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Si froid sans toi


« Ce jour-là, tout changea pour nous. Cette guerre apporta pour tout Oren un froid terrible dans le coeur des gens. Et il ne devait partir que bien longtemps après. »

~ Extrait de « Sous le sable », 1572, par le roi Sabo de Sipango

Un messager remonta au galop le chemin menant au palais de Sabaody, la capitale de la Fée aux Perles. Les habitants qui le virent se demandèrent ce que cela signifiait et adressèrent une prière muette à la triade divine. Depuis quelques temps, un climat pluvieux avait remplacé le doux été, ce qui n'était pas normal. Cette période de l'année était habituellement si clémente sur ce pays, et voilà que le temps se révélait maussade. Quelque chose avait dû se produire sur Oren, à n'en pas douter et le messager détenait la réponse. De nombreux personnages importants du pays se réunirent avec la famille royale dans la grande salle du corail afin d'entendre ce que le messager avait à annoncer.

« - Messager Aladdin, clama Neptune. Nous vous écoutons.

- Votre Majesté. J'apporte un message de la plus haute importance. Sachez que la guerre entre les Sylves Dorées et Ardent est définitivement terminée. »

Un murmura de réjouissance parcourut la salle. C'était une très bonne nouvelle car la guerre n'aidait jamais, que ce soit au niveau des alliances ou du commerce. Des sourires fleurirent sur toutes les lèvres et on commença même à murmure sur ce que pourrait redevenir Oren maintenant que ce conflit stupide était terminé. Robb Lucci songeait même à reprendre la construction des bateaux pour Ardent. Cependant, tous remarquèrent qu'Aladdin avait détourné le regard et ne paraissait pas aussi réjouit qu'eux. Pourquoi celui qui apportait une bonne nouvelle n'était-il pas heureux ? La réponse était évidente : il avait aussi une mauvaise nouvelle, pire que la bonne.

« - Eh bien Aladdin, vous ne semblez pas très heureux, fit remarqué le prince Fukaboshi.

- La route a dû vous épuiser, tenta la reine Otohime, sachant très bien que ce n'était pas cela. Peut-être voudriez-vous un peu de repos ?

- Non, votre altesse. Je suis navré mais ce n'est guère la route qui m'attriste.

- Eh bien ? le pressa Jimbei. Que s'est-il passé ?

- Il y a une mauvaise nouvelle pire que le retour de la paix ? poursuivit Hack.

- Oui, soupira le messager, fixant le sol.

- Parle, ordonna Neptune, sa main se crispant sur son sceptre.

- La guerre est certes terminée mais... Je ne sais pas si elle a vraiment permis de retrouver la paix. Elle a surtout apporté la tristesse.

- Un roi est mort ? souffla Shiraoshi, plaquant ses mains sur sa bouche.

- Plus qu'un roi, avoua Aladdin. Votre Majesté, avant que je ne vous dises les noms des disparus, voici également une lettre qui va sans doute changer les choses. Elle vient d'Ardent et elle est écrite de la main d'Edward le Géant. »

Les cieux gris craquèrent et une fine pluie se répandit sur tout le royaume de la Fée aux Perles. Cet été n'en finissait pas d'être décevant, ce jour d'août encore plus que le reste. Les disparus de la guerre attristèrent le royaume, même si personne n'avait été réellement proche d'un camp ou de l'autre parmi les hommes -poissons. Cependant, la lettre apporta le vent du changement. En bien ou en mal ? Neptune ne savait pas encore mais Oren tout entier n'allait pas tarder à le savoir.

De l'autre côté d'Oren, par un beau soleil, Kyros restait interdit devant le message qu'il venait de recevoir. Ses mains tremblaient tandis qu'il lisait la missive provenant de la plaine du One Piece, ainsi que la lettre d'Edward le Géant. Ses pensées allèrent vers sa belle-sœur, la princesse Viola qui se trouvait à Ardent. Allait-elle bien ? Il se reprit : il lui fallait avertir son roi dans un premier temps, même si cela le répugnait. Trouver son souverain ne fut pas dur. Il était en plein repas, avec tout le reste de la famille royale. Cela incluait Cavendish et Hancock. Autant Kyros s'était habitué au premier mais en ce qui concernait la seconde, jamais.

« - Tiens, encore en retard, prince Kyros, souffla la reine.

- Il a du travail, le défendit Scarlet vivement. Kyros est chevalier après tout.

- Viens donc te joindre à nous, l'invita le roi. Oh, tu as des nouvelles ?

- Oui. Un messager est venu. Il y avait une lettre d'Ardent et une autre du... Du front.

- La guerre, murmura Rebecca, et Cavendish lui prit discrètement la main.

- La guerre est désormais terminée. »

Cette phrase de Kyros fit naître des sourires. Comme il aurait aimé pouvoir s'arrêter là et partager leur joie. Son visage demeura grave et même Hancock comprit qu'il ne s'arrêterait pas là. Il avait commencé par la bonne nouvelle mais d'autres restaient à venir, beaucoup moins prometteuses. Le silence revint naturellement et on attendit que l'héritier du trône veuille bien parler. Le chevalier les regarda tous un par un avant que sa langue ne se délie.

« - La guerre est finie mais il y a eut des... de terribles morts.

