Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 17

Hey! Encore une petit message pour m'assurer que vous n'ayez pas manqué le chapitre d'avant, j'ai posté deux chapitres aujourd'hui. 

- Mhm, continue, tes mains sur mon crâne, ça m'excite. Tu peux tirer un peu s'te plaît, roucoule Hunter en frottant son cuir chevelu contre ma paume d'une manière qui serait adorable s'il marchait sur quatre pattes et poussait des aboiements.

Sauf qu'il n'est pas un labrador alors ça n'est pas du tout adorable.

Je retire ma main sur le champ.

- T'es complètement fou ! ris-je devant sa moue ridicule.

- Et toi t'es tactile. Mhm j'aime ça, rétorque le blond en creusant dangereusement ses fossettes de démon lubrique.

- Je ne suis pas tactile. Et arrête de faire ça.

- De faire quoi ?

- Ce truc, là. "Mhm", j'imite son espèce de gémissement graveleux. C'est gênant.

- Mhmmm, récidive-t-il tout près de mon visage en étirant encore plus le son pour me mettre mal-à-l'aise.

Je roule des yeux et lui colle une pichenette sur le front. Une vraie de vraie, pas une caresse ou une petite tape de chiffe molle. Je ne suis pas une chiffe molle, moi, et je suis très douée en pichenettes. Je crois que mes doigts sont musclés ou un truc du genre parce que je fais toujours frémir Nate avec mes chiquenaudes.

- Tu vois que t'es tactile, t'arrêtes pas de me tripoter. Tu veux être tactile avec moi sur la piste de danse ?

- Même pas en rêve !

- Pourquoi ? Je pensais que tu serais moins coincée après tous ces verres.

Je le fusille avec mes yeux, piquée au vif.

- Je ne suis pas coincée ! Et toi, tes muscles, c'est que de la gonflette.

Je ne suis même pas sûre de ce que ça signifie, " de la gonflette", après tout, les muscles sont des muscles, non ? Mais j'ai entendu des gens le dire et ça paraît plutôt insultant. Je prononce ce verdict cruel et moyennement crédible en profitant de son état détendu pour enfoncer le bout de l'index dans son biceps. Je m'attendais à un truc mou comme d u beurre ou à la limite une aile de poulet, mais non. Même au repos, il reste assez rigide. Zut.

- Attends... t'as dit quoi, là ? fait semblant de s'offusquer Hunter.

Enfin, moi je croyais qu'il faisait seulement semblant. Jusqu'à ce que ce malade crochète d'un seul doigt l'un des passants à l'avant de mon short et tire brusquement pour me remorquer vers lui. Je ne sais pas si c'était son but premier, mais je perds vite l'équilibre et m'écroule sur lui de tout mon poids. Dans le mouvement, je me cogne le front contre la mâchoire en béton de ce crétin.

Avant que je ne puisse me redresser ou masser la zone accidentée de ma figure, un léger boucan retentit dans mon dos, surpassant presque la voix d'outre-tombe du chanteur des Imagine Dragon. Je me tords le cou à temps pour comprendre que Royce vient de donner un petit coup de pied dans la table basse, l'envoyant embrasser notre côté de la banquette. Les shots vides tremblent comme des feuilles sur le plateau en marbre et l'un d'entre eux, après avoir dansé une longue seconde, va taper contre le sol dans un bruit d'explosion de verre.

Pour le coup, je n'ose plus bouger d'un cil. Même mes taches de rousseurs se sont prudemment figées sur l'arête de mon nez. J'ai l'impression d'être coincée dans une partie d'un, deux, trois, soleil. Mon mécanicien ne plaisante plus. Ses beaux yeux aux reflets métalliques brillent d'agacement et il me semble voir les ailes de son nez frémir.

- T'as cinq secondes pour virer tes mains de là, prévient-t-il sans transition d'une voix coupante d'irritation, dangereusement basse.

Intimidée, j'écarte illico presto les doigts de mon front endolori pour lever les mains en l'air. Mais Royce ne m'accorde pas un coup d'œil. Ce n'est qu'en sentant les énormes paluches du blond se crisper sur... enfin... en bas de mon dos, que je comprends que c'est à lui qu'il s'adresse. Au temps pour moi.

Et bas les pattes !

- C'est bon, on déconne..., tente le blond sur un ton traînant dans lequel s'incruste un embryon de rire.

- Quatre. Trois...

- Tu trouves pas que t'abuses un peu ?

