À cœur ouvert
Ace était inquiet, et ce, pour une raison que lui-même trouvait futile ; cette fille ne pouvait sincèrement pas le voir, et cela le rendait anxieux.
Mais cela était-il réellement la raison ? Le comportement de Misa était certes étrange, mais restait malgré tout légitime ; il était au final le commandant de la seconde flotte de Barbe Blanche, et avait une forte renommée dans le milieu de la piraterie. Peut-être le craignait-elle à cause de sa réputation ?
Ace souffla un coup avant d'ouvrir la porte du réfectoire. Il y retrouva Marco qui, apparemment ne semblait pas avoir fini sa discussion avec Torger. Le pyro-man préféra les laisser finir leur débat et rejoignit alors Tatch dans leur cuisine.
« Alors ? Tu l'as retrouvée ? » Lui demanda aussitôt ce dernier sans pour autant lâcher l'assiette qu'il lavait.
« Oui. »
« Et... »
Ace ne répondit pas immédiatement et attrapa un torchon qui trainait sur le plan de travail et se mit à s'occuper du séchage.
« Elle n'a rien voulu entendre. » Soupira Ace avec dépit. « Elle s'est soudainement mise à pleurer alors je l'ai laisser partir. »
« Tu l'as laissée sans surveillance sur notre bateau ? »
« Maria la suivie et je lui fais confiance pour la suite. »
« Tu as l'air déçu... » Fit remarquer Tatch en regardant son ami du coin de l'œil.
Ace ne prit pas la peine de confronter le cuisinier. Il savait pertinemment où Tatch voulait en venir et il était hors de question qu'il se lance sur cette pente glissante.
« Je suis surtout inquiet. » Fini par rétorquer Ace dans l'espoir d'éloigner Tatch de sa théorie. « Cette fille est vraiment étrange et j'ai l'impression d'être le seul à avoir remarqué ce détail. »
« Elle est simplement perdue après ce qu'elle a probablement vécu avant d'atterrir ici. »
Tatch passa la dernière assiette complètement trempée à Ace et tira un torchon de la poche de son tablier.
« Et puis, tu te souviens de la réaction de Maria lorsque tu t'es soudainement endormi devant elle ? »
« Comment oublié ? » Rigola Ace en jetant son torchon mouillé sur son épaule. « Elle a fait une crise comme quoi on aurait dû la prévenir à l'avance. »
« Exactement. » Approuva Tatch en retirant son tablier. « Et pourtant elle faisait déjà partie de notre équipage bien avant ton arrivé. Tu vois où je veux en venir n'est-ce pas ? »
Ace détourna les yeux. Évidemment, son ami avait raison, mais même si la discussion l'avait un tant soit peu rassurer, un doute subsistait encore dans son esprit.
Ace décida de garder cette pensé pour lui ; il ne souhaitait alarmer personne avant d'être sûr de son hypothèse et surtout, quel que soit la réponse à sa théorie, il n'aura pas à s'en soucier s'il arrive à accomplir la tâche que lui avait confié son père. Mais le temps n'était plus un luxe qu'il pouvait se permettre car il devait quitter impérativement se bateau dans les plus brefs délais.
Misa n'avait pas dit un mot tout le long du trajet qui menait vers les chambres, et ce, au même titre que Maria. Elles étaient tombées sur plusieurs pirates en chemin, certains étant plus sympathique que d'autres ; elles avaient même salué un dénommé Aslan que Misa avait malheureusement reconnu comme étant le second pirate qui s'était battus contre elle au côté de Torger. Cependant, ce dernier n'avait rien à voir avec son confrère froid et antipathique ; il avait fait preuve de beaucoup de jovialité et surtout, au grand bonheur de Misa, d'assez de maturité pour s'être excuser au sujet de leur première rencontre.
Cette dernière avait également présenté ses excuses avant que le pirate ne prenne congé pour vaquer à ses occupations.
« Vous êtes vraiment très diversifiés dans cet équipage. » Commenta Misa alors qu'elle suivait Maria qui venait d'emprunter des escaliers.