- Qui donc ? demanda Riku, le regard concentré.

- Le roi Roger principalement. »

Le silence se fit et à peine un murmure fut entendu. Le roi des rois était mort. Le roi des rois n'était plus. Roger, ce souverain si vivant, si souriant, disparu. Cela paraissait difficile à croire mais cela expliquait pourquoi le conflit avait seulement duré une semaine.

« - C'est tragique. Après sa femme, lui, se désola Riku, attristé.

- Oh, il y a toujours le prince Ace, lâcha Hancock. Et sa femme est enceinte, il n'y a pas de quoi faire tout un plat. Le royaume s'en sortira.

- Vous pourriez montrer un peu de cœur, lui reprocha Scarlet.

- D'autant plus que le prince Sakazuki des Sylves Dorées ainsi que le prince Ace d'Ardent ont également perdu la vie poursuivit durement Kyros.

- Le prince aussi ? s'exclama Cavendish. C'est un désastre pour Ardent !

- Et le prince héritier des Sylves Dorées... Les pauvres » ajouta Rebecca.

Un silence abattit dans la grande salle à manger. Les serviteurs n'osaient même pas venir débarrasser les plats et un malaise général régnait. Même Hancock semblait affecté pour une fois. Des larmes coulèrent dans certains yeux, discrètes mais sincères.

« - J'espère que ma sœur se porte bien ! murmura Scarlet. Kyros, est ce que la lettre d'Ardent la concerne ? demanda-t-elle soudain, inquiète.

- Non, je n'ai aucune nouvelle de Viola mais je suppose qu'elle se porte bien. La lettre est un message du nouveau dirigeant d'Ardent.

- Le nouveau roi d'Ardent... La princesse Saphir ne devrait-elle pas prendre les rênes du royaume ? Elle porte l'héritier, qu'il soit garçon ou fille...

- Eh bien, non. Le nouveau roi est Edward le Géant. »

Cela ne surprit personne. Après tout, Edward était le successeur tout désigné depuis toujours. Cela n'avait jamais été un secret pour quiconque. Jamais non plus on n'avait douté de l'amitié entre ce grand seigneur et Roger. Cela voulait dire que les fils d'Edward devenaient princes. Viola étant fiancée à Satch, le deuxième fils, cela faisait d'elle une princesse de nouveau. Et comme Marco n'était pas encore marié, elle avait une bonne place. Ceci était le point de vue d'Hancock. D'autres qui avaient un cœur se demandaient ce qu'allait devenir Saphir du Lion Blanc. Y avait-il un avenir pour elle à Baterilla ?

« - Ce n'est pas possible ! ragea Wiper, là-haut, au Lion Blanc.

- Je t'en prie mon frère, calme toi, essaya sa sœur Musse.

- Que je me calme ? Que je me calme ?! Comment veux-tu que je le fasse après avoir appris que non seulement le roi et la reine d'Ardent ne sont plus mais que le prince non plus ! Le prince ! Le propre mari de ma petite sœur, qui est enceinte de lui !!

- Justement, reprit Laki sa femme. Si tu n'analyses pas la situation en faisant abstraction de tes émotions cela ne donnera rien. »

Wiper soupira. Elles avaient raison, mille fois raison. Apprendre la tragédie qui avait frappé Ardent l'avait mis hors de lui. Comment pouvait-il rester calme alors que sa petite sœur devant tant souffrir ? Mais ce n'était pas en s'énervant qu'il allait pouvoir faire quelque chose. Qu'était-il supposé faire ? Son père n'était plus là, c'était lui le roi, lui qui devait décider, au risque de se tromper. Écrire une lettre à Saphir lui paraissait une bonne chose à faire, pour lui montrer qu'il partageait sa peine et essayer de la consoler, si c'était seulement possible. Il se demandait ce qu'elle allait devenir quand Montlblanc arriva, une lettre à la main. Sa respiration indiquait qu'il avait couru.

« - Mon roi, une lettre pour vous ! s'écria-t-il.

- De qui vient-elle ? demanda Musse, précédant la demande de son frère.

- D'Edward le Géant, d'Ardent. Il était le second de Roger.

- Comment se permet-il d'écrire ? » gronda Wiper.

Jusqu'à preuve du contraire, Saphir était la femme d'Ace et donc la nouvelle reine par mariage d'Ardent, d'autant plus qu'elle portait l'héritier ou héritière du trône. En y réfléchissant, il restait encore le père de Roger, Brook, qui pouvait aussi reprendre le royaume en main, cela serait tout aussi logique. Mais Edward le Géant ? Certes, il était la solution de secours à la famille Gold mais tout n'était pas encore désespéré à ce point. A moins que... Wiper arracha presque la lettre des mains du meilleur conseiller de feu son père.

« - Mon roi ? s'inquiéta Montblanc. Quelque chose ne va pas ?

- J'espère que je me fais des idées mais je dois vérifier quelque chose. »

La lecture de la lettre lui permettrait d'être certain. Sous le regard du conseiller, de sa femme et de sa sœur, il lut le message que lui avait fait parvenir ce seigneur de Baterilla. Au bout du compte, son mauvais pressentiment n'avait pas lieu d'être. Sa sœur était en vie, en bonne santé, même si dire qu'elle allait bien n'était sans doute pas le terme approprié. En revanche, les mots de cette missive avaient détruit Wiper. Il jeta le papier au loin, se prit la tête entre les mains. Ses yeux s'humidifièrent d'eux-mêmes, causant un grand choc chez les trois autres.

« - Mon roi ! s'exclama le conseiller. Que vous arrive-t-il ?

- La lettre... Lisez... Lisez-la. Je... Je ne sais plus... »

Les deux femmes et l'homme ramassèrent prestement le bout de parchemin pour en prendre connaissance. Au fur et à mesure de la lecture, leurs yeux s'arrondirent, se teintèrent de douleur puis se résignèrent. Wiper avait eu le temps de se calmer lorsqu'ils arrivèrent au bout mais il se sentait mal. Comme si son cœur se brisait et qu'une petite voix lui disait qu'il avait une part de responsabilité dans l'histoire. Montlblanc regardait ses pieds, Musse et Laki échangeaient des regards peinés.

« - C'est horrible mais c'est ainsi Wiper, soupira Laki.

- La logique est hélas totale dans les propos d'Edward, compléta Montlblanc.

- Mais est-ce que j'ai le droit de les laisser faire ça ? On ne sait même pas si elle est d'accord... Est-ce que j'ai le droit de laisser ma petite sœur subir ça ?

- Saphir est forte, sourit Musse. Je n'approuve pas tout ce qui est dit ici mais... Je crois que nous devons la laisser affronter cela, même si cela nous brise le cœur. Envoyons-lui une lettre pour lui montrer que nous la soutenons. Et... Nous y opposer, ce serait déclarer la guerre. »

Wiper ne répliqua pas mais il émit un gémissement d'animal blessé et se remit à pleurer. Sa sœur le serra dans ses bras. Jamais dans le nord on ne s'était sentie aussi impuissant. Il faut dire que ce retournement de situation venant du Sud avait de quoi surprendre. Wiper commença à réfléchir à ce que cette annonce sous-entendait mais toutes ces conclusions ne menaient qu'au chaos.

Alana avait appris des choses en se faisant sans cesse poursuivre par Haruta : la discrétion et l'art ultime de passer inaperçu. Elle le maitrisait avec brio et cela allait bien lui servir, quand elle voulait espionner les réunions du roi Rayleigh auquel son maître ne voulait pas la convier. Pas de chance, sa curiosité était trop forte. L'écuyère s'était faufilée derrière une porte entre-ouverte puis cachée derrière un meuble de la salle de réunion. Aucun risque de se faire surprendre, elle avait étudié cette salle pendant assez longtemps pour savoir que personne ne la trouverait jamais à cet endroit-là.

« Je veux savoir ce que le messager a dit ! »

Un peu plus tôt dans l'après-midi, un messager était arrivé à Rough Tell et juste après, le roi avait ordonné une réunion d'urgence. Cela n'arrivait jamais au Roc Sombre, un pays bien calme et plat, aussi Alana avait voulu savoir. Son maître lui avait dit qu'elle ferait mieux de ne pas être là mais peu lui importait. D'ailleurs, voilà que le roi, la reine, le prince et sa femme entraient dans le grand salon. D'autres seigneurs suivaient : Ben Becman, Mihawk, Crocus, Yassop, Baggy, Absalom ou encore Lucky Rou. Elle aperçut même Zoro, qui espionnait au coin de la porte avec Robin. Personne ne sembla les remarquer, ce qui fit rager Alana.

« - Père ! Est-ce vrai ce qu'on raconte ? Le roi Roger, le prince Sakazuki, le prince Ace, ils seraient tous morts ? lâcha Shanks, perdu.

- Hélas oui, soupira Rayleigh, un poids énorme sur les épaules. Cette guerre est terminée maintenant mais... à quel prix ? Cela n'a aucun sens.

- Nous en voulions à Ardent, commença Shakky. Mais personne ne souhaite une fin comme ceci, même à son pire ennemi et... C'était trop cher payé pour ce royaume.

- Ardent ne méritait pas d'être ainsi jeté à terre, approuva Ben Becman.

- Et maintenant ? demanda Mihawk, très calme. Que va-t-il se passer ?

- Pour les Sylves Dorées, c'est facile, il n'y aura pas de manque d'héritier, réfléchit Shanks. Et pour Ardent... La princesse Saphir va-t-elle devenir reine ? Ou vont-ils rappeler Brook ?

- Ni l'un ni l'autre, murmura froidement Rayleigh. J'ai reçu une autre lettre pour m'informer des changements et c'est pour cela que je vous ai convoqué.

- Une lettre ? s'étonna Makino. De qui ?

- Du seigneur Edward le Géant. Ou plutôt devrais-je dire le nouveau roi d'Ardent.

- Edward est devenu le roi ? s'exclama Baggy.

- Cela n'a rien d'étonnant, déclara Yassop. Il a toujours été clair qu'Edward serait le remplaçant. Mais je me demande concernant la princesse Saphir et le noble Brook...

- Nous y reviendrons, promit le roi. Je voulais parler d'autre chose.

- Trois héritiers pour Edward, nota Shakky. Marco, Satch et Vista. Sans compter les bâtards, mais ce n'est qu'un détail. White Bay doit être aux anges.

- Marco est digne de ce nouveau poste, même si cela doit être dur pour lui, fit remarquer Shanks. Il était très proche d'Ace. Hum, père de quoi vouliez-vous parler ?

- Je... Je crois que nous avons été bernés.

- Que voulez vous dire mon roi ? s'enquit Mihawk, le regard brillant.

- L'affaire Kuina. J'ai réuni des éléments durant les derniers mois et... J'ai désormais la certitude que la mort de Kalgara n'était pas un accident.

- Je n'ai pourtant aucune preuve formelle, contra le trancheur en haussant un sourcil.

- Rayleigh, souffla Shakky. Tu es sûr de toi ?

- Laissez-moi vous expliquer, articula difficilement le sage souverain. Voilà pourquoi je pense que le roi Kalgara a été assassiné. Voilà pourquoi je pense que Kuina n'était que la victime d'un complot. Et voilà qui a manigancé tout cela dans l'ombre. »

Au fur et à mesure des mots de Rayleigh, le silence se faisait plus profond. Alana sentit son cœur s'arrêter. D'habitude, ce genre d'histoires ne lui faisait rien ou ne l'intéressait pas mais là, c'était différent. Si son roi avait raison, un horrible complot avait eu lieu à Ardent et Kuina avait été utilisée pour préserver l'identité des traîtres du royaume. Tant de mensonges. L'écuyère espérait de tout son cœur que tout ce qu'elle entendait était faux mais au fond, une part d'elle-même criait que c'était réel. Ses pensées allèrent vers Haruta, espérant qu'il allait bien.

C'était un après-midi calme au royaume de Carm. Les chevaliers devaient normalement faire une démonstration de leur talent mais une fine pluie s'était installée et la représentation avait été reportée. Au lieu de cela, les chevaliers ainsi que les écuyers s'étaient retrouvés pour un buffet dans une salle du château. Cette dernière formait un préau sans fenêtre, donnant directement sur l'extérieur par un escalier qui menait au chemin du port. La vue était belle avec la hauteur, entre nature et ville. Un lieu idéal pour se changer les idées. Norane et Mana évoluaient au milieu de tout ce monde, aidant au service. Les femmes se connaissaient et échangeaient parfois un petit clin d'œil.

« - Père, regardez, fit soudain Dragon, toujours aussi solennel, même en des circonstances détendues. On dirait qu'un messager remonte le chemin.

- Hum ? Ah oui ! Tiens, Luffy, va chercher !

- Garp, ce pourrait être important, le sermonna Dadan.

- Raison de plus, grommela le roi. Je responsabilise mon petit-fils adoré !

- J'y vais le vieux, shihihihi ! sourit le prince en partant d'un pas sauté.

- Le... Quand tu reviendras, je vais t'apprendre la vie ! » gronda Garp.

Cela déclencha un fou rire général, auquel tout le monde prit part, même ce coincé de prince héritier. Malgré la guerre au loin, malgré l'invasion des algues vertes, on savait garder le moral à Carm et continuer à espérer pour un avenir meilleur. Le roi regarda tous ceux qui étaient réunis dans la pièce pour partager un moment de convivialité et sourit. Que demander de plus sinon un peuple heureux ? Même s'il pleuvait, même si le programme avait changé, c'était une journée parfaite que rien ne viendrait gâcher.

Tout cela, il le pensait avant que le prince Luffy ne hurle.

C'était un cri où la douleur se joignait à un désespoir profond. Le genre de son que le prince Luffy n'avait jamais émis de toute sa vie. Tout le monde se retourna, surpris, vers l'escalier où se trouvaient le jeune homme et le messager. La pluie redoubla.

« Luffy ? Eh, qu'est ce qui ne va pas ? » s'inquiéta Garp, se redressant.

Le prince était en train de lire une lettre. Ses mains tremblaient avec violence, ses épaules tressautaient et sa respiration était irrégulière. Luffy gémissait, chose qui ne lui était jamais arrivé. Tout le monde se demandait ce que pouvait contenir la missive pour le mettre dans un tel état. Norane était désolée pour le jeune homme, sans comprendre la raison de sa peine et Mana observait la situation attentivement. Garp s'avança finalement vers son petit-fils, affichant un air étonné.

« - Luffy, vas-tu me dire ce qui se passe à la fin ?

- Ace, murmura l'adolescent. Ils... Ace... »

Il ne put rien ajouter d'autre. Un torrent de larmes se déversa sur son visage, à la surprise générale. Sans plus d'explication, le prince partit en courant sous la pluie, fou de douleur. Sans réfléchir, le chevalier Sanji partit à sa poursuite, car il était le plus proche du prince en ce moment. Pendant ce temps, Garp lut la fameuse missive. Les mots mirent son cœur en miette, le compressèrent et même un souverain aussi expérimenté que lui ne put retenir ses larmes.

« J'ai une bien triste nouvelle à vous annoncer » annonça-t-il, révélant avec déchirements comment c'était terminé le conflit.

Tout le royaume pleura avec lui. Norane songea à Ace qu'elle avait un peu connu et se réfugia dans les bras de Kidd. Mana serra très fort la main de Killer, inquiète pour l'avenir d'Oren. Ce merveilleux jour venait de se transformer en véritable enfer, même pour Carm.

Quand Sanji retrouva enfin Luffy, ce fut après une longue recherche dans le bois qui bordait le palais, sous la pluie. Le prince se trouvait au pied d'un arbre, recroquevillé sur lui-même comme un animal blessé. Il pleurait toutes les larmes de son corps et Sanji eut mal au cœur en le voyant ainsi. Le chevalier s'approcha doucement de lui, montrant une tendresse infinie pour ce jeune homme. Il n'était pas le premier à s'être pris d'affection pour le prince et à le considérer comme son petit frère. Luffy redressa la tête en le voyant arriver. Son air était misérable.

« - Sanji, souffla-t-il, et même un mot semblait une torture dans sa bouche.

- Tout va bien, mon prince, je suis là. Venez avec moi !

- Sanji... Ils ont... Ils ont tué Ace. Ace.

- Mon prince... Je suis tellement désolé, je sais à quel point vous l'adoriez. »

Le prince vint se lover dans les bras du chevalier et se remit à pleurer. La Jambe Noire ne le repoussa pas et l'attira tout contre lui. Peu importe qu'il pleuve, il ferait son devoir. Non pas son devoir de chevalier mais son devoir de grand-frère. Ace n'était plus là, Sanji ne se sentait pas à la hauteur pour prendre sa place mais il devait essayer de réconforter Luffy. La pluie continua pendant un long moment encore et les deux hommes restèrent ensemble à cet endroit presque aussi longtemps.

« - S'il vous plait, seigneur Crocodile, supplia encore la jeune reine Koala.

- Votre Altesse, je ne pense pas pouvoir faire quoi que ce soit.

- Je pense qu'au contraire, vous êtes le seul capable de m'aider.

- Ce n'est pas un manque de volonté, pourquoi pourrais-je aider le roi ?

- Parce qu'il vous écoutera. Sabo a toujours eu beaucoup de respect pour vous et... J'ai le sentiment que vous pouvez faire quelque chose. »

Le conseiller regarda la reine et soupira. Il ne pouvait plus reculer maintenant. Voilà des jours que le jeune roi restait enfermé dans sa chambre. Il ne souriait plus. Il ne mangeait plus. Il ne parlait plus. Il ne vivait plus. La cause ? Une lettre reçue quelques temps plus tôt. Le roi l'avait ouverte sans penser à mal et elle avait changé sa vie. Elle avait détruit une part de sa vie pour être exact. Sabo s'était effondré en hurlant de douleur. Des larmes avaient ravagé son visage. On avait tout tenté pour qu'il aille mieux mais personne ne trouvait grâce à ses yeux. Ni sa petite sœur, ni sa mère, ni même sa femme.

La perte d'Ace avait fait des dégâts que personne n'aurait pu prévoir. On savait que les deux hommes étaient liés mais personne n'avait songé à la profondeur de leur relation, jusqu'à ce que l'un des deux parte. De l'avis de ceux qui passaient le voir, Sabo devenait vide, petit à petit. Crocodile se demandait ce qu'il pourrait bien y faire, pendant que la jeune Koala l'emmenait dans les appartements royaux, par un dédale de couloirs qu'il connaissait par cœur. Le fils avait repris la chambre de son défunt père. Le chevalier se sentit mal à l'aise de revenir ici, là où feu Doflamingo lui avait montré à quel point il... Non, il ne voulait pas mettre de mot dessus.

« - Je ne pensais pas que la perte d'Ace affecterait autant Sabo.

- Personne ne le pensait, reine Koala. Peut-être même pas lui.

- Avant, il me parlait de ses projets avec... Hum, la guerre, c'est une belle connerie. »

Ils arrivèrent devant la porte et restèrent un moment devant, sans émettre un son. Le monde entier n'était que silence. Koala finit par introduire Crocodile dans la pièce puis le laissa seul. Elle devait probablement prier pour qu'il arrive à faire un miracle là où personne n'avait rien pu faire. Le conseiller s'avança vers la fenêtre et s'y appuya, se tournant vers le lit, se demandant ce qu'il était supposé faire. Le roi Sabo était là, assis sur son lit, le menton sur les genoux. Ses yeux se perdaient dans le vague, quelque part à l'horizon. Il semblait éteint. Un long moment gênant passa avant que le jeune souverain ne brise le silence.

« - Qu'est-ce que ça t'a fait, Crocodile ? demanda Sabo d'une voix éteinte. Quand tu l'as perdu. Tu tenais beaucoup à lui non ?

- Oui, répondit calmement le chevalier, sachant de quoi il parlait. Peu de gens l'appréciaient mais... Quand il est parti, j'ai senti un grand vide dans mon cœur.

- Pourquoi l'aimais-tu ? Il n'a jamais rien fait pour que tu l'apprécies.

- Je l'admirais. Dès la première fois où je l'ai vu, j'ai su que je voulais lui appartenir. Je ne voyais pas de plus grand honneur. Peu importe sa violence, sa cruauté ou ses autres défauts. Je me suis aveuglé moi-même. Je ne voulais pas voir la réalité. Mais même en sachant que je me mentais... Je n'ai jamais pu m'empêcher de l'aimer.

- Mon père t'a fait tant de mal pourtant.

- Doflamingo connaissait d'autres moyens que la douleur. Je comprends que vous serez un meilleur roi... Mais je n'aimerais jamais une autre personne.

- Tu sais, Crocodile, fit Sabo après un temps de réflexion, je crois que je comprends. Ce n'est pas pareil mais... Je considérais Ace comme mon frère et... On ne se voyait pas souvent mais nous étions liés. Si le prince Luffy était mon petit frère, le prince Ace était comme un jumeau perdu. J'avais tellement de projets. Je voulais lui rendre visite à nouveau, je voulais qu'il vienne me voir, lui et sa femme. Je voulais qu'on retourne à l'aventure, qu'on explore les terres mystérieuses, loin là-bas, dans le Sud. Je voulais... Je voulais...

- Vous vouliez qu'il vive.

- Oui. Qu'il vive et qu'il ne parte pas. »

Les larmes dévalèrent les joues du prince. Crocodile fit alors ce qu'il pensait ne plus jamais faire de sa vie. Il serra un homme dans ses bras. C'était interdit : il n'était qu'un conseiller et c'était un roi. Cela avait été interdit aussi du temps de Doflamingo. C'était toujours le cas mais cette fois, c'était différent. Le chevalier avait l'impression de tenir son enfant dans ses bras et le roi retrouvait dans son conseiller la douceur d'un père. En cet instant, chacun apportait à l'autre ce dont il avait cruellement manqué.

Le royaume des Sylves Dorées s'était refermé sur lui-même au retour de son armée. Tout s'était déroulé tellement vite aux yeux de la reine Tsuru. Ce n'était que maintenant qu'elle réalisait pleinement le vide qui s'était abattue sur son cœur. Ce n'était que maintenant qu'elle réalisait qu'elle venait d'enterrer son fils ainé.

« Sakazuki » murmura-t-elle.

Les appartements de son fils étaient déserts désormais et elle en sortit, refermant soigneusement la porte derrière elle. Tout lui semblait irréel. Son pays pouvait-il être victime d'une telle paralysie ? Cela paraissait difficile à croire. C'était comme un cauchemar dont elle ne s'était pas réveillée. Jamais. Tsuru avait toujours été une femme forte et elle sauvait très bien les apparences. Intérieurement, c'était plus dur, surtout avec l'organisation de ses journées.

Celle-ci avait commencé par une entrevue avec le roi et le prince Borsalino, le nouvel héritier. Le deuxième fils de Tsuru semblait déboussolé par son nouveau statut, car il n'avait jamais envisagé prendre la place de Sakazuki. Personne ne pouvait prendre la place de Sakazuki de toute façon. Il faisait pourtant de son mieux. Sengoku et Borsalino discutaient beaucoup, sur des sujets comme la reconstruction d'une armée, l'évolution des relations commerciales ou encore l'état des ressources. Un malaise constant régnait pourtant. Il manquait un prince et ses conseils avisés. Borsalino ne parvenait pas à pallier à ce manque. Depuis son retour de la guerre, Sengoku paraissait plus vieux que jamais. Le poids des années l'avait touché de plein fouet, avec le deuil de son premier enfant.

« J'aurais dû mourir à sa place. »

Il n'y avait rien à répondre à cela, elle le savait bien. Ensuite, après cette entrevue, la reine se rendait à une cérémonie de fin d'été, portant sur le dieu Sunny. Tsuru n'avait pas envie de s'y rendre mais elle le faisait pour le moral du peuple, ni plus ni moins. Elle eut la surprise de retrouver la dame Hina et son fils, Kobby. Les regarder était difficile, tant la tristesse était apparente sur leurs visages. La femme de Sakazuki l'avait beaucoup aimé et son fils avait eu tellement d'admiration pour son père. Quelle tristesse de se dire que Sakazuki ne verrait pas les fiançailles de son enfant avec la petite Rika.

« - Vous avez repris des couleurs, nota Tsuru avec sa bienveillance habituelle.

- Merci, ma reine, s'inclina Hina. Ce n'est pas... Pas facile.

- Et pour toi, Kobby, je me réjouis que tu te fiances à la petite Rika.

- J'aurais aimé que mon père voit cela... Mais ce sera une bonne nouvelle. »

Il sourit légèrement et elle lui répondit avec tendresse. Ce jeune homme était l'avenir. Sa place en ligne de succession venait de prendre un coup mais s'il était toujours capable de sourire ainsi, c'est qu'il y avait beaucoup de force en lui.

Pendant le reste de la cérémonie qui se déroula sans grande joie, elle pensa aussi à Tashigi, la bâtarde de Sakazuki, ou plutôt d'Hina. Tsuru avait vu la jeune demoiselle, sous la protection du chevalier Smoker. L'ancien prince héritier n'avait pas été tendre avec elle et n'avait même aucun lien de sang, pourtant, la demoiselle l'avait sincèrement regretté et l'avait même pleuré. Pour Tsuru, la bâtardise ne permettait pas de juger la valeur d'une personne. L'hommage à Sunny rendu par Marie-Joie ne fut pas aussi heureux que d'habitude mais ne manqua pas de charme. Le dieu le méritait sans doute.

Pour conclure son programme, Tsuru se rendit auprès de son fils. Pas Borsalino cette fois mais Kuzan. Le plus jeune de ses enfants avait vécu la guerre plus mal que quiconque dans les Sylves Dorées. Lui qui habituellement faisait preuve d'une nonchalance extraordinaire, voilà qu'il était devenu froid et son visage affichait toujours cet air dévasté qui tranchait tant avec sa personnalité. Le prince n'avait pratiquement pas quitté ses appartements depuis son retour de la plaine du One Piece. Quand la reine retrouva son fils, il était au même endroit que la veille, appuyé sur la fenêtre à broyer du noir.

« - Tu sais Kuzan, ton frère était vraiment différent quand il était petit. Toujours souriant, beaucoup plus ouvert que quand il a grandi. Je ne sais pas ce qui l'a changé.

- Le poids des responsabilités et son sérieux naturel sans doute.

- S'il y a une chose dont je me souviens, c'est son sourire quand il a eu ses petits-frères. Toi et Borsalino, il vous aimait tant. Sakazuki était si protecteur avec vous.

- Je sais, mère. Il n'a jamais cessé de l'être, à sa manière.

- C'était un bonheur pour moi d'avoir des enfants liés, même si ça ne se voyait pas tant que cela. Parfois, on aurait dit que vous vous détestiez.

- Oui... Mais celui qui occupe mes pensées actuellement n'est pas mon grand-frère, même si... Même s'il est toujours dans un coin de ma tête.

- Tu penses encore au prince Ace ? Tu te sens coupable ?

- Je l'ai assassiné avec ma magie sous le coup de l'émotion. Je revois encore son visage, la souffrance dans ses yeux. Je n'avais pas le droit.

- Avait-il le droit lui de tuer Sakazuki dans un accès de rage avec sa magie ?

- Sakazuki devait-il tuer le roi d'Ardent Roger ?

- Mon fils, tes questions n'ont pas de fin, ni même de réponse. Les choses sont ainsi, il faut les accepter, voilà tout. Tu as compris ?

- Qui est derrière cette guerre ? Qui a lancé l'engrenage ?

- Tu le sais, Kuzan. Tout le monde et personne. D'ailleurs... Une autre personne est morte à Ardent. C'est une mauvaise année pour ce royaume.

- Une autre personne ? Qui ?

- Le père de Roger, l'ancien roi. Le seigneur Brook. Il n'est plus. »

Kuzan regarda sa mère avec surprise. Le vieux Brook était mort. Comment avait-on pu laisser les choses dérivées ainsi ? Y avait-il une limite à ce désastre ?

Les cloches sonnaient dans toute la ville de Batérilla mais cette fois, ce n'était pas par joie. Pas de mariage. Pas de naissance. L'armée en lambeaux revenait à la capitale. Normalement, Saphir, Brook et Marco auraient dû guetter leur retour tous les trois, à la porte principale de la ville. Seulement, rien n'avait pu être aussi simple. Le chevalier Invincible se tenait à ce poste, seul au milieu de la foule. Saphir attendait dans la cour du palais.

Que s'était-il passé pour que les événements se déroulent ainsi ?

La grossesse de Saphir la fatiguait, mais ce n'était pas la raison pour laquelle s'éloigner du palais était difficile. Il fallait l'admettre, elle n'était pas bien depuis la mort de Brook, quelques jours plus tôt. Tout cela à cause d'une lettre. La princesse et le grand-père de son fiancé discutaient paisiblement dans un salon avec terrasse quand le messager était arrivé. C'était un message du front. Les deux ouvrirent aussitôt l'enveloppe pour lire son contenu. Ils découvrirent les mots en même temps. Ils apprirent en même temps la fin du conflit. Ils surent en même temps que le roi Roger et le prince Ace avaient perdu la vie. Saphir se vida à ce moment de toute émotion, trop choquée. Elle se réfugia au fond d'elle-même, là où rien ne pouvait l'atteindre. La princesse avait rêvé d'Ace quelques nuits plus tôt, elle avait su alors qu'il ne reviendrait pas. Encore un rêve prémonitoire. Sa douleur n'était pas moins réelle mais sur le coup, Saphir la cacha admirablement bien.

Ce ne fut pas le cas de Brook.

« Non... Non, s'il vous plait... Pas eux... Oh dieu, pas les deux ! »

Le vieil homme venait de perdre son fils et son petit-fils en même temps. Saphir l'avait toujours connu comme une personne adorable, calme, posée, prévisible. Le Brook qu'elle avait devant ses yeux n'était capable que d'éprouver de la détresse. Ses mains lâchèrent la lettre, ses yeux se brouillèrent sous les larmes et tandis qu'il se relevait, la main sur le cœur, sa respiration se fit irrégulière, prisonnière de sa tristesse. Aurait-elle pu prévoir la suite ? Non.

« Je ne peux plus... Je ne peux plus... Vivre. »

Ce fut ces derniers mots. Saphir n'eut le temps de rien faire, sinon de tendre le bras quand il se précipita vers la terrasse. Au bout de son majeur tendu, elle vit l'ancien roi d'Ardent se jeter délibérément par le balcon dans un cri d'agonie. On retrouva son corps sur les pavés, dans une mare de sang. Il n'avait pas pu supporter tant de douleur et avait préféré mettre fin à sa vie. Cette image devait hanter la princesse Saphir, voilà pourquoi elle avait décidé de ne pas aller jusqu'à l'entrée de la ville. La jeune femme se sentait vide et seul le petit être qui grandissait en elle lui permettait de se raccrocher à la vie. Pour le reste, elle se murait dans un silence profond et inquiétant.

