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Royce

Re-salut! Petit message pour préciser que j'ai posté deux chapitres aujourd'hui et m'assurer que vous ne manquiez pas celui d'avant . Bonne lecture!

. . . 

À l'occasion, ça m'est déjà arrivé de saigner des mecs à blanc, et là, je parle pas de thune. Quand Vadim avait besoin de délier des langues et de faire parler des tombes, j'étais le premier sur sa liste de contact. Son boucher préféré, un genre de bourreau VIP. L'éclate.

C'est pas plus compliqué que d'éplucher une pomme, comme job. Les règles du jeu sont simples : flirter avec la mort, l'effleurer de la pointe d'une lame histoire d'être crédible, mais sans jamais basculer totalement de ce côté. Ou en tout cas, pas avant que le "grand manitou" fasse pouce vers le bas. Là, comme un chien bien rodé dresse le museau au "va chercher" du maître, je m'occupais de trancher.

La défonce m'a rendu cette période aussi trouble que la bande périmée d'une vieille cassette des années 80. J'ai quelques vagues arrêts sur images qui tiennent bon, des fibres de mémoire.

Des sous-sols glauques, des planques aux éclairages sordides saturées de relents de pisse et d'hémoglobine séchée, des types sans identité qui se balancent paisiblement au bout d'une corde, ficelés par les poignets, les bruits de gorge répugnants qu'ils font quand ils sont proches de clamser... Je me rappelle surtout à quel point c'était salissant, plus que les partouzes ou les courses de moto dans la boue.

Ces anciennes visions sont enterrées depuis des plombes avec la coke, les sirènes de flics et tout le bordel qu'était mon existence avant qu'on me foute en cage. Ces derniers temps, ce flou m'arrange pas mal. J'aime mieux éviter de cogiter sur les mains crades de sang que j'ai pris la mauvaise habitude de poser sur Lily. Ou sur la façon dont elle me regarderait si elle avait ne serait-ce qu'une vague idée de l'étendue du merdier.

Elle pourrait pas le supporter. Des images pareilles lui feraient perdre connaissance, y avait des gars de chez nous qui gerbaient devant ce genre de spectacle et pourtant, eux n'ont jamais tété de biberons en or.

Cette fille ne pose pas des masses de questions et, même quand elle s'y risque, je lui fais rarement le déplaisir d'être précis. Je me doute qu'elle a probablement quelques pistes et que son imagination doit terminer le taf, mais je sais aussi que quelles que soient ses théories à propos de moi, y a peu de chance qu'elles fassent ne serait-ce qu'effleurer la vérité.

Ça m'arrange. Si elle savait... si elle m'avait connu avant, si elle avait vu ce que j'étais... je serais le climax de ses cauchemars au lieu d'un modèle pour ses gribouillages de pro.

J'ai beau éviter au max de ressasser cette période noire - ou rouge, peu importe -, je déroge à la règle à l'instant où la main de ce Mike entre en contact avec son visage pour lui caresser la joue. Une seconde, le temps qu'il faut pour se faire flasher par un radar ou déboîter une rotule, j'invoque ma mélasse de souvenirs et remplace les ombres troubles par la face de ce gars.

Il la veut.

Ça me paraît clair. On la veut tous les deux, la seule différence, c'est que lui en a le droit. Il en a le droit et les moyens.

La pensée s'infiltre comme un parasite et je l'encaisse de la même façon qu'un coup dans le foie. Cette image, eux deux face à face qui mélangent leurs respirations, c'est comme un avant-goût amer de ce qui m'attend dans un avenir très proche. Exactement comme Rachel l'a prédit. C'est peut-être pas pour demain ou après-demain, ce sera peut-être pas avec ce type-là, mais ça va arriver. Aussi sûr que deux et deux font quatre et que les meufs aiment les grosses bites.

En attendant, elle est ici avec moi et c'est lui qui la touche.

Il la touche.

Je vois rouge.

Rouge comme la teinte du jus qui galope dans les veines de ce type. Comme son sang qui fuit de partout : sur ses fringues de bourge, sur les dalles grises du sous-sol, sur mes mains. Je me le figure suspendu, la pointe cirée de ses pompes à cinq cent dollars effleurant le sol sans pouvoir s'y appuyer vraiment. Ses grognements de douleur lâchés d'une voix qui a même pas fini de muer.

Ça ne dure qu'une seconde. Une seule. Ensuite je me ressaisis et claque la porte au délire d'un coup de pompe mental.