« C'est notre plus grande fierté. » Rétorqua l'infirmière en relevant le menton. « Ici, on se fiche des origines de quelqu'un ; l'important est d'accueillir le plus de personnes dans notre famille. »
Misa fut bien étonné par la réponse ; avec un pirate de la trempe de Barbe Blanche, elle s'attendait à se retrouver au milieu d'un équipage sanglant et monstrueux. Mais elle se devait d'admettre qu'elle avait, probablement fais une erreur de jugement à leur sujet.
C'est sur cette pensée que la jeune femme arriva finalement à destination. La pièce qui constituait une chambre d'aspect assez simple, n'était pas aussi grande qu'elle l'avait imaginée. Bien sûr elle n'était pas étroite non plus et il était fort probable que la petitesse de la pièce ait été simplement causé par la quantité de meubles posés dans les différents recoins ; quatre lits simples, deux grandes armoires, une petite commode et au fond se dessinait une autre porte.
« Le lit du centre appartient à Élise mais elle est récemment partie en patrouille avec Blamenco, l'un de nos commandant. » Précisa Maria en pointant du doigt le lit en question. « Tu peux prendre le dernier celui du fond en revanche. »
Misa remercia poliment l'infirmière avant de s'assoir sur le matelas.
« Je pensais que votre équipe médicale était plus... » La jeune femme se tut, cherchant le bon mot. « Nombreuse, et que vous travailliez tous ici ? »
« Oh sûrement pas. » Pouffa Maria comme si la question de Misa était parfaitement idiote. « Avec Teto nous aidons Ralph mais il arrive souvent que nous soyons forcés de quitter ce navire si l'un de nos commandant doit aller en patrouille sur l'une de nos îles. »
« Mais avec autant de monde, vous n'avait pas besoin de toute l'aide possible ? »
Maria se dirigea vers une armoire avant de répondre à la question de Misa :
« Ce n'est pas forcément nécessaire. Au final, notre équipage se fait rarement attaquer grâce à l'image que représente notre capitaine et même lorsque cela venait à se produire, rares sont les blessés. »
Maria ouvrit en grand l'armoire et commença à se changer. Elle jeta pardessus la porte du meuble sa tenue d'infirmière et enfila un combi-short qui, aux yeux de Misa, ressemblait beaucoup à un vêtement que pourrait mettre Haya. Elle sortit la Vivre Card de Harue et la regarda longuement avec tristesse.
« Ce doit être quelqu'un d'important pour que tu tiennes autant à cette Vivre Card. » Fit remarquer l'infirmière en prenant place sur un autre lit face à Misa.
« En effet... » Se contenta de répondre la jeune femme en fourrant le papier à nouveau dans sa poche.
« Je ne cherche pas à être indiscrète, alors si tu ne veux pas en parler... »
« Il n'y a pas grand-chose à dire de toute façon. » Marmonna Misa en haussant les épaules.
« Est-ce vraiment le cas ? »
Misa ne voulait pas répondre à cette question ; elle ne savait pas quoi dire. Mais d'un autre côté, se taire pourrait soulever des soupçons à son sujet.
« C'est quelqu'un que j'ai rencontré avant de commencer mon voyage ; une personne formidable. »
« Elle devait sûrement penser la même chose de toi pour t'avoir offert cette Vivre Card. »
« Je suppose que oui. » Sourit Misa.
Un silence s'installa entre les jeunes femmes, et Misa tourna la tête vers un petit hublot. Elle admira la tranquillité de la mer jusqu'à ce que ces yeux se perde vers l'horizon. La beauté limpide de l'eau reflétait le bleu azure du ciel et Misa aurait juré qu'elle avait oublié tous ses problèmes ; le naufrage, et ses inquiétudes concernant ses amis.
« Il est beau n'est-ce pas ? »
Misa sursauta au commentaire soudain de Maria et la regarda bizarrement comme elle n'avait pas compris de quoi il était question.
« Je parle de l'horizon. » Précisa l'infirmière. « J'ai toujours aimé la mer. »
« C'est pour ça que tu as rejoint cet équipage ? »
« Pas vraiment... C'est une longue histoire à vrai dire. »
Misa pencha la tête sur le côté, tout à coup curieuse d'entendre la suite de cette histoire. Maria, qui avait vue claire sans son jeu, aborda un sourire triste et débuta son récit.
