1~2) Nouvelle de @Chouquette20112013
"L'amour est une folie, mais quand elle est incurable, il faut céder"
Georges Sand
***
Aimer à en perdre la raison, ce serait donc cela l'amour fou ?
Depuis que j'ai huit ans, je suis une grande rêveuse. Le Père Noël n'existe plus pour les autres enfants ? Tant pis, pour moi, il est vrai. Les licornes sont mortes parce que leur corne était rare et convoitée ? Pas pour moi. J'imagine qu'elles ont pu trouver un autre lieu pour pouvoir vivre en paix. Les autres élèves ne sont pas comme moi. Sauf peut-être un !
Un beau jour, tous perdent cette magie qui brillait autrefois dans leurs yeux. Ils ne jurent que par les jeux vidéos et éloignent tout ce qu'il ne pense plus réel. Ils plongent dans une sorte de réalité dont je me refusais à accepter l'existence et cela les faisait rire.
Mais je n'étais pas la seule. Le garçon qui était toujours tout seul dans un coin de la classe s'appelait Colt. Il était mignon mais ne parlait pas beaucoup. Un jour après l'école, alors que nous étions sur un trottoir différent, séparés par la route pour rentrer chez nous, j'ai décidé de franchir l'espace qui nous séparait. Au début, en rejoignant son trottoir, il m'a regardé avec méfiance. Mais vite, il a eu l'air intrigué que je vienne le voir et que je m'intéresse à lui. On a continué à marcher puis, nos chemin se sont séparés et nous sommes rentrés chez nous.
Deux semaines après, on était devenu les meilleurs amis ! On s'invitait à venir jouer chez l'un ou chez l'autre. Lui croyait aux extraterrestres, moi aux contes de fée.
A dix-sept ans, rien n'était plus pareil. Colt paraissait tendu, distant. Je ne disais rien parce qu'il m'avait blessé comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Il n'avait plus le goût de l'aventure. Sauf pour se taper Méline, une de mes plus proche amie. Le jour où je l'ai appris, un sentiment profond de vide m'avait serré la poitrine jusqu'à m'engloutir toute entière dans ce monde tant redouté où le mal et la douleur existaient plus que de raison.
- Comment as-tu pu me faire ça Colt !? Je ne compte pas pour toi, au point où tu couche avec une de mes meilleures amies ? lui avais-je alors dit effondrée
J'avais mal. Mais je ne comprenais pas pourquoi. Après tout, c'était juste mon meilleur ami, il n'avait jamais été que cela mais son acte avait sonné comme une trahison dans mon ceur.
Il avait relevé la tête, me fixant droit dans les yeux, d'un regard que je ne lui connaissais pas et m'avait alors dit de façon sourde :
- Je ne t'ai rien fais Lyana. On est pas ensemble, on est amis, c'est tout. Je pense que cette amitié a d'ailleurs trop durée. Ton Monde paraît rempli de magie, de choses irréelles... Ces choses ne sont plus pour moi ! J'aimais cela avant, je t'assure, j'adorais partager cet univers avec toi... Mais il faut redescendre sur Terre, on est plus des gamins ! Je veux vivre le réel, pas l'inventer. Et...
A cet instant même, mon coeur c'était arrêté de battre. Comme si on m'enfonçait une dague, je n'arrive plus à respirer, j'ai les mains moites, la tête qui tourne et une envie irrépressible de le fuir s' immisce dans mon esprit. Mon Monde partait en fumée. Et le pire c'est que la seule personne sur qui je pensais pouvoir me reposer et celle qui aurait dû ne jamais me faire de mal, avait toujours été Colt. Et qu'il avait tout gâché.
A l'écart depuis sa plus tendre enfance, tout comme moi, nous étions deux enfants à part qui partagions les mêmes rêves. Mais plus le temps passait et plus Colt devenait beau. Convoité par toutes les filles du lycée, il avait simplement décidé de se taper ma copine et de rejeter la faute sur moi... Je ne le reconnaissais plus. Pourtant, je sentais que, dans le fond, il n'avait pas changé. Il était resté le même seulement, quelque chose était arrivé et il voulait me tenir à l'écart. Comme s'il avait peur.
- Mais... Mais Colt... Pourquoi tu dis ça, je pensais qu'on partageait les mêmes idéaux ? On a toujours été ensemble toi et moi, l'un pour l'autre. Toi et moi contre le reste du monde. Qu'est-ce qui a changé d'un seul coup ? Qu'est-ce que tu ne me dis pas !?
