Chapitre 17
Wickendale. C’était un endroit rempli de secrets qui n’avaient jamais été racontés. Qui gardait les mauvaises choses cachées, qui calmait le franc parlé, qui détenait l’insanité. Qui enlevait le peu de normalité qui restait aux patients, les bonnes pièces d’un casse-tête incohérent. Ses personnes brisées pouvaient appeler Wickendale, maison ou enfer, tout dépendait de comment ils décidaient de voir le tout. En jugeant par son apparence agréable à l’œil et ses extravagantes marches en ciment, on pouvait croire que c’était un bon endroit et que son intérieur était charmant.
Mais les personnes avec ses pensées ne pouvaient avoir plus tort. C’était une institution psychiatrique après tout. Vous regardiez ce qu’il y avait derrière les larges couloirs et l’office principal et vous trouviez qu’il y avait plusieurs autres terreurs encastrés dans le bâtiment que celles que les employés pouvaient laisser paraître. Il y avait ses trois ailes, une pour chacun des groupes d’humains fous. Il y avait eu une aile pour les enfants, mais ça faisait longtemps qu’elle avait été enlevée. Chaque aile avait sa propre infirmerie, office principal, gardes et sans oublier ses patients.
Debout dans le coin de l’institution se trouve Ella Faren. Elle est sur le point d’être déplacée pour la deuxième aile, son insanité empirant progressivement. Mais très peu en prenait note. Parce qu’elle ne le montrait pas, elle ne parlait jamais les mots qui apparaissaient dans son esprit. La seule fois où elle avait parlé agressivement à un employé remontait à il y a un an. Tout ce qu’elle voulait était un cygne, c’est ce qu’elle avait dit. Pour faire de sa cellule un chez-soi, elle avait demandé un cygne. Elle détestait être enfermée. Elle voulait se sentir libre, comme si elle volait. Alors elle criait et pleurait et hurlait et frappait jusqu’à ce que finalement, la directrice installe un cygne dans sa chambre pour la faire taire. Et elle était heureuse depuis ce jour. Même lorsqu’il pleuvait et que sa chambre était sombre, elle s’asseyait sur son lit de fortune, se balançant d'avant en arrière en souriant et fredonnant en harmonie avec les tintements des chaines.
Dans une autre partie du bâtiment, il y a Damen Raloff, qui était gardé dans une camisole de force depuis aussi loin qu’il pouvait s’en souvenir. Il avait toujours été restreint et devait être nourri lorsqu’il mangeait, personne ne voulait le libérer. Parce qu’il était auto-cannibale. Du moins c’était comment ils l’appelaient. Ça avait commencé par ses doigts, ensuite toute sa main droite. Ensuite, il paraît qu’il avait commencé à chasser d’autres personnes, dévorant la chair humaine. C’était devenu tellement dangereux qu’il avait presque été transféré dans la Ward C. Mais actuellement, son état s’améliorait, alors il était épargné d’aller séjourner dans ce perfide endroit. Pour l’instant.
Et puis il y avait Cynthia. Elle était une patiente à Wickendale depuis plusieurs années avant sa mystérieuse disparation. Elle avait tué son père. En fait, elle l’avait poignardé de 47 coups de couteau dans le torse. C'était pour cela qu'elle avait été envoyée dans cette institution. Elle était folle, c’était ce qu’ils disaient. Elle avait poignardé son père sans aucune bonne raison, elle devait être dérangée. Les gens criaient des accusations et pensaient savoir ce qu’elle était. Ils pensaient qu’elle était une meurtrière sans cœur. Mais ils ne réalisaient pas que chaque puissant coup équivalait à toutes les fois où son père l’avait amené dans le sous-sol pour la brutaliser. Il l’avait violenté 47 fois, alors le nombre de coups ne semblait aussi mauvais, si seulement les gens l’auraient écoutée suffisamment pour comprendre ses actions. Mais non, Cynthia n’avait pas de preuves et personne ne voulait l’écouter, alors la voici à Wickendale.
Plusieurs types de criminels étaient enfermés dans leurs cellules à toutes les nuits, chacun avec des histoires différentes. Certains étaient vraiment fous, mais d’autres avaient des raisons pour leurs crimes. Une petite partie était même innocente. Forcée d’être gardée à l’ordre par les nombreux gardes et employés.
