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Royce

Salut! Petit message pour vous prévenir que j'ai posté deux chapitres aujourd'hui et m'assurer que vous n'ayez pas manqué le premier ! Bonne lecture !

Quand je me recentre sur elle, dégoûté d'avoir gaspillé cinq minutes dans ce débat stérile, elle est à nouveau à l'arrêt. Elle me scrute vaguement, son regard flou me traverse comme une passerelle. Sur son minois, une espèce de mélancolie a pris le pas sur son entrain naturel.

- Ça t'arrive des fois de te dire... De vouloir quelque chose de toutes tes forces en sachant que tu ne l'auras jamais, quoi que tu fasses ? elle chuchote en matant ses genoux.

C'est la meilleure.

Une mimique acerbe me vole mes lèvres.

- Tu peux avoir littéralement tout ce que tu veux, de quoi tu me parles ? je la casse sans raison valable.

Devant son air surpris, j'en remets une couche :

- Vas-y, je t'écoute, qu'est-ce que la petite princesse veut que ses parents peuvent pas lui obtenir ?

C'est bas, mais elle avait un très mauvais timing. Quelques minutes plus tôt, je l'aurais pas aussi mal pris. Contrairement à ce que je prévoyais, elle se démonte pas. Je la vois se mordre la joue, déglutir pour faire passer ma pique. Un instant après, elle se remet en selle :

- C'est vrai que j'ai toujours tout ce que je veux et que ma vie est parfaite. Et mes parents, c'est qui, d'abord ? Tu parles de maman qui préfèrerait que je n'existe pas ou de papa qui n'existe plus ?

Sans sa façon très approximative d'articuler les mots, je croirais presque qu'elle a dessaoulé. Elle est quand même assez lucide pour me renvoyer à la gueule ma propre stupidité, je note alors qu'elle enchaîne sur ce ton trop doux que personne ne mérite, moi encore moins :

- Ma vie n'est pas parfaite. Quand papa m'a demandée de rester dans la voiture, qu'il a promis que tout irait bien, mais qu'il a quand même reçu une balle dans la tête, ce n'était pas... parfait du tout. Est-ce que tu sais... Tu sais à quoi ça ressemble quelqu'un qui se prend une balle de pistolet dans la tête ? elle termine en portant deux doigts à son front, le regard vitreux.

Putain de merde.

À rien. Ça ressemble à rien. Quand c'est à bout portant, ça fait un cratère dans le meilleur des cas, sinon ça t'explose une partie du visage.

Je visualise la scène, une mini-version de Lily en pleurs, agenouillée dans une mare d'hémoglobine pour tenir compagnie au cadavre troué de son vieux. L'image donne le vertige.

Avant de m'en rendre compte, je suis près d'elle, je coince ses genoux entre mes jambes et je crochète les cordes métalliques de sa balançoire, un peu au-dessus de ses mains à elle, en la dévisageant de très haut.

J'ai surpris Dallas discuter de ça avec Quinn y a quelques jours, j'ai pas cherché à en savoir plus. J'aurais peut-être dû, je me serais pas laissé surprendre par Wise Junior quand il a balancé pendant la réception que ce flic rayé de l'effectif était celui qui remuait le ciel et la merde pour me foutre derrière les barreaux.

Par contre, j'avais déjà compris qui il était. À l'époque, j'étais pas assez intéressé pour demander son blaze, mais il était répertorié dans le milieu. Avant que je sois incarcéré, on entendait tous parler de ce keuf incorruptible, trop impliqué qui fourrait son pif partout et niquait notre business. A mon avis, y avait pas d'autre issue pour lui. Avec cette rumeur qui circulait...

- Je sais que je n'ai pas trop le droit de me plaindre parce que ma famille a beaucoup, beaucoup d'argent et que je mange toujours à ma faim à part quand maman me force à faire des régimes stupides, mais l'argent, c'est juste... ça ne fait que cacher les trucs moches, tu vois ? Tu crois que quand il nous arrive un... quelque chose de mauvais, on se dit « bah, ça ne fait rien, j'ai plein de sous sur mon compte en banque » ? Non, non. Les gens riches ont aussi des problèmes des fois. Les riches peuvent aussi être malheureux.

T'es une ordure, Walters.

J'étrangle les chaines entre mes doigts.

- T'es malheureuse ? je cherche à savoir.

Si elle répondait oui, qu'est-ce que je pourrais y faire ?

Que dalle, c'est pas ton problème.

Elle secoue la tête.

- Non. Pas tout le temps. Et toi, est-ce que t'es malheureux ? elle demande très sérieusement.

