casser des briques. Quoi, moi, de mauvaise foi ? Bon, OK, mais juste un peu. Elle a également une sacrée paire de nibards.

— Ce que tu as envie de comprendre ! minaude-t-elle en battant des paupières.

Peu de personnes me tiennent tête, et cette nana me tape déjà sur les nerfs. C'est elle que j'ai attendue tout ce temps. ? Une vraie peste. Une vraie teigne, qu'elle est devenue. En quelques phrases, elle est parvenue à me faire refouler tout ce que je viens de vivre et ressentir. J'ai envie de faire disparaître de son joli minois cet air supérieur qu'elle arbore comme étendard. Elle lâche un rire sceptique ou peut-être amer, tout en tapant du pied. Elle baisse la tête et des plis sillonnent son front lorsque son regard se pose sur ma main.

— Pour ce qu'il y a à peloter, pas de quoi en faire tout un foin, me moqué-je en posant ma main à plat sur son sein pour tâter la marchandise. Aussi plate qu'une planche à repasser.

Connard. Menteur.

Elle a une poitrine voluptueuse et son sein est parfait pour moi ainsi que pour ma main. Il est juste à sa taille. Elle est parfaite, ferme et bien galbée sa poitrine. Un connard, je suis, ouais, et je l'assume, elle n'avait qu'à pas me chercher. Comment rabaisser le clapet d'une nana ? L'attaquer sur ses attributs. Ça fonctionne toujours. Pourquoi ? Parce qu'elles sont toutes complexées. Rares sont celles qui s'assument et qui assument leur corps. On dirait que je viens de toucher en plein dans le mille, échec et mat poupée.

— Non, mais... comment oses-tu ? me hurle-t-elle, en plantant son doigt accusateur sur mon torse. Tu te crois au marché à tâter les noix de coco.

Cette nana est bizarre, elle ne tente même pas d'enlever ma main de son sein. Sa réaction est étrange. Je penche la tête vers elle et je lui réponds d'une voix placide, le visage impassible :

— J'aurais dit de simples noisettes, je lui balance avec désinvolture en haussant les épaules. Ça ne doit pas t'arriver souvent qu'un aussi beau mec te pelote au vu de ta réaction.

Elle ouvre la bouche, mais aucun son ne franchit la barrière de ses lèvres. Je lui ai coupé le sifflet. Je suis assez fier de moi. Un sourire railleur se peint sur mes lèvres. Non, la vérité, c'est que c'est un sourire de sale gosse que j'affiche, un des préférés de ma mère que je n'ai pas sorti depuis des lustres. J'ai fait mouche et je jubile. Je ne m'en cache pas en voyant son visage complètement défait, mais elle se reprend très vite. Elle se redresse et dans un geste fier et me toise méchamment. Elle ressemble à une tomate prête à exploser tellement elle est rouge de colère.

— À croire que tu n'as jamais touché ni noisettes ni noix de coco, et encore moins palper de seins de ta vie. Tu te crois mieux loti peut-être ? m'annonce-t-elle dans un rire sardonique sans me quitter de ses yeux inquisiteurs, alors que je sens sa main se glisser entre nos deux corps pour finir sa course sur ma queue.

Et là, nos regards bifurquent sur mon entrejambe avant que nous nous fixions à nouveau. Le temps est comme suspendu et on se fige. Elle semble plus choquée que troublée, moi aussi d'ailleurs et je ne sais vraiment pas comment interpréter cela. Eh oui, poulette, c'est du lourd que tu as dans ta main. On dirait qu'elle veut tâter le matos. Je ne parviens pas à me défaire de son regard furieusement brûlant de colère et d'autres choses. Je ne rêve pas. Elle vient de me mettre la main au panier. C'est la première fois que ça m'arrive. Pas de me faire toucher la queue, mais plutôt dans ces circonstances de défi. On est vraiment dans une situation super bizarre, moi avec ma main sur son sein et elle avec sa main sur ma bite. Je ris nerveusement du grotesque de la situation dans laquelle on se trouve. Elle rougit violemment. Elle est trop mignonne, ça lui va bien, même si je suis quasi certain qu'elle aimerait qu'il en soit autrement. J'ai chaud. Subitement, son regard change, on dirait qu'il s'embue de larmes.

— Alors on en est là, œil pour œil et dent pour dent !

Elle se contente d'esquisser un sourire énigmatique. Je prends la mesure de ce qui est en train de se passer. Je toussote, tentant de prendre une certaine contenance, mais il semblerait que mes derniers neurones aient grillé. Je suis mal à l'aise et certain que mes joues ont rougi. Son geste me fait rougir, Lyanna me fait rougir. C'est intime comme situation et comme retrouvailles. Son état n'est pas loin de ressembler au mien. Bordel de merde, manquerait plus que je la laisse prendre le dessus. Je n'en reviens toujours pas. Elle n'a vraiment pas froid aux yeux. Mon regard oscille de ses prunelles à sa main sur mon petit moi. Je suis comme figé et dans l'expectative. De quoi ? Je ne le sais pas moi-même. Si, que cet instant gênant prenne fin. Je l'interroge du regard en haussant un sourcil, mais elle semble n'en avoir cure, pourtant, au fil des secondes, son sourire disparaît lorsqu'elle prend pleinement conscience de son geste et de ses répercussions. Eh oui, je me gonfle, je me tends, je bande, réaction purement naturelle due à son toucher. Mon regard prend possession d'elle, il la trouble.

C'est alors que ces mots me reviennent à l'esprit : tu te crois mieux loti. Qu'est-elle en train d'insinuer là ? Que je suis monté comme un poney ! Je suis un étalon et un pur-sang. Si j'étais aussi vicieux qu'elle semble le penser, je pousserais le vice plus loin, en posant ma main sur la sienne pour qu'elle m'octroie une petite gâterie, mais je n'en fais rien. Pas la peine de rendre cet instant encore plus gênant qu'il ne l'ait déjà. Je prends avec contrition sa petite pique, après tout, c'est de bonne guerre, j'ai bien comparé ses seins à des noisettes, pas vraiment le même calibre, juste comme je les affectionne, à savoir de la taille de ma main, car qui dit taille de ma main, dit taille de ma bouche, mais ça, jamais je ne le lui avouerai.

Je n'ai même pas le temps d'enlever ma main de son sein, que la sienne s'abat sur ma joue me faisant basculer la tête sur le côté. Surpris par son attaque, je recule de plusieurs pas pour ne pas perdre l'équilibre, mettant fin à ce frotti-frotta des plus cocasses. Non, mais je rêve ! Elle vient en plus de me baffer. Elle me prend pour un gamin de quinze piges. Oui, c'est ça, elle me prend pour Vince ma parole.

— Non, mais pour qui te prends-tu ? s'époumone-t-elle, en faisant un pas dans ma direction et en posant ses mains sur ses hanches tout comme elle l'a fait plus tôt avec mon frère.

Mon cœur s'emballe me faisant fermer des poings. Je tourne ma tête vers elle et redresse mon menton en serrant les dents pour la mettre en garde. Mes yeux noirs se posent sur elle. Ils n'ont rien de doux en cet instant, ils sont sévères et froids. Elle est à présent acculée contre la bibliothèque. Je cligne des yeux, comme si j'avais du mal à croire à son geste, pourtant, ma joue endolorie me hurle que c'est réel. Elle a de la chance d'être une gonzesse, sans cela, ça fait belle lurette que je lui aurais mis mon poing dans la gueule. Sa posture se fait plus dure, plus distante, plus froide et plus menaçante. Ce regard qu'elle m'adresse, enfant, elle avait déjà dans ses yeux cette étincelle d'impétuosité qui m'avait déjà séduit à l'époque et qui à cet instant, finit par conquérir mon cœur.

— Quoi ? me défie-t-elle d'une voix grave sans se défaire de son air supérieur.

Face à son ton plein de défiance, ma bouche se crispe. Je penche la tête sur le côté pour souffler afin de me calmer. Je n'ai jamais frappé de fille de ma vie, mais celle-là, elle me démange à me toiser de la sorte. Pas la frapper à proprement parler, non, juste une fessée digne de son nom pour lui faire passer son insolence. J'inspire calmement et expire tout aussi calmement.

