Qu'en est-il de l'homme et de ses illusions ?

Trainent-elles dans l'eau comme les alluvions ?

Sont-elles faites de boue dans les tourbières ?

Où alors ne sont-elles que des vers de terre.

Qu'en est-il, vraiment, de ses rêves enivrés ?

Qu'il avait, jadis, quand le monde était sucré,

Que tout voguait dans les parfums de santal,

Que tout allait pour le bien sans le mal.

Qu'en est-il des berceuses de sa douce mère ?

Se sont-elles tues dans le cri de ses misères,

Sont-elles allées, au prix de la souffrance,

Mourir dans le lit noir et glauque du silence ?

Qu'en est-il de sa vie que mange sa folie ?

Folie qui l'accompagne de jour comme de nuit,

Le long de ce chemin que rident les ornières,

Là même, où les ronces entaillent ses paupières.

Qu'en est-il de l'homme et de son horizon ?

Qu'a-t-il fait, en somme, de son joyeux compagnon,

Celui qu'il prenait par la main le long de sa vie,

Qu'en est-il du chemin, le sentier de ses envies ?

Qu'est-il devenu, cet homme qui mène ses peurs ?

Dans le doute, dans l'absence, sans lueur.

Regarde-t-il encore de sa barque qui chavire,

La berge charmante où les arbres respirent ?

Que lui reste-t-il, après tant de déconvenues ?

Un nuage qui passe au-dessus de sa rue.

Un dernier refrain, la dernière harmonie,

Un bruissement d'aile dans un souffle de vie.