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Partie une

L'ombre du monslave patientait dans ce qui s'apparentait davantage à une prison qu'à la chambre que ses geôliers avaient vantée.

Samaël ferma les yeux et laissa ses pulsions se calmer.

Non... Non, il était hors de question qu'il s'abandonne à la douleur. Le criminel, le meurtrier, le fou, patientait dans un coin de son esprit, replié, mais guettant son heure.

De longues années que l'homme vivait avec ce fléau, il avait appris à reconnaître chaque signe. La déchéance avait un nom, la coupable également. Dasyatis la venimeuse avait laissé son empreinte sur son existence il y avait bien longtemps de cela.

Samaël massa ses tempes pour y chasser la migraine qui s'y installait, insidieuse et perverse. Les souvenirs détenaient leur part de souffrance et de malheur, une part bien trop importante pour être ignorée. Une part trop importante pour un seul homme, nul autre ne saurait en supporter davantage.

L'ennui se jouait de son captif autant que ce que l'ancien monslave nommait affectueusement « ses geôliers » le faisaient. Il lui imposait des images pénibles, ressassant ce qu'il aurait préféré oublié. Le poison de Dasyatis, la lente descente aux enfers, la souffrance et... Gryfenfer.

Samaël déglutit. Il aurait volontiers écrasé son front contre l'angle de l'élégante table de chevet disposée à côté du lit où il gisait depuis des heures. Peut-être que la douleur physique aurait été suffisante pour dominer l'autre. Il serra les dents. Songer au Jaguarian, à celui qu'il considérait comme son frère aujourd'hui encore, le plongeait dans une nébuleuse tourmente. Il l'avait haï durant des années avant de réaliser, tout aussi brutalement, qu'il avait été manipulé et que ce courroux n'était pas dirigé vers Gryfenfer, mais vers leur ancien maître, Menthos.

Samaël gémit, son esprit ne lui laissait aucun répit. Il se rappela avec une redoutable précision de la mise à mort de celui qui avait détruit les lambeaux misérables de son existence. Oh, comme ce jeu avait été jouissif ! Une mise en scène macabre, une longue traque qui n'avait rien de complexe pour celui qui avait pour habitude de s'attaquer à des adversaires bien plus coriaces. L'ancien monslave avait achevé sa proie, se délectant du sang qui ruisselait des multiples plaies infligées au cruel colosse, entraîneur renommé à la fin tragique. L'élève avait dépassé le maître, le maître était mort.

Samaël bondit sur ses pieds, serrant les poings dans l'espoir de canaliser l'afflux de colère. Cette colère froide digne d'un reptile, qui s'insinuait en lui et lui dictait ses gestes. La malédiction que Dasyatis lui avait offerte en héritage.

Il tournait en rond comme un fauve dans sa cage. Drôle de réflexion lorsqu'on savait que ses geôliers n'étaient autre que des hommes félins. Le sort ironisait sans une once de pudeur, se moquant ouvertement de sa malheureuse victime.

Samaël avait tenté de frapper à la porte, d'implorer d'une voix presque convaincante, d'injurier à tour de bras les enflures qui osaient porter atteinte à sa liberté, de menacer d'une mort atroce les gardes assignés à la surveillance de sa chambrée. Rien n'y faisait, personne ne se risquait à déverrouiller la porte. Il patientait depuis des heures, attendant la clémence d'un roi qui lui rappelait bien trop un certain Gryfenfer pour lui être parfaitement indifférent. Dans un soupir, il s'adossa à la porte désespérément close.

Kel-Cha.

Un nom qui résonnait étrangement dans sa tête. Une mélodie silencieuse qu'il n'avait jamais articulée. Pourquoi ? De peur de souiller cet homme, le frère jumeau de Gryfenfer ? Leur première rencontre les avait marqués tous deux, Samaël était persuadé que ce sentiment était réciproque. Il avait reconnu le trouble dans le regard de ce Jaguarian tellement semblable au garçon apeuré qu'il avait jadis connu. Il avait reconnu l'écho de sa propre tourmente, un moindre reflet du monslave qu'il avait pris sous son aile. Une autre époque que le présent s'appropriait jalousement.