— Tu viens de me gifler là ?! je lui demande en contractant la mâchoire.

Elle me lance un regard dédaigneux comme si elle avait affaire à un débile profond. J'avance encore d'un pas et elle ne peut plus fuir.

— Monsieur est perspicace, me souffle-t-elle en feignant la nonchalance.

Son regard s'agite, elle regarde tout autour d'elle afin de trouver une issue de sortie. Il n'y en a pas, elle doit me passer dessus pour pouvoir atteindre la porte. Je raffole de cet affolement que je perçois dans ses prunelles. Sa respiration devient irrégulière et bruyante. Je la regarde, presque amusé, de l'air limite paniqué que son visage reflète.

— La prochaine fois, tu y réfléchiras à deux fois avant de me peloter.

— Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu fous chez moi ?

— Tu veux dire chez monsieur et madame Casta, me reprend-elle.

— Non, chez moi, cette aile du manoir est à moi. Tu es chez moi, insisté-je pour qu'elle comprenne que je suis le maître des lieux et que de nous deux, c'est elle qui est en tort.

Je viens de lui donner un indice sur mon identité. Elle bat des cils analysant ma réponse.

— Tu es donc...

Je ne la laisse pas poursuivre. Je me plante devant elle, jusqu'à avoir mon nez quasi collé au sien. Je ne veux pas entendre le reste de sa phrase, si elle se trompe... Non, je préfère l'arrêter avant. Pourquoi ? Parce que ça signifierait qu'elle m'a oublié. Elle a une chance sur deux, et je veux continuer d'espérer que je suis cette chance.

— Tu es une amie de Vince, je vous ai vus plus tôt. Tu devrais te dépêcher de le retrouver avant que je ne pète réellement un câble.

— Vincent, non... En fait, c'est lui qui m'a dit que...

— Qu'est-ce que ce petit con t'a dit ?

Je la coupe une nouvelle fois dans sa lancée. Je me saisis de son poignet et commence à la traîner en direction de la sortie. La panique la gagne. Mon regard bifurque sur son énorme montre, une montre d'homme bien trop grande pour son poignet si fin. Je sens la colère m'envahir. Pourquoi suis-je en colère contre elle ? Parce qu'elle ne m'a pas encore reconnu. Parce que Vince a mis son grain de sel. Parce que j'ai peur de ce qu'elle va me dire.

— Non, mais ça ne va pas, tu es complètement malade ! Tu me fais mal, lâche-moi, vocifère-t-elle, en essayant de se défaire de mon emprise, mais je suis plus fort qu'elle.

Ses hurlements me font mal à la tête. Je me décide à la lâcher et je le regrette aussitôt. Elle me donne un violent coup de pied dans le tibia qui me fait sauter sur une jambe tant la douleur est lancinante. Je serre les dents et ne peux m'empêcher de lâcher un gémissement de douleur que j'ai retenu le plus longtemps possible. J'éructe des jurons à son encontre tous plus fleuris les uns que les autres. Si je suis encore sonné par cette attaque, je suis également surpris que ce petit bout de femme puisse avoir une telle force. Cette fille me donne des démangeaisons, oui, carrément de l'urticaire même. Elle me met mal à l'aise, car je ne me reconnais pas en sa présence.

— Petite chochotte ! Tu veux que je délivre un certificat de virilité ? Estime-toi heureux, j'aurais pu être moins magnanime, et viser tes bijoux de famille.

C'est un fait, je déteste cette nana.

Je la hais !

Une peste dans toute sa splendeur !

Je vous jure que mes sentiments pour elle n'altèrent pas mon jugement. Où est donc passée la petite fille timide, réservée et effacée d'antan ? J'ai devant moi une fille extravertie qui n'a pas hésité à tâter mon paquet. Elle est pleine de défiance et d'assurance. OK, j'ai une femme devant moi, une vraie femme, mais une vraie peste. Plus horripilante, tu ne peux pas faire. Je ferme le poing et lâche un sourire mauvais sans la quitter du regard.

— Salope, je rétorque aussi sec dans une grimace méprisante qui la fait se recule sous mon insulte. Tu ne perds rien pour attendre, je la menace.

— Je perçois comme un soupçon d'hostilité dans ta voix.

Fière d'elle, son visage s'éclaire d'un sourire revanchard jusqu'à ce que son regard se pose sur mon dos et qu'elle se précipite sur moi, pas du tout impressionnée par le sentiment de colère et menaçant qui émane de ma personne.

— Mon Dieu, tu es blessé, tu saignes, les livres, s'affole-t-elle.

Son ton est soudain plus fragile, il s'émaille presque. Il relève plus de l'inquiétude que de la sollicitude. Elle lève un regard désolé et dans un réflexe stupide avance sa main vers moi pour la déposer sur mon bras. Je me dégage violemment bien que la douceur de ses doigts tranche avec la dureté de mes mots. C'est comme si son contact venait de me brûler. J'ai en horreur ce genre de regard, plein de condescendance et de pitié.

— Ne me touche pas ! résonne ma voix grave presque cassée.

J'ai l'impression qu'elle sait. J'exige qu'elle parte. Maintenant. Tout de suite. Je lui décroche un regard noir et sévère.

— Mais ton dos..., me fait-elle remarquer hésitante, en passant sa langue sur ses lèvres desséchées par la nervosité.

— Fais-nous une faveur, dégage de chez-moi, tonne ma voix.

— T'es toujours aussi désagréable et con, ou bien j'ai droit à un traitement de faveur.

Là, c'en est trop ! Personne ne m'insulte et me traite de con, et certainement pas une gamine sortie de nulle part et chez moi qui plus est.

— Tu as trois secondes pour dégager d'ici, sans cela, je ne réponds plus de rien, je l'avertis d'une voix rêche et si provocante que pour la première fois, elle cille et qu'un long frisson traverse sa colonne vertébrale.

Toute diplomatie envolée, je serre des poings sans la quitter du regard. Le changement de mon intonation est saisissant. Elle déglutit. Elle tremble à l'écoute de mes propos vindicatifs. Elle ne bouge pas d'un millimètre et continue de me toiser de ses yeux ombrageux, attendant peut-être un geste ou un mot lénifiant qui lui indiquerait que je ne suis pas dangereux pour elle et que je ne mettrai pas ma menace à exécution. Un rictus incurve ma lèvre inférieure ce qui lui fait faire un premier pas en arrière. Elle perçoit dans mon air une expression éminemment tordue et menaçante. Mon regard est froid et intense. L'air s'épaissit autour de nous. Contre toute attente, je dois avouer que cette sorcière me plaît. Elle est téméraire, qualité qu'elle ne possédait pas enfant. Nos regards changent carrément d'expressions, ils deviennent assassins du moins le mien, le sien n'est que le reflet de sa propre peur.

Lentement, tel un lion prêt à bondir sur sa proie, je fais un pas en avant, puis un autre. Elle entame un pas en arrière afin de maintenir une certaine distance entre nous. Lorsque je me précipite sur elle dans une détente digne d'une athlète en saut en longueur, je la vois détaler telle une lapine et courir en direction de la porte qu'elle ouvre avec fracas avant de se jeter littéralement à l'extérieur. Je ralentis et freine sur le seuil de la porte restée ouverte après son passage. Je m'arrête in extrémiste à l'orée du seuil par lequel pénètrent les rayons du soleil. Je trépigne de colère. Je me recule de plusieurs pas, les bras ballants le long du corps en lui lançant un regard noir.

Elle s'arrête surprise que je ne la poursuive pas à l'extérieur. Son regard m'interroge, mais je m'enferme dans mon mutisme avant de me décaler sur le côté et de prendre la télécommande pour abaisser le rideau électrique qui telle une prison se referme sur moi. Un rire s'échappe de mes lèvres m'extrayant de ma catatonie. La lassitude, le vide et cet extrême ennui que je ressens s'envolent à ce moment. Mon cœur frémit à nouveau, juste une impulsion petite, fugace, mais plus forte que les autres.

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