- Lyana... Je m'en vais. Je déménage. J'en ai marre... de devoir rester avec toi, de m'obliger à supporter tout ça. Je veux m'éloigner de toi. Définitivement. C'est aussi bien pour moi que pour toi tu sais ? Tôt ou tard ça serait arrivé, dit-il d'une voix rocailleuse
Mon dieu. Ce n'est pas possible. J'ai mal entendu, c'est un cauchemar éveillé ! Les larmes inondent mon âme, au plus profond de mes entrailles j'entends mon âme explosée. Mon paradis, s'envoler... Serrant les dents, je le vois vaguement s'approcher avant que son corps ne vienne étreindre le mien pour confondre notre chaleur. Parsemée de soubresauts, j'imagine que c'est sans doute la dernière fois que je pourrais me lover contre son corps et le sentir tout contre moi. Alors, je l'encercle de mes bras et le sers de toutes mes forces.
- Je suis désolé, me dit-il après plusieurs minutes
- Pourquoi... ? lui demandais-je en relevant la tête
Il incline son visage vers le mien, replace une de mes mèches blondes et me reprends dans ses bras avant de murmurer à mon oreille :
- Parce que mon coeur n'a pas su taire les sentiments que j'avais pour toi. Et il n'a pas su s'arrêter de t'aimer.
-Mais..., fais-je abasourdie en entendant ses révélations
- Mais c'est impossible. Alors, je préfère partir. Le plus loin possible, me coupa-t-il sèchement
- Non Colt, je t'en supplie ne fait pas ça... Si c'est parce que tu as couché avec Méline, saches que je ne t'en...
Il décolle son menton du dessus de ma tête et vient délicatement effleurer mes lèvres du bout des siennes.
- Adieu Lyana, dit-il résolu, avant de faire demi-tour et de disparaître dans la nuit sombre et glacée
Ce fut la dernière fois que je le vis. jusqu'à aujourd'hui du moins...
***
Cela fait maintenant huit ans que je n'ai pas revu le visage de Colt. Et je dois dire qu'il n'y a pas une seule seconde qui passe sans que je m'imagine à quoi ressemble sa vie.
Où est-il ? Est-il marié, a-t-il des enfants ? A-t-il changé et pense t-il toujours à moi ?
Tant de questions qui sont si longtemps restées sans réponses. Ses dernières paroles ont longtemps résonnées dans mon esprit.
"Parce que mon coeur n'a pas su taire les sentiments que j'avais pour toi. Et il n'a pas su s'arrêter de t'aimer."
J'y ai souvent songé, si ce n'est toutes les nuits. J'en suis devenue folle. Le fait que toutes ces réflexions m'ai mené à la conclusion que Colt, mon meilleur ami, m'ai annoncé clairement qu'il m'aimait et qu'il devait donc partir le plus loin possible de moi ne prouvait qu'une seule et unique chose, en tout cas dans mon esprit : Il avait peur.
Des jours à me tourmenter. Qu'aurais-je pu dire pour l'empêcher de me quitter ? Je n'avais pas les mots...
Des semaines à me remémorer son beau visage torturé. Comment aurais-je pu comprendre ce qui allait se produire ? J'aurais pourtant dû !
Des mois allongé dans mon lit, à contempler le vide, comme celui qui s'insinuait dans mon coeur quand je pensais à la distance qui nous séparait. J'aurais pu courir après lui quand t-il m'a tourné le dos... Mais au lieu de cela, j'ai passé des mois à essayer de me remémorer les sensations divines que j'avais éprouver lorsque nos lèvres s'étaient effleurées.
Et j'ai mis des années à revivre l'instant où il m'a révélé qu'il m'aimait, moi et moi seule...
"Parce que mon coeur n'a pas su taire les sentiments que j'avais pour toi."
En soit, j'ai eu le temps de réfléchir et je ne peux que me rendre à l'évidence : il est partit et je n'ai pas compris pourquoi. Pendant trente-six mois et vingt-et-un jours je l'ai cherché. Mais sa famille avait disparue et lui avec elle. Aucune trace, que se soit dans les aéroports, avec des avis de recherches ou sur les réseaux sociaux... Je n'ai rien trouvé. Et cela m'a dévasté.