Pour Marco, c'était différent. Pour cause, il n'avait pas lu la lettre. Il n'avait pas voulu la lire en réalité. Il n'avait pas écouté ce qui se disait non plus et s'était tenu éloigné de Saphir. Il ne voulait pas savoir. Le phénix savait pourtant que le roi Roger était mort, la rumeur s'était répandue bien trop vite. Le prince Ace en revanche, il ne savait pas. Marco avait terriblement peur de savoir. Sur son étalon blanc, l'homme vivait dans l'impatience la plus grande. Sa lèvre saignait à force d'avoir été mordue.

« Pas Ace, je vous en prie. Pas Ace. »

Les premiers à entrer dans la ville furent son père, ses frères et ceux qui portaient le corps de Roger. Le roi était allongé, l'air paisible, portant une belle armure et ses meilleures armes. Même la mort ne parvenait pas à cacher sa grandeur. La foule jetait des fleurs sur son passage et le pleurait avec sincérité car il avait toujours été bon avec le peuple. Satch et Vista sourirent tristement à Marco avant que la premier ne saute dans les bras de Viola qui l'attendait. En revanche, Edward adressa à son ainé un regard profond avant de détourner la tête. Marco se sentit très mal.

Le cortège de guerriers en mauvais état continua. Le chef de la garde de Baterilla les reconnut tous. Il vit Law, un bras cassé, rejoindre Sasha et la serrer avec son bras encore valide tandis qu'elle pleurait à chaudes larmes. L'éclair bleu arriva à son tour, d'une démarche boiteuse, et c'est l'échanson Antonio qui se précipita sur elle, heureux de la retrouver. Tout n'était pas perdu dans cet enfer, il restait encore un peu de joie et d'espoir, aussi ténu soient-ils.

C'est alors que vint le deuxième corps.

Marco eut l'impression que le temps s'arrêtait lorsqu'il découvrir Ace. Le prince était pâle mais sa bouche s'étirait en une forme de sourire. Ses boucles brunes étaient magnifiques, son armure lui allait comme un gant et un parfum de rose s'élevait dans l'air. Pour un peu, on aurait oublié qu'il ne se réveillerait jamais. Même dans son dernier sommeil, Ace était beau comme un dieu. Le Phénix ne se contrôlait plus quand il s'approcha du corps. Sa main toucha celle du prince et il ne put rien faire d'autre. Son âme mourrait lentement à petit feu. Il avait tant aimé Ace, alors pourquoi ? Tout le reste lui sembla futile. Il avait été amoureux d'un être divin, qui avait partagé son amour dans une époque qui ressemblait au paradis. Et maintenant ? La descente aux enfers commençait.

L'enterrement n'apporta que davantage de tristesse à Baterilla. Ce fut un passage horrible pour tout le monde, empli de pleurs, de douleurs et de regrets. Inutile de s'étendre là-dessus. Ce n'est pas là que les événements recommencèrent à se bousculer.

Ce qu'on devait appeler la lente agonie d'Ardent commença deux jours plus tard.

Saphir se trouvait dans un petit salon, en proie à un grand désespoir. Elle ne savait plus quoi faire de sa vie, même si paradoxalement, la réponse était évidente. Maintenant, elle était avec son enfant à naître la dernière représentante de la famille Gold. Elle devait se relever et reprendre en mains ce pays, pour faire honneur à l'ancien roi et à son prince. Comment ? Saphir n'en avait pas la moindre idée.

« Tu verras, murmurait-elle en caressant son ventre. Je serai une reine dont tu pourras être fière. Je te protègerai. Je veillerais sur ton royaume jusqu'à ce que tu sois assez grand. Tout ira très bien... Même si ton père ne sera pas là pour le voir. »

C'est alors que Marco entra, sans frapper. Ce n'était pas dans ses habitudes de se montrer aussi impoli. Saphir remarqua aussitôt qu'il ne portait pas une armure de chevalier mais une tenue digne d'un prince. Pourquoi ce changement ? Un frisson la parcourut sans raison. En regardant le visage du phénix, elle y lut un dégoût, un air froid qu'elle ne lui connaissait pas. Sans un mot, il s'assit face à elle, la dévisageant de son regard perçant. Quelque chose semblait avoir changé en lui. En bien ou en mal, la fille de Kalgara allait bientôt le savoir.

« - Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas vu, chevalier, déclara-t-elle d'une voix distante, sans savoir pourquoi elle ne se montrait pas plus gentille.

- En effet. Je suis venu réparer cette erreur, princesse Saphir.

- Il me semble que désormais, le terme reine conviendrait mieux.

- Ah, un malentendu... Je crois que nous devons discuter.

- Oui, vous avez des choses à me dire, chevalier Marco.

- Ce sera prince Marco désormais, princesse Saphir... Ma future épouse. »

Au loin dans son âme, quelque chose se brisa.

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