Ses employés qui surveillaient le bâtiment avaient aussi de l’insanité en eux, à bien y réfléchir, tout le monde en a. Ce qui mettait les patients dans une autre catégorie était leur décision d’agir en lien avec celle-ci. Ils laissaient leur folie prendre le dessus sur leur normalité. Autre que ce choix, les patients et les employés étaient assez similaires. En fait, un de ses employés était dérangé. Quelqu’un parmi les nombreux travaillants de Wickendale avait besoin d’être enfermé comme les autres, pas de patrouiller les couloirs. Parce qu’un de ses employés est un meurtrier. Et rien ne prédisait qui serait sa prochaine victime.
POINT DE VUE DE ROSE
J’étais un véritable empilement d’émotions lorsque je sortis du bureau de Lori. L’histoire d’Harry m’avait rendu sans voix et mes pensées avaient perdues tout sens alors que je ne pouvais que me concentrer sur ses bouclettes rebelles et son magnifique sourire. Mais cette-fois, plutôt que d’un sentiment de fascination ou d’inquiétude qui venait habituellement avec la pensée d’Harry, venait un sentiment d’adoration et de crainte. Et j’étais effrayée de voir à quel point ces sentiments se développeraient en celui d’amour sous le sort d’Harry. Parce que lorsque cela arrivera, je ne sais pas pendant combien de temps j’allais pouvoir supporter de le voir enfermé dans cet endroit. Et je ne savais pas combien de temps j’allais être capable de me contenir pour ne pas l’embrasser. Ce que je ne pourrai tristement jamais faire, parce que j’allais certainement perdre mon emploi et ma tête.
Mais apprendre l’innocence d’Harry avait finalement calmé ma plus grande peur, même si ça faisait apparaitre plusieurs autres inquiétudes. Parce que si Harry n’avait pas tué ses femmes, qui l’avait fait?
Avant que j’aie le temps de réfléchir à cette question, je vis Kelsey à l’autre bout du couloir. "Kelsey! ", dis-je réalisant que je ne lui avais pas parlé depuis des jours.
"Hey Rose! ", me salua-t-elle avec un sourire, augmentant sa cadence. "Qu’as-tu fait depuis la dernière fois? ", continua-t-elle lorsqu’elle me rejoignit.
"Harry est innocent", lâchai-je, ressentant le besoin de partager la nouvelle avec quelqu’un.
"Quoi? ", questionna-t-elle.
"Il est innocent". Ça lui prit un moment pour assimiler l’information, ses sourcils s’arquant seulement pour se froncer de nouveau sous la confusion.
"Comment le sais-tu? ", demanda-t-elle. Je lui aurais dit, mais j’avais l’impression que les mots d’Harry devaient être gardés en sécurité, comme si notre lien serait brisé si je parlais à quelqu’un d’autre de ce qu’il m’avait confessé avec tant de vulnérabilité. Ce n’était pas mon histoire. En plus, elle allait penser que j’étais crédule et même croire que le témoignage d’Harry était un mensonge.
"Je le sais, c’est tout", fut la réponse que je trouvai.
"Rose tu réalises que tu sonnes folle, pas vrai? "
"Oui", dis-je, sachant que ça allait prendre bien plus pour convaincre quiconque de la nouvelle information. "Mais c’est vrai, Kelsey. Tu sais déjà qu’il n’est pas comme le reste des patients. Et as-tu entendu ce qu’il a fait aujourd’hui? "
Kelsey hocha la tête pour dire "oui". Lori lui avait probablement déjà fait part de ce qui était arrivé lorsqu’elle s’occupait de Molly.
"Oui, c’était incroyable. Il m’a aidé à donner le sédatif à Molly, bien mieux que les gardes. Et il ne présente aucun signe d’insanité. "
"Les meilleurs criminels n’en démontrent pas", dit-elle, sa voix lassée avec une complète confidence.
"Et bien je sais qu’il n’a tué personne. J’en suis absolument certaine. Et je vais le faire sortir d’ici et montrer à tous la vérité concernant Wickendale, et tu vas m’aider"
"Non, je ne vais pas t’aider", protesta-t-elle. "Rose attend au moins d’avoir des preuves. Mais tant que tu n’en auras pas quelques-unes, je ne veux pas être mêlée à tout ça et tu dois garder tout ça pour toi. Si Mme Hellman entend ce que tu veux faire, ça ne sera pas joli. Elle est déjà suspicieuse par rapport à vous deux. ", dit Kelsey et avec ses mots un frisson parcouru ma colonne vertébrale.