- Clairement, Walters, toujours dans l'excès, chantonne une Mia désabusée en enroulant une mèche en tire-bouchon autour de son doigt.

- Deux..., poursuit Royce, imperturbable.

- Ok, ça va, ça va, cède Hunter en me libérant.

Avant que je ne m'éloigne, il croit bon de partager à haute voix avec la tablée :

- 85 C.

Je cligne frénétiquement des paupières en m'écartant comme je peux de son corps dévoreur d'espace. Bizarrement, les autres sont moins lents à la détente que moi et je suis la dernière à comprendre à quoi il fait référence avec son sourire de canaille. Sourire de canaille droguée au cannabis. Depuis l'autre côté de la table, Royce laisse échapper un sifflement de fureur sous mes yeux encombrés de points d'interrogation. Hunter se mord l'intérieur de la joue, goguenard, je le devine parce qu'elle se creuse bizarrement. Il se fait incendier par un Diego ahuri :

- T'es pas bien ? l'apostrophe le latino en abaissant ses sourcils broussailleux.

- Bah quoi ? Elle était collée sur moi, qu'est-ce je peux y faire ?

- J'aurais dit 80, moi, commente pensivement Mia et il faut que je suive la trajectoire de son regard jusqu'à ma poitrine pour que ça fasse enfin "tilt".

Non, mais ça va pas ?

Horrifiée au dernier degré, je croise instantanément les bras et m'éjecte du siège d'un bond imprécis dans le seul but de m'éloigner du...de ce... mufle ! Toute la chaleur du club semble s'agglutiner dans mon visage alors que la quasi-totalité de mon hémoglobine y converge pour générer un embouteillage sanguin.

- Toi... toi..., je bredouille, rouge de honte et d'indignation en pointant l'impénitent d'un doigt rageur.

Mais je ne trouve aucune insulte adaptée sans devoir franchir la limite de la vulgarité alors je laisse tomber.

- Pour information, j'ai changé d'avis : tu n'es plus mon frère, je le préviens quand même en levant le menton.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Les frères ne parlent pas de... ils ne disent pas ce genre de trucs à leurs sœurs.

- Si, je suis toujours ton frère, tu peux plus reculer. Et les frères ont le droit de mater leurs sœurettes de temps en temps, c'est pas la mort.

Euh... hein ?

Mia roule sur la banquette, le corps agité de spasmes qui sont en fait des sanglots de rire et Diego plisse la bouche de dégoût.

- Putain, boucle-là. Vas te trouver une meuf à gérer au lieu de balancer de la merde.

- Tout ce que je dis, c'est que c'est pas de ma faute si Lily avait ses...

- Ta gueule ! le fait taire le latino. T'as fumé quoi, bordel ?

- Bah du shit...

- Vas-y, ferme-la.

Je leur tourne le dos et fonce vers la banquette opposée en espérant bêtement me réfugier dans les bras de Royce.

Bête. Bête. Bête.

Je ne sais pas d'où sort ce réflexe de conservation idiot, surtout qu'en cet instant, mon mécanicien n'a pas ce que l'on pourrait appeler une expression avenante. Oui, c'est le moins qu'on puisse dire. Avec un instinct aussi bancal, si l'on était encore dans cet état de nature primitif que Rousseau affectionne tant, je ne donnerais pas cher de ma peau. Il n'empêche que je suis bête - bête, bête, bête - et que, si j'omets de m'attarder sur ses poings affreusement crispés, ses muscles raidis et la lueur de colère noire qui s'attarde dans ses pupilles encore plus sombres, Royce a l'air tellement, tellement rassurant.

Bête. Bête. Bête.

Je ne m'attends à rien si ce n'est à me faire durement éconduire en m'approchant timidement de lui et en posant un genou hésitant sur la banquette, juste à côté de sa cuisse. Royce ne bronche pas. Il demeure silencieux comme une tombe quand je m'installe un peu trop près de son corps irradiant d'une tension nuculaire... nucléaire. Mieux, après un instant à me considérer dans silence pesant, il va jusqu'à lever le bras pour me permettre de me blottir contre lui !

Wouah !