J'ai jamais entendu un truc aussi insensé, c'est tellement barré comme question que je me dispense d'y répondre. Je suis ni heureux, ni malheureux, je suis là, fin de l'histoire. Qu'est-ce qu'elle me raconte ?

- Je n'ai pas envie que tu le sois, elle déclare en frôlant le cuir de mes bottes avec ses chaussettes blanches. J'espère que tu seras plus heureux dans ta vie, après. Que tu travailleras dans un garage qui fera passer celui de Chris pour un placard à chaussures, avec des voitures deux fois plus rapides et quelque part où personne ne saura qui tu es... ni que tu es allé en prison.

Va essayer de rester de marbre après ça.

C'est dans ce genre de moment que je me dis que l'univers me fait une farce, qu'il va me tirer le tapis sous le pied d'une minute à l'autre en mode « t'y as vraiment cru, bouffon ? ». Parce que d'où les meufs comme ça se trouvent en boutique, déjà ? D'où elles entrent en collision avec des épaves de mon espèce ?

C'est du foutage de gueule. Si je croyais en Dieu, je dirais que ce dégénéré l'a foutue sur mon chemin exprès pour me mettre la misère. Et si c'était faisable, je la raflerais comme un pilleur de pacotille. Je ferais ça avant que ma mauvaise étoile se rende compte de son erreur et rectifie le tir en me reprenant le cadeau avec comme excuse réchauffée « erreur de destinataire ».

Ce serait encore plus dingue que de braquer une banque, mais rien à foutre. Je l'emmènerais loin, à un endroit où je devrais la partager avec personne. Elle aurait aucune idée de ce qu'elle rate, donc elle saurait pas à quel point je suis pas assez.

Ça doit être ce que se disent les kidnappeurs sociopathes avant de séquestrer leurs victimes. Molo, le détraqué.

Pendant une seconde, mon esprit dérape violemment et je me prends à me demander si c'est ce qui pousse ces mecs à mettre sous clés l'objet de leur pulsion, cette frustration rageante et impossible à museler, la certitude de ne pas avoir la moindre chance sans truquer le jeu un minimum.

Ça devient trash. Tu franchis un nouveau cap sur la route du malsain.

Quand est-ce que mon cas est devenu aussi dramatique ?

Je sais pas si elle vient de cramer dans mon regard nocturne la teneur alarmante de mes divagations, mais elle se relève sans un mot et me glisse sous le bras pour s'éloigner en titubant légèrement. Je me passe à l'arrache une main sur le visage pour en virer toute trace potentielle de démence.

- Remets tes pompes, tu vas marcher sur un morceau de verre et j'ai autre chose à foutre que t'emmener à l'hosto, je grogne pour retrouver la face.

Elle s'exécute sans broncher, se laisse tomber sur le cul au milieu de l'espace de jeu en entreprend de remettre ses pompes. En retirant les lacets d'une de ses chaussures pour une raison qu'elle est la seule à connaître, elle déclare gaiement :

- Je veux vivre ici !

Ouais ? On en reparle demain.

Une œillade blasée, c'est tout ce qu'elle récolte. Je vais pas me laisser avoir. Elle enroule le lacet autour de ses doigts pour former des formes géométriques approximatives. C'est pas du tout ce que je lui ai demandé. En faisant ça, elle déblatère :

- J'aime beaucoup trop ! J'aime trop le bruit des vagues. J'aime trop le bruit des cigales. J'aime trop les hamacs ! J'aime trop les palmiers bossus ! J'aime trop l'odeur des produits antimoustiques ! J'aime t...

- Je crois que j'ai capté, c'est bon.

- J'ai assez d'argent pour acheter un mobil-home, je pense. Comme ça, j'habiterai ici et... et...

Je dresse un sourcil quand elle se dérobe à mon regard en rougissant. Elle proteste faiblement en essayant de rentrer son pied gauche dans sa godasse droite.

- Arrête de lire dans mes pensées.

Si seulement. On est loin du compte, c'est tout juste si j'arrive à décrypter ses paroles. Je relève pas, je la regarde grimacer d'inconfort en biglant son pied sans comprendre qu'elle s'est gourée de pompe. Dans le genre pathétique, ça se pose.

Quand elle commence à me taper sur le système, je me plie en deux et la soulève pour la déposer sans précautions sur la table de ping-pong.

- Alors ? Tu penses que ce serait une bonne idée de vivre ici ? elle me sonde pendant que je lui chope la cheville pour retirer sa converse inversée.

C'est la deuxième fois de la soirée que je me retrouve dans ce genre de position, y aura pas de troisième. Si mon moi d'il y a dix ans me chopait en train de jouer les chaperons pour une meuf qu'il aurait probablement qualifiée de pimbêche, il cracherait par terre de dégout. Il lui prendrait peut-être l'envie de mettre un coup de batte dans le ventre.

- Qu'est-ce que tu veux que ça me foute ? j'élude en nouant ses lacets pour la deuxième fois de la soirée comme un bon toutou bien dressé. Attends de passer la corde au cou d'un mec et tu discuteras de ça avec ton mari. Essaye juste de viser un peu plus haut qu'un Joaquim.

Le mot « mari » m'érafle la gorge en sortant, sûrement parce qu'il a rien à faire dans ma bouche. Prononcé par moi, ça sonne trop bizarrement. Visiblement, il écorche aussi les oreilles de Lily, c'est ce que semble dire sa grimace écœurée.

Arrête de jubiler, ça te va pas.

- Mon mari ? elle répète, passablement effarée, comme si l'idée de se faire passer l'anneau lui avait jamais effleuré l'esprit.

Je marche pas une seconde. Toutes les meufs rêvent de ce moment, même les avariées de chez nous se le jouent en boucle, alors aucune chance qu'une midinette hyper sentimentale comme Lily fantasme pas là-dessus. Je serais pas étonné qu'elle sache déjà quelles fringues elle va porter le jour J.

Mais là, sans signe avant-coureur, elle éclate de rire.

Je cille.

Entre deux gloussements alcoolisés, elle galère à détacher ses mots :

- Quel... Tu veux dire mari comme... celui qui met un genou par terre et tout ? Qui lit le journal le matin ? Mari avec un costume de pingouin ?

Elle continue de rigoler et j'avoue que ses conneries me chatouillent les commissures. Elle est forte, putain. En plus, elle sourit trop grand, y a ses saletés de fossettes qui se creusent en force et elles ont l'air conçues pour qu'on y mette la langue. Pour que j'y mette la langue.

Fais gaffe.

Sous le bois de mon crâne, c'est le vide intersidéral. Je suis tellement distrait, que je mets bien dix secondes à percuter sur la remarque suivante que laisse échapper mon poison :

- Je ne veux pas de mari.

Je croise les bras sur mon torse en reportant mon attention défaillante sur elle. Elle s'est calmée, son humeur a viré de bord, difficilement décodable. Elle a récupéré sa briquette de jus et je regarde ses joues se creuser et la paille se remplir entre ses lèvres roses. Je dois ramer pour garder l'esprit clean.

Je me concentre sur qu'elle vient de dire. J'ai du mal à accrocher son regard en vadrouille.

- T'es pas un peu jeune pour décider de ce genre de trucs ? Pour quelle raison tu voudrais pas te caser ?

Elle lève les yeux au ciel et me répond sans se donner la peine de lâcher sa paille ou d'articuler.

- Parce que. Je connais déjà toute l'histoire.

- Explique.

Elle se décide à mettre sa boisson de côté, dégage ses boucles de son visage avec un mini geste d'agacement et prend une longue inspiration pour se gaver d'air. Là, elle se laisse basculer en arrière pour plaquer son dos à la table, les cheveux éparpillés dans le filet et elle lâche tout d'une traite.

- Maman va vouloir que j'épouse un aristocrate anglais giga méga ennuyeux. Il dira qu'il m'aime sans le penser parce qu'il m'aura aussi choisie pour faire plaisir à ses parents et dans ma tête, je serais comme « Blablabla ». Ensuite, il me trompera avec notre femme de ménage et il sortira jouer au poker avec ses amis de temps en temps pour se sentir un peu moins... nul. Il gaspillera de la... de l'eau potable en voulant faire arroser notre pelouse trop souvent pour qu'elle soit verte, verte, verte, il sera p'têtre d'accord pour qu'on ait un chien, mais il lui donnera un nom aussi ennuyeux que lui... du style... Max. Ou Rex. Ou Fido. Ah ! Et il mettra la pression à nos enfants pour qu'ils aient de super notes à l'école et une super université super renommée, la même que celle de lui... que celle qu'il aura faite. Et puis moi, je devrais porter des talons haut qui font mal aux pieds tout le temps, faire la potiche avec les femmes ennuyeuses de ses copains ennuyeux, plus accomplir le devoir conjugal au moins une fois toutes les semaines et ça non merci.

Ok, j'étais pas prêt. Je me perds dans la quantité de données qu'elle vient de me jeter. Ce qu'elle vient de décrire... Je lui voyais pile cet avenir, mais une version sans le cynisme et l'amertume prématurés.

Qu'est-ce qui cloche, elle est censée vouloir de toutes ces merdes. La pelouse nickel, le Golden Retriever, les mômes bien faits, c'est le package qu'elle mérite, elle doit en vouloir. Elle peut pas commencer à me balancer des trucs comme ça quand...

Minute.

Je fronce les sourcils.

J'ai rêvé ou elle a dit « devoir conjugal » ? C'est par ça qu'elle a fini son speech, je crois. Qu'est-ce que... Non, ça doit pas être ce que je pense.

Dans le doute, je tire les choses au clair :

- Le devoir conjugal ?

Son regard détalle à la course, ses joues s'assombrissent.

Oh putain !

C'est exactement ce que je pense.

Elle aurait jamais laissé une dinguerie pareille lui échapper si elle était sobre. La picole pulvérise les filtres. Je peux pas ne pas profiter de l'occasion. Je pose les mains à plat près d'elle, sur la surface dure, et je m'incline un peu pour l'avoir dans ma ligne de mire.

- Tu veux dire baiser ? je traduis, encore ahuri, sans passer par quatre chemins. C'est ça ?

Silence radio.

Elle est trop occupée à mâchouiller le col de sa chemise pour faire gaffe à moi. Ou alors, elle fait exprès de m'ignorer en espérant esquiver.

Est-ce que je laisse couler ?

Non, pas moyen.

Je glisse les doigts sous ses cuisses chaudes pour la faire coulisser vers moi.

Vire tes mains de là, Walters.

Elle tressaille, je sens sa chair de poule se déclencher à mon contact, ses yeux étranges reviennent me mordre. Elle se les frotte avec ses poings fermés.

Merde, elle a pratiquement l'air dans les vapes, là. Je devrais lui foutre la paix, mais y a cette passerelle directe vers ses pensées privées que j'arrive jamais ne serait-ce qu'à effleurer. C'est trop tentant. Et y a peu de chance qu'elle garde des souvenirs de tout ça quand elle aura décuvé.

- Pourquoi t'imagines que t'auras pas envie de te taper ton mari ? je creuse.

- Je ne te parle pas si c'est pour que tu sois grossier, elle marmonne en retour, les lèvres pincées de désapprobation.

- Pourquoi t'aurais pas envie de... faire ton « devoir conjugal » ?

- C'est évident, elle soupire comme si elle s'adressait à un gosse de dix piges. Dans «devoir conjugal », on entend devoir. Et personne n'aime faire ses devoirs.

J'arrive pas à savoir si je dois me réjouir de découvrir qu'elle est à des années lumières de se faire choper par un mec, ou être dégouté parce qu'exactement comme je le craignais, je me monte des scenarios tout seul sur une meuf qui serait aussi emballée par mes délires d'adultes que moi par un job en garderie.

Je devrais en avoir rien à carrer. Qu'est-ce que ça peut foutre qu'elle soit du genre à avoir un cadenas entre les jambes, j'ai déjà acté que j'irais jamais en dessous de l'équateur.

- Et si c'était moi ?

Putain, mais t'es pas bien ?

J'ai lâché cette énormité sans transition, sans que ça passe par mon cerveau. J'assume. La fille se redresse comme un ressort, les yeux en forme de pneus.

- Toi ? Tu veux dire... si tu étais mon mari ?

Elle a pété un plomb ou quoi ?

- Non ! Putain, non.

- Quoi, alors ?

- Si c'était moi, ça te ferait envie ? je m'entête.

Je m'enlise.

Elle bat des cils à toute allure, complètement perdue. C'est tordant.

- Envie... Tu veux dire... Tu veux dire de...

- De coucher.

Je suis ravagé, ça me semble clair.

Et elle, elle a l'air flippée.

Y a de quoi.

Je parie que parmi les chèvres sacrificielles qu'on conduit sur l'autel, y en a eu qui sont plus détente que Lily en ce moment.

- M... maintenant ? elle bégaye, en détresse.

Ouais, maintenant, tout de suite, sur la table de ping-pong. Vire tes sapes et je te fais ta fête.

Le sarcasme me brûle la langue, mais je le ravale à temps, pas sûre que la Lily bourrée saisisse les nuances d'ironie.

- Non, pas maintenant.

Silence. Elle gigote, ouvertement mal à l'aise. Elle se gratte le lobe de l'oreille et le sourcil comme quand elle a grave envie d'être ailleurs et sa petite face est un masque d'incompréhension.

L'idée est loin de l'emballer, c'est sûr. Pas fou pour l'ego. Normalement, j'ai au moins l'avantage sur ce plan, c'est comme ça que les meufs me veulent.

C'est ici que la blague s'arrête, Walters.

Ouais, j'ai vraiment disjoncté, cette fois.

- Oublie ça, c'est pas comme si j'avais l'intention de te mettre dans mon pieu, je me rétracte pour préciser juste après. Les vierges, c'est pas du tout ma came.

C'était pas nécessaire.

Elle a pas l'air de prendre la mouche. Elle hoche juste la tête en silence, comme si ça tombait sous le sens et ça me fait sentir merdique. Jusqu'à ce qu'elle jette sans prévenir :

- De toute façon, Mia dit que t'as des MST.

Je plisse les yeux, vaguement déstabilisé. J'en connais une que ferait mieux de fermer sa grande gueule de conne. Rien m'empêche d'aller balancer à son frangin les trucs pas très reluisants que je sais sur elle. Lui et Lily ont foutu cette merdeuse sur un putain de piédestal, impossible de l'en faire redescendre.

- Mia dit de la merde, mais tu sais ce que c'est qu'une MST, c'est déjà ça.

- Ben oui, on l'a vu en cours.

Sans blague.

Je réprime pas le rictus moqueur qui me vient, elle louche dessus en serrant les lèvres. Elle se tient droite, assise comme une écolière au premier rang, les mains coincées entre ses cuisses serrées que je suis toujours pas résolu à relâcher. Gentille fille.

Ce que je voudrais savoir, c'est jusqu'où va sa candeur ? Où s'arrête cette naïveté choquante qu'elle se traine comme une grippe qui a trop duré ? On croirait pas forcément, mais elle est humaine et visiblement, elle aime les hommes, tout baigne de ce côté-là. Alors, c'est quoi son problème ?

Je repense aux deux préados allumées qui parlaient de se taper Diego près de sa caravane et je tente de la cuisiner :

- Ça t'arrive de penser à des trucs salaces ?

Ouais, je suis en roue libre.

Pour ma défense, elle est beaucoup trop près, ça me monte au cerveau. J'ai une vue imprenable sur les perles de sueur qui roulent en bas de sa gorge et vont se planquer dans le col de son chemisier, son parfum de meuf et de cocktail fruité m'allume l'odorat, et ses genoux se pressent sur une zone minée.

Je la vois distinctement s'étrangler avec sa salive. Je lui donne zéro répit, quand elle essaye de se défiler, je la piège dans mon regard.

- Oui, elle déclare après une seconde d'hésitation, le menton dressé dans un signe risible de défi.

Je lève les sourcils, sceptique.

- Quoi par exemple ?

- T'es bizarre, pourquoi tu veux savoir ça, toi ? elle proteste en maltraitant sa briquette de jus à demi-pleine.

Le nectar se rue dans la paille et le temps que je lui retire la boisson des mains, elle m'en a déjà foutu sur la chemise. Je suis trop captivé pour y faire gaffe.

- Je veux, c'est tout.

Elle a l'air de peser le pour et le contre très sérieusement, ses lèvres bougent pour formuler des pensées que j'entends pas. Au bout d'une minute, elle gonfle les poumons et lâche timidement en m'envoyant son haleine sucrée dans le nez :

- J'aime bien tes muscles. Est-ce que c'est... salace, ça ?

Oh putain.

Elle va me faire canner.

Le mot salace dans sa bouche, c'est quelque chose. Comme un motard qui essaye de causer maquillage ou chiffon.

Elle se mord la joue et bloque sur moi, les yeux pleins d'espoir. Espoirs que je suis forcé de piétiner :

- Non.

- Ah.

Elle se remet à cogiter plus fort. La fumée est pas loin de lui sortir par les oreilles, elle fronce les sourcils, ça taille un petit v entre les deux.

Je la regarde se concerter comme si elle passait un exam et j'ai les côtes tendues à force de me retenir de rire. Je me souviens pas avoir déjà eu cette sensation. Cette meuf est un putain de gag à elle toute seule.

Elle refait un essai :

- Parfois, je te regarde et... je te trouve attirant. Ça, c'est salace, non ?

Elle est mignonne. C'était supposé être une pêche aux infos, pas aux compliments.

Je craque, c'est la merde.

Je me fous de sa gueule pour donner le change :

- Ouais, vas-y doucement, tu me donnes chaud. On est sur du moins dix-huit, là.

