Partie 4
Leur repas avait rapidement été englouti. Leurs achats, un sachet de chips et quelques paquets de gâteaux, s'étaient révélés de maigres acquisitions pour leurs estomacs de presque adultes. Mais ça n'avait pas vraiment d'importance, ils n'avaient pas si faim en vérité. Felix se leva, ils avaient mangé assis sur les balançoires, et alla jeter les détritus dans la poubelle non loin d'eux. Une fois que ce fût fait, il rejoignit Jisung, toujours installé sur sa balançoire. A le voir les yeux dans le vague, pratiquement immobile, il décida de l'embêter un peu. Il se plaça derrière lui et posa les mains sur le dos de son ami qui, surpris ne réagit pas immédiatement, puis poussa sur ses bras.
- 'Lix, arrête! Cria Jisung.
Il s'était cramponné aux cordes, les yeux arrondis dans une expression de surprise, comme si sa vie en dépendait, et ses jambes s'étaient repliés, le faisant ressembler plus que jamais à un enfant.
- Fais pas cette tête Jisung ! Tu n'es pas haut du tout ! Répondit Felix en rigolant.
Mais quand il vit que le brun restait crispé, il tendit la main et la balançoire s'immobilisa en douceur. Felix se précipita et serra Jisung contre lui dans une étreinte un peu coupable, mais qui se voulait rassurante. Cela eut l'effet escompté, puisque celui-ci sentit la panique qui avait pris son coeur descendre petit à petit.
- Pardon, je pensais pas que ça te ferait peur.
Le brun fit la moue, et gonfla ses joues en prenant une voix boudeuse, un peu enfantine :
- Han-ie n'aime pas être poussé comme ça! Faut prévenir!
Figé, la bouche formant un "o" de surprise, Felix était resté quelques instants ébahi par le ton employé par son ami. Il ne s'attendait pas à ce type de réaction. Après tout, il n'était que peu familier avec la Corée et voir quelqu'un agir d'une manière mignonne comme ceci lui était assez étranger. Pourtant il avait déjà entendu parler des aegyos mais la pensée d'y être témoin en venant à Séoul ne l'avait pas effleuré. Mais Felix étant Felix, il se remit rapidement de sa surprise et éclata de rire, resserrant inconsciemment son étreinte.
- C'est mignon "Han-ie".
- Yah! Tais-toi ami indigne! S'exclama Jisung en le repoussant gentiment, les joues un peu rouges.
Il avait agit spontanément, et s'étonnait lui-même. Il n'avait pas l'habitude d'agir comme ça avec Chan et Changbin et au lycée il restait restait le plus possible discret, mal à l'aise dans cet environnement. Et puis chez lui, il n'avait même pas le temps d'y penser.
Felix ne l'embêta pas plus longtemps et alla se rasseoir sur la balançoire qu'il occupait précédemment. Il appuya sur ses pieds pour se donner de l'élan, et bientôt le portique se remit à grincer légèrement sous les mouvements.
- Tu pensais à quoi pour avoir l'air aussi perdu?
C'était un peu comme si sa voix avait rebondit partout autour d'eux, mais si Jisung avait cette impression, c'était surtout parce qu'elle avait résonné dans sa tête. Il mit un peu de temps répondre, fixant le sol et ses converses encore mouillées. Il n'avait pas vraiment pensé à une chose en particulier, mais s'était laissé porter par le flux d'images, de sentiments et de pensées qui occupaient son esprit, il lui fallait donc quelques instants pour réussir à donner un semblant d'ordre à tout ça. Puis il releva la tête, ses mèches de cheveux retombant soudainement sur son front, et pointa du doigt un des immeubles, un peu à leur gauche. Felix suivit son regard et attendit patiemment qu'il commence son explication.
- C'est là bas que je devais passer ma soirée. D'habitude, après les cours, je passe chez moi récupérer mon dîner et je vais là dedans, pour les cours du soir. C'est un institut privé assez cher, pour ne pas dire très.
La fin de sa phrase avait sonné amère aux oreilles de l'australien. Il ne savait pas trop quoi dire. La culpabilité montait et il s'en voulait d'avoir embarqué Jisung avec lui, sans penser une seule fois aux conséquences que ça pourrait avoir sur le brun. Il devait sûrement travailler dur pour son avenir, et à cause de lui et son comportement immature, Jisung avait perdu du temps et de l'argent. Tordant ses mains entre elles, Felix voulu prendre la parole pour s'excuser, mais son ami fût plus rapide.
