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Fuis tant que tu le peux


Trois mois passèrent, emmenant le pays d'Ardent au coeur de l'hiver. Saphir fut relativement tranquille car Marco ne revint la voir que deux fois pour essayer d'engendrer un héritier. Au moins, cela ne lui plaisait pas plus qu'à elle. Pourtant, même avec si peu de visite, elle ne le supportait plus. Le beau chevalier qui était agréable avec elle et veillait à sa sécurité de temps à autre ? Envolé, bien loin, sans doute mort. Il ne restait que cette pâle copie, dévorée par la pressio et par toutes les erreurs qu'il avait commises. Saphir voyait bien, la mort d'Ace l'avait dévasté mais l'effet se produisait à retardement, le rongeant toujours davantage de l'intérieur.

« - Vous n'avez pas réussi à empêcher Ace d'aller à la guerre, lui lança-t-elle un jour.

- Non, il n'était pas en mon pouvoir de le faire.

- Vous savez pourtant que c'est faux. Un mot à votre père et...

- Mon père n'aurait rien changé à ses plans, avec ou sans moi dedans. Il se moque de ce que je veux. Ce qu'il fait, c'est pour le bien du royaume, pas le mien. Et vous auriez tout aussi bien pu dire à Ace de ne pas partir. L'enfant était une raison suffisante.

- Ne me blâmez pas pour vos erreurs. Vous m'en voulez d'avoir eu Ace pour moi ? »

Le regard que le chevalier lui lança lui fit aussitôt comprendre qu'elle était allée bien trop loin. Très vite, une main rencontra sa joue et l'envoya contre le mur. Saphir se mordit la lèvre et laissa à peine échapper un petit soupir. Elle ne voulait pas lui montrer qu'elle souffrait, même si cette fois, il n'y était pas allé avec le dos de la cuillère. Marco la regardait avec froideur mais pendant un instant, elle vit un peu de pitié dans ses yeux. Naturellement, cela ne dura pas très longtemps. Il était un prisonnier comme elle mais à la différence, il s'enfonçait dans son rôle, sans aucun espoir de retour.

« - Ne me parlez plus jamais ainsi, princesse Saphir. Jamais.

- Je suis désolée, prince Marco, répondit-elle avec raideur.

- Occupez-vous plutôt de cet enfant pendant que vous l'avez encore.

- La méchanceté doit sûrement vous apporter beaucoup pour que vous l'utilisiez avec moi dès que l'occasion se présente... Mon prince.

- Votre sarcasme ne vous sauvera pas.

- C'est tout ce que j'ai à vous offrir, pourtant.

- Dépêchez-vous d'avoir un héritier alors. Cela ne me plait pas plus qu'à vous de venir vous rendre visite. Avec un héritier, nous serions tranquilles tous les deux. Nous serions libres.

- Vous peut-être. Moi jamais. Est-ce ma faute si vous préférez les hommes ?

- Ne parlez pas pas de ce que vous ne connaissez pas.

- Je n'ai encore rien dit de mal.

- Je préfère vous arrêtez avant que votre langue ne vous trahisse.

- Cela vaut sans doute mieux pour vous. La vérité est trop dure à entendre.

- Méfiez-vous, princesse. Votre fils pourrait payer votre insolence plus tard. »

Il la quitta sur ces mots, claquant la porte avec violence. La princesse soupira et alla près du berceau de son fils, qui dormait paisiblement. D'un geste fin de la main, elle caressa ses cheveux naissants. Un futur Ace, cela se voyait rien qu'à le regarder. Des larmes s'échappèrent de ses yeux en repensant à son défunt mari. L'impression qu'elle avait toujours eu sur Ace prenait du sens : elle l'avait aimé mais en mourant, il la faisait souffrir plus que tout. Ce mariage arrangé avait débouché sur un espoir inattendu, un amour qu'elle ne retrouverait nulle part ailleurs. Sa peine se déversa et elle pleura encore un long moment, loin des regards de la cour, comme elle savait si bien le faire désormais.

