Bird. Marion Bird. Un prénom banal, une personne banale. Mon nom de famille quant à lui représente ce que j'aimerai être. Un petit oiseau. Je pourrais m'envoler, loin, très loin. Loin de ce quotidien banal, de cette vie morne et triste. Oh je n'avais pas vu que vous étiez là.

Bienvenue sur mon livre. Mon nom est Marion Bird. Aujourd'hui j'ai 14 ans. Nous sommes le 29 Août et dans 4 jours je rentre en troisième. Selon les lignes précédentes j'ai l'air triste... MAIS C'EST PAS LE CAS HEIN! Enfin ça m'arrive d'être triste mais là n'est pas le problème enfin si peut être. Vous voyez un problème vous? Je suis un désolée, je suis un peu mal à l'aise avec le contact humain... Bon reprenons. Alors voilà je m'appelle Marion Bird, aujourd'hui c'est mon anniversaire. Je suis toute seule dans ma chambre. Personne n'est à la maison. Mon frère est à son stage d'aviron. Mes parents, eux, sont en lune de miel au Mexique. C'est pas si grave. J'ai jamais tenu à mon anniversaire. Bref. J'ai 14 ans aujourd'hui. Tous mes proches me l'ont fêté. Le problème c'est que mes proches ont tous plus de 20 ans. Je n'ai pas d'amis. Je ne saurai dire pourquoi. Je n'ai jamais su comment m'en faire donc j'ai arrêté de chercher. Mais... au fond de moi j'aimerai que ça change. J'ai mes livres, ma musique. Le monde que je me suis créé. Un monde plein de magie qui me permet de ne pas être touchée. Un monde que je suis la seule à connaître. La solitude oppresse. Alors voilà mon souhait.

-J'aimerais être aimée et heureuse. Et surtout ne plus être seule.

Je soufflais ma bougie sur mon petit cookie et vérifiais pour la 3ème fois que j'aies bien tout de prêt pour la rentrée. Puis je mis mon album "we love disney 3" à fond et parti me doucher. J'ai beaucoup de chance. Une famille aimante, une grande maison, des parents qui peuvent m'accorder de leur temps et m'offrir un cadre de vie plus qu'acceptable. Mon seul souci, j'aimerai avoir des amis. Un(e) petit(e) ami(e) ça j'ai arrêté de rêver. Une fois ma douche prise, je m'habillais d'un t-shirt ample et d'un short puis me mettais sur le petit banc devant ma fenêtre. Et me voilà à écrire ses lignes. Le soleil brille, les oiseaux ne chantent plus devant ma fenêtre depuis que grizzli a essayé d'en manger un. Ma chambre est vraiment spacieuse, dans la petite tour de notre maison. C'est un peu comme un maison Victorienne mais en moderne. Une quinzaine de grandes pièces, un extérieur aux allures vieillot mais avec un intérieur nouveau, blanc et bois. Nous avons un chat, un important jardin et une piscine. Nous habitons dans la banlieue d'une grande ville alors vraiment mes parents ont des métiers qui rapportent. J'ai vraiment beaucoup de chance mais tout ce que nous avons été obtenu par la sueur de mes parents. OH c'est où est la vraie vie de Raiponce!

7 heures je me réveille et dehors il fait clair!

Je commence à danser avec mon doudou puis me prend le coin de mon lit. OK DIS LE SI JE DANSE MAL. NAH JE DANSE QUAND MÊME.

J'aime bien danser ça me permet d'extérioriser. Mh que dire de moi? Je suis une fille et je suis bisexuelle. Mes cheveux sont mi longs, châtains clairs , mes yeux vert. Mon visage est banal. J'ai des lunettes et un appareil dentaire. J'aime Disney, Marvel, la musique anglaise, je suis une geek. J'aime manger et dormir. Les courgettes sont mes ennemies. Voilà. Bon maintenant euh... et bien ça fait une semaine que j'attends la rentrée, parce que après avoir battu tous les boss de super mario bros, avoir fini Mario Kart et fait 3 top 1 bah on se fait chier. En plus je n'ai plus de chocolat. BON. QUI A DEUX POUCES, UNE ENVIE DE CHOCOLAT ET 10 BALLES? C'EST MOI!