« J'ai toujours aimé la mer, mais je n'avais jamais le courage de fuir mon île natale pour parcourir le monde. J'étais une vraie tête brûlée à l'époque mais mes ambitions n'allaient pas plus loin que mon désir de devenir médecin. J'étais froussarde et n'osait jamais confronter ma famille sur le sujet... »
« Pourquoi donc ? Docteur est une profession honorable... »
« Pour un homme oui... » Soupira Maria avec désolation. « Malheureusement, les habitants de mon île natal étaient... très stricts lorsqu'il était question de l'éducation des femmes. »
Misa allait rétorqué avec virulence tous ses ressentiments sur les idéaux, apparemment arriérés, des habitants de cette île, mais se fit devancer par Maria.
« Nous n'avions pas beaucoup d'options dans nos choix de carrières, notre seule priorité étant de trouver un bon parti pour assurer notre place dans la société. Autant dire que j'étais une véritable plais pour mes parents car je refusais constamment les hommes qu'ils me présentaient. Je voulais devenir médecin mais comme cela m'étais impossible j'ai fini par me résoudre et je me suis marié à un homme que je connaissais à peine.
Mais il s'est avéré être quelqu'un de bien. Aussi sordide que cela puisse paraître nous avons appris à nous connaître après notre mariage et sommes devenus bons amis ; nous nous sommes mis d'accord sur le fait que nous ne voulions pas d'enfant pour pouvoir nous concentrer sur nos ambitions respectives car lui aussi voulait devenir docteur, pédiatre, pour être plus précise. Lorsqu'il a appris qu'on refusait mes candidatures pour ma propre éducation, il s'est interposé et a réussi à m'obtenir une bourse pour devenir infirmière.
Il s'agissait d'une opportunité en or et je l'ai saisi sans réfléchir... »
« Mais... » Devina Misa suite au changement d'expression de l'infirmière.
« C'était une mauvaise idée. » Affirma la jeune femme dans un rire jaune. « J'étais souvent discriminé et je n'ai fait que de la théorie et était interdite d'accès au patient ou aux opérations. J'ai pu assister à deux ou trois accouchements, mais sans jamais pouvoir y participer. Cela a duré jusqu'à une attaque de pirates. »
Maria tourna la tête alors que son visage changea complètement d'expression ; son regard se perdit dans le vide comme elle revivait les événements passés.
« Elle s'était déroulée dans un village voisin... C'était un vrai massacre ; on aurait dit une ville fantôme et les rescapés se comptaient sur les doigts de la main. Mon mari voulait que je reste chez nous alors que nos équipes médicales devait prêter main forte à notre village portuaire... mais je n'en ai fait qu'à ma tête et suis parti malgré ses avertissement. »
« Et tu le regrettes ? » Demanda soudainement Misa d'une petite voix.
« Je l'ai regretté durant un temps. » Admit Maria avec un sourire triste. « J'avais pratiqué une opération dans le dos de mes supérieurs. Et mon patient... ne s'est pas réveillé le lendemain... »
« Maria, tu n'es pas obligé d'en parler. »
« Ce n'est pas quelque chose dont j'ai honte. » Elle prit une grande inspiration et regarda son interlocutrice dans les yeux. « Plus maintenant... mais sur le moment, je n'ai pas pu me pardonner. On m'a viré le lendemain de l'opération et j'ai abandonné mon rêve de devenir médecin. »
« Je suis vraiment désolée Maria... » Souffla Misa d'une voix brisée.
La jeune femme commençait à avoir du mal à retenir toutes les émotions qui la parcourait, elle était triste, en colère surtout... mais également dégoutée. Elle voulait poser mille et une questions au sujet des origines de Maria. Mais sa curiosité pour connaître la suite de cette aventure l'emporta sur ses questionnements.