Il ne me regarde pas, me sourit encore moins. De discrets creux se sont formés sur ses joues parce qu'il a encore les mâchoires crispées, mais son geste est sans équivoque. Je ne me fais pas prier. Sans lui laisser le temps de se rétracter, je me colle affectueusement à son torse de pierre en pinçant les lèvres pour les empêcher de trahir ma jubilation intérieure. Il ne m'enlace pas, mais tant pis. M'en fiche, c'est quand même l'extase ! Je suis presque sûre que Mia m'a grillée. Elle lève les yeux au ciel comme si mon comportement l'accablait, mais l'une de ses fossettes diaboliques se creuse en secret sur sa joue gauche. Je lui tire la langue en réponse avant de plonger le nez dans la chemise de Royce pour y dissimuler le sourire que je ne parviens plus à réprimer. Les pointes boisées de son odeur d'homme me taquinent l'odorat.

Tuez-moi. Tout-de-suite !

Je pousse un profond soupir de bien-être alors qu'au bout d'une minute, je le sens se détendre sensiblement contre moi. Les muscles contractés deviennent un peu moins granitiques sous mes doigts et mon front. Sa poitrine finit par s'abaisser lorsqu'il expulse l'air qu'il retenait prisonnier. Il ne dit plus rien.

Mia fait piou-piou avec ses pouces à elle sur l'écran tactile de son portable. Diego nous observe en portant tranquillement le goulot d'une bouteille de bière à sa bouche, la mine impassible. Et Hunter ricane dans un bruit d'aboiement en m'adressant un clin d'œil. Il me chuchote quelque chose et je crois lire " De rien" sur ses lèvres, mais je n'en suis pas sûre à cent pour cent. Après tout, c'est peut-être "Adrien" ou "demain".

- Cache ta joie, Lily, m'affiche-t-il ensuite, moqueur.

- Chut, je le fais taire après que ma répartie m'ait laissée sur répondeur.

- Fais gaffe, ton sourire va te sortir de la tronche si ça continue. Putain, elle est pas difficile à contenter celle-là, commente-t-il en fixant Royce. C'est trop pas juste. Quand je pense qu'on trime pour choper de la meuf correcte, se retenir et faire jouir la fille d'abord, pas oublier de la rappeler le lendemain pour éviter une crise et tout le merdier. Et la tienne plane sévère juste parce que tu la tiens dans tes bras. Putain de veinard.

Pendant un moment, Royce ne réagit pas. Je ne suis même pas sûre qu'il ait entendu ou même prêté attention aux bêtises de son compagnon. Je crois rêver quand une main puissante escalade mon dos, survolant doucement ma colonne vertébrale pour se glisser sous ma masse de boucles emmêlées et s'accrocher à ma nuque moite. Elle reste là. Avec son pouce qui effleure les petits cheveux à la base de mon cou.

Mon espace de stockage devient encore plus étriqué au fur et à mesure que je fonds comme une barre chocolatée qu'on serre trop fort dans nos doigts. Mon cœur est à moitié fou et il m'impose des petites frayeurs en faisant des mini arrêts dans ma poitrine. Je suis sûre qu'il doit se mettre à briller de mille feux tellement il brûle, il doit irradier d'une lueur rougeâtre presque sanglante et bientôt, il va illuminer tout le club et faire passer les néons pour de minables ampoules bas de gamme. J'essaye de le calmer sans succès, j'ai bu tellement d'alcool que je n'arrête pas de tomber amoureuse, encore et encore et encore. Je tombe amoureuse en boucle, je m'érafle les genoux à force de me casser la figure, mais pour l'instant ça ne fait pas trop mal alors je continue.

Pas trop, pas trop, pas trop, je psalmodie dans ma tête sans arriver à m'écouter.

Et demain, quand Royce recommencera à s'en ficher, je n'aurais plus qu'à me mordre la langue et m'en prendre à moi-même.

- Y a un problème ? demande Royce sans élever la voix en pressant ma nuque aussi tendue que le reste de mon corps.

Je colle la langue au palais pour essayer d'avaler ma salive. Qu'est-ce que je pourrais répondre à ça ? "Oui, il y a un problème et un gros" ? Ou alors " Ça te dit qu'on s'aime ? S'il-te-plait ?". Sinon, je pourrais juste faire "Aïe" parce que ça me semble plus parlant que tout le reste. À la place de tout ça, je formule simplement d'une voix enrouée.

- Tu ne veux pas redevenir un peu méchant cinq minutes ?

Royce s'écarte brusquement de moi. Pas beaucoup. Juste assez pour sonder mon visage de son regard vaguement déstabilisé. Ses sourcils sont à deux doigts de former un V. Je me demande combien de lettres de l'alphabet il peut faire avec.