L'enfermement paraissait être un châtiment. Leur rencontre et la discussion animée qui avait suivi se rejouait avec une netteté singulière.

— Gryfenfer ?

Le Jaguarian haussa un sourcil fourni. Qui était cet énergumène ? Il l'avait pris pour un criminel notoire qui tentait de pénétrer dans le refuge de son peuple, mais la tournure que prenait cette arrestation avait de quoi le surprendre. Vêtu de ses plus somptueuses toilettes royales, armé d'une lance, Kel-Cha se dressait face au monslave avec une assurance fabriquée de toute pièce.

— Qui êtes-vous ? gronda-t-il, avec un courage qui aurait fait pâlir bien des ennemis.

— Ce n'est vous qui posez les questions !

Les poings serrés, désabusés par l'absurdité de la situation, Samaël réagissait à la provocation comme il l'avait toujours fait, prêt à intervenir et à se salir les mains. Il avait piètre allure, amaigri par la maladie et par la malnutrition, le monslave d'autrefois, craint et redouté, n'était plus qu'un vague souvenir.

Un de ses gardes, un gros chat au poil vert selon les termes de l'ancien Chasseur de Nuit, le menaça de ses griffes. S'il menait une toute autre vie depuis que sa dernière rencontre avec Gryfenfer et l'éboulement des vestiges jaguarians avaient failli mettre un terme à son existence, il supportait très mal qu'on le menace de la sorte.

— Adressez-vous encore une fois au roi et votre parole sera la dernière de votre misérable existence, monstre !

Monstre.

La douleur équivalait presque au poison de Dasyatis. Sa différence avait d'abord été une malédiction, puis une bénédiction aux yeux de ceux qui misaient des sommes astronomiques sur ses prouesses dans les arènes. Quelque part, il savait que nul ne le considérerait d'une autre manière. Le monstre lui collait à la peau et s'il avait abandonné depuis de longues années ses sombres agissements, l'immondice ne le quittait plus. Un fléau que seule la mort vaincrait.

— Il n'est pas mon roi ! cingla Samaël, malgré la faiblesse inédite de son corps et sa position de faiblesse.

Ils se trouvaient dans une grotte, l'une des innombrables que comptait les montagnes de Lovina. L'ancien monslave y était resté des jours entiers, souffrant, rongé par un mal puissant qu'il ne saurait combattre. La fièvre avait emporté avec elle sa raison, ce qu'il restait de sa lucidité. Les griffes du Jaguarian paraissaient pourtant plus réelles que jamais, entaillant sa gorge dans une étreinte quasi salvatrice.

— Ne le tue pas, l'interrompit la copie conforme et ô combien perturbante de Gryfenfer.

Etonné, le bourreau obéit à contrecœur. Kelma-Thu risqua un regard interrogateur en direction de son monarque, celui-ci campé à l'entrée de la grotte, considérait avec un curieux intérêt l'homme qui ne semblait plus avoir toute sa tête. Par réflexe plus que par intention, il usa du tutoiement :

— Tu prétends connaître un certain Gryfenfer.

— Oui et mieux que ce que tu peux imaginer, lança Samaël, un sourire crispé seyant ses lèvres, abandonnant à son tour le vouvoiement.

En vérité, son trouble lui ôtait ses dernières onces de rationalisme. Il se mordit cruellement les lèvres lorsque le dénommé Kel-Cha lui annonça être le frère jumeau de celui qu'il appelait Anoth-Cha. Une drôle d'appellation ! Mais l'homme-bête ne paraissait pas se jouer de lui et son sérieux dénotait avec le sentiment inexplicable de son aîné. Il exposa brièvement la vie de Gryfenfer avant sa fuite de Jaguarys, une vie digne d'un prince.

— Un prince... murmura Samaël, retenant un éclat de rires fous, déments.

— L'héritier du trône, précisa Kel-Cha.

Samaël peinait à le croire, les délires de la fièvre brouillant ses pensées au point de les rendre indéchiffrables. Il tremblait de froid, comme si la maladie jugeait le moment opportun pour redoubler d'intensité et s'acharner sur son corps affaibli.

— Tu es mal en point, releva Kel-Cha, sans pour autant faire étalage d'une compassion déplacée.

— J'te remercie pour cette remarque très... pertinente.

— On ne peut pas le laisser là.

Il se tourna vers les hommes qui l'escortaient. La présence humaine dans les alentours les avait alertés, c'était pourquoi ils avaient décidé de surveiller de près une éventuelle menace. La menace ne paraissait pas suffisamment forte pour leur causer des ennemis et les scrupules du Jaguarian le rattrapaient à toute allure. Il souhaitait plus que tout tirer les vers du nez à cet intrus, mais son état de santé actuel rendait cette volonté impossible. Ce fut ce premier constat qui agença cette brusque prise de décision.

— Mais... Ce serait nous mettre en danger !

— Non, il ne craint rien. Vu son état, je doute qu'il ne représente la moindre menace.

Si seulement ils savaient ! Samaël mourrait d'envie de leur hurler les massacres qu'il avait lui-même orchestrés, les tueries signées de sa main. Une signature macabre, mais délicieuse. Une part de lui, celle qu'il avait appris à contrôler, lui soufflait ces idées séduisantes. Pourquoi ne pas les tailler en pièces immédiatement ?

— Très bien, capitula Kelma-Thu.

En effet, les souvenirs de l'attaque du Galina Skroa étaient encore dans tous les esprits. Cet oiseau démoniaque s'était introduit dans Jaguarys grâce à un stratagème des plus pervers et les dégâts avaient été bien trop nombreux.

Samaël ne sut jamais s'il sombra dans l'inconscience de lui-même ou s'il avait pu compter sur le coup de pouce de la brute qui escortait le roi. Le noir emportait tout désir odieux et toute émotion déplacée.

Samaël avait été guéri dès son admission, les médecins jaguarians ayant fait des miracles sur une maladie bien connue de leur peuple. Les montagnes de Lovina regorgeaient de fléaux et l'espèce des hommes-félins avaient appris à s'en protéger. L'ancien monslave s'était éveillé dans une chambre, guéri, mais enfermé. Depuis, la situation semblait stagner, comme si le roi se plaisait à le voir tourner en rond dans sa cage dorée.

Quelqu'un toqua à la porte et Samaël se sentit défaillir à ce son inattendu. Il bondit sur ses pieds sans s'approcher l'issue condamnée, le cœur au bord des lèvres. L'émotion qui le traversa, inavouable et honteuse, était comme se trouver au seuil d'une vérité nécessaire, se la voir refuser, et revoir renaître un espoir fou. Bien évidemment que l'homme avait cru que ses geôliers l'enfermaient avant de programmer son exécution prochaine. Sordide mise en scène, inacceptable mascarade, qu'il aurait acceptée avec un noir dévouement pour celle qui s'était toujours refusée à lui : la Mort.

Samaël n'avait jamais cessé de souffrir, pas même après des années d'errance. Le salut ne s'offrait pas à sa pauvre âme esseulée, la rédemption le privant de tout espoir. Quelle déraisonnable folie !

Il se reprit vivement, chassant ces sombres pensées dans un recoin de son esprit. Un recoin où le mal rongeait ce qu'il avait sous la dent, un morceau de sa raison, une part médiocre de son humanité. Il serra les dents et remit de l'ordre dans ses réflexions avant qu'une voix ne s'élève, étouffée par la porte qui le séparait d'une liberté presque dénotée de sens :

— Le roi Kel-Cha requiert votre présence !


C'est fini pour la première partie ! 

J'attends évidemment vos avis et espère que ce début aura été à la hauteur de vos attentes. La suite d'ici une petite semaine !

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