"Que veux-tu dire? ", questionnai-je, inquiète.
Kelsey soupira et regarda par-dessus son épaule, ses yeux scannant le corridor. "Viens avec moi", m’instruit-elle, sa voix devenant un murmure alors qu’elle attrapait mon bras et me traînait vers une réserve de fournitures.
"Que fais-tu? ", demandai-je alors qu’elle fermait la porte derrière elle, se retournant pour me faire face à moi et aux nombreuses vadrouilles et balais.
"Fais juste m’écouter, d’accord? Tu ne peux pas le dire à Mme Hellman ou quiconque. Parler du fait de vouloir faire évader quelqu’un d’ici pourrait t’apporter de très gros problèmes, tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques", parla-t-elle solennellement, plus sérieuse que jamais.
"Et quel sorte de problèmes Kelsey? Parce que évidement, tu sais quelque chose que je ne sais pas par rapport à Wickendale ou Cynthia ou les deux et tu ne me l’as pas encore dit", dis-je en imitant son ton.
Elle prit une grande inspiration et regarda des deux côtés de la pièce encombrée comme pour être certaine qu’il n’y avait pas quelqu’un d’autre. Ensuite, elle me regarda dans les yeux, se demandant si elle pouvait vraiment me faire confiance. "Parfait, c’est le temps que tu saches la vérité", soupira-t-elle. "Mais je te le dis seulement pour que tu ne poses pas plus de questions. "
J’hochai la tête, satisfaite d’enfin apprendre la vérité.
"Pour être honnête, je ne sais pas ce qui se passe. Tout ce que je sais c’est que Cynthia est partie et que Mme Hellman veut que nous restions silencieux sur ce sujet. Tu es encore nouvelle alors elle n’était probablement pas préoccupée par des personnes comme toi ou les gardes. Mais plutôt par des personnes comme moi, qui la visitais à tous les jours et qui avait des fichiers avec son nom et tous ses renseignements, nous étions ceux dont elle était préoccupée. Alors elle est venu dans mon bureau et m’a dit de brûler tous les documents concernant Cynthia et de ne plus jamais parler d’elle sinon j’allais perdre mon emploi. Et c’est ça, c’est tout ce que je sais. Je suis aussi confuse que tu peux l’être. "
J’étais choquée et légèrement désappointée par l’information. Choquée parce que c’était du jamais vu qu’une directrice élimine un patient de dans les conversations des employés, qu’elle fasse disparaître tous les dossiers confidentiels et qu’elle la rende tout simplement inexistante, et désappointée parce que j’avais souhaité résoudre un mystère et ne pas être laissée avec encore plus de questions.
"D’accord", soupirai-je. "Merci de me l’avoir partagé".
"Certainement, mais ne t’avise pas de le dire à quiconque. Ne t’inquiète pas à propos de cela, ne pose pas de questions. Quelque chose se passe et peu importe ce que s’est, on est probablement mieux d’en rester loin. "
J’hochai la tête en approbation. "D’accord"
"Et arrête d’être aussi proche d’Harry. Mme Hellman m’a demandé l’autre jour, s’il y avait quelque chose entre vous deux, elle a déjà des suspicions"
"Qu’est-ce que tu lui as dit? ", m’inquiétai-je.
"Je lui ai seulement dit que je ne le savais pas vraiment, mais que tu t’assurais sûrement qu’il reste dans le droit chemin et je l’ai assuré que tu étais professionnelle et que tu ne ferais jamais quelque chose que tu ne devrais pas. "
"Merci", soufflai-je, soulagée. "Et je vais être plus prudente. "
"Bien. Mais on devrait faire quelque chose ensemble, cette semaine. Aller magasiner ou manger ou autre chose", suggéra-t-elle et je ne pus m’empêcher de rire à son soudain changement d’humeur.