Ça existe d'avoir l'esprit aussi propre ? Si elle est honnête, faut lui filer une médaille ou quelque chose, c'est pas possible.

- Sérieux, c'est ça le plus crade de ce qui te passe par la tête ?

Elle plisse le nez, froisse les taches de rousseur qui le décore en affichant une moue contrariée. Si je me fie à son expression, ça doit carburer sous son front. Là. J'ai aucun moyen de deviner ce qui vient de lui traverser l'esprit, mais ça lui fait flamber les pommettes. Je renifle le doss.

- Tu penses à quoi ?

Elle déglutit.

- Vas-y balance, ça sortira pas de là.

Ma curiosité férocement piquée, je joue le jeu quand elle me fait signe d'approcher pour me parler à l'oreille. Elle tarde, mais son souffle finit par me balayer la joue quand elle chuchote :

- Une fois... J'ai vu l'élastique de ton caleçon.

Y a un blanc pendant lequel on peut entendre la mélodie abrutissante des vagues et un gars et sa meuf qui se bouffent le nez plus loin. Ensuite je recule la tête, intercepte le regard d'excuse que m'envoie Lily, et je ris.

Je suis rouillé dans la pratique, ça fait juste un bruit éraillé, mais... Bordel, je suis mort.

Elle est à moi, c'est bon.

Kiffant de savoir que toutes ses pensées « salaces » gravitent autour de ma personne. Elle se marre aussi, les yeux brillants et plissés d'amusement, les lèvres entrouvertes comme une invitation.

Si j'avais pas fait croire à Williams que je comptais abuser d'elle comme le dernier des losers, je foutrais ma langue entre ces lèvres. Je bloque si fort dessus que les engueulades qui se rapprochent se restreignent un moment à un bruit de fond agaçant.

- Donc si je comprends bien, les meufs qui se font agresser en petit short, c'est de leur faute, si ? Parce qu'elles avaient pas à jouer les salopes ? gueule une voix féminine irritante, plus loin. Tu trouves que je fais salope, c'est ça ? Dis-le si je te fais honte !

- Mais non ! Putain, non ! ¡Calmate! J'ai jamais dit ça !

- Mais ça fait deux minutes que t'es sorti de taule et tu veux contrôler comment je m'habille et où je bosse et à qui je parle ! Après quoi ? Tu vas me dire de faire rideau ? T'es qui ? Mon père ? Est-ce que je te demande pour qui sont les capotes dans ton tiroir à chaussettes, moi ? ¡Métete en tus asuntos !

- Solo me preocupo por ti... On est pas à L.A. hermanita, tu peux pas porter ce genre de sapes la nuit et distribuer ton num aux mecs comme ça, ou il finira par t'arriver des bricoles, entiendes ? Por favor Mia...

- ¡ No hay por favor ! Vas-y, tu m'as soulée, j'ai mal au ventre maintenant. Tu me donnes la nausée, je rigole même pas... Ha ! Tu vois ? Qu'est-ce que je t'avais dit ?

J'ai envie de continuer d'ignorer les intrus, mais Lily est pas du même avis. Elle pointe du doigt quelque chose qui m'intéresse pas dans mon dos et me déchire le tympan en braillant :

- Mia !

Je consens à me dévisser un minimum le cou en soupirant. Les Colombiens viennent de débarquer, ils se tiennent juste derrière, figés devant la caravane bizarroïde. La chieuse bouclée me donne pas deux secondes de break avant de venir me péter les couilles.

- Oh le clodo ! Tu vires tes pattes de là ! elle m'agresse d'emblée en flinguant de son regard de connasse mes mains qui ont migré de leur propre chef sur le short de Lily.

- Sinon quoi ?

- Diego, dis lui d'enlever ses mains sales !

- Mec, je dois payer l'amitié premium pour que tu répondes à mes messages ou c'est comment ?

- Comment tu nous as trouvé ? je me renseigne sèchement en m'écartant de Lily.

Pour lui rendre son espace vital et parce que ça me gonfle de voir Diego nous mater comme des bêtes de foire.

- C'est Mia qui a dit qu'on trouverait Lily aux alentours de la balançoire, il m'informe pendant que sa frangine me vole la vedette auprès de la fille.

J'aurais eu cette conne sous le coude tout à l'heure, ça m'aurait évité de me taper l'intégralité de cette résidence bas-de-gamme. Elle aurait servi à quelque chose pour une fois dans sa vie. Je me fais cette réflexion acerbe en la regardant fondre sur la blonde comme un vautour et se jeter dans ses bras comme si elles s'étaient pas vues depuis trois piges.

J'ai envie de la faire lâcher prise, mais Lily a l'air heureuse, elle sourit dans les frisettes improbables de sa pote. Je laisse couler.

Je regarde Mia coller sa bouche à l'oreille de Lily pour lui raconter je ne sais quoi, la main en coupe comme le ferait un môme à l'école primaire. Deux secondes après, elles se roulent dans le sable comme des damnées, écroulées de rire.

Bonnes pour l'asile.

- Qu'est-ce tu regardes ? Baisse les yeux, je grogne, soulé par le regard collant du latino.

Il s'est adossé à la roulotte colorée et sort ses clopes. Il me tend le paquet, je secoue la tête.

- T'as l'air de bonne humeur.

- De bonne humeur ? je répète en levant un sourcil.

- Tu vois ce que je veux dire, t'as plus l'air sur le point d'éventrer quelqu'un.

Le pire, c'est que je vois ce qu'il veut dire. Je change de sujet sans quitter Lily des yeux.

- On a croisé ta voisine, elle a demandé ton autographe et la taille de ta teub.

- Tu lui as répondu quoi ?

- Que tu sais pas tenir un stylo et que t'es en passe de te faire greffer une chatte.

Les meufs se sont lancées dans un match de basket improvisé. Elles mettent des paniers à tour de rôle avec des ballons imaginaires.

- C'était quelle caravane ? veut savoir Diego en tirant une latte.

- À gauche.

- Ah.

- Tu vois de qui je parle ?

Sous-entendu, tu connais ces timbrées ?

Trop occupé à applaudir sa sœurette qui vient de « marquer », il se trompe de langue en me répondant.

- Si. A veces, me la follo cuando 'stoy aburrido.

Je plisse le front. À force, je commence à avoir quelques notions d'espagnol. Là par contre, j'ai dû mal comprendre.

- En anglais.

- Je me la suis envoyée quelques fois. Pour passer le temps, il traduit en shootant dans une canette vide.

Ok, j'avais bien compris.

Je me redresse, en alerte.

- Tu te l'envoies ? Dans quel sens ?

- Ça dépend de mon humeur, pourquoi tu demandes ça ?

Je cligne des yeux. C'est quoi ce délire ? Il blague ? Le détournement de mineure est pas un délit de folie par ici, c'est même monnaie courante, mais ça lui ressemble pas de se vautrer à ce point dans le trash.

Je sais pas quoi dire, je suis pas sûr d'être bien placé pour lui faire la morale sur ce plan. Ou sur n'importe lequel.

- Je dois m'inquiéter ? je lâche d'une voix neutre sans le regarder.

- Pourquoi ? Attends, t'es en train de me juger ? Mec, on fait avec ce qu'il y a.

- Et ? T'as pas trouvé de trou à ta taille ? Qu'est-ce que tu vas emmerder des enfants, ta cellule te manque ou quoi ?

- Des enfants ? Elle a quarante balais, qu'est-ce tu me chantes...

Il écarquille les yeux en percutant :

- Oh Dios mio! ¿Estás loco? T'as cru... Je me fais la mère, mec ! Putain, t'es un grand malade.

Je préfère.

Les filles se sont couchées par terre. Elles remuent les bras dans le sable en échangeant des messes basses comme les gamines pintées qu'elles sont.

- Alors tu donnes dans les cougars, maintenant ?

Il crache sa fumée par terre et resserre son bandana à une main.

- Non, je m'occupe. C'est pas avec celle-là que je vais me poser.

- Te poser ?

- Ouais, me poser.

Devant mon regard vitreux il précise :

- Tu sais, la bague, la baraque, les gosses. Tout ce bordel.

Il est sérieux ou il me fait marcher ? Je colle la tête à la tôle de la caravane en forçant un rictus :

- Tu veux des gosses, toi ? C'est pas toi qui doublait la capote parce que t'avais trop peur d'engrosser une meuf ?

- C'était au lycée, il contre avant de nuancer devant mes traits figés. Je dis pas que je veux ça de suite, j'y pense, c'est tout. No sé, les coups d'un soir, lever des meufs vite fait dans un coin... Ça rime plus à rien, je trouve.

Il a fumé de l'herbe ?

- C'est quoi ton problème ?

- Sérieux, t'as l'intention d'errer jusqu'à ta mort ? Solo ? C'est ça ton plan ?

Ça vaut pas la peine que je réponde, je me cadenasse dans le silence. Je lui fais signe de fermer sa gueule parce que ses bavardages commencent à me filer une migraine de l'enfer. J'ai des marteaux-piqueurs sous le crâne et une terrible envie de cloper.

Je sors mon portable pour me distraire et faire comprendre au plombeur d'ambiance qu'il garde ses projets d'avenir pour quelqu'un que ça intéresse. Hunter ou n'importe qui d'assez naïf pour y croire.

Je skip les textos qu'il a multiplié ce dernier quart d'heure pour ouvrir la discussion avec l'albinos. J'ai une réponse en attente.

Moi : Vadim a un nouveau déserteur dans le viseur. Trouve-moi qui c'est.

Michael : Ok.

Michael : J'ai fait quelques repérages. Ça se jouera entre ce bon vieux O'hara et un Foster. Tu devrais accepter le deal et les saigner tous les deux.

Un Foster. Le hasard est vraiment une folle.

Le décoloré est en ligne, j'en profite pour tirer les choses au clair. Je parcours les touches à la va-vite.

Moi : Quel Foster ?

Il traîne pas.

Michael : Un jeune. Joaquim. Apparemment, il filait des infos gratis à la concu depuis des années, j'en sais pas plus.

- On y va, je décrète en commençant à prendre le chemin de la boîte de Diego, les trois autres sur les talons.

Alors comme ça, le blondinet de mes deux est un faux jeton doublé d'une balance. Il en a le profil. Si c'est sur lui que s'arrête la roulette russe, je me laisserais peut-être tenter, après tout...

Sauf que Lily le trouve sympa.

- Non, elle était bleue avant, bavasse l'objet de mon trouble dans mon dos.

- Je suis sûre qu'elle était rouge, bégaye Mia.

O'hara est un autre genre de déchet humain, mais j'ai jamais eu de comptes personnels à régler avec lui. Je me fous qu'il vive ou qu'il crève, mais flemme de me salir les mains pour ce crado.

- Puisque je te dis qu'elle était bleue.

- Diego ? La balançoire elle était bleue ou rouge avant de devenir moche ?

- Bleue, je crois.

- Je te l'avais dit ! Elle était bleue la dernière fois.

- Quoi ? s'étonne Diego.

- Drilataire, rigole Lily.

- Sérieux, qu'est-ce que tu viens de dire ?

Le ton grave qu'il emploie m'oblige à tourner la tête. Il a arrêté Lily par l'épaule et la fixe en fronçant les sourcils. C'est quoi l'histoire ?

- J'ai dit «Drilataire».

- T'as dit qu'elle était bleue la dernière fois. Tu parles de cette balançoire-là ?

Je reviens sur mes pas pour me planter près du groupe. Il relâche la fille et me la rend. Je la fais courte :

- C'est quoi le problème avec cette balançoire ?

- On venait voir le marchand de sable, j'ai fait de la balançoire avec un garçon sympathique qui n'était pas Nate et elle était bleue. Est-ce qu'on va dans la caravane de Diego et Mia ? elle enchaîne en tapant ses mains d'impatience avec ses yeux embrumés qui pétillent comme du soda.

Elle a dit Marchand de sable ?

J'échange un regard avec le Colombien au-dessus de sa tête blonde. Elle délire. Elle a vraiment l'air partie, c'est possible qu'elle confonde. Je vois vraiment pas ce qu'elle serait venue foutre ici, petite. Plus loin du Sud, y a pas.

Je la presse, dans le doute :

- Dis-moi d'abord comment tu sais à quoi ressemblait cette balançoire ?

- Je suis déjà venue ici. Avec papa.


C'est encore moi! J'espère que les chapitres vous ont plu!

Je vous mets un petit message ici pour vous prévenir que je vais prendre quelques semaines de vacances et que je ne posterai pas de chapitres pendant cette période. Je ne me suis pas accordée de vrai break d'écriture depuis Septembre dernier et, comme vous l'avez sans doute remarqué à travers mon rythme de publication assez chaotique de ces dernières semaines, je m'essouffle un petit peu. J'ai besoin de ce mois pour reprendre de l'avance dans les chapitres et retrouver ma régularité. On se retrouvera donc à la rentrée, courant septembre pour la partie 43 !

Je continuerai de me connecter pour échanger avec vous, répondre aux coms et aux messages et pour celles et ceux que ça intéresse, je viens juste d'ouvrir un compte Instagram pour l'histoire - il était temps ! - même pseudo qu'ici : @cocoblood777.

Bonnes vacances ! Buvez de l'eau et n'oubliez pas l'indice 50 !

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