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Cinquième Délire - Ange de désolation

Juliette remonte la Via Aurelio Saffi en traînant sa carcasse. Elle déteste cet endroit, il pue Roméo, le Roméo vivant qui était encore à ses côtés. Elle n'a pas envie de rentrer chez eux, c'est tout sauf chez elle, elle s'y sent étrangère. Pourtant, elle tape le code du rez-de-chaussée, monte les escaliers en ignorant les balafres immenses dans les murs -fissures menaçant de faire écrouler le bâtiment. Elle essuie ses pieds sur le paillasson, tourne la clef dans la porte, l'ouvre et la referme derrière elle. Elle souffre. Elle aperçoit la veste que Roméo avait oubliée sur le porte-manteau avant de partir pour le local : elle l'a vue juste avant sa mort. Elle pend sa propre veste juste à côté, comme avant. Avant quoi ? Avant qu'elle se mette à délirer complètement...

Elle traverse l'appartement d'un seul coup, presque en courant. On l'a rangé, remis en ordre, comme si de rien n'était. Maintenant, c'est dans sa tête que c'est le bordel. Uniquement dans sa tête. La vie continue de se dérouler. Elle s'écroule dans le lit, abandonnant son sac à main et ses clef au sol, déchirée. Elle se met à pleurer. Péniblement, entre les larmes qui forment un voile ocultant son regard vitreux, elle se débarrasse de ses talons hauts et s'effondre à nouveau dans les draps, où elle pleure un long moment, sans s'arrêter. Elle se roule en boule. Elle répète son nom, un peu comme un mantras. Ça ne le fera pas revenir, c'est ça le plus douloureux. L'impuissance. Elle ne peut rien faire pour combler le seul désir qui pulse encore en elle, qui pousse le sang dans ses veines et la tient encore debout. Elle n'a pas peur, elle est juste impuissante. Elle est incapable de tout.

Elle s'endort, comme on clos un chapitre, comme la fin d'une épopée, la simple fin de la journée.
Elle s'endort.

Ange de désolation, Detroit

Tu viens encore chaque nuit
Visiter mon jardin enfoui
Comme une traînée d'or effilochée
Toi la douce trace hurlante

Dors mon ange de désolation
Dès que le vent aura tourné 
Nous ferons diversion
Et tu m'emmèneras

Tu sais maintenant 
De ce côté du monde, on étouffe
L'odeur du soufre et le cristal brisé 
S'incrustent au tréfonds des chairs
En direct, nos cœurs en dissection
Dans leurs paniers à ordures,
Il y aura 510 versions
Pour engraisser les porcs

Dors mon ange, dors
Dors mon ange, dors
Dors mon ange, dors
L'éternité nous appartient
Chaque seconde la contient

Dis moi, te souviens-tu des splendeurs nocturnes et des rires fous?
Et dans l'iris, plantés comme des poignards 
Des éclats de rires rien qu'à nous
Dors mon ange de désolation,
Rien ne pourra jamais nous enlever nos frissons

On mixera la voûte céleste avec le macadam
Et tu m'emmèneras

*
Elle ne sait pas quelle heure il est. Tout tourne. Elle a envie de vomir. Elle a envie de pleurer. Elle a envie de se tuer.

Elle se lève, manque de chuter. Se tient aux murs. Se traîne jusqu'aux cabinets. Vomit. Vomit encore. Elle se calme. Se redresse. Se tient à la cuvette, se colle le dos au mur. Le mur est froid. Ça la fait redescendre. Elle est malade, elle s'en fout. La douleur en elle est bien plus grande.
Elle reste là longtemps. Ses pieds sur le carrelage deviennent froids. Engourdis. Elle reste là. Ça l'apaise. Ça la guérit. 

Elle se réveille aux toilettes. Elle a mal partout, elle a dormi dans le coin du mur. Ses membres la font souffrir.  Mauvaise position. Elle n'a plus de vertiges, plus envie de vomir. Mais elle n'a pas faim.

Elle se lève, sort des toilettes et passe par la salle de bain. Elle se rince le visage, la bouche, et regarde ses mains. Elle regarde souvent ses mains quand elle fait un cauchemar. Elle a vraiment l'impression d'être en plein cauchemar...

Elle enfile une veste et retourne au salon. Elle s'écroule comme un château de sable dans le canapé, attrape mollement la télécommande, mais n'allume pas la télévision. Elle reste noire. Éteinte. Inerte.

Et pourtant, Juliette voit des couleurs, comme si elle l'avait allumée. Elle voit des formes se profiler, des nuances, des choses gaies. Et d'un coup, elle le voit, lui. Il est juste là devant elle, il lui sourit. Il est peut-être deux ou trois heures du matin, pas plus sûrement, et le noir englobe la pièce, la plonge dans un écrin de douleur. Et au milieu de l'ombre, Roméo surgit, lueur fantomatique. Elle le regarde, ils se mirent, s'observent. Tout autour d'elle a disparu. Elle voit Roméo. Roméo est là. 

Et Roméo brille. Il incendie la pièce de sa lueur d'espoir. Il est incandescent, illuminé, Juliette doit plisser les yeux pour le regarder. Il est debout derrière la table basse qui les sépare de deux bons mètres. Juste devant l'écran de la télé, en plein milieu du salon, de leur salon. Il est là, mort, le fantôme de Roméo regarde Juliette. Et Juliette en pleure presque. 

Soudain, il fait un pas vers elle. Les enceintes de la télé, de l'ordinateur et de la chaîne hifi se mettent à grésiller et à crier, geindre, frémir, produisant un bruit insupportable. Roméo tend les bras vers Juliette. Juliette se met à espérer, d'un coup : il est venu la chercher. Elle tend les bras, les yeux larmoyants, et les enceintes autour grincent de plus belle, comme pour montrer leur désaccord, comme si on les avait torturées.

D'un coup, une vive lumière blanche illumine la pièce. Comme un flash. Juliette cligne des yeux, la lumière les lui a brûlés. Lorsque le trouble de ses pupilles se dissipe, elle est toujours assise sur son canapé. Son téléphone posé négligemment la veille sur la table du salon produit une