Je prend donc argent, téléphone et va chiper un bout de tacos d'hier. NOM D'UN RATON LAVEUR MAL LAVE ! Mon t-shirt est sale maintenant. BON ON VA METTRE MA COMBI-SHORT NOIRE. Je me change rapidement en chantonnant jamais je n'avouerai puis vice mes écouteurs sur mes oreilles, prend mon skate, ferme la porte et traverse la rue sur ma planche. Bon bientôt la rentrée. Comment se faire des amis?

-Salut je m'appelle Marion, j'ai jamais eu d'amis et euh... vive les crabes?

Non ça c'est pathétique. Ok déjà je rentre dans la salle et m'assied sauf si on nous place. Après... -OH! Toi aussi tu as un classeur?

Mais qu'est ce que je raconte... Comment on arrive à se sociabiliser?

-Cherche pas, t'en est incapable.

Voilà la voix de l'auto dérision. Ne pensez pas que je suis schizophrène, c'est pas le cas hein! J'ai pas vraiment plusieurs voix dans ma tête! C'est juste que tout est assez confus dans ma tête et à part mes parents j'ai pas beaucoup de gens qui peuvent me répondre, me comprendre. Mais des fois c'est à ce demander si je ne suis pas le docteur Jekyll, l'auto-dérision étant mon M. Hide. Bon maintenant comment se faire des amis? Stupide manque de...

-AAAAAAAAAH! Aïeeeeeeeeeeeeuuuuuuuuuuuuuuuh !

Je viens de rentrer dans quelqu'un. J'étais perdue dans mes pensée et j'ai oublié mon skate. Je suis rentrée de plein fouet dans... Non pas un beau garçon sexy qui se trouverai être mon crush depuis 200 ans, non non, je viens de rentrer dans... Une grand-mère. Une grand mère en fauteuil roulant. Qui fermait un cortège. Un cortège funèbre. Je me relève douloureusement. Je vais avoir un bleu sur la fesse.

-Mademoiselle vous allez bien? me demanda un jeune homme en costume sombre.

-Oui oui. Excusez moi, je ne...

-C'est vous l'infirmière de mamie non? me questionna une dame de cinquante ans dont le visage était caché par un chapeau.

-Euh...

Trop mal à l'aise pour répondre, je fais un petit signe de tête et sans rien remarquer me fais embarquer par la femme qui me place derrière "mamie".

-Merci de vous en occuper, j'en pouvais plus. Vous vous souvenez du programme hein? Vous suivez le cortège, pendant la cérémonie vous vous mettez à coté de Loup, Jeanne se chargera de mamie lors de cette période. Lorsque ça sera à son tour (elle montre la personne âgée que je pousse), vous l'amènerez à l'estrade. Merci beaucoup.

Et elle parti comme elle était venue. Mais dans quelle m*rde je me suis encore mise? Je voulais juste aller chercher du chocolat, je me retrouve embarquée dans un cortège funèbre et avec un bleu sur la fesse. Y a que moi qui peut faire de telles choses.

"Mamie" est très maigre et très pâle. Elle est dotée de parole, n'étant pas das un état semblable à celui suivant un AVC mais ne dit rien. Elle pleure seulement en silence. Je ne sais pas qui on enterre mais visiblement elle l'aimait beaucoup.

Sans dire comment où pourquoi je me met à pleurer à mon tour. Comment en une si belle journée une vie peut... s'arrêter? Ce 29 Août, sous 36 degrés, une famille va dire au revoir à une personne qui lui était chère. Ce 29 Août, la Terre va reprendre ce qui lui appartient. Le corps va revenir à la Terre et une famille va perdre un être aimé. Ils ne verront plus son sourire, ne pourront plus lui parler. Cette personne était elle quelqu'un de bien? Un escroc? Un saint? Elle était aimée, avant tout. Comme c'est triste. Mon chocolat peut aller au diable. Il ou elle est morte. A jamais. Il a disparu et ne reviendra plus. Les gens de ce cortège ne le reverront plus. Ne pourront plus lui dire ce qu'ils pensent de lui, ni bonjour ni je t'aime ni merde. Tous ces non dits... Toutes ces disputes... Tout cet amour... Disparu. Il restera des souvenirs, oui. Mais il n'y en aura pas de nouveau...