Fantasmer sur la mort lente et violente d'un môme à qui on vient à peine de dévisser les petites roues, c'est limite. Même pour toi.

Lily ne me voit pas débouler, toute focalisée qu'elle est sur l'autre branleur. Elle capte même pas ma présence, juste derrière elle. Pourtant j'ai tellement la haine que je pensais émettre des ondes palpables. Sans réfléchir, je viens lui coller au train. Littéralement. J'avance jusqu'à me souder à son dos, jusqu'à ce que mon ombre s'abatte sur elle et que l'arrière de sa tête blonde frôle mon sternum.

Là, tu me remarques ?

Elle se raidit un peu de surprise face à mon intrusion, mais je lui laisse pas le temps de s'écarter.

- Vire ta main de là si tu veux pas que je t'explose les doigts.

C'est moi qui ai dit ça.

Je reconnais à peine ma propre voix, sourde et tellement déformée par la colère qu'on croirait que je viens de m'enfiler un paquet entier de clopes. J'ai l'air d'un fou, putain. Comme pour le confirmer, le mec fait un bond de deux miles en arrière et il pourrait pas être plus pâle si je venais de lui susurrer le scénario que je me suis monté y a pas une minute. Scénario dans lequel il était la star.

Je regrette une seconde d'avoir lâché ça de cette façon. Pas que ce soit un coup de bluff, j'ai déjà brisé les jointures à des mecs pour moins que ça et c'est pas la gueule de chiot de celui-là qui va m'attendrir.

Mais pas devant Lily. Dans la mesure du possible, je préférais éviter de donner le micro à cet aspect de moi quand je suis près d'elle. Après tout, rien ne m'empêche d'emmener ce type en promenade derrière la boîte et de lui faire discrètement sa fête là-bas. Où est l'intérêt de la faire flipper avec ?

Mais elle sursaute même pas. C'est même carrément l'inverse. Elle se détend d'un seul coup contre mon torse, ses muscles semblent se liquéfier et son dos se soulève un peu quand elle expire profondément.

Je cherche pas à comprendre, c'est mort d'avance.

Qu'elle ait l'air bizarrement apaisée alors que je galère à réprimer les tremblements de rage qui me bousculent me choque à peine. C'est Lily.

Il se serait passé quoi, si j'étais pas intervenu ? Si j'avais attendu une minute de plus avant de casser leur délire ? Lily ne lui a jamais dit non, je me souviens brusquement. C'est pas son ex, mais ça aurait pu si son vieux avait pas claqué pile à ce moment-là.

C'est rageant. J'ai pris des coups de couteau moins désagréables que cette idée.

Je suis loin d'être un expert sur le sujet, mais ce sale plan commence à ressembler un peu trop à une putain de comédie romantique à deux balles. Ces navets à dégueuler par terre que se tape Hunter sur mon écran plat.

Une amourette d'enfance, des années de séparations et des retrouvailles improvisées... c'est pile ça. Je déconne même pas, ça me fout la gerbe.

J'ai interrompu quoi, en fait ? Ma conscience tordue dissémine des hypothèses et les idées qu'elle implante dans ma tête me foutent l'estomac en vrac. Rien que de l'envisager...

Je dois être maso parce que je me tourne quand même le film dans mon ciné privé. Un film d'horreur, frisson assuré. La petite bouche de Lily avec son air et son goût de fruit rouge qui s'emboîte à celle de l'autre. Lily qui soupire à trois millimètres de lui et jette les bras autour de son cou pour le rapprocher. Les mains de ce type qui s'affolent et tapent l'incruste partout où elles sont pas invitées et...

Oh bordel de merde...

Les miennes de mains se mettent à fourmiller d'une énergie désagréablement coutumière. En profondeur, le monstre dresse le museau et hume mon état, aux aguets. Je me connais. Je le connais. Un moment de faiblesse ou d'indécision - même infime - et il déchiquète mon self-control, fout mon flegme artificiel en lambeau.

Ça y est. Ça me brûle de partout, le besoin de violence me scie le ventre. Le courant est à deux doigts de sauter. Moins tenace qu'une flamme à l'agonie, ma conscience vacille. Elle dérive à la lisière de la démence. J'ai plus aucune prise.

Pas maintenant ! C'est pas le moment, putain, pas devant elle ! La maîtrise m'échappe. C'est comme une fuite d'huile de moteur : tant qu'on retire pas ce qui coince, ça coule quoi qu'on y fasse.

Une fraction de seconde avant que je foute tout en l'air en éclatant son petit pote, Lily remue.

Je la sens bouger contre moi. Son petit corps chaud s'agite et le haut de son crâne effleure encore ma chemise. Je baisse pas le nez pour vérifier, mais je crois qu'elle jette la tête en arrière pour me fixer.

Je sais toujours quand ses yeux sont sur moi parce que ça me démange à l'intérieur du thorax et c'est... je le sais, c'est tout. Son attention me déconcentre. Vite fait. Ça reste suffisant pour tranquilliser la bête et me recoller les pieds sur terre.

- Désolé mec, je... je savais pas qu'elle était avec toi, s'excuse platement l'autre fiote en faisant tout son possible pour pas croiser mon regard.

C'est ça, maintenant casse-toi.

Les poings fermés, je crispe les doigts pour tuer les tremblements et écraser la pulsion complètement déjantée qui veut que je les referme sur Lily.

Ce que je suis en train de faire est déjà assez évident comme ça. Le gosse l'a reçu cinq sur cinq. Je suis là, scotché à la fille comme du ruban adhésif pour démonter son flirt avec mon regard de cinglé. Me reste plus qu'à planter le panneau "propriété privée" pour remporter la médaille du connard de base.

Y a pas de propriété qui tienne, Walters. Rentre toi le profond dans le crâne.

Mhm.

Ça m'arrive d'être irrationnel, fréquemment ces derniers temps. Mais marquer mon territoire avec Lily, c'est pas moins con que de dresser un drapeau américain sur un putain de satellite qui appartient à personne et encore moins à l'oncle Sam. Pourtant, c'est pas l'envie qui me manque. Ça n'a rien de personnel : sans déconner, quel mec rêverait pas de pouvoir regarder cette fille et dire "elle est à moi" ?

C'est le moment que choisit le texto de Lopez pour se remettre en mode boucle dans mon crâne. Genre vinyle rayé.

"Il sera toujours pas ton mec. Et on sait toutes les deux que c'est ça que tu veux"

Je réprime un frisson malvenu. Voilà. J'aurais dû exiger des explications, coincer Lily contre un mur jusqu'à ce qu'elle crache la vérité. Au moins je serais fixé, ça m'éviterait de ruminer en boucle comme une espèce d'ado attardé.

Franchement, est-ce que c'est possible ? Est-ce qu'il y a une putain de chance pour que Lily soit givrée au point de vouloir ça ? Au point de vouloir ça avec moi ?

Oublies, mec.

Et si c'était le cas, qu'est-ce que je ferais ?

J'aimerais pouvoir me dire que je l'enverrais chier bien comme il faut, juste histoire de la dissuader. Je lui virerais ce genre de foutaises de la tête comme on engueule un marmot qui fout ses doigts dans une prise où traverse la route sans regarder.

Ouais, j'aimerais vraiment être digne de confiance à ce point...

C'est pas gagné.

Je sais pas si elle a cramé mon petit jeu de mec possessif à deux balles et que ça l'a saoulée, mais Lily s'avance un peu pour mettre de la distance entre nous. Ça me fout les boules. Je la laisse faire.

Mettons que je lui en donne l'illusion.

Je lui laisse trois secondes pour respirer, mais elle s'est à peine éloignée qu'elle titube et manque de se ramasser. Je saisis l'occasion pour la choper par le bras et la ramener à moi. Et là, sans même se dégager de ma poigne, elle me dézingue en quelques mots et un haussement d'épaules :

- On ne sort pas ensemble, elle informe platement son petit pote.

Ah ouais... Dur.

Elle cherche quoi, là ?

C'est plus fort que moi, je me statufie en encaissant.

La situation est en train de m'échapper. Un craquement sinistre éclate dans mes tympans tellement je contracte les mâchoires en tentant de me calmer. Je suis parti pour me fêler un os.

Ce qui pourrait être marrant - pour quelqu'un d'autre que moi - c'est que Lily essayait même pas de me rembarrer. Elle a juste jeté ça comme ça... comme on balance un fait avéré ou une vérité.

C'est la vérité.

Ça m'empêche pas de me le prendre en pleine gueule.

On ne sort pas ensemble. Sans dec', encore heureux. C'est tellement évident que ça se passe d'explication ou de formulation, et puis c'est pas comme si l'idée me branchait ou quoi.

Nan, c'est pas comme si tu venais de l'envisager à la minute.

Ce qui m'emmerde, c'est la raison pour laquelle elle s'est sentie obliger de le préciser devant ce minable. Pour le rassurer ? Lui indiquer le champ libre ?

Un vent de panique inattendu me souffle entre les cottes.

Le verdict me tombe dessus en sifflant comme le couperet d'une guillotine et il fait à peu près le même effet.

Elle le kiffe.

Il lui plaît, c'est clair.

Eh merde.

Je bande les muscles au moment où la morsure de la défaite se fait sentir. Je reconnais sans mal son goût métallique, pas loin d'une giclée de sang tiède, quand il envahit ma bouche. Ça devrait pas me faire ça, je me suis jamais engagé dans la course. Mais c'est là.

Je l'ai dans le cul. Bien profond.

Je fais quoi, maintenant ?

Tu bats en retraite, mec.

C'est mort.

Un type normal réagirait différemment en voyant sa principale source d'intérêt lui filer entre les doigts de cette façon. Un mec standard et sain d'esprit - un qui se fait pas bouffer par ses émotions dès qu'il à le malheur de leur entrebâiller la porte - serait très probablement jaloux. Vénère. Il ruminerait un peu et rongerait son frein en prenant soin de ne pas se ridiculiser.

Mais je ne suis pas jaloux.

Ce genre de merde ne touche pas les gens comme moi. Non, ça peut pas être aussi simple. La jalousie est une connerie banale, une pulsion de débutant qui frappe à peu près tout le monde, même les mômes. C'est pas plus chiant qu'une grippe et je chope pas la crève, moi. Jamais.

Aucune chance que ça ressemble à ça.

Aucune chance que cette pourriture qui me tient par les couilles et me noue les organes à m'en rendre taré soit ce à quoi les gens font référence avec autant de légèreté. La majorité du monde a pas les épaules pour gérer une saleté pareille.

Je ne suis pas jaloux, non, rien à voir. Je crève de rage. Une rage infâme, presque obscène. Cette salope d'émotion qui te digère comme un casse-croûte et te régurgite en débris d'homme. Comment elle a pu passer de mon carburant personnel à ce poison létal ?

Parce que là, c'est pas la joie. Je déguste. Sévère. Me reste plus qu'à serrer les dents et croiser les doigts en espérant que ça soit pas aussi minable de l'extérieur. J'ai l'impression d'avoir à nouveau treize piges, à l'époque où je me faisais malmener par mes humeurs comme un putain de bibelot en plastoc.

Voilà tout l'intérêt de l'indifférence. C'est un genre d'analgésique. Sept ans. Sept ans que je me démerdais pour garder la tête froide et faire barrage au superflu. Sept putains d'années que je m'autorisais plus que des miettes d'humeurs : un semblant de soulagement, de l'agacement ou une vague satisfaction, un rudiment d'inquiétude et rien de plus.

Et elle croit qu'elle peut se pointer pour tout foutre en l'air ? Elle débarque et elle anéantit presque une décennie de perfectionnement.

Je pense à un truc et ça me chauffe le sang. J'ai envie de la clouer dans un pieu et de m'étendre sur elle de tout mon poid. Pas pour me la taper - quoi que l'idée est loin, très loin d'être déplaisante. Non, juste pour qu'elle ne voit plus que moi, ne respire plus que moi et ne sente plus que moi.

Putain, redescends, le toxico.

Dans cette position, je prendrais tout. Prendre... voler, parait que c'est ce que je fais de mieux. Je l'écraserais du mieux que je peux sans l'étouffer, je volerais son air et son espace, je squatterais la totalité de son champ de vision. Dans cette position je serais son seul et unique choix. Y aurait de place pour personne d'autre, encore moins pour un Mike.

- Je vais... je vais y aller, je pense, se dégonfle justement l'intéressé en bégayant comme une femmelette.

Alors c'est ça qui la fait kiffer ?

Les lavettes même pas capables de porter leurs burnes microscopiques deux minutes pour elle ? Grand bien lui fasse alors, je m'incline. Sérieux, je lui souhaite de bien s'éclater. Il la veut ? Qu'il la prenne, j'essaye de me convaincre avant de me rétracter aussi vite quand un goût de bile s'insinue sous ma langue.

Façon de parler, il prendra que dalle.

- Bonne idée, je m'entends siffler, dégoûté.

Comme si c'était pas déjà assez pénible comme ça, Lily me remet presque aussitôt à ma place en bafouillant :

- Hé ! Ça ne se fait pas de dire ça !