- Non... oublie, je plaisantais, je bafouille en reposant ma tête sur lui.

Pour focaliser mon attention ailleurs que sur la main rêche et calleuse qui me dérobe un peu plus mon souffle et ma liberté chaque seconde, je me concentre sur le paquet d'Oreo moitié-vide-moitié-plein que me tend gentiment la Colombienne. Je me dépêche de sortir un biscuit pour esquiver les prunelles trop aiguisées de mon - mon, mon, mon - mécanicien. Tirant la langue de concentration, je sépare les deux rondelles de chocolat et racle la crème blanche avec mes dents avant de reposer les parties croquantes sur la table. Je sais bien que c'est un peu dégoûtant et maman m'a toujours formellement interdit de faire ça en public, mais n'est-ce pas Jésus qui a dit " que celui qui n'a jamais léché la crème dans les Oreo me jette la première pierre" ? Je crois bien que c'était lui.

- Lily, t'as envie de danser avec moi ? propose à nouveau Hunter comme on dit "Lily, passe-moi le ketchup" ou "Lily, tu aimes le rose ?".

- Je t'ai déjà... je t'ai déjà dit non, tout à l'heure. Tu te souviens ?

- Lily, t'as envie de danser avec moi ?

Je fronce le nez, perdue. Qu'est-ce qu'il...

- Mais... je viens juste de te répondre.

- Lily, t'as envie de danser avec moi ? perroquette-t-il.

Je ne sais même pas si ce verbe existe dans le dictionnaire. Genre, je perroquette, tu perroquettes, il, elle, on perroquette...

- Hunter, je...

- Lily, t'as envie de danser avec moi ?

Cette fois, je pouffe. Puis je place mes mains coupe autour de ma bouche et cris entre deux éclats de rire :

- Non !

Je m'attends à ce qu'il recommence et je prépare mes cordes vocales à l'envoyer sur les roses avec une vigueur redoublée sauf qu'il me surprend.

- Mais... Rah, c'est bon, ok, laisse tomber.

- Ignore-le, me conseille discrètement Mia en dissimulant sa bouche avec un prospectus de pizzeria pour que je sois la seule à l'entendre.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je m'inquiète quand même parce qu'Hunter affiche une mine malheureuse que je ne lui avais jamais vue.

Il ressemble à un chaton abandonné dans un carton sous la pluie. Les poils et le côté bébé animal en moins. Bon, d'accord, on range les violons, il est encore loin du chaton abandonné sous l'averse.

- C'est juste que ça m'intimide d'aller tout seul dans la foule, tu vois. Ça me met mal-à-l'aise. Je vais avoir l'air bête à bouger tout seul.

Je ne sais pas quoi répondre à ça. Moi aussi, ça me mettrait un peu mal à l'aise d'aller me mêler à tous ces inconnus pour me trémousser avec eux, alors je le comprends.

- Mais non, je le rassure doucement parce que maintenant, je culpabilise un tantinet.

- Si. Mais ça va, je suis habitué à me faire rejeter, t'inquiète.

Ok, je culpabilise beaucoup.

- Mais, je n'étais pas du tout en train de te rejeter. C'est juste que je ne danse qu'avec Nate, moi.

- C'est qui Nate, c'est ton mec ?

- Non, je nie rapidement parce que tout le monde sur cette île m'a habituée à cette question hors de propos.

- Pourquoi tu danses avec lui si c'est pas ton petit-ami ? tente de me coincer Hunter.

- Ah, parce que si je danse avec toi, tu crois que ça fera de toi mon petit ami ?

- Donc tu vas danser avec moi ?

- Ce n'est pas ce que j'ai...

- Allez, si je vais tout seul sur la piste, tu sais ce qui va m'arriver ?

Je croise les bras.

- Non, quoi ?

- Attends, tu m'as regardé ? Allô ? Ça va être la débandade ! Les meufs vont se jeter sur moi pour essayer de me séduire et m'arracher mes fringues comme si j'étais un vulgaire bout de viande.

En ce qui me concerne, je n'ai jamais vu quelqu'un essayer de déshabiller un steak, mais soit.

- Pfff. Je savais que tu n'étais pas sérieux !

- Lily, je suis hypersérieux ! C'est à cause de Brandon et Marley, les femelles les adorent et elles deviennent tarées.

- C'est qui, Brandon et Marley ?

