Chapitre 4
-Kijan'w rele? (Comment t'appelles tu?) lui demandai-je. On était encore dans la cabine, j'étais assise sur le lit et lui debout, dos à moi. Il inspira avant de me répondre.
-Pourquoi veux-tu connaitre mon identité? me demanda-t-il, toujours dos à moi. Il avait de si larges épaules sur lesquelles j'aimerais laisser parcourir mes doigts...
-Je veux te connaître... D'ailleurs, on répond pas à une question par une autre, achevai-je, fière de moi. Je venais de lui répondre comme il avait l'habitude de me le faire: froidement!
Je l'entendis rire avant qu'il se tourne vers moi. Son regard rieur me destabilisa.
-Lena, j'ai... commença-t-il. Je l'interrompis.
-Lena?! Je ne m'appelle pas Lena! lui fis-je remarquer, furieuse qu'il ne se souvienne pas de mon prénom.
-Tu t'appelles bien "Marie Héléna Pierre"?
-Oui, et alors?
-Helena = Lena.
Il venait de me donner un surnom, ce qui voulait donc dire que je comptais à ses yeux?
-Je voulais dire que j'adorais te voir torturée par ce manque... Cela me fait plaisir de te faire autant d'effet...
-De l'effet, tu dis? Kiyès ki ba'w gwosè manti sa? (Qui t'as donné ce gros mensonge?)
-Pas la peine de le nier. Il y a des caméras et des micros partout ici... Je vois que t'as pris mes "leçons-masturbation" au sérieux... C'est très bien! continua "mon bourreau", toujours aussi calme et sûr de lui.
-Tu as donc tout vu et entendu...? Cela t'as plu, au moins?
-Bien sûr que oui! Qui raterait ces beaux spectacles que tu offres dans ta chambre? Je ne savais d'apilleurs pas que tu étais aussi cochonne, Lena? Mais il manque quelque chose pour pimenter tes scènes... Un peu d'humilité. ajouta-t-il, ne laissant apparaître aucune réaction dans sa voix. Il manquait toujours un truc avec lui, ce n'était jamais assez...
-T'en as pas marre de me rabaisser? J'ai l'impression que cela t'importe peu, ce que les gens ressentent quand tu les blesses.
-Ce n'est pas parce qu'on se parle que tu peux te permettre de me dire quoi faire. Je dis ce que je veux ici et toi... Tu la fermes!
-Ouais, je sais.
Après une courte pause, il brisa le silence.
-Lucian Smith dit-il. Il s'appelle "Lucian Smith"...
-Joli. Cela te va... T'es de quelle nationalité?
-Haïtienne, d'origine martiniquaise.
-T'as quel âge? Ton sport préféré? Qu'est-ce qui t'as poussé à devenir ce que tu es maintenant ? Je veux tout savoir de toi.
-Ma vie personnelle ne te concerne pas. Sur ce, je te souhaite bonne nuit, Helena... Ne sors surtout pas d'ici ou je te tuerai, ma jolie!
Le ton qu'il avait employé m'avait gelé jusqu'aux os. Puis il s'en alla... Moi qui croyais que j'allais réaliser mes fantasmes avec lui... C'était foutu!
Vêtue d'une mini-jupe et d'un soutien-gorge, on s'était retrouvé dans la salle-à-manger pour le déjeuner. Chaque semaine, trois filles s'organisaient pour la cuisine, le ménage, etc.
J'étais toute souriante. J'avais beaucoup rêvé de "mon Lucian", mon diable, mon démon, mon bourreau...
-On dirait que t'as passé une excellente nuit.... remarqua Miya en s'asseyant à côté de moi.
-Oui ma belle! J'ai bien dormi! Et toi?
Son sourire s'effaça de son visage.
-J'ai encore rêvé d'eux... Mon mari et ma petite fille.
-Miya, pourquoi avoir choisi cette profession?
Je vis couler une larme le long de sa joue.
-Mwen te bezwen kob poum te ka peye operasyon mari'm lan... Sinon il allait mourir.
-Oh ma pauvre...
Je la pris dans mes bras. Au même moment, on vit passer le corps sans vie d'une d'entre nous. On entendait des pleurs et des murmures partout. Que c'était-il passé?! Face à moi, Lucian était là entrain de me fixer. Je perçus comme une lueur de pitié dans son regard... Il me fit signe de le suivre discrètement. Ce que je fis. Nous nous retrouvâmes donc dans cette pièce où j'avais essayé de m'enfuir à ma venue ici.
-Pourquoi ici, Lucian? lui demandai-je en prenant soin de bien fermer la porte.
-Helena, il faut à tout prix que tu fasses attention à toi...
-Mais pourquoi? Et ce cadavre?
-Elle était tombée enceinte et refusait d'avorter. On était obligé de l'éliminer , répondit-it, comme-ci tout ça était normal.
-Et tu le dis ainsi...?! lui criai-je. Il s'avança vers moi, puis les souvenirs de mon viol me revinrent à l'esprit.
-Non, ne t'approche...pas! lui hurlai-je dessus toute tremblante. Je regardai autour de moi: chaque recoins m'effrayait... Lucian remarqua ma peur.
-Lena, je ne vais pas te faire de mal , me dit-il d'une voix douce.
-Je n'arrive pas à te croire Lucian. Cette pièce me ramène à la réalité , lui lançai-je avant de sortir en courant...
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