« Ace, si tu peux faire quelque chose pour moi, je t'en prie, sauve ton fils. »

S'il l'avait entendu, Ace ne lui envoya en tout cas aucun signe et Shuraya se réveilla en pleurant, comme à la suite d'un cauchemar. Saphir arrivait toujours à le rassurer et comme c'était un bébé, la présence de sa mère lui suffisait. Quand il grandirait, comment expliquerait-elle que le cauchemar était infini ? La question était trop horrible et elle la repoussa au loin.

Le Loup était affecté à la garde de Saphir en règle générale. Son statut lui aurait normalement imposé d'effectuer de nombreuses autres tâches, ainsi que ce devait de faire un chef de la garde. Pourtant, le roi Edward et le prince Marco semblaient prendre un plaisir particulier à lui accorder la garde de cet appartement, dans ce couloir si désert.

« Ils veulent te briser, se répétait-il. Ils veulent t'isoler. Mais tu es plus fort que ça, tu ne fléchiras pas. Et puis, Saphir, quelqu'un doit l'aider aussi. »

Hélas, ce n'était que de belles paroles en l'air tout cela. Il ne voyait presque plus Sacha et encore moins Antonio ou Crystal, si bien que leur plan se développait avec une lenteur d'escargot tout simplement affligeante. Essayer d'accélérer les choses n'aurait fait que les perdre mais là, Law craignait que des événements ne viennent chambouler leur projet. Avec la politique actuelle d'Oren, ce n'était pas évident. Tous les royaumes semblaient plus ou moins en froid les uns avec les autres et désormais, une lettre envoyée devait être relue par au moins deux personnes quand elle n'était pas à destination d'Ardent. Un véritable calvaire.

Law supportait plutôt bien la solitude et la pression de son travail, il y était immunisé depuis longtemps. Il résistait avec vaillance et personne ne pouvait lui reprocher de tirer au flan. Personne. Son sérieux lui valait l'admiration de tous les chevaliers sous ses ordres ainsi que leur respect. Corazon aurait surement été très fier de lui. Le Loup se comportait comme un véritable chef et même le grand roi lui avait fait remarquer son comportement exemplaire. Edward allait jusqu'à lui accorder plus de confiance, voire quelques privilèges dont le Loup ne profitait pas. Savoir qu'il les possédait lui suffisait. Pour tout cela et le fait de moins voir les êtres chers à son coeur, Law survivrait.

Le problème était la princesse Saphir. Pas dans le sens où elle était désagréable avec lui, loin de là. Elle se montrait toujours aussi adorable qu'auparavant. Cependant, la voir se briser sous ses yeux sans rien pouvoir faire était une torture infinie pour le chevalier. Ace lui en aurait tellement voulu mais il ne pouvait rien faire. La princesse avait perdu son sourire et si son fils l'aidait à tenir, on sentait qu'à l'intérieur, elle était vide, morte. La lumière avait fui ses yeux.

Le pire concernait les visites de Marco. Gardant la porte, Law ne pouvait pas s'empêcher d'entendre ce qui se passait, même si son esprit essayait désespérément de fuir loin de là. Il entendait Saphir souffrir et cela le rebutait, le rendait malade jusque dans les tréfonds de son âme. Tout respect pour l'ancien chef des chevaliers avait disparu. Dès que le blond quittait les appartements de Saphir, toujours précipitamment, Law essayait d'aller consoler la princesse. Et chaque fois, il se heurtait à un mur car elle refusait d'ouvrir la porte.

« - Princesse Saphir. Si vous le souhaitez, laissez-moi entrer. Je veux juste...

- Tout va bien, Law. Je t'en prie, ne t'inquiète pas. Je vais bien. »

Elle refusait qu'il la voie dans un tel état. Cela n'empêchait pas le Loup de l'entendre pleurer de l'autre côté de la porte, de l'entendre appeler Ace à son secours parfois. Il se sentait tellement impuissant dans ces moments-là. Il n'avait jamais eu l'impression d'avoir été proche de la princesse mais dans ces moments-là, il se rendait compte qu'un lien amical s'était établi entre eux à son insu. Voilà pourquoi il avait l'impression qu'on écrasait son cœur chaque fois qu'il l'entendait souffrir. Voilà pourquoi il continuerait de vouloir la sauver de cet immonde endroit.

« Courage, princesse Saphir, murmurait-il. Notre plan va être mis en place bientôt et vous verrez, tout ira mieux. Nous vous sauverons ou... Nous vous sauverons. »

Si le plan échouait, il savait très bien ce que cela voulait dire. Il ne voulait pas y penser. Alors il imagina Sasha en train de danser et son esprit s'envola, libre.

Edward observait tranquillement la ville depuis la fenêtre de sa chambre, dans la plus haute tour du palais. Le bâtiment était non seulement le plus grand et haut de la cité mais comme il était construit sur le point culminant de Baterilla, la vue était encore plus large. Le nouveau roi songeait que tout ce qu'il voyait était désormais sous sa responsabilité. Sien. Un sourire fleurit naturellement sur ses larges lèvres et un léger rire l'agita. Après des années de travail dans l'ombre, ses efforts avaient enfin payé.

« Désolé Roger mais définitivement, cette destinée n'était pas pour toi. »

L'ancien roi était certes un bon ami, au caractère un peu changeant et se souciant uniquement de ses envies, mais jamais il n'aurait pu faire un souverain à la hauteur pour Ardent. Ses stratégies militaires étaient beaucoup trop simplistes, pour le peu que l'ancien roi des rois avait mise en place. Roger voulait surtout des alliances et une paix généralisée, sauf avec les Sylves Dorées. Il n'avait jamais songé à conquérir, malgré la puissance de son royaume. Désormais, Edward allait offrir au Sud le succès qu'il méritait, un pouvoir à la hauteur de son pays.

« La grandeur d'Ardent attendra enfin des sommets. »

White Bay semblait apprécier particulièrement son nouveau statut et avait entreprit de corriger certaines choses, notamment au niveau du style vestimentaire en vigueur parmi les nobles. Il la laissait faire, se souciant peu de ce genre de questions et n'y connaissant de toute façon rien. Ses propres préoccupations se situaient à un niveau bien plus élevé : il souhaitant prendre le contrôle d'Oren, petit à petit. Ardent ne lui suffirait jamais.

« Il va falloir revoir les alliances. Le Lion Blanc devrait nous manger dans la main. Et Carm n'aurait d'autres choix que de nous suivre, de même que le Roc Sombre. »

Il savait que Silver Rayleigh n'aurait aucune envie de retourner en guerre et que Garp se retrouverait pris entre deux feux mais il découvrirait bien un moyen de les convaincre. Il le fallait. Ensuite, il pourrait utiliser ses accords commerciaux pour se mettre la Fée aux Perles dans la poche. Avec le mariage de son fils Satch, il pourrait sans doute venir à bout du Désert Argenté sans trop de difficultés.

« Comme quoi, même mon second fils s'est révélé utile, sans le faire exprès. »

Cela laissait deux royaumes : l'archipel de Sipango et les Sylves Dorées. Pour le premier, il pourrait sûrement utiliser Carm ou les sentiments amicaux du roi Sabo pour Ace pour le rallier à sa cause. Marco pourrait sans doute l'aider, s'il arrivait à se relever un peu. Son fils ainé lui semblait si mou en ce moment, il se demandait si c'était vraiment lui qui l'avait épaulé durant toutes ces années pour l'aider à prendre le pouvoir.

« Je sais que tu aimais Ace, Marco, mais pour changer ce royaume pour le bien, nous ne pouvions pas nous permettre de le laisser en vie. »

Pour les Sylves Dorées, il faudrait sans doute une bataille. Encore. Mais en se débrouillant bien et en récupérant doucement les forces des autres royaumes, ce n'était pas une situation absolument insurmontable. Alors enfin, quand Sengoku et ses fils tomberaient, tout Oren serait à lui, Edward le Géant, le roi des rois.

« Et l'unité règnera enfin sur tout notre monde ! »

Il n'espérait pas que quelqu'un puisse comprendre qu'il le faisait pour le bien de tous. Il n'avait aucun espoir même qu'un autre roi partage sa vision. Cela ne l'empêchait pas de vouloir continuer à avancer sur ce chemin qu'il avait choisi. Oui, l'avenir lui souriait, il n'avait qu'à tendre la main pour obtenir ce qu'il souhaitait. Bientôt, il n'aurait qu'à faire souffrir le descendant de Roger et la boucle serait bouclée. Cet enfant grandirait dans l'ombre, comme lui-même l'avait toujours fait, et Edward s'assurerait qu'il sache ce qu'il avait perdu. Bientôt, il séparerait l'enfant et la mère. Dès que l'alliance avec le Lion Blanc serait assuré pour les années à venir, il pourrait envisager de se débarrasser d'elle.

Marco avait l'impression d'être toujours énervé. Tout le monde semblait avoir pour but de le faire sortir de ses gonds. Il y avait bien sûr la princesse Saphir mais aussi son père, sa mère, ce Law au regard de travers et maintenant, même son frère s'y mettait. Satch était venu lui parler et le phénix réalisa qu'il était tellement plongé dans ses pensées qu'il ne l'avait même pas écouté. Un soupir lui échappa et il se tourna vers le tombeur, qui attendait visiblement une réponse. La patience du chevalier diminuait dangereusement, même avec un membre de sa famille.

« - Alors Marco, qu'est-ce que tu dis de ça ?

- Je suis désolé Satch mais j'étais complètement ailleurs. Tu peux répéter ?

- Quoi !? Tu ne m'as pas écouté ?! Je te parlais d'un éventuel nouveau tournoi pour célébrer le nouveau roi notre père, sauf que cela ne se fera probablement pas car...

- Si c'est tout ce que tu as à me dire Satch, tu peux partir. Je suis déjà au courant de tout ça et je n'ai pas le temps pour écouter ce genre de détails.

- Tu n'as plus le temps pour rien, répliqua le tombeur, une expression énervée qui n'était pas commune naissant sur son visage. Et tu sais quoi ? J'ai l'impression que tu t'isoles de plus en plus, que plus rien ne t'intéresse !

- Peut-être parce que c'est vrai, songea Marco.

- Grand-frère, je voulais également te parler d'autre chose. La princesse Saphir...

- J'en entends beaucoup trop parler, soupira-t-il. Que veux-tu ?

- Violette est devenue amie avec elle et me dit qu'elle trouve qu'elle ne va pas bien du tout. Peut-être est-elle malade ?

- Oh non, elle ne l'est pas. Sa santé est très bonne, comme sa langue.

- Dans ce cas, peut-être que tu devrais prendre un peu plus soin d'elle.

- Pourquoi est-ce que je ferais une telle chose ?

- C'est ta femme enfin, Marco ! Votre mariage est arrangé mais c'est ton devoir.

- Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi, petit frère. Je ne prends mes ordres que de Père.

- Père et toi, j'ai l'impression que vous avez fait beaucoup de choses ensemble et que ni Vista ni moi ne sommes au courant. Parfois je... Si nous n'étions pas de la même famille, je dirais que toi et Père avez orchestré toute la chute de la famille Gol. »

Marco fixa alors Satch avec un regard froid comme la mort. Le tombeur se sentit très mal et une envie de fuir le prit mais il fit face à son ainé. Quand son grand frère s'avança vers lui, son corps recula naturellement. Il savait pourtant qu'il n'y avait pas d'échappatoire.

« - Vista, sais-tu où se trouve Satch ? demanda une Violette inquiète alors qu'elle croisa le petit frère de son mari dans un couloir.

- Hum, je crois qu'il est allé voir Marco. Ils doivent être dans la grande salle ou dans le salon rouge du deuxième étage.

- Oh... Vista, j'ai... J'ai un mauvais pressentiment.

- Pourquoi ? Que veux-tu qu'il se passe Violette ?

- J'ai l'impression que Satch était en colère contre Marco et que... Non, ce n'est sans doute rien mais j'avais l'impression que Marco aussi était énervé. »

Au même moment, un bruit retentit à travers le palais. Un bruit léger et lointain, qui ressemblait vaguement à un cri de douleur. Pour Vista et Violette, la provenance de ce bruit, sa raison, tout était beaucoup trop clair. Ils se lancèrent un rapide regard puis partirent en courant en direction du petit salon rouge évoqué par le dernier fils légitime d'Edward.