- Oh putain, il remet-ça, grogne Diego.

- Je te présente Brandon et Marley, dites coucou à Lily, les gars, lance Hunter en faisant tour à tour tressauter ses deux pectoraux.

- Eurk ! Arrête ça !

Il recommence et je ne peux pas m'empêcher d'exploser de rire parce que... bon sang, c'est trop bizarre !

- Mais arrête ! C'est trop bizarre !

- Si j'arrête, tu danseras avec moi ?

- Je n'ai pas envie.

- Dis plutôt que tu sais pas danser.

Si Nathan était là, on rirait un bon coup comme deux ivrognes qui échangent une private joke même pas drôle sur la terrasse d'un bar pour se bidonner ensuite. Tous les deux, on a tellement valsé, gigué, tangué et jerké pour satisfaire Zéphyr, notre éternel insatisfait prof de danse, qu'on a encore des cicatrices pour le prouver.

- Bien sûr que je sais danser !

- Prouve-le !

- Pas avec toi, je refuse.

- Avec qui tu veux.

Je m'apprête à répondre que je ne veux danser avec personne et que je ne danserais-pas-un-point-c'est-tout quand une idée - mauvaise, très mauvaise - commence à germer à l'endroit où devrait normalement se trouver mon cerveau. C'est comme une graine de haricot magique, elle pousse, elle pousse et elle finit par être tellement imposante qu'il devient impossible de la déraciner. Même Jack ne pourrait rien y faire.

Est-ce que Royce danserait avec moi ?

Voilà l'idée. Oui, j'avais prévenu, elle est très mauvaise. Mais maintenant que j'y ai pensé, je n'arrive plus à y dépenser... enfin, à ne plus y penser, quoi. J'imagine son grand corps puissant et sombre trancher sévèrement au milieu des gens déchaînés sur la piste de danse et je me dis que ça doit vraiment être quelque chose. Je me dis aussi que puisque c'est tellement, tellement agréable quand il me touche et quand il m'embrasse sur la bouche, alors ça doit être vraiment bien d'onduler, de tournoyer et de s'élancer près de lui. De sentir ses mains brûlantes s'ancrer dans mes hanches pour me faire décoller vers le ciel, ses longs doigts s'enrouler autour des miens et m'attirer à lui, ses muscles affolants tout contre moi ...

Mes papillons d'estomac se réveillent en sursaut devant ces images mentales plus que troublantes. Ils se mettent à battre frénétiquement - presque sauvagement - des ailes et volettent un peu partout, un peu trop bas...

Au feu ! Au feu !

J'ai le visage qui brûle et je paris que tout le monde s'en rend compte. La honte ! J'essuie mes paumes humides sur mon short avant de les joindre nerveusement et de me tourner lentement, très, très lentement vers Royce. Il est déjà en train de me regarder, circonspect.

Ne le fais pas. Par pitié, ne le fais pas...

Je me jette à l'eau.

- Royce...

Plouf !

- Elle va pas le faire, commente Hunter à voix basse, de l'autre côté de la table, mais je l'ignore parce que mon stock déjà risible de courage est en train de fuir comme l'eau d'une piscine gonflable percée.

Je m'éclaircis la gorge et demande d'une voix à peine audible, les joues probablement cramoisies comme des fraises - pourries, les fraises.

- Toi, tu veux ?

- Oh merde, elle le fait, se marre le blond.

Royce me fixe, le regard vitreux et un pli d'incompréhension au-dessus du nez. C'est mauvais signe, ça, pas vrai ?

- Si je veux quoi ?

- Tu veux... danser avec moi ?

Voilà. C'est dit. Les autres éclatent de rire, tous sans exception. Même Diego, qui se fait en principe plutôt discret, se fend la poire. C'est sur Royce que je me concentre. Mon mécanicien me dévisage un long- très long - moment, comme pour déterminer si je lui fais une blague de mauvais goût. Il doit finalement comprendre que ce n'est pas le cas parce qu'il tranche sans l'ombre d'une hésitation, d'une voix aussi neutre que devrait l'être la justice Américaine :

- Non.

Simple. Clair. Efficace.

Je me ratatine un petit peu et me détourne très vite pour que personne ne lise mon humiliation cuisante sur mon visage. Je me concentre sur les gens flous qui se mêlent et se démêlent comme des ombres dans l'atmosphère moite de la boîte. D'un coup, j'ai l'impression que mon gros nuage rose de bonne humeur s'est évaporé. Bam ! Il s'est évaporé dans un grand bruit de porte qui claque après un violent courant d'air. Je me mords la lèvre un peu trop fort et ça me fait mal.

