Parfum de romance
« Alors tu comptes nous quitter bientôt ? »
Garp soupira devant l'accusation de Roger et se retourna vers lui. Ces derniers temps, le roi des rois avait l'air d'avoir rajeuni de dix ans, voire plus et il redevenait le fougueux guerrier de sa jeunesse. Cette transformation miraculeuse avait commencé avec le mariage de son fils et s'était accentuée depuis qu'il avait appris qu'il allait être grand-père, événement qui arriverait au début de l'automne prochain. Le printemps s'épanouissait tranquillement, porteur d'une douce chaleur. L'époque de la chasse n'allait pas tarder à revenir non plus. Garp songeait que chasser dans les bois de Baterilla devait être intéressant, même s'il se sentait vieillir. Cela, il ne l'admettrait jamais devant personne.
« - Oui, c'est vrai. Ne le prends pas mal mais mon île de Carm commence à me manquer cruellement. J'aime Ardent mais ce n'est pas mon chez-moi.
- Tu peux rester un peu plus si tu veux, l'encouragea Roger. Dis-toi que ce sont des moments de repos, et qu'une fois qu'ils seront partis, tu seras bien en peine.
- Ces moments de repos comme tu dis, ils n'ont que trop duré. Je suis désolée mais malheureusement, ce n'est plus possible. Des affaires m'attendent là-bas.
- Ton fils Dragon peut s'en charger. Il est le prince et il sait tout faire.
- Certes mais j'ai reçu un courrier de lui récemment. Il y a des affaires que je dois régler moi-même car c'est une question de statut... Nous n'y pouvons rien.
- Confère lui des pouvoirs, dis-lui quoi faire dans tes lettres. Il y a bien un moyen...
- Là, je vois que tu veux me retenir, mon cher Roger, rit Garp, pas tellement amusé. Pourquoi ne pas vouloir me laisser rentrer chez moi ?
- C'est-à-dire que... Tu promets de le garder pour toi ?
- Bien sûr, tu me connais depuis le temps. Parle, roi des rois.
- Eh bien voilà. Le royaume de Sipango et celui des Sylves Dorées n'ont pas l'air décidé à rentrer chez eux et... Je ne peux pas les chasser car j'ai promis de leur offrir l'hospitalité aussi longtemps que durerait leur séjour et...
- En clair, tu veux que je reste car tu ne veux pas rester seul avec le sournois Doflamingo d'un côté et ton ennemi naturel Sengoku de l'autre ?
- La situation est bien résumée. Plus sérieusement, je ne me sens pas capable de leur survivre. Surtout pas aux deux en même temps. Par pitié, Garp. Tu ne laisserais pas un vieil ami dans la panade quand même... N'est-ce pas ? »
Garp soupira car à présent, il allait devenir compliqué de refuser sans se compromettre. Avoir une amitié avec le roi des rois, même si cela paraissait pratique sur bien des aspects, c'était tout sauf simple. Il n'y avait pas le droit de réaliser certains écarts et Roger possédait tous les pouvoirs. Tous. Rester neutre, c'était compliqué et Garp s'en était bien sorti jusqu'à présent, mais ces derniers temps, le roi de Cam semblait devoir choisir un camp. Voilà pourquoi il espérait quitter au plus vite ce royaume trop chaud avec les siens. Visiblement, c'était raté. Aucune pirouette ne pourrait le dégager de là. Sans se retenir, il soupira profondément. Sengoku et Roger lui menaient la vie dure ces derniers temps. Sans parler de Norane, mais c'était une autre histoire.
« - Je suppose que je n'ai pas vraiment le choix, mon ami.
- Alors, c'est vrai ? Tu ne me laisseras pas seul avec ces deux énergumènes à gérer ?
- Non. Sinon, un autre énergumène va entrer dans la danse.
- Ah, voilà bien des façons de parler du roi des rois, Garp !
- La politesse n'a jamais été ma tasse de thé, je n'y peux rien. Je resterais dans ce cas... Uniquement jusqu'à ce que l'un des deux parte. Je ne peux pas promettre plus.
- C'est déjà largement assez. Oh, comme je prie pour que ce soit les Sylves Dorées qui partent en premier ! Le flamant, je devrais pouvoir le gérer sans problème.
- Il ne faut pas trop y compter. Sengoku voudra profiter de sa présence dans ton royaume autant qu'il lui sera possible de le faire. Même s'il doit rester plus d'une année...
- J'imagine que je n'ai pas trop le choix alors. Tant pis. Je l'emmènerai chasser, quand le gibier le permettra. Pour Ardent, la saison de la chasse démarre toujours plus tard.
- Hum, je l'avais oublié. J'espérais pouvoir courir la biche avec toi.
- Dadan souhaitait peut-être rentrer. Elle ne va pas trop râler ?
- Oh non. Enfin si, mais j'y suis habituée, donc tout ira bien. Mon petit-fils au moins sera heureux. Luffy est fou du prince Ace... Et du prince Sabo.
- Mon fils adore Luffy, sourit Roger affectueusement. Rouge dit toujours qu'eux deux et Sabo ont dû être frère dans une autre vie ou quelque chose comme cela.
- Je vais commencer à songer à son mariage, déclara Garp sur un ton conspirateur.
- Haha, très bien. Tu m'inviteras quand l'événement aura lieu j'espère ?
- Rassure-toi, ce sera une fête immense. Surtout que la prétendante est techniquement déjà choisie.
- Est-ce que je connais l'heureuse élue ?
- Il s'agit de la fille du chevalier Drake, une certaine Nami. Rien que tu connaisses j'imagine.
- Effectivement. Mais je lui souhaite bien du bonheur, à ton petit prince.
- C'est gentil. Pour toi, la question est réglée. Ton Ace est casé et tu vas enfin être grand-père, comme moi ! Tu verras, c'est un dur métier.
- Je pense que ce métier me plaira. Peu importe que ce soit une fille ou un garçon, je l'aimerai de tout mon cœur de vieux roi.
- Le petit bout sera sûr d'être apprécié en venant au monde. Les parents vont bien ?
- Ace ne réalise pas très bien, même s'il est content. Saphir va bien aussi, le docteur Hiluluk la voit régulièrement et dit qu'il n'y aura pas de problème si sa grossesse se poursuit ainsi.
- C'est tout le bien qu'on peut lui souhaiter, à cette princesse.
- Après les moments durs qu'elle a passés, j'espère que la maternité va lui redonner le sourire. Je suis heureuse qu'elle soit ma belle-fille.
- Tu peux. Tu aurais difficilement pu trouver mieux pour ton fils. En parlant de mariage, il parait que ce bon vieux Edward cherche quelqu'un pour son ainé ?
- Oui. Après tout, vu la qualité de Marco, il faut assurer la suite !
- Et alors ? Je suppose qu'il y a foule au balcon pour l'invincible...
- Oui... Mais Edward refoule tout le monde. Je vais finir par croire qu'il cherche une princesse ou que son fils est particulièrement difficile.
- Peut-être qu'il n'est simplement pas intéressé par les femmes.
- J'en ai déjà parlé à Ace et je sais que ce n'est pas cette théorie-là. Si ça continue, le second fils sera marié avant... Et à un bien meilleur parti...
- Le second fils... Un chevalier de mémoire, mais je ne vois pas du tout qui...
- Un certain Satch le tombeur. Il visait haut mais je crois qu'il y arrivera, le fourbe. »
Ils continuèrent de discuter un long moment entre amis. Garp apprécia même s'il restait méfiant, malgré la franchise et le naturel affichés. Si Roger était son ami, le roi des rois n'était hélas jamais loin et il ne fallait l'oublier à aucun prix. Dans un petit coin, Borata soupira de soulagement, en songeant qu'elle aurait encore un peu plus de temps avec Killer. Il faudrait qu'elle accélère son plan pour pouvoir partir avec la délégation de Carm.
Satch se regarda une dernière fois dans le miroir. Il était parfait. Ses cheveux formant d'habitude une banane se retrouvaient cette fois plutôt plaqués en arrière. Il fallait reconnaitre que cela lui allait mieux. Même s'il était un chevalier issu de la noblesse, ses habits n'avaient pas été choisis au hasard. Il portait un haut de satin violet, avec des broderies détaillées d'un vert légèrement bleuté qui rappelait la couleur de son pantalon. Oublié le chevalier ici, c'était le noble qui transpirait. Pour recouvrir tout cela, il avait mis une large cape de voyage en tissu doux et fin. Avec son baluchon sur l'épaule, le miroir lui renvoyait une image qui avait vraiment une fière allure.
« Ce costume ne sera réellement utile que dans quelques jours, quand j'arriverai au palais du Désert Argenté, devant la belle princesse Violet. »
Son cœur battit plus vite tandis qu'il rangeait son beau costume dans une petite malle, pour ensuite remettre des vêtements plus simples, plus agréables pour voyager. La nuit n'était pas encore terminée mas il avait l'intention de partir avant l'aube. Il ne pouvait plus attendre et la veille au soir, son père, Edward le géant, avait donné son accord. Son petit frère, Vista, avait même accepté d'aller à sa place à la ronde de l'aurore avec les autres chevaliers. Il devait dormir en attendant.
« Allez Satch. Tu es prêt maintenant. C'est parti. »
Il se sentait grandir tandis qu'il traversait l'aile du château où il résidait. Oh, être le fils d'Edward avait ses avantages et il ne crachait pas dessus. Cela lui donnait le droit de prétendre à la main d'une demoiselle de haute naissance, une princesse même, tant qu'elle n'était pas héritière directe bien sûr. Ce qui était le cas de l'aimé de Satch et il allait la chercher. Enfin.
« Princesse Violet, répéta-t-il. Enfin, après tant d'années. »
Tant d'années, c'était peut-être exagéré mais presque. Lors d'une visite de la délégation du Désert Argenté, il y a bien longtemps, ses yeux s'étaient posés sur la jolie princesse Violet et son cœur lui avait appartenu immédiatement, même s'il se montrait dragueur. Dans un élan de courage, il lui avait envoyé une lettre. L'inattendu s'était produit : elle lui avait répondu. Pendant un long moment, ils s'étaient parlé par échange de lettres, nouant un lien très fort. Pourtant, quand elle était venue pour le mariage du prince Ace, elle n'avait pas osé l'aborder, ne lui adressant que des signes de loin... mais lui envoyant quand même des petits messages manuscrits. Par la suite, leurs écrits s'étaient montrés plus direct et elle lui avait fait comprendre clairement qu'il devait venir la chercher. Le célibat pesait sur eux depuis trop longtemps pour l'ignorer. Satch sortit dans une cour encore éclairée par la lueur des torches qui s'agitaient légèrement sous le vent. Un bon moment pour partir.
« Alors tu t'en vas sans me dire au revoir, mon frère ? »
Satch se retourna et découvrit Marco. Son ainé était déjà en armure, l'air frais malgré l'heure. En le regardant, on se demandait pourquoi il ne s'était jamais marié car sa beauté, sa valeur et sa gentillesse n'étaient plus à prouver. L'invincible semblait n'attendre qu'une belle fleur dans sa vie. Son frère n'ignorait pas pourtant que Marco était tout le temps débordé par son travail, qu'il ne se voyait pas s'occuper de quelqu'un en plus de ses responsabilités, ni pouvoir prendre le temps de fonder une famille et que de toute façon, il n'avait jamais rencontré quelqu'un lui plaisant. Une bien triste histoire.
« - J'ai eu l'accord de père pour partir dès aujourd'hui alors... J'avais vraiment trop hâte pour attendre. Quitte à passer pour un impoli.
- Ne t'inquiète pas, je peux comprendre. Même si cela paraît fou venant de moi.
- Oh, peut-être pas tant que ça. Tu as bien dû avoir des aventures avec ton succès naturel.
- Certaines, sourit le phénix. Mais rien de bien durable pourtant, j'en ai peur.
- Tu trouveras, mon frère. Peut-être est-elle sous ton nez et que tu ne l'as pas vu.
- Sans doute, répondit Marco, avec un air qui laissait entendre que cette phrase avait beaucoup de sens pour lui. Mais revenons à toi. Tu ne vises pas n'importe qui. La princesse Violet.
- On ne choisit pas ses sentiments, j'imagine... Mais elle me plait beaucoup... Et je lui... Enfin...
- Et tu lui plais aussi. C'est adorable de te voir aussi timide, tu sais ?
- Vas-y, fous-toi de moi. Quand je reviendrais avec elle, ce sera différent.
- Ha ha. Ramène-la vite alors, qu'elle puisse intégrer notre famille. Tu as déjà réservé un bateau pour le Désert Argenté j'espère ? Il n'y en a pas tant que cela à la saison...
- Père a déjà envoyé une lettre. Il savait que je voudrais partir immédiatement.
- Quelle anticipation. Tout va très bien pour toi alors. Dans combien de temps reviens-tu ?
- J'espère ne pas être absent plus de deux mois.
- On se revoit donc au début de l'été au plus tard, si je compte bien.
- Exactement. Je dirais bien que vous allez me manquer mais je n'aurais pas le temps. Ah, le stress revient, c'est terrible, trembla-t-il.
- Toi, stressé ? Mais de quoi ? s'étonna Marco.
- Si jamais la famille, refusait, exposa le tombeur. Oh, ce serait affreux...
- Ne pense pas à ça. Tu es très bien, Satch, tu es un grand chevalier et tu viens d'une famille à la bonne réputation. Ils ne vont rien te demander de plus. Maintenant, file avant que je décide de retenir mon petit frère !
- Tu as raison, mon vieux. On se revoit bientôt, mon frère. Et je ne serais plus célibataire.
- Moi non plus je ne serais sans doute plus célibataire prochainement » murmura l'invincible, tandis que son cadet s'éloignait en sautillant presque.
Ce détail ne concernait personne pour le moment de toute façon. Alors que le jour n'était même pas levé, Satch partit sur les routes à cheval, impatient d'obtenir la main de Violet. Pendant ce temps, dans la maison du Loup, Sasha profitait des derniers moments de la nuit avec Law. Antonio se levait pour commencer son service, tandis que Crystal avait encore le temps devant elle car elle avait assuré la ronde du milieu de la nuit. Saphir n'arrivait plus à dormir et observait Ace tranquillement. Alana rêvait qu'elle devenait chevalier, dormant près du lit de son maître. Chacun suivait son propre chemin, sans savoir ce qui allait se passer le lendemain.
« - Je vais rester m'occuper des selles si tu veux, proposa Norane, armée de savon et d'une éponge. Comme ça, si tu veux, tu peux aller voir si les capes de nos chevaliers sont prêtes chez le couturier. Je crois que tu voulais passer en ville...
- Je veux bien, approuva Sanji. J'avais une... Course à faire aussi...
- Dis plutôt que tu voudrais admirer Nami qui essaie des nouvelles robes, se moqua-t-elle gentiment. Chez ce même couturier, bizarrement.
- Ah, je suis démasqué, rit-il avec sincérité.
- J'ai bien réussi avec le grand-frère, pourquoi tu n'aurais pas la petite sœur ? commença-t-elle, avant de se rendre compte de ce qu'elle disait. Oh non, je suis désolée, je...
- Ce n'est pas grave, répondit-il en souriant, mais c'était un sourire triste. Je peux me trouver en sa compagnie parfois et je suis l'écuyer de son père, c'est déjà beaucoup.
- Oui, j'imagine. Bon, en prime, je ferais les mors aussi et les filets. File !
- Merci, Norane, à charge de revanche » lui lança-t-il avec bonne humeur.
Le jeune homme partit en courant dans les rues de Baterilla. Depuis toujours, il était sportif et ne perdait jamais une occasion de le démontrer. Cela l'aiderait à devenir chevalier plus tard, il en était intimement persuadé et en soit, il n'avait pas tort. Drake lui avait appris qu'un chevalier devait toujours prendre soin de sa forme physique, pour être au meilleur de sa forme à chaque instant et ne jamais se laisser surprendre. Il avait pris ce conseil très au sérieux, même au niveau alimentaire. Le blond était devenu un cuistot émérite et les chevaliers de Carm s'intéressaient de près à ce talent.
« J'ai bien choisi mon écuyer, avait souri Drake. Zeff peut être fier de toi. »
Cette pensée donna, comme toujours, des ailes à Sanji. Il savait qu'il était sur la bonne voie pour devenir chevalier, il fallait faire preuve de patience et s'entraîner, encore et encore. Comment l'appellerait-on une fois qu'il aurait atteint le titre tant convoité ? Des idées de noms lui venaient mais il savait que c'était le public qui choisirait de toute façon et qu'il n'avait pas son mot à dire. Quelque chose du niveau de son maître, qu'on avait baptisé le Pourfendeur, lui plairait bien. Perdu dans ses rêves, il faillit rater la route et se reprit bien vite.
« L'aiguille de satin » lut-il en arrivant devant la boutique.
Une petite clochette sonna tandis qu'il entrait dans le magasin, surchargé de tissus, de bobines de fil et de perles. Le paradis de la couture probablement. Quatre personnes se tenaient là : le couturier, un certain Leo, ainsi que son assistante, une jolie demoiselle du nom de Manshelly, en plus de deux clientes. Savoir qu'une d'entre elles était là avait particulièrement motivé Sanji à venir. Il y avait la femme de Drake, la fière Belmer, et sa fille, Nami, essayant une robe d'un tissu orangé soyeux. Le blond ne put s'empêcher de l'admirer. Depuis des années, il était fou d'elle mais malheureusement, elle ne serait jamais pour lui. Un autre la possédait. Son estomac se noua à cette idée.
« - Dame Belmer, Demoiselle Nami, s'inclina l'écuyer par réflexe. Manshelly, ajouta-t-il.
- Qu'est-ce que je peux faire pour toi, Sanji ? demanda Leo, qui commençait à bien le connaître à présent.
- Bonjour Leo. Je suis venu voir l'état des capes pour les chevaliers de Carm. Nous en avions commandé une bonne dizaine avec les insignes de chacun.
- Hum, je n'ai pas tout fini, mais je peux toujours te donner ce que j'ai fait. Viens Manshelly, elles sont lourdes, tu vas devoir m'aider. Je vous prie de m'excuser, mesdames.
- Ce n'est rien, assura Belmer. Les chevaliers n'attendent pas.
- Nous ne serons pas long, promis l'assistante, alors qu'ils disparaissaient dans la réserve.
- Tu fais des commissions, Sanji ? demanda Nami d'une voix qui fit frémir le jeune homme.
- Oui, tout à fait. Si je veux devenir chevalier, il faut bien passer par-là.
- Drake avait l'air content de toi, et mon mari est plutôt du genre avare en compliment. Tu auras une bonne situation plus tard, Sanji. Continue ainsi.
- Merci, madame, s'inclina-t-il, heureux d'être complimenté devant l'élu de son cœur. Un bal aurait-il lieu bientôt pour que vous achetiez une robe si belle ?
- Ce n'est pas exactement un bal, sourit Belmer, et Nami eut l'air embarrassé. C'est une tenue pour ses fiançailles avec le prince. Elles devraient arriver bientôt, officiellement parlant. Peut-être même tant que nous serons encore à Ardent. »
Sanji hocha la tête et essaya de calmer sa fureur. Luffy était son prince et aussi un ami. En ce sens, il l'adorait. Sur le plan sentimental, en revanche, les choses étaient bien différentes. Nami avait été promise à Luffy il y a quelques temps et cela avait plongé le jeune écuyer dans une déprime profonde. Il n'y avait rien à faire pour lutter contre un prince, surtout pas pour un type comme lui. Il ne savait pas si cela plaisait à la rousse ou non. Elle appréciait Luffy mais ne parlait jamais du fait qu'il était son fiancé. En la regardant actuellement, un grand malaise émanait d'elle. Comment l'interpréter ? Il n'en eut pas le temps car la porte s'ouvrit à la volée et le jeune prince de Carm entra. Le hasard est étrange.
« - Oï, Berlmer, Sanji, Nami ! s'exclama-t-il avec son impolitesse habituelle.
- Prince Luffy, s'inclina tout le monde, n'oubliant jamais son statut de deuxième sur la liste de succession du trône, derrière son père Dragon.
- Ta robe a la couleur de la mandarine, Nami, lança le prince. C'est ton fruit préféré non ?
- Oui, reconnut-elle, en lui souriant tendrement avant de tendre ses bras vers lui, en invitation évidente. Vous l'avez retenu, mon prince.
- Je ne vais pas oublier ce genre de détails, rit-il en la prenant par la main. Grand-père dit que nous devons nous marier, bientôt. C'est vrai ?
- Selon ton bon plaisir, oui, assura la rouquine, jouant avec ses doigts dans les siens.
- Je ne sais même pas ce que c'est un mariage...
- Sanji, s'exclama Leo en revenant, voilà les capes. Il y en a six pour le moment, je ferais les autres au plus vite. Tu vas pouvoir tout porter ?
- Euh... Oui, s'empressa de répondre l'écuyer, détachant ses yeux de Nami. Je vais y arriver, ce n'est pas un problème. Merci Leo. Je vous souhaite à tous une bonne journée, s'inclina-t-il, avant de prendre les lourdes capes et de s'en retourner vers les quartiers de Carm.
- A bientôt, Sanji ! » s'exclama Luffy avec sa bonne humeur habituelle.
Sur le chemin du retour, Sanji marchait calmement. Il se forçait à brider la jalousie qui bouillonnait en lui et menaçait de l'étouffer. Ce n'était la faute de personne si Nami était la prétendante la plus acceptable pour Luffy à Carm. Ce n'était la faute de personne si l'écuyer était tombé amoureux de la rousse. Hélas, son amour était voué à l'échec. De toute façon, il n'était sans doute pas partagé. Si la fille de Drake appréciait sa compagnie, elle n'avait jamais montré plus de sentiments à son égard. Sans doute n'y avait-il rien de plus à attendre venant de la sœur de Kidd.
Sabo regardait calmement par la terrasse du palais de Sipango, depuis les appartements du roi. La terrasse était assez haute et assez avancée, ce qui en faisait un lieu idéal pour espionner la rue passante. Malgré la foule en contrebas, l'endroit était assez calme et on voyait la végétation d'un jardin tout proche. Au final, cela ressemblait beaucoup à l'ambiance de l'archipel de Sipango, odeurs d'épices incluses. Sabo appréciait son royaume. Malheureusement, il appréciait moins son père. Ce dernier l'avait invité à boire en sa compagnie un thé parfumé à l'amande grillée. Tandis que son fils se tenait debout sur la terrasse, n'ayant pas touché à son verre, le roi se prélassait sur des coussins multicolores, sirotant paisiblement sa boisson. Si Sabo était habillé d'un costume digne d'un prince d'Ardent, Doflamingo était vêtu à la mode de Sipango, dans de grandes soieries colorées dévoilant largement son torse et avec de nombreux bijoux en or, symbole de sa richesse.
« - Viens t'asseoir un peu avec moi, Sabo. Le thé va refroidir.
- Oui, père, fit le prince à contrecœur, en s'asseyant en face de son paternel, non pas sur des coussins mais sur une petite chaise en bois, inconfortable au possible.
- Tu voulais me parler, je crois, ronronna le roi. Je t'écoute, mon fils.
- Comme vous le savez père, il est prévu que j'épouse... Une fille des Sylves Dorées, n'est-ce pas ? Rika, la fille d'un chevalier...
- C'était une idée oui, mais elle n'est pas de très haute naissance. Cependant, il est compliqué de trouver d'autres filles à ce niveau et... Hum... Les princesses de ton âge ou en dessous présentant un intérêt ne courent pas les rues.
- Il y a celle de la Fée aux perles, bien qu'elle ne m'intéresse pas.
- Tout le monde veut des accords commerciaux avec la fée aux perles. Personne ne veut de mariage. Du côté du désert argenté, la seule envisageable est plus vieille que toi.
- Au final, vous n'avez pas de prétention particulière pour moi...
- Non, en effet. Pour ta sœur en revanche... En vérité, c'est plutôt elle que nous voulions allier aux Sylves Dorées. Le prince Koby représente un bon parti.
- En clair, vous ne vous souciez pas de votre héritier direct ? demanda Sabo, cachant difficilement l'espoir qui transpirait dans sa voix.
- Sugar ne devait pas être lié à Ardent au départ ? Avec Ace ?
- Bien sûr mais tu sais ce qu'il en est. Le Lion Blanc nous a doublé. Alors, j'essaie auprès des Sylves Dorées. Koby sera le prochain roi des rois si la tradition est respectée. Ou son père.
- Nulle doute qu'elle le sera. Mais de nombreux yeux doivent s'intéresser à Koby. Votre solution de secours pour ma sœur ? La laisser suivre ses désirs quand elle sera en âge ?
- Oh non... Il y a encore de quoi faire à Ardent, fufufufu. Le chevalier Marco serait un parti plus que convenable pour notre petite Sugar.
- Avec une telle différence d'âge... C'est horrible. Ma pauvre sœur.
- Oh, ne fais pas de telles manières. Tu sais comment cela se passe avec les nobles.
