- Qu'est-ce qu'on fait ici Kevin ? questionna Beth. Ça fait déjà deux heures que l'on erre dans cette partie de la forêt.

- Pour trouver la moindre trace qui puisse nous mener au Wendigo, dit-il les yeux rivés sur le sol enneigé.

Les deux chasseurs avaient finalement décidé d'aller explorer la zone aux alentours de l'université, là où ils avaient pour la créature pour la première fois.

L'idée n'enchantait guère Beth qui, se rappelant les terribles histoires à leur sujet, la fit frissonner, encore plus que le froid hivernal.

Mais il fallait absolument découvrir où cette créature se cachait, et surtout, qui elle était.

Malheureusement, leurs recherches n'avaient pas porté leurs fruits. Ils s'étaient enfoncés de plus en plus dans les bois, et toujours pas le moindre indice.

- Il faut croire que ce que l'on dit sur les Wendigos est vrai, dit Beth d'un air perdu. Ce sont de véritables fantômes.

- Tu veux dire des démons.

La façon dont il prononça le mot « démons », surprit la chasseuse, car cela paraissait plus une insulte qu'un surnom.

En levant la tête vers elle, Kevin devina qu'elle était tentée de lui demander ce qui le tourmentait.

- Je préfère ne pas en parler, si ça ne te gêne pas, la devança-t-il.

Beth se retint de répondre.

Elle savait qu'il lui cachait quelque chose, parmi tant d'autres. Toutefois, l'idée de rester loin de son coéquipier ne lui plaisait guère.

Alors, avec réticence, elle accepta son choix et garda le silence. Mais elle découvrirai un jour ce qui se cache sous sa carapace, elle s'en fit la promesse.

Les deux chasseurs poursuivirent leurs recherches, mais le résultat fut le même: aucun indice.

Soudain, le bruit d'une branche qui se brisa, les mit en alerte. Kevin encocha une flèche à son arc, tandis que Beth dégaina ses poignards.

Un grognement se fit entendre derrière les arbres. Alors que des bruits de pas, faisant craquer la neige étalée, s'ajoutèrent au profondes respirations de ce qui semblait être un grand chien.

L'aiguë grognement se fit plus fort et plus grave, à mesure que l'animal sortait de sa cachette.

En effet, de derrière les arbres apparut un canidé. Cependant, son corps était bien trop fin, pour être celui d'un loup.

Reconnaissant la créature qui se tenait devant eux, Kevin détendit son arc sans le baissé. Même s'il avait déjà rencontré cette espèce, il ne se sentait pas pour autant rassuré.

- Beth, rengaine tes lames, dit-il calmement.

- Pardon ? Non, mais tu plaisantes ?

La créature s'approcha de quelques pas, ses lèvres retroussées exposants ses dents pointues.

Soudain, deux autres canidés apparurent de derrière les arbres, leurs flamboyants yeux dorés rivés sur les chasseurs.

Kevin prit son courage à deux main et posa son arc et sa flèche à terre.

Beth resta bouche bée. Que diable son partenaire était-il en train de faire ?

C'était de la folie !

- Kevin mais qu'est-ce que tu fais ?

- Hé, on ne veux pas vous faire de mal. On cherche juste des traces du Wendigo.

Les créatures grognèrent plus fort.

- On essais juste de savoir où il se cache, poursuivit-il. Inutile d'en arriver là. On est du même côté.

Les canidés cependant ne cessèrent pas leurs grognements. Ni ne s'arrêtèrent.

- Halte ! cria une voix profonde.

Kevin et Beth se retournèrent et aperçurent un vieil homme, se tenant droit devant eux.

L'archer le reconnu tout de suite, ce qui le rassura un peu.

- J'ai comme l'impression que tu nous espionnes petit chasseur, dit William en s'avançant vers le duo.

- Loin de là, William. Nous étions en train de chercher des indices.

Le vieux Coyote dévisagea les chasseurs un par un, mais il ne semblait nullement intentionné à vouloir leur faire du mal.

D'un signe de tête, ses congénères cessèrent leurs grognements et reculèrent. Puis il reporta son attention sur les chasseurs.

- De quels indices parles-tu?

- Nous cherchons des traces du Wendigo, répondit Kevin.

William dressa les oreilles. Son regard austère s'évanouit, laissant la place à un air confus.

- Comment le savez-vous? demanda-t-il.

Les deux jeunes chasseurs s'échangèrent un regard étonné.

- De quoi parlez-vous? s'enquit Beth.

- Joan. Ma petite-fille. Elle a disparu il y a deux soir. Je crains qu'elle ait été enlevé.

***

  - Comment se portent les nouveaux ? demanda Marcus, les yeux rivés sur les loups de l'ancienne meute des Fils du Gévaudan.

- Disons qu'il leurs faudra encore du temps. Passer d'une meute à une autre n'est jamais facile.

Le vieil Alpha hocha lentement la tête. Sa Beta avait vu juste: le passage d'une meute à une autre n'était jamais facile pour un loup.

Il fallait que le lien entre celui-ci et son ancienne meute soit totalement coupé, mais cela dépendait de plusieurs facteurs. La volonté en était un, si ce n'est le plus important.

Et pourtant, cela faisait plusieurs mois que ces loups avaient quitté les Fils du Gévaudan. Ou peut-être, l'avaient-ils simplement en apparence ?

Sur cette pensée Marcus observa les loups un à un. La tension était palpable chez certains, mais il semblait que d'autres tentaient réellement de s'insérer dans la meute.

L'arrivée d'un loup familier dans son repaire l'extirpa de ses pensées.

- Peut-être serait-il grand temps que tu te décides à prendre une des grottes qui se trouve ici Roman ?

- Comment savais-tu que c'était moi ? demanda le jeune loup.

Un sourire divertit s'étira sur les lèvres de Marcus, mais Roman ne put le voir car l'Alpha lui tournait toujours le dos.

- Pour plusieurs raisons, dit-il avec sa voix habituellement calme. Mais je vais me contenter de t'en donner une seule: le lien qu'a un Alpha avec son territoire et sa meute.

Sonia vit le visage interloqué de Roman et se retint de rire.

- Tu le comprendras quand tu auras ta propre meute, poursuivit Marcus.

- Désolé mais j'ai vraiment besoin de votre aide. Il m'est arrivé quelque chose de pas très clair.

- Dis-nous.

Roman commença à raconter ce qu'il lui était arrivé. Il leur parla de sa situation avec Ayla et de sa rapide confrontation avec Ayden. Il n'omit aucun détail, ce qui aida, du moins espérait-il, les deux loups-garous qui l'écoutaient.

Quand il eut terminé son histoire, Marcus se retourna. Cette fois, sur son visage était dessiné une expression que Roman n'avait vu que rarement. Quelque chose paraissait l'avoir frappé de plein fouet. Quelque chose qui le surprit du tout au tout.

- Qu'est-ce qu'il y a ? C'est quelque chose de grave ? questionna Roman.

Sonia et son Alpha se regardèrent brièvement, avant que celle-ci ne reprenne.

- Est-ce qu'elle s'est retenue durant la confrontation ?

- Je... je n'en suis pas sûr. Je vous l'ai dit, elle pouvait m'abattre à plusieurs reprises, mais... on aurait dit que se n'était pas ce qu'elle voulait réellement.

Marcus soupira.

- Ce n'était pas elle Roman. C'était sa louve.

- Pardon ?

- Tu dis que tu ne voulais pas la tuer.

- Bien sûr. Je ne suis pas un tueur comme Henry.

- Oui je sais. Mais elle ne t'a pas blessé gravement.

- Dois-je te remontrer la cicatrice qu'elle m'a laissé sur l'abdomen ? dit-il en soulevant son t-shirt.

Marcus observa silencieusement la cicatrice laissée par les griffes d'Ayden.

- Elle n'a pas touché d'organes vitaux, chuchota-t-il.

- Dieu merci, heureusement.

- Dieu n'y est pour rien Roman, poursuivit Sonia. Si elle ne t'a pas blessé gravement ni tuer, c'est parce que sa louve ne le voulait pas. De même que ton loup.

- Quoi ? Attendez, mais qu'est-ce ça veut dire ?

- Vous ne vous êtes pas entretués, pour la simple et unique raison, que vous êtes prédestinés.

Les yeux du jeune homme s'agrandirent de stupeur.

- Quoi ? dit-il à haute voix.

- Roman, Ayden est ta compagne. Et tu es son compagnon.

***

La porte s'ouvrît violemment, comme si un ouragan l'avait violent frappé.

Comme une furie, Ayden entra dans le repaire de Lamias, sans se préoccuper du danger qu'elle encourait. Peu lui importait si certaines de ses créatures lui tombait dessus, elles lui rendraient un énorme service.

Elle était submergée par beaucoup d'émotions, ce qui pour un loup-garou est extrêmement risqué.

Après avoir quitté la maison de Roman, elle s'était enfuit dans les bois, laissant son instinct de louve en elle prendre le dessus. Elle s'était même transformée et courut jusqu'à ce qu'elle se soit calmée. Du moins la femme.

En effet, si Ayden était vraiment en colère, sa louve était folle de joie. Elle avait trouver son compagnon et maintenant, ce n'était plus qu'une question de temps et elle le savait, avant que sa louve la pousse dans les bras de l'homme qu'elle détestait.

Maudits soient les liens entre loups !

Quand elle était enfin parvenu à redevenir humaine, elle avait décidé de rendre visite à celles qui l'avaient trompé.

- Diana ! hurla-t-elle. Sors de ta cachette sale garce !

Rien.

L'endroit était bien différent de la dernière fois. Il n'y avait personne. Aucune Lamia en vue. Où étaient-elles toutes passées ?

- Diana ! cria à nouveau la louve-garou.

Toujours rien. Débordante de rage, Ayden fit jaillir ses griffes et, sans s'en rendre compte, elle commença à griffer les murs et à détruire les meubles.

Rien n'échappa à sa rage.

Quand elle eut terminé, le hall était totalement détruit. Les murs étaient couvert de profondes traces de griffures, des morceaux de verres et de bois recouvraient le sol.

- Je vois que tu t'es bien défouler, dit Diana.

Ayden l'observa d'un meurtrier regard noir. Sa louve était à deux doigts d'émerger, elle le sentait. Elle voulait lui sauter dessus, l'égorger, la déchiqueter.

- Qu'est-ce que tu m'as fait ? haleta-t-elle.

- Je t'ai aidé, comme promis.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu m'as berné.

La chef des Lamias ricana.

- Qu'est-ce qui te fait rire ? demanda Ayden de plus en plus en colère.

- Le fait que tu ne réalises pas le don que je viens de t'offrir.

Ayden agrandit les yeux, déconcertée et choquée. Elle était venue quémander l'aide de la femme qui se tenait devant elle. Dans l'espoir de pouvoir tuer l'homme qu'elle haïssait, obtenant ainsi la vengeance dont elle rêvait depuis des mois.

Pourtant, Diana l'avait trahi, lui donnant une potion qui ne l'avait pas renforcé. Bien au contraire, désormais sa louve était hors de contrôle. Elle recherchait désespérément le contact du loup pour lequel son cœur battait, mais la jeune femme ne voulait absolument pas l'approcher.

Qu'est-ce que Diana lui avait donc fait, bon sang ?

- Réponds-moi ! s'écria Ayden.

Diana soupira bruyamment faisait rouler ses yeux, exprimant ainsi son impatience.

- Arrête de jouer avec moi Lamia et réponds moi, répéta la louve-garou avec colère retenue.

- J'ai fait ce que tu m'a demandé: je t'ai rendu plus forte.

Cette révélation déconcerta Ayden. De quoi était donc en train de parler cette femme ?

- Lorsque tu es venue à nous pour quémander de l'aide, je n'y croyais pas au début, expliqua Diana. Puis quand tu m'as dit que tu voulais te débarrasser du Pur Alpha, j'ai voulu analyser la question.

Ayden resta silencieuse, malgré quelques grognements.

- Et c'est là que j'ai compris. Ton désire de traquer le Pur Alpha, Roman Vicars, ce n'était pas pour le tuer. Ta louve réclamait son compagnon. Mais toi, tu refusais de le voir.

- Arrêtes avec tes conneries ! Tu m'as menti et manipulé.

- Ça c'est ce que tu crois. Qu'est-ce que ton loup ressens ?

- De la colère.

Diana hocha la tête et son sourire s'élargit.

- Et pourquoi l'est-il ? demanda-t-elle, même si elle savait déjà la réponse.

- Parce que... tu t'es joué de moi. Et mon loup réclame son dû de sang.

La Lamia ferma les yeux et secoua lentement la tête. Elle savait bien que la jeune devant elle lui mentait, mais l'obstination que celle-ci avait a ne pas vouloir dire la vérité la fatiguait.

- Comment cette jeune femme peut être si têtue ? pensa-t-elle.

Elle l'entendît grogner à nouveau, mais elle ne sursauta pas ni s'inquiéta. Certes, Ayden pouvait lui sauter dessus et la tuer d'un seul coup de griffes. Cependant elle savait très bien qu'elle n'en avait aucunement l'intention.

- Alors ? reprit la louve-garou. Réponds-moi ! Pourquoi m'as tu donné une potion qui rendrait mon loup incontrôlable ?

- Tu as dis que tu voulais être forte. Je t'ai permis d'entrevoir la puissante louve que tu pourrais être. Et maintenant, c'est à toi de choisir.

- Choisir quoi ?

- Entre ce que tu désires en apparence et, ce que au fond de toi, tu désire réellement.