Je rêve.

Je nage en plein délire.

C'est bon, ça me gave. Si je flippais pas autant de les laisser seuls tous les deux, ça fait déjà un moment que j'aurais mis les voiles. Elle me fait quoi, là ? À part prendre mes nerfs pour une corde à sauter ? Elle a un truc à me faire payer ou c'est comment ?

- C'est bon, Lily, ça va, se débine la chiffe molle. Je t'assure, je dois rentrer de toute façon. J'étais content de te revoir.

Ok, barre-toi.

- Moi aussi, elle souffle en battant des cils, l'air un peu perdue.

S'il y avait une vitre à proximité - double vitrage, de préférence -, je passerais mon poing au travers sans l'ombre d'une hésitation. À moins que je ne l'écrase plutôt sur le pif du petit Mike. Je me demande si Lily le trouverait encore à son goût avec un nez pété. Peut-être, peut-être pas. Pour avoir éclaté pas mal de fois cet assemblage de cartilages à faible résistance, je sais que le résultat est loin d'être sexy.

En principe, c'est pas mon genre de cible. Les fils à papa qui se branlent devant des dessins animés japonais et se pissent dessus avant même que je les touche, ça m'emballe moyen. Je préfère les petites cailleras qui rendent les coups - ou au moins qui tentent.

Mais celui-là a visiblement une touche avec Lily et rien que pour ça, je pourrais le casser en deux. Merde, ça me tente clairement, surtout quand il esquisse un pas incertain vers elle dans l'intention évidente - et franchement suicidaire - de la prendre dans ses bras.

Wow !

Essaye. Fais rien qu'essayer, petit.

Impassible, je le regarde hésiter. Sérieux ? Il la toucherait, là, alors que je la tiens quasiment contre moi et qu'il se demande depuis cinq minutes s'il faudrait pas me poser une muselière ? Je vais le coucher, il va rien capter. J'ai presque envie qu'il ose. Je patiente en silence qu'il me file une bonne raison de lui sauter à la gorge, mais il se dégonfle rapidement en agitant mollement la main pour la saluer. Ouais. Je me disais, aussi...

Lily le mate pendant qu'il s'éloigne et moi je la mate en train de le mater. J'hallucine, je suis vraiment l'enculé qui vient de lui niquer son coup, en fait. Putain c'est génial. Le pied intégral. Je ris jaune en analysant la situation qui est pourtant à des lieux de me faire marrer. C'est juste que je vois mal ce que je pourrais faire d'autre.

Qu'est-ce que je fous là ?

De son côté, Lily fronce le nez, comme paumée dans son esprit imbibé. Je détache mes yeux d'elle quand elle plie à nouveau la nuque en arrière pour m'observer. La dernière chose que je veux en ce moment, c'est qu'elle devine l'ascendant de folie qu'elle a fini par avoir sur moi, qu'elle perçoive le champ de mines qu'elle vient de générer. Un geste... un faux mouvement et ça pète.

Y a ça et y a le fait que je suis à deux doigts de l'envoyer chier. Brutalement. C'est du délire, mais une partie de moi aimerait lui faire payer ce qu'elle m'oblige à endurer. Et en même temps non. Elle a pas à morfler pour ma démence.

Et pour avoir pas mal pratiqué, je sais comment ça se passe quand je lui cause salement où que je hausse la voix avec elle. Son sourire se tire en quatrième vitesse et elle se met à fixer le sol avec un air coupable en me laissant la malmener.

Je déteste ça. Encore plus que les vidanges tardives et les larbins insolents. Puis, je suis déjà en mauvaise posture et gueuler sur une meuf déchirée, c'est très moyen.

Quand il devient évident que je pourrais pas me calmer tout seul, je me force à baisser le menton pour croiser son regard. Elle ne s'est pas retournée vers moi et me dévisage à l'envers, la tête renversée en arrière.

Sans commentaire.

Aspirés par la gravité, ses cheveux blonds chutent en masse. Ils forment une espèce de cascade de boucles désordonnées et m'effleurent la main. Je les laisse me couler entre les doigts et me retiens d'en chopper une poignée.

Sans trop de surprise, mon besoin d'en découdre se fait la malle dès que je tombe sur ses yeux pâles arrondis d'intérêt et sa bouche en demi-lune rose, légèrement entrouverte. Les coins sont vaguement incurvés vers le haut comme si elle...