-La vie est un cycle ma belle. Et le cycle doit continuer. Nous ne pouvons le contrôler. Juste nous remettre à nos croyances. Quelles qu'elles soient. Personne ne sait où ils sont mais ils sont là. Mon mari n'est pas bien loin.

Me parlait elle? Mamie s'adressait-elle à moi où à elle même? Je ne le saurai peut être jamais. Mais une chose est sûre, ses paroles sont vraies, si vraies.

Une seule pensée me vient face à tant de vérité... EST-CE GRAND MÈRE FEUILLAGE?!

-Mademoiselle? Pourriez vous me chanter quelque chose?

-Euh... Je chante assez mal..

-Rassurez vous, mes oreilles sont déjà en mauvais état, vous ne pourrez plus les abîmer.

Elle rigole doucement et je sèche mes larmes.

-S'il vous plaît Mademoiselle... Ce que vous voulez. Chantez moi quelque chose.

-D'accord...

Comment s'endormir quand vient le soir
Quand, par la fenêtre, on voit tout en noir
Quand nos souvenirs nous rendent moroses
Parce qu'on ne peut pas voir où vont les choses

On retrouve souvent durant le nuit
Ceux qu'on a aimé pendant toute sa vie
Car tout ce qui s'envole, un jour se pose
Ce jour-là, vous pourrez voir où vont les choses

Vos bonheurs d'enfance sont restés magiques
Ils tournent en vous pour rendre vos rêves magnifiques
Et malgré nos larmes, jamais rien ne s'efface
Quand ceux qu'on pleure s'en vont, c'est qu'ils changent de place

Souvent quand ils nous quittent, ils vagabondent
Et partent jouer à chat aux frontières du monde
Vous les reverrez un jour, c'est sûrMais ils se cachent comme les rimes sous la prose
Alors qu'on aimerait voir où vont les choses

Comme sur un nuage, le sommeil vous emporte
Pour que vos rêves vous fassent ouvrir grand ses portes
Parfois votre amour est plus puissant que tout
Parfois vos souvenirs vivent encore en vous

Si vous songez à lui, soir après soir
Dites-vous qu'il n'est pas loin et qu'il peut vous voir
Il veille et vous protège du haut du ciel
Il vous ouvrira un chemin de rose
Pour enfin vous faire voir où vont les choses.

-...

-Je vous avez prévenue, je chante très mal.

-Merci. Et ne doutez pas de vos talents.

Nous étions arrivées devant l'église du village. L'important bâtiment jetait un ombre importante sous laquelle j'avais abrité le fauteuil en attendant de rentrer dans l'église. Autour de moi, de petits groupes s'étaient formés. Grand mère feuillage et moi sommes les seules, au milieu. Je tourne sur moi même. Un paysage de désolation. Tous sont meurtris, certains restent dignes et cachent leur douleur, se tenant droit mais tous sont affectés. Je suis la seule, droite, debout, dans ce paysage de souffrance où les sanglots cachent les chants d'oiseaux. Le ciel malgré le grand soleil semble voilé. Soudain une main rassurante se pose sur mon épaule. Je me retourne et voit l'homme qui m'a aidé tout à l'heure. Il arbore un sourire crispé. La douleur est visible.

-Salut.

-Salut.

-Paul Adamson.

-Marion Bird. Vous étiez proche du défunt?

-C'était mon grand père.

-Toutes mes condoléances.

Bravo Marion. Tu aurais dû dire ça avant. Espèce de cruche. Tu relances comment?

-T'as quel âge? Tu peux me tutoyer.

-13... enfin 14 maintenant.

Tu connais même pas ton âge...

-Cool. Moi j'ai 21 ans. Bon on rentre dans l'église. Tu te mets à côté de moi?

Drôle de personnage. Bon faudrait que je réponde.

-Oui. AH non en fait.

-Pourquoi?

-Je dois me mettre à côté de... Qui déjà? Loup.

-Loup? C'est mon petit frère. Tu vois le brun aux yeux bleu là bas? C'est Loup. Pas très causant comme gars.

-Je pense que pour un enterrement ça pose pas de problème.

-Pas faux. Bon bye.

Et il repart. Drôle d'énergumène. Maintenant ce Loup.

Je rentre dans l'église, amène mamie au premier rang, me met sur un genou, fais le signe de croix, me retourne et va m'asseoir au 8ème rang, à gauche.

Je ne parle pas. Loup non plus. On reste assis sur nos chaises sans se parler. Puis il se tourne vers moi. Gênée, je regarde devant moi.

1 minute.

2 minutes.

3 minutes.

4 minutes.

Je me tourne finalement et le voit arborer un sourire fier.

-Bonjour.

-Euh... Bonjour?

-Moi c'est Loup.

-C'est... bien?

-Et toi t'as pas de prénom?

Je suis trop cruche. PRÉSENTE TOI DÉBILE.

-Bird. Marion Bird.

-T'es la pour quoi?

-...

-Ok. Ma maman m'a dit d'apprendre à me sociabiliser. Donc. Bonjour, je m'appelle Loup et j'ai des problèmes d'anus.

Il ouvrit d'énormes yeux en disant cela et se mit à rire. Je rigolai un peu, gênée. Puis à ma grande joie, la cérémonie commença et je ne lui adressai plus la parole.

------Une cinquantaine de minutes plus tard------

La cérémonie s'est terminée. Il doit faire chaud, j'ai l'impression d'avoir transpiré. Loup et moi nous nous levons et il se met à regarder ma chaise et à pouffer. N'ayant pas le temps de chercher pourquoi son rire, je pars chercher mamie 8 rangs plus loin. Nous passons devant la foule encore debout et à présent dirigeons le cortège, suivant le cercueil. Une fois devant le corbillard, je laisse Mamie à vraisemblablement une de ses filles et recule, sans regarder où je vais. J'entre de plein fouet dans quelqu'un qui en deux secondes m'entoure de ses bras.

-WOH!

Tout le monde se retourne vers moi qui me détache et me retourne vers mon agresseur.

John ouvre de grands yeux et moi aussi.

-Je... Je t'ai pris pour ma copine!

Bordel pourquoi tout ça n'arrive qu'à moi???

John se tourne et voit sa copine partir. Il part la rattraper et je me retrouve toute seule, en centre, gênée. Des yeux rougis me toisent. Sans réfléchir, je pars en courant. Je cours le plus loin que je peux. Personne ne tente de me rattraper. Je cours, je fuis. Loin, très loin. Je suis la seule capable de me mettre dans de telles situations. Tous ses regards... Ils se moquaient de moi. J'étais de trop. Je suis un monstre. Personne ne voudra jamais de moi. Je cours, même si mes jambes menacent de céder. Je cours. Après un certain temps, je me sens libre. Je suis loin, très loin. Je commence à ralentir et passe devant une bande d'adolescents de visiblement mon âge. Soudain un rire s'échappe alors que je suis à leur hauteur.

-bdjehcxfioduzhfrdio!

Je n'entends rien de ce qu'ils disent mais il est clair qu'ils se moquent de moi. Les larmes commencent à couler. Foutue sensibilité. Je me retourne, leur montre mon majeur puis repars en courant. J'arrive deux villages plus loin. Je décide finalement de m'arrêter. Je me dirige vers l'arrêt de bus, sèche mes larmes et rentre chez moi. Une fois là bas j'enlève ma tenue et va prendre une douche. Une fois nue, je comprends mieux pourquoi les moqueries. J'ai une énorme trace rouge au niveau des fesses. Vu la taille, j'ai laissé une marque sur la chaise.

Bon au moins quelque chose est sur. C'est le pire anniversaire de ma vie.