- Je plains juste ma sœur, pas les autres nobles. Mais je me réjouis de ma liberté, père.
- Ta liberté ? Nous n'avons pas fini avec Rika...
- Je suis trop vieux pour elle. Pour le moment, notre union n'aurait aucun intérêt et je préférerai quelqu'un de mon âge. Bien sûr, je ne suis que l'héritier...
- Serais-tu jaloux de l'intérêt que nous accordons à ta sœur ?
- Oh non. Faites une belle alliance avec les Sylves Dorées par son biais. C'est terrible mais rien de ce que je dirais ne vous arrêtera, n'est-ce pas ?
- Tu crois vraiment que je suis bon simplement à briser des cœurs ?
- Personne ne vous nierait ce talent, père. Tout le monde sait pour vos histoires avec les femmes. Peut-être même avec les hommes...
- Je commence à me lasser de notre conversation. Si tu avais quelque chose à me dire, c'est le moment, sinon tu peux partir. J'ai d'autres affaires à régler.
- De mon côté, j'ai fait mes propres recherches et je sais qui je veux épouser, jeta-t-il de but en blanc, sachant qu'il n'était plus temps des faux semblants.
- Oh, mon fils légitime est amoureux ! Comme c'est adorable. Qui est l'heureuse élue ? Peut-elle permettre de conclure une bonne alliance ?
- Pas du tout puisqu'il s'agit d'une personne du royaume de Sipango.
- Une fille du royaume... Haut placé... Il n'y en a pas tant que cela.
- Ce n'est pas une de vos œuvres, je m'en suis assuré. Il s'agit de la fille du chevalier Dazz et de sa femme Paula. Elle s'appelle Koala.
- Koala ? répéta-t-il, froid comme la glace. Oui, je vois qui c'est.
- C'est elle que j'ai choisi, père. Et rien ne pourra me détourner de ce chemin.
- Pourtant, le prince que tu es as quand même besoin de mon approbation.
- Ce serait sans doute mieux oui... Mais je suppose qu'il doit être possible de s'en passer.
- Très difficilement, mon petit, crois-moi. Le roi a l'autorité suprême sur le choix de mariage de ses héritiers. C'est une tradition que j'apprécie particulièrement.
- Pourtant, comme vous n'avez pas d'autres choix à me proposer...
- Je pourrais me pencher sérieusement sur la question, le prévint-il.
- En attendant, cela ne vous intéressait pas et rien ne m'interdisait de chercher par moi-même. Ce n'est pas vous qui allez m'apprendre comment gérer une histoire de cœur.
- Oh, mais je pourrais t'apprendre bien d'autres choses, prince innocent.
- Mère a approuvé mon choix en tout cas, lui envoya Sabo avec un sourire.
- Tu lui en as déjà parlé ? fulmina Doflamingo, sachant que la reine avait sa voix aussi dans ce cas et même une certaine importance.
- Bien sûr, j'ai pu lui parler avant vous. Vous êtes tellement occupé, père.
- Sors d'ici que j'y réfléchisse. Et si tu croises Crocodile, dis-lui de venir immédiatement. »
Sabo ne se fit pas prier et sortit aussitôt, assez fier de lui. En manœuvrant la conversation comme il l'avait fait, son père n'avait pas de raison de lui refuser d'épouser celle qu'il aimait. Son cœur se réjouit à cette pensée. S'unir à Koala n'était plus aussi impossible que cela lui avait paru à une époque. De même, il espérait ne pas rencontrer Crocodile car le pauvre conseiller risquait de ne pas apprécier son entrevue avec le souverain de Sipango.
Doflamingo brisa sa tasse de thé encore à moitié remplit. Sa rage de s'être fait ainsi manipulé par son propre fils n'avait pas de limite. Quand Crocodile arriverait, il ne comprendrait sans doute pas ce qui lui arriverait mais le roi de Sipango avait besoin de quelqu'un pour se défouler. Il réalisait aussi que le meurtre qu'il avait prévu, pour lequel il avait envoyé Vergo, n'était qu'une impulsion de sa part. Sauf qu'il ne pouvait pas rappeler son plus fidèle chevalier. La colère se lisait sur tout son être. Sabo n'était qu'une gêne désormais, qu'il allait devoir éliminer, tôt ou tard.
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