Ca m'a fait penser qu'un jour, en boîte de nuit, il m'avait dit que l'amour était précieux et qu'il fallait tout faire pour le préserver. En se vantant, du moins c'est ce que j'avais supposé, il m'avait dit que si je devais offrir ma première fois à un homme il faudrait que ce soit à lui car c'était lui qui me connaissait le mieux. Que les autres, eux, n'en avaient rien à faire, mais que pour lui c'était important. Offrir sa première fois à la personne qu'on aimait le plus... Mais moi j'étais trop bourré pour comprendre le sens de ces propos.
Maman savait que j'avais le coeur brisé. Elle savait même que je l'aimais avant que je ne le sache vraiment moi-même. Elle m'avait aidé mais jamais nous n'avons pu mettre la main sur Colt.
- Chérie ! Viens vite c'est incroyable ma puce !!!
- Quoi maman, que se passe-t-il, il est arrivé quelque chose à papa !? commençais-je en m'imaginant un tas de scénarios
- C'est... C'est... Non bien sûr que non, ton père va bien ! Mais on a. On a retrouvé Colt !
Je suis abasourdie. Colt... Mon dieu Colt !
- Quoi maman, c'est vrai ?
- Oui ma chérie tu vas enfin pouvoir le revoir, j'ai pu lui parler, il était au café de Francis à 10 minutes d'ici ma puce ! Il était seul et m'a confessé qu'il regrettait et qu'il voulait t'expliquer la raison de son départ il y a huit ans ! Tu vas enfin savoir la vérité... Il arrive dans deux minutes !
- Oh mon dieu maman si tu savais depuis combien de temps je l'attends ! fondis-je en larmes dans ses bras
***
Trois coup sur la porte. Ca y est, l'heure des retrouvailles a enfin sonné.
- Je te laisse ma chérie, si tu as besoin de moi je serais en haut, m'indique gentiment ma mère en montant déjà les escaliers
Je tremble mais je ne sais si c'est de plaisir ou d'excitation. Des années passées à se demander ce qu'il pourrait me dire. Et enfin mon rêve se réalise. Je respire une dernière fois avant d'ouvrir la porte... Et en le voyant je sais que peu m'importe ses excuses : le voir, là, devant moi, après toutes ces années me fais comprendre à quel point il m'avait désespérément manqué et surtout à quel point je l'aime. Je l'ai toujours aimé. Et je viens d'en prendre conscience.
Il est là, face à moi, ses cheveux bruns luisants dans le soleil couchant. Ses yeux à se damner qui pétillent comme un feu d'artifice, cette masse de muscles et dans ses bras, une petite peluche en forme de licorne... Il est là mon Monde ! Elle est là ma réalité. mon Univers, c'est le sien et à nous deux nous avons trouvé notre place !
- Lyana, je suis désolé. J'ai déconné, pardonne-moi... me dit-il en me fixant dans les yeux.
- Ne me refais plus jamais cela ! le giflais-je avant de lui sauter dans les bras
Déconcerté, il met plusieurs secondes à réagir. Et quand enfin se fut le cas, il me serra fort entre ses bras.
- Lyana...
- Colt...
- Je... Mon père supposé disparu est revenu nous trouver moi et ma mère pour régler ses comptes avec elle et on a dû fuir. Elle pour se protéger et moi pour vous protéger toi et elle. Mon père aurait été capable de n'importe quoi pour nous anéantir.
- Oh mon dieu mais c'est terrible ! Pourquoi ne me l'as tu pas dis je t'aurais aidé, je serais partis avec toi... Je t'aimais Colt !
- Je ne sais pas... L'ignorance ?... Je t'aimais aussi Lyana et mon devoir était de te protéger coûte que coûte. Même si je t'aimais.
- Parce que tu as voulu te taire. Ne pas me dire pourquoi tu t'en allais alors que tu m'aimais. Et que tu ne me reviens seulement qu'aujourd'hui. J'ai cru devenir folle. Mais le pire, c'est que malgré les épreuves, la distance, le manque, l'absence, j'arriverai encore à te dire je t'aime. Oui Colt, ne me demande pas pourquoi mais je te pardonne tout et je t'aime. Je pense que j'ai suffisamment attendu de pouvoir te serrer contre mon coeur pour continuer de repousser l'évidence. Je suis folle amoureuse de toi !
- Je t'aime aussi Lyana, depuis toujours ! Je n'ai jamais cessé une seule seconde vouloir traversé la distance qui nous séparait. Et ne pas pouvoir le faire jusqu'à maintenant m'a littéralement rendu fou.
- On est deux. Comme quoi, l'amour est beau, l'amour est fort, l'amour est immortel mais l'amour est aussi source de folie..., souriais-je avant de l'embrasser
...
Fin
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro