Prendre l'air, respirer à plein poumons,

S'accouder à la barrière d'un balcon,

Regarder passer sur le trottoir d'en face,

Des hommes des femmes et les traces,

Que laissent en arrière les ombres transies,

Mêlant au silence le souffle des vies,

Prendre le vent pour ami un instant,

Bercer son cœur d'un monde émouvant,

Voir en couleur le gris de l'asphalte,

Sentir son corps d'envie qui s'exalte,

Prendre le temps d'écouter un peu plus,

Voir le ciel s'écouler dans la rue,

Regarder les songes avancer doucement,

L'un derrière l'autre en souriant,

Prendre l'univers pour le déposer en pavés,

Au milieu des parterres aux herbes délavées,

S'accouder ou s'asseoir sur le banc rêveur,

Admirer encore du monde son humeur,

La quiétude qui gagne ses pensées diseuses,

Parler tout seul de son âme chanteuse,

Prendre la main de l'enfance qui joue,

Baiser son front, caresser sa joue,

Regarder s'émouvoir la blanche colombe,

Jusque dans le soir et la nuit qui tombe.