« Satch ! Marco ! »

Quand ils arrivèrent dans la grande salle, un feu brûlait dans une cheminée, rendait les couleurs rouges de la pièce encore plus vives. Cependant, l'important n'était pas là. Violette et Vista s'arrêtèrent à l'entrée de la pièce, choqués parce qu'ils voyaient. Marco se tenait debout au milieu de la pièce, immobile, froid au milieu de cette chaleur. Gisant à ses pieds, Satch tremblait de douleur, une large tâche de sang s'étendait sous sa tête. Du sang gouttait également de la main du phénix, la connexion était facile à faire.

« - Satch ! Satch ! s'exclama Violette en s'élançant vers son mari. Non, Satch ! Vite, appelez un médecin, il est blessé !

- Allez chercher le docteur Hiluluk, ordonna Vista à des serviteurs qui venaient d'apparaître, avant de se tourner vers son ainé. Marco, qu'est-ce qui s'est passé ?

- Il a dépassé les bornes.

- Marco... C'est notre frère ! Comment as-tu pu ?

- Je ne suis pas d'humeur, Vista. Si tu ne veux pas finir ainsi, laisse-moi.

- Marco... J'ai l'impression que mon véritable frère a disparu pour être remplacé par un être sans cœur, sans valeur. Tu n'es plus qu'un monstre, Marco.

- Disparais Vista. »

Heureusement, le jeune épéiste n'alla pas plus loin. Marco se sentait sur le point d'exploser. Il avait été à deux doigts de tuer Satch, vraiment trop proche. Si Vista avait continué... Non, il préférait ne pas y penser. Le phénix préféra retourner s'enfermer dans sa chambre, essayer de se calmer. Rien n'allait comme il le souhaitait. Tout le monde semblait se liguer contre lui. Et parfois, il se demandait si suivre les ordres de son père n'avait pas été la pire idée de sa vie. Son mental était faible et cette situation venait de lui montrer à quel point.

« Il est loin le temps où Ace m'acceptait à ses côtés, comme plus qu'un simple chevalier à son service. Trop loin. »

Parfois, il se demandait si cette époque avait vraiment existé. La seule chose dont il était certain, c'est que même la pensée du seul homme qu'il avait aimé ne parvenait plus à calmer son esprit malade. Et ce n'était pas bon. Pas bon du tout.

Un soir, au cœur de l'hiver, Law put enfin entrer en contact avec Saphir, loin des oreilles indiscrètes. Marco venait tout juste de sortir de ses appartements et il se rendait visiblement à la grande assemblée qui avait lieu ce jour-là. Le château serait occupé à tout autre chose, alors Law devait faire vite. Après avoir bien vérifié, s'être rappelé de son alibi aussi, il frappa à la porte. Pas de réponse évidemment, mais cette fois, il devait forcer les choses.

« - Princesse, souffla-t-il. C'est Law, je dois vous parler.

- Law... Entre » finit-elle par répondre.

Il la trouva aussi pâle que lui et beaucoup plus maigre qu'auparavant. La tristesse avait ravagé son si jolie visage et Law décida que le plan devait être mis en place d'autant plus vite. Le bébé dormait encore pour le moment. Saphir l'invita à s'asseoir autour d'une petite table. Elle semblait aux augets, prête à agir au moindre bruit suspect.

« - De quoi veux-tu me parler Law ? Si on nous surprend...

- Je sais bien mais je me devais de prendre le risque, à n'importe quel prix. Avec nos amis... Je préfère ne pas les nommer mais nous avons un plan pour vous faire sortir d'ici. Pour nous faire tous sortir de ce royaume de fou.

- Nous échapper ? demanda-t-elle, les yeux brillants.

- Oui. Je n'ai que peu de temps mais je venais vous exposer notre idée.

- S'il y a une chance que Shuraya et moi puissions sortir d'ici... surtout Shuraya... Je veux la prendre, Law ! Explique-moi !

- Très bien. Nous allons tous risquer nos vies et un rien peut faire tout basculer.

- Je suis prête à tout. Ma vie ici ne vaut pas la peine d'être vécue. »

On ne pouvait que s'incliner devant tant de détermination. Saphir voulait absolument offrir une vie correcte à son enfant. C'était tout à son honneur. Law vérifia une énième fois qu'il n'y avait personne dans le couloir puis revint. Cette fois, il allait utiliser les noms pour tout expliquer en détails. Il ignorait s'il avait une heure ou cinq minutes devant lui, il fallait faire au plus vite.

« - Pour le moment, je vous passe les détails techniques mais dans deux semaines précisément, il y aura une grande fête en l'honneur d'Edward qui va monopoliser l'attention de la ville. Je sais de source sûre que vous ne serez pas conviés à toutes les festivités. Je sais aussi que j'assure la garde juste après la fête, quand tout le monde ira dormir. C'est donc moi qui choisirait l'emplacement des chevaliers de veille et donc le moment idéal.

- Très bien, jusque là, je vous suis.

- Antonio et Sasha viendront jusque dans vos appartements pour vous aider à partir avec l'enfant. Ensuite, vous viendrez tous les trois aux écuries rejoindre Crystal et moi. Ensuite... Nous devrons former des groupes, pour avoir plus de chances.

- Des groupes ? Mais nous ne sommes que cinq.

- Raison de plus. Il sera plus difficile de pister si peu de personnes. Nous serons à cheval car cela nous permettra d'aller plus vite.

- Comment seront constitués les groupes ? Est-ce que je serais avec...

- Non, vous ne pourrez pas être avec votre enfant. Je regrette mais en tant que deux derniers membres de la famille royale officielle, nous ne pouvons prendre le risque de vous perdre tous les deux. J'en suis désolé, princesse, j'espère que vous comprenez.

- Parfaitement. Excusez mon instant de faiblesse, chevalier. Quels seront les groupes ?

- Tout d'abord, Antonio et Sasha s'occuperont de l'enfant. Ils seront le groupe qui empruntera la route la plus discrète et seront les mieux protégés en théorie. Ensuite, vous serez avec moi pour le deuxième groupe. Nous prendrons un chemin un peu plus exposé mais je vous défendrai de mon mieux, je vous le promets.

- Je ferai de mon mieux pour ne pas nous ralentir. Mais cela laisse...

- Oui, Crystal a choisi elle-même de constituer l'appât. Elle va attirer l'attention sur un autre point pour nous laisser du temps. Je voulais prendre ce rôle mais elle a refusé.

- C'est tout elle de faire ça et de prendre tous les risques.

- Pour tout le monde, ce sera risqué de toute façon. Voilà le plan dans les grandes lignes.

- J'ai simplement une question chevalier : Où allons nous ?

- Crystal a réussi à envoyer une lettre au royaume de Carm. C'est là-bas que nous irons chercher refuge, princesse. Chez le roi Garp. Le Lion Blanc est beaucoup trop dangereux et nous serions aussitôt retrouvés.

- Je comprends. J'approuve totalement ce plan, chevalier. Je vous remercie, vous et les trois autres de tout ce que vous faites pour moi. Vous êtes ma raison de vivre avec mon enfant.

- Princesse... J'essaierai de revenir vous voir une fois pour vous donner plus de nouvelles mais je crains que ce ne soit très compliqué. En tout cas, tenez bon jusque-là. Je dois y aller mais sachez que nous vous protégerons, vous et Shuraya.

- J'ai confiance, Law le Loup. Il ne me reste plus que cet espoir. »

Quand le chevalier quitta les appartements, il vit apparaître un sourire sur le visage de la princesse. C'était un événement assez rare ces derniers temps pour être noté. Il décida de se plonger corps et âme dans la réalisation de ce plan. Si un détail manquait, si quelque chose échouait, leurs vies s'achèveraient aussitôt, il n'y aurait pas de retour en arrière. C'était le prix à payer pour la liberté.

Rien n'échoua quand le jour fatidique arriva. Tout se passa étrangement bien dans la réalisation du plan et il sembla que personne n'eut aucun soupçon. Décidément, la chance était avec eux jusqu'au bout. Les cinq personnes et l'enfant se retrouvèrent dans les écuries au beau milieu de la nuit. Cinq amis qui ne savaient pas si ce qu'ils allaient se dire était un simple au revoir ou un véritable adieu.

