187 Le marché
Le temps est au beau et la rue s'éveille,
Aucun vent ne traverse l'espace tranquille,
Il est tôt, ce matin, au cœur de la ville,
Les tréteaux sont posés au lever du soleil.
Les grands parasols recouvrent de couleurs,
Le pavé déjà chaud dans un champ de fleurs,
Cà et là, les marchands murmurent encore,
Qui aura le plus grand le plus beau des décors.
Sur les toits les moineaux attendent sans rien dire,
Regardant, simplement, le marché se construire,
Attendant le moment pour se jeter sous l'étale,
Ce merveilleux moment où les miettes s'étalent.
Vers les huit heures, vient enfin la bataille,
Chacun y allant de sa verve sa gouaille,
Appelant les badauds qui approchent et s'entassent,
Qui veut de mon gigot, ma miche, ma p'tite tasse.
Une odeur de poireaux, prend le nez au passage,
Une vieille femme tordue tirant son cabas,
Cà sent le navet, le chou vert, le potage,
Elle tire en soufflant son maigre repas.
Le parfum des demoiselles, bras dessus bras dessous,
Regardant les dentelles, les fichus, les froufrous,
Elles marchent doucement conversant tout bas,
« Tu as vu la belle robe? Tu as vu la paire de bas? »
Il y a le petit homme assis sur une caisse,
Qui parle de sa vie, qui gueule bien trop fort,
Son vin de bouteille n'est pas un vin de messe,
Il mendie quelques sous, il mendie sans effort.
Et courent les enfants qui s'éloignent des mères,
En criant à tue-tête « à nous la liberté »,
Laissant esseulées les mamans en colère,
Elevant leurs ballons dans les airs de fierté.
Il est un chien errant au long poil qui colle,
Pissant au caniveau comme tous les jours,
A la barbe des gens qui, les pieds aux rigoles,
Ne voient pas le bâtard qui pisse à l'entour.
Il est dix heures, le marché en pleine tempête,
On bouscule, on engueule jusqu'à son conjoint,
La femme qui traîne en faisant ses emplettes
Les gosses qui braillent se tirent et font du foin.
Puis, on emporte le lourd panier en osier,
Rempli jusqu'au bord, le bouquet de printemps,
On reparle en partant du petit cendrier,
Que l'on aurait acheté si l'on avait eu le temps.
Après midi, les marchands fatigués ré emballent,
Ré empilent sans sourire les produits invendus,
Le silence revient et referme les malles
Les marchands sont partis laissant seule la rue.
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