"Ça semble intéressant", dis-je. "Mais avant, nous devons sortir de ce placard de fournitures. "
Je sortis de Wickendale et entrai dans l’air frais qui annonçait l’arrivée de l’hiver avec mon manteau bien boutonné contre mon corps tremblant. Je n’avais pas revu Harry dans le bâtiment depuis notre conversation et je m’ennuyais déjà de lui. Je voulais être certaine qu’il allait bien, je me languissais à entendre sa voix gronder dans sa poitrine, je voulais voir son sourire qui égaillait mon humeur. Mais il avait probablement été enfermé dans sa cellule toute la journée ou dans un de ses groupes de discussions et d’activités que je savais qu’il détestait.
Il emplissait mes pensées alors que j’avais passé le reste de la journée, vacant à mes fonctions ennuyeuses sous les ordres de Mme Hellman et Lori. Mais finalement, la journée était terminée et je pouvais rentrer chez moi en compagnie de James et rattraper mon sommeil. Je ne l’avais pourtant pas vu sortir du bâtiment et ça faisait cinq minutes que je l’attendais au bas des escaliers, dans l’air froid. J’étais pour abandonner et marcher seule jusque chez moi lorsque des phares brisèrent la brume, une voiture noire descendant la rue derrière moi. Je regardai le véhicule avec envie, souhaitant désespérément en avoir un, spécialement dans des températures comme en ce moment.
La voiture avança dans la rue et ralentit alors qu’elle arrivait à ma hauteur. Une vague de panique me submergea, de nombreuses théories apparurent dans mon esprit quant à qui pourrait se trouver derrière le volant. Je le découvris assez tôt, lorsque la vitre fut abaissée, révélant James qui souriait de toutes ses dents. "Hey Rose! ", sourit-il, criant presque pour être entendu par-dessus le bruit du moteur.
"Salut! ", dis-je soulagée que ce ne fût pas un fou. "Est-ce que c’est la voiture de ton frère? "
"Non", répondit-il. "C’est la mienne. "
"Vraiment? ", questionnai-je. Je ne savais même pas qu’il s’était acheté une voiture.
"Oui, je l’ai acheté hier après le travail", me dit-il, souriant fièrement à son achat. "Est-ce que tu veux que j’aille te porter? "
"Ça va, je peux marcher"
"Ce n’est rien, je peux te reconduire", me dit-il. Pour une certaine raison j’étais hésitante, même si je ne savais pas vraiment pourquoi. "Allez, il fait froid! "
Je cédai finalement et marchai jusqu’au côté passager, ouvrant la porte et m’engouffrant dans la chaleur. "Merci"
"Pas de problème", sourit-il
Nous nous assîmes dans l’habitacle chaleureux pendant un certain temps, appréciant la fuite de l’air froid. J’écoutais le bruit de la gravelle sous les roues, le ronronnement du moteur et le vent qui sifflait. Autres que ces sons, le silence régnait entre nous deux, comme si nous n’avions rien à se dire. Ironiquement, alors que je remarquais le silence, James parla.
"Merde, je vais manquer d’essence", dit-il. "Je ne sais pas si je vais réussir à me rendre jusque chez toi. Est-ce que ça te dérange si on s'arrête chez moi avant? C’est plus près et j’ai un gallon d’essence. "
"Certainement", dis-je même si je devins soudainement nerveuse. Je n’étais pas certaine du pourquoi, par contre. Il était venu chez moi deux fois, alors je ne devrais pas être réticente à aller chez lui.
Je regardais précautionneusement par la fenêtre pendant que nous avancions dans un chemin boueux et tournions dans une forêt avant d’arriver devant une maison en brique.
"Bel endroit", commentai-je, la maison de grandeur moyenne avec un gazon bien entretenu et un balcon en bois.
"Merci", dit-il, coupant le contact. "Viens à l’intérieur", me dit-il en penchant sa tête en direction de la maison. Je débouclai ma ceinture et sortis du véhicule, des feuilles craquant sous mes pieds pendant que je marchais. Il déverrouilla la porte et la tint ouverte pour que j’entre. Alors que je passais la porte, j’entrai dans un chaleureux salon, un canapé et deux chaises faisait face au foyer, chaque siège recouvert par une couverture et différents coussins. C’était normal et accueillant, ce qui calma ma nervosité.
"Tant qu’à être ici, veux-tu un chocolat chaud? ", questionna James.