Elle sourit, putain !

Ok.

Je passe à un cheveu de péter une durite et elle m'affiche un putain de sourire. J'ai envie de le lui faire ravaler. Avec ma bouche.

C'est bon, ta gueule.

- Salut !

Je me suis penché sur elle sans y faire gaffe et je suis assez proche pour saisir son exclamation enjouée malgré la pollution sonore.

Salut ?

Elle se fout de qui ?

Je la retrouve à un cheveu de rouler un palot à ce minable et c'est tout ce qu'elle trouve à dire ?

Je me borne à la considérer froidement en serrant les lèvres, pas sûr de ce qui pourrait m'échapper si j'ouvre ma gueule à chaud. Je risquerais par exemple de lui ordonner de la boucler parce que j'ai plus envie d'entendre le son de sa voix ou de retourner poser son cul sur la banquette parce qu'elle m'a assez cassé les couilles pour la soirée.

Pire : je pourrais me mettre à quémander des explications que je suis même pas en droit d'exiger. Et après j'aurais plus qu'à me mordre la langue. Ouais, je vais la fermer, ça vaut mieux. J'en ai assez fait pour la soirée et je suis plus tellement en position de l'emmerder : visiblement, j'ai légèrement surestimé son... béguin... caprice... tocade... peu importe le type d'intérêt qu'elle était supposée me porter.

Cette idée plombe les dernières bribes de morale qui me restaient encore.

T'es rouillé, Walters.

Je ne sais pas trop quelle tronche je tire, mais ça doit pas être l'éclate parce que Lily se redresse en vitesse et pivote sur elle-même pour me faire face. Aussi blasé que je peux l'être dans cette situation, je suis le mouvement de ses lèvres quand elle y plante ses incisives supérieures en m'examinant. Le sang reflue vite des tissus et laisse une trace blanche qui s'estompe presque aussitôt.

Je voudrais mordre là-dedans, moi aussi.

Elle se tient juste devant moi, le menton en l'air et un mini v entre ses sourcils clairs. Elle est là, avec son col froissé, ses deux boutons défaits et ses bouclettes en bordel qui font un peu trop coiffure d'après-baise. En plus elle est en nage, ses pommettes en couleur sont tout près de se la jouer néons lumineux et son cou explosé est luisant de sueur. À moins que ce soit les restes du cocktail qu'elle s'est vidée dessus...

Peu importe, je crève d'envie d'y foutre ma langue.

Je pense pas qu'il y ait une partie d'elle où j'ai pas envie de foutre ma langue.

Ou mes mains.

Ou ma...

Contente toi de garder tes mains dans tes poches, tu seras sympa.

Elle est à croquer. Littéralement, je veux dire, je fais pas de compliment. Ça pourrait pas être pire, y a quasiment écrit "bouffez-moi" en police capitale sur son front blond. Et ça me bute que l'autre l'ait vue comme ça, de me dire qu'à tous les coups, il a eu les mêmes idées salaces qui foulent mon esprit tordu en ce moment.

- Royce, tu...

- T'essayais de me faire chier ?

Et sinon, fermer ta gueule, c'est en option ?

C'est sorti tout seul. Je peux pas faire dans la dentelle. Je peux plus. Surtout pas avec ses airs de friandise ambulante sous le nez. Elle m'a saoulé et je veux une explication. J'attends. Elle a pas l'air de capter de quoi je parle. Elle me fixe juste attentivement sous ses cils blonds, le regard un peu vitreux.

- Hein ? elle hurle en se dressant sur la pointe de ses pompes pour être certaine que je l'entende.

Ça pour l'entendre, je l'entends. Je l'entends et probablement que tous les clubbeurs dans un rayon de cinquante mètres l'entendent aussi. Je me penche encore pour qu'elle se sente plus obligée de gueuler. En soi, c'est pas l'idée du siècle. Je réfléchis mieux quand j'ai pas son parfum de fille dans le nez.

- Contente-toi de répondre. C'est ça ? Tu cherches à m'emmerder ? T'avais envie de me mettre sur les nerfs ?

Bon sang, j'espère que c'est de ça qu'il s'agit. Si elle me balance qu'elle me fait la gueule pour je ne sais quelle bricole et qu'elle a décidé de s'amuser avec mes nerfs en représailles, je lâche direct l'affaire et je la ramène à la table sans discuter.

Je bloque sur ses lèvres mutines qui s'entrouvrent.

- Je...

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