« We might fall ! »

Pour Crystal et Antonio, ce fut difficile de se quitter. L'échanson n'arrivait pas à le dire tandis que l'éclair bleu cachait désespérément ses sentiments. Elle finit par le prendre dans ses bras, lui murmurant que tout irait bien et qu'ils se reverraient à Carm, tous ensemble comme avant. Son sourire approuvait ses paroles mais ses yeux trahissaient son inquiétude. Antonio essayait en tout cas de se montrer à la hauteur et lui sourit aussi.

Law et Sasha furent beaucoup plus discrets mais tout aussi tendres. Le chevalier l'embrassa avec beaucoup de sensualité et la danseuse lui rendit son baiser avec tout l'amour qu'elle éprouvait pour lui. Leurs yeux étaient humides mais ils affronteraient la séparation. Il lui murmura qu'il penserait à elle à chaque instant, elle lui répondit qu'il serait dans son cœur, à chaque seconde. Leurs mains ne se quittèrent qu'à regret.

Quand Crystal dut dire au revoir à Saphir, elle ne put retenir quelques larmes. La princesse se jeta littéralement dans ses bras. Même si elle était une princesse et l'autre un chevalier, elles restaient meilleures amies par la force de choses. Aucun mot ne fut échangé, leurs regards parlaient pour elles. Leurs yeux se promettaient d'être courageuses face aux dangers et de se retrouver au royaume de Garp, bien vivantes.

Antonio ne put s'empêcher de prendre aussi Saphir dans ses bras et de lui murmurer quelques mots d'encouragement. Elle lui répondit qu'elle avait confiance en lui. Sasha tenait déjà son enfant. Saphir embrassa Shuraya sur le front avant de s'éloigner rapidement. Rester ne rendrait que la séparation plus dure, elle le savait. Les deux brunes se dirent également au revoir, avec un pincement au cœur, comme toujours.

Law et Antonio se saluèrent, ne se connaissant de toute façon pas énormément. En revanche, Crystal et Law passèrent un peu plus de temps, car ils avaient passé beaucoup de temps à s'entraîner ensemble et un lien fort s'était créé entre eux. L'éclair bleu et le loup croisèrent leurs bras, faisant ainsi une promesse de chevalier. Ils accompliraient leur mission au péril de leur vie et prieraient pour que tout le monde survive.

« - Tout est dit maintenant, souffla Sasha. Nous devons y aller.

- Soyez prudent, recommanda Antonio, tremblant.

- Que les dieux nous guident, murmura Saphir.

- Que notre propre force face la différence, renchérit Crystal.

- Nous nous retrouverons à Carm » assura Law pour conclure.

Ils montèrent tous à cheval, se répartirent par groupe puis chacun partit de son côté, sans une hésitation, sans un regard en arrière. Il n'y avait plus le temps pour cela désormais. Plus le temps de se demander si c'était une bonne idée. Il fallait agir.

Antonio et Sasha partirent par la route la plus sûre. Par chance, le petit Shuraya dormait et ne faisait ainsi pas de bruit. Ils purent atteindre la route de Carm sans embûche et commencèrent leur périple vers une terre plus sûre.

Law et Saphir partirent un peu plus tard, prenant une route assez sûre, mais plus longue. Quelqu'un les vit probablement quitter la ville mais ils s'en moquaient car ils avaient les montures les plus endurantes et que leur avance était très bonne.

Crystal partit au galop par la route la plus courte mais elle attira les gardes à sa poursuite. Ainsi, elle savait que l'attention était centrée sur elle et que les autres ne risquaient rien. Sa monture tiendrait-elle la course poursuite ? La jeune femme n'allait pas tarder à le savoir.

C'est ainsi que commença la terrible fuite en direction de Carm, qui sera célébrée plus tard dans de nombreuses histoires. Ce qu'on sait, c'est que dès le matin, le prince Marco partit à la tête d'un détachement, à la poursuite des fugitifs, armé de son grand arc. Et le phénix savait sans doute très bien la piste de qui précisément il suivait. Les ordres de son père résonnaient dans sa tête, avec force et une terrible froideur.

« Si tu les rattrapes, pas de pitié. Tue-les ! »

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