- Je crois que jusqu'à ce soir je n'avais pas réalisé à quel point ma vie ne m'appartient pas. Je suis devenu spectateur, et presque tout me semble gris et monotone. Les journées passent et se ressemblent. Aller en cours, travailler, aller aux cours du soir, travailler, rentrer, travailler, dormir, retourner en cours. Parce que pour être accepté dans une prestigieuse université, il faut un dossier impeccable, avec d'excellentes notes. Meilleures que celles des autres. C'est une compétition qui décide ta place dans le futur. Peu importe que tu te surpasses toi-même si tu n'as dépassé personne. Et pourtant, je n'ai pas à m'apitoyer sur mon sort, c'est le même pour tout le monde ici. J'ai même de la chance, j'ai une famille aimante, deux amis formidables, enfin trois maintenant. La situation financière de mes parents n'est pas à plaindre, on peut se permettre de partir en vacances quelques weekends par an et on a un appartement bien placé en centre ville. Ils peuvent même me payer les cours du soir dans un des instituts les plus réputés de la ville. Ils font ça pour m'offrir un bel avenir, que j'obtienne un bon métier, qui paye bien, avec une solide et honorable place dans la société. Parce que l'image c'est primordiale ici, et que me voir réussir est important pour ma famille.
- Et pour toi ?
- Pour moi ?
Jisung détacha son regard de l'immeuble et le tourna vers Felix, qui le fixait, l'arrière de sa tête reposant sur la chaîne de la balançoire. Ses cheveux gris se soulevaient un peu avec le vent, quand il soufflait.
- Est-ce que c'est important pour toi, d'avoir le meilleur poste possible, le plus haut placé, le mieux payé, le plus reconnu. D'avoir cette image parfaite de quelqu'un qui a réussi sa vie parce que son métier est envié, qui est marié avec une fille de bonne famille et des gosses qui suivront le même chemin que lui, celui construit pour répondre aux normes sociales. Est-ce que c'est important pour toi d'avoir la vie parfaite que la société glorifie et idéalise ?
Le brun ne répondit pas tout de suite. Il réfléchissait à la question de son ami, les yeux accrochés aux siens, sans vraiment les regarder, perdu dans ses réflexions. Aussi évidente qu'elle pouvait sembler, il ne s'était jamais posé cette question. Ou du moins il ne se l'était jamais permis. Son entourage, l'école et tout ce qui l'entourait le poussait sur cette voie, sans vraiment lui laisser le choix et la possibilité de décider.
- Je ne sais pas. Je ne crois pas. Mais qu'est ce que tu veux que je fasses d'autre ?
- Tout ce que tu veux, sourit Felix. Trouve ce pour quoi tu veux vivre, et fonce. Ne laisse rien ni personne te faire renoncer en tes rêves. C'est ta vie, alors accroche toi et profite.
L'esquisse d'un sourire naissant sur ses lèvres, Jisung attrapa la main de son ami, et la serra. Il n'avait pas besoin de parler pour exprimer combien les mots de l'australien l'avait touché, celui-ci l'avait compris et lui montrait son soutien. Ces mots lui donnaient confiance en lui et l'encourageaient. Evidemment, tout ne se résoudrait pas d'un seul coup, là maintenant. Il allait encore s'égarer, trébucher, et même tomber. Mais Felix, par ses mots et sa confiance, lui transmettait l'espoir et la force d'essayer.
Il lui donnait l'envie de vivre sa vie, tout simplement.
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Hey ! Comment ça va?
Qu'en avez-vous pensé?
J'avais dis que je publierais vite ce chapitre. Bon, visiblement c'est raté, et le pire étant qu'il était déjà écris. Je voulais prendre l'avance en écrivant avant le prochain, mais entre les cours et le fait qu'il me semble plus compliqué à écrire, je l'ai à peine commencé.
N'hésitez pas à me signaler des fautes si vous en voyez, je ne me souviens plus si je l'ai corrigé, et je n'ai pas le courage de m'y mettre maintenant X)
Sinon je vous souhaite une bonne fin de journée, et du courage pour cette période compliquée!
MM_Stay
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