"Oui", souriai-je. Je n’avais pas bu cette boisson depuis longtemps. James disparut dans la cuisine qui était situé derrière le salon pour préparer les breuvages, alors que je prenais place sur le canapé. J’entendis le tintement des tasses et la bouilloire derrière moi. Je m’assis pour une minute avant de me lever pour chercher la salle de bain. Je me levai de mon siège et marchai dans le couloir qui traverse la pièce, mes pieds marchant sur le tapis alors que je réalisais que j’avais toujours mes souliers.
Oh et bien, nous allions probablement partir bientôt et mes souliers étaient relativement propres. Je continuai à marcher lorsque je vis une porte en bois à ma droite. Ça devait être la salle de bain. Ma main s’approcha de la poignée et mes doigts s’étirèrent pour atteindre la poignée.
"Qu’est-ce que tu fais? ", demanda une voix sombre derrière moi. Je sursautai et tournai vivement ma tête sur le côté. Ouf, ce n’était que James.
"Désolée, tu m’as fait peur", souriai-je. "Je cherchais la salle de bain. "
Le visage de James ne laissa apparaitre aucun sourire chaleureux comme il l’aurait habituellement fait, son expression resta dénudée de toute émotion. "Et bien, ce n’est pas là", dit-il. "C’est la porte au bout du couloir" Il gardait sa place devant la porte comme s’il voulait m’empêcher de voir ce qui se trouvait à l’intérieur.
"D’accord", dis-je, ma nervosité réapparaissant alors que je me dirigeais vers la salle de bain. Je refermai la porte et pris une grande inspiration. C’était étrange. Pourquoi était-il devenu aussi protecteur de ce qui se trouvait dans cette pièce? Que cachait-il?
Rien, me dis-je intérieurement. Je réagissais excessivement une fois de plus. Mais même si c’était le cas, je pris le plus de temps possible dans la salle de bain à replacer mes cheveux et laver mes mains deux fois. Et lorsque j’ouvris enfin la porte, la curiosité me rongeait de l’intérieur. Et si jamais il y avait réellement quelque chose dans cette pièce ?
Je savais que c’était stupide, mais je devais savoir. "James", l’appelai-je. Pas de réponse. Il était encore dans la cuisine. Dans ce cas, un petit coup d’œil ne fera pas de mal. Juste un rapide coup d’œil pour me rassurer. Je courus silencieusement jusqu’à la porte, regardant par-dessus mon épaule pour m’assurer que James ne verrait pas mon intrusion. Lorsque je fus satisfaite de voir qu’il n’était pas dans mon champ de vision, je tournai la poignée. Doucement, lentement… j’y suis presque…
"Qu’est-ce que tu crois que tu fais? ", me demanda la voix de James, son corps si près du mien que je pouvais le sentir derrière moi. J’eus à peine le temps de me retourner que je fus durement plaquée contre le mur, son grand torse s’appuyant sur le mien. C’est quoi cette merde?! "Je t’avais dit de ne pas aller là Rose"
"Désolée", hoquetais-je. Peu importe qui était cet homme, ce n’était pas James. Ou du moins pas le James que je connaissais. Je me recroquevillai lorsque son souffle chaud frappa mon visage, essayant de me tortiller hors de son emprise, mais échouai misérablement. J’étais prise au piège.
"Stupide, stupide Rose", reprocha-t-il, secouant sa tête par désapprobation. "C’est une bonne chose que tu sois magnifique. "
"James, que fais-tu? ", questionnai-je, ma voix sortant en un faible couinement.
"Ce n’est pas évident? ", questionna-t-il, son habituel sourire charmant grandissant en un menaçant. "Je fais de toi ma prochaine victime. "
Mes yeux sortirent presque de leurs orbites alors que je soufflais avec horreur. "Non", murmurai-je, ne voulant pas le croire. Il balança sa tête vers l’arrière et laissa sortir un puissant ricanement, son torse vibrant contre le mien alors qu’il riait.
"Oui. C’est la vérité. Mon dieu Rosy, j’attendais ce moment depuis des mois. ", dit-il et je grinçai des dents à mon surnom. "Je devais seulement t’amener jusqu’ici, chez moi, mais avant je devais avoir ta confiance. Et je savais que j’allais l’avoir, j’avais ma mire sur toi depuis que tu étais arrivée à Wickendale. Tu étais si magnifique avec tes merveilleux cheveux", dit-il mielleusement, tortillant une mèche de mes cheveux entre ses doigts. Mes lèvres tremblotaient et mon corps tremblait, essayant de le repousser, mais il ne bougeait pas comme si je ne faisais absolument aucun effort pour le tasser. "Et quelle agréable peau", dit-il dans un murmure. Ses doigts remontant doucement le long de mes bras, de mon cou et puis mon visage alors qu’il promenait son index sur ma joue. Avec chaque mouvement de son doigt mon cœur tapait de plus en plus rapidement contre ma poitrine comme s’il allait exploser. Je détournai la tête, mais ne lui offris seulement plus d’accessibilité au côté de mon visage.
"Mme Hellman a dit que tu n’étais pas en ville lorsque ses femmes ont été tuées", dis-je comme si cette déclaration ferait un quelconque bien. Les larmes ruisselaient librement sur mes joues maintenant.
Je reçu un autre ricanement en retour alors que son doigt passait sous mes yeux pour essuyer les larmes. "Ce n’est pas surprenant qu’elle ait dit cela. Je veux dire, c’était certain que ma propre mère allait me protéger. "
Avec l’incroyable peur qui prenait le contrôle sur moi, ça me prit un moment pour assimiler le fait qu’il ait dit que Mme Hellman était sa mère.
"Assez parlé pour l’instant ma jolie. Ayons un peu de plaisir", murmura-t-il, son souffle descendant dans mon cou.
J’allais mourir.
Mais soudainement, à ce moment, je pensai à Harry. Il avait raison à propos de James, depuis le début, j’aurais dû l’écouter. Il avait perdu Emily par la faute de ce cruel homme que j’avais considéré comme mon ami. Et maintenant, il allait me perdre. Je l’imaginai dans sa cellule, des larmes chutant de ses yeux alors qu’il ruminait la mort d’une autre personne qui faisait partie des seules qui s’étaient occupées de lui. Mais non, je ne pouvais pas laisser cela arriver. Il ne méritait pas ça. Je devais vivre.
Cette nouvelle force mélangée avec l’adrénaline de ma peur commençait à se créer au dedans de moi, mes muscles me criant de m’enfuir alors que James sortait un couteau de la poche arrière de son jeans.
Je balançai mon genou dans ses parties intimes et sautai immédiatement sur son pied avec mon soulier. J’étais heureuse de les avoir gardés. Il grogna sous la douleur alors qu’il se penchait et me relâchait. Je me retournai et couru, mais James reprit rapidement ses esprits. Il partit à ma poursuite et attrapa un grand livre qui trônait sur la table du salon avant de le lancer derrière ma tête. Il toucha sa cible alors que l’objet me touchait me faisant chuter, ma tête tournant sous la force de l’impact. Si son but était de me faire perdre conscience, il avait presque réussi. Presque.
Mais je pouvais encore penser, mon esprit vacillant, alors que mon corps restait parfaitement immobile. Il se pencha au-dessus de moi, ses yeux scannant mon corps pour le moindre signe de mouvement. Mais je fis attention de ne pas bouger un seul muscle. Le laisser croire que j’étais inconsciente. Je pourrai alors l’utiliser à mon avantage.
"Humph", marmonna-t-il, triomphant. J’entendis ses pas disparaître vers le fond du couloir, ouvrant immédiatement mes yeux à la recherche d’une arme quelconque. Il n’y avait rien, rien que je ne pourrai utiliser. Bien trop tôt j’entendis James revenir, ayant pris ce dont il avait besoin. Vite Rose, réfléchit. Mais il n’y avait pas une seconde pour réfléchir, alors j’attrapai l’objet le plus près; un morceau de bois entassé à côté du feu. Je pris l’objet juste à temps alors que la surprenante silhouette de James apparaissait dans le cadrage de la porte.
"AHHHHH! ", criais-je, frappant le morceau de bois contre sa tête avec le plus de force possible. Alors que ma batte temporaire tombait sur le sol, le corps de James en fit autant et il resta immobile. Je ne pris pas le temps de regarder s’il était conscient ou non, mes pieds m’amenant jusqu’à la porte. Je courus sur le gazon et dans les bois, courant, courant, courant. Aussi rapidement que mes jambes me le permettaient dans la froide nuit, créant le plus de distance entre James et moi.
Parce que je savais qu’il allait venir à ma poursuite et mes chances de survie étaient augmenter avec chacune de mes enjambées.
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