« Ne soit pas désolée. » Sourit Maria d'un ton bien trop enjoué au goût de Misa. « Sans cette histoire je n'aurai probablement jamais rencontré Marco, ou même intégrer cet équipage. »
« Où est le rapport ? »
« Je suis tombé sur Marco... ou plutôt il m'est tombé dessus alors qu'il se faisait pourchasser par la marine. » Raconta Maria avant de laisser un rire cristallin s'échapper de sa bouche. « Pour faire simple, on lui avait tiré dessus avec une balle en granite marin et je l'ai aidé à s'enfuir en échange d'une échappatoire de mon île natal. »
« Tu voulais seulement quitter ton île natale ? » Demanda Misa pour être certaine de comprendre cette histoire.
Maria hocha la tête avec approbation et Misa la questionna à nouveau.
« Alors comment tu en ais venu à devenir infirmière ? »
« Eh bien, notre cher commandant de la première flotte possède la capacité de soigner plusieurs types de blessure ou de limiter les douleurs d'autrui. » Expliqua Maria en croisant les jambes. « Cela se limite à quelques situations spécifiques, mais savoir que la probabilité que quelqu'un perde la vie en mer soit réduite m'a sidérée. J'en ai alors discuté avec Marco et il a accepté de me garder en tant qu'infirmière. »
« Cela fait combien de temps que tu es dans cet équipage ? »
« Je dirais huit ans. » Répondit Maria avec un grand sourire plein de fierté.
« Tant que ça ? » S'exclama Misa subjuguée.
Maria pouffa avant de hocher de la tête en signe d'affirmation.
Elle devait l'admettre, elle ne s'attendait pas à une réponse pareille. Quiconque ayant rencontré Maria aurait été tout autant choqué d'ailleurs. L'infirmière n'avait pas l'air du genre de femme à avoir passé la moitié de sa vie en mer ; elle avait un teint clair et un visage calme, elle avait des rides sous les yeux certes, mais rien de comparable à celles des autres hommes d'équipages si bien qu'elle se rapprochait plus d'une invitée lors d'une croisière qu'une infirmière à temps plein.
Cela en était presque rageant.
« Et toi Misa ? »
Cette dernière releva un sourcil, n'étant pas sûre d'où voulait en venir Maria.
« Pourquoi tu as pris la mer ? »
« Oh et bien je... »
Mince, elle ne s'attendait pas à une séance de confession maintenant. Le moment était très mal choisi puisqu'elle n'avait pas encore peaufiné son scénario.
Et comme si le ciel avait entendue sa prière, quelqu'un vint toqué à la porte, lui épargnant cette discussion.
L'infirmière se leva pour ouvrir la porte et Misa retient sa respiration lorsqu'elle se rendit compte qu'elle venait de passer de Charybde en Sylla.
« Il y a un problème Ace ? » S'enquit Maria à l'intention du pirate.
« À vrai dire je suis venu discuté avec notre invité. » Répondit le jeune homme en cherchant du regard Misa qu'il ne tarda pas à trouver. « Je peux entrer ? » Demanda-t-il poliment
« Non ! » Pensa Misa en son for intérieur.
« Bien sûr ! » Invita Maria au grand désarroi de la jeune femme qui se trouvait avec elle.
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Salutation à tous et à toutes
j'espère que vous vous portez bien et je vous souhaite une bonne année !
J'ai pris un peu de retard sur mon calendrier personnel mais j'ai finalement reussi à reprendre un rythme de travail plutôt correct. En soi j'ai déjà quelque chapitres de réserves et ose espérer en préparer plein d'autre pour éviter un autre hiatus. (Je me suis d'ailleurs posé une bonne résolution pour cette année : écrire autant que je le peux et finir cette histoire).
Ce chapitre est principalement celui qui m'a donné le plus de fils à retorde comme je me suis laisser aller à mon imagination lors de l'écriture du passé de Maria.
De base, je voulais mettre quelque scènes de flash back, mais je n'ai pas réussie à m'arrêter. Au final j'ai dû tout enlever et resumer son histoire dans se chapitre même si j'essayerais d'inclure le récit complet de Maria par la suite, d'une façon ou d'une autre.
Sur ce je n'ai plus rien à ajouter.
Votez ou commentez si le chapitre vous à plu et à la semaine prochaine ^^.
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