J'aimerais bien que Nate soit là.

Lui, il danserait avec moi, c'est sûr et certain. Il adore ça et il le propose toujours en premier à chacune des soirées auxquelles on est conviés malgré nous. Des soirées mondaines et ennuyeuses à vouloir en avaler sa fourchette à escargot - oui, oui, il existe des fourchettes spécifiques pour manger des escargots. "Tu préfères que ce soit moi ou un de ces petits connards aux culs pincés ?", il répète systématiquement. Comme à chaque fois que je pense à lui et au fait qu'il ne soit pas là dans les mauvais moments, je sens ce creux anormal, presque inhumain, dans mon ventre et il me manque très fort, presque trop. Je ne sais pas si c'est une mauvaise chose, mais c'est dans les mauvais moments, dans les moments de doute et les moments de chagrin qu'il me manque le plus. C'est dans les mauvais moments que son absence fait le plus mal, comme une grosse ecchymose violacée au cœur.

Soudain, je perçois la chaleur d'une main au centre de mon dos, celle de Royce. Elle s'y pose doucement, déclenche ma chair de poule malgré la température ambiante et laisse une brûlure affolante sur ma peau, sous mon chemisier. Je résiste du mieux que je peux à l'impulsion irrésistible qui me pousse à m'appuyer contre sa paume, à retourner me réfugier dans son odeur. Je me dégage en roulant un peu de l'épaule et en m'éloignant puérilement du mécanicien pour échapper à son contact.

Et puis...

- Danse avec moi, relance brusquement Hunter.

Je lève les yeux vers lui avec un soupir las. On s'affronte du regard, lui sûr de lui, moi écartelée par le doute. Je vais dire non. Oui, je vais dire non, pourquoi j'accepterais ?

Pourquoi tu refuserais ?

C'est simple. Parce que... parce que...

Je bats des paupières en réfléchissant, je pèse soigneusement le pour et le contre toute seule, au chaud dans ma tête.

Contre : Pas assez d'espace, trop de monde. Les gens transpirent et je sais bien que c'est aussi mon cas, mais je n'ai pas envie pour autant d'aller mélanger ma sueur à la leur.

Pour : Royce m'a dit non.

Contre : Je suis timide, les timides ne dansent pas.

Pour : J'ai bu plein d'alcool et les timides dansent quand ils boivent de l'alcool. Enfin, je crois.

Contre : Je ne danse jamais sans Nate.

Pour : Hunter est cool.

Pour : Je sais danser.

Pour : J'adore la chanson qui vient de débuter, même si je ne me rappelle plus le nom du chanteur.

Pour : Royce m'a dit non.

Royce m'a dit non.

- Toi tu sais danser, au moins ? je soupire, presque vaincue.

- Tu te fous de moi ?

- J'ai dit danser, pas sautiller sur place en agitant les bras en l'air comme un fou furieux, je précise, sceptique.

J'avais un peu peur de vexer Hunter en insistant, mais je ne pense pas que la personne capable d'entailler l'ego surdimensionné de cet homme soit née. Il m'offre un sourire incrédule qu'il finit par adresser à Royce en lui lançant, tout guilleret :

- Tu l'as pêchée où, putain ?

Royce ne répond rien et je m'interdis de pivoter vers lui pour vérifier la tête qu'il fait. Je continue, très sérieuse :

- Je ne plaisante pas, si tu m'écrabouilles sur les pieds, je t'abandonne sur la piste. Tu auras l'air très intelligent.

- Arrête de me mettre la pression et bouge.

- Tu n'en profiteras pas pour me tripoter ? je négocie encore.

- Mais non !

- Tu ne me toucheras pas du tout !

- Euh, si, proteste le blond qui semble s'amuser comme un petit fou, faut quand même qu'on se tienne les mains pour danser, Lily.

- Ok, mais juste les mains.

- Et si j'ai besoin de te soulever, je fais quoi ?

Mia continue de rire toute seule.

- Bon alors juste les mains et la taille, c'est mon dernier mot.

- Deal.

- Attends... Tu vas vraiment danser avec lui ? s'exclame la Colombienne.

Je prends une profonde inspiration qui gonfle mes poumons d'un air saturé de sueur, de musique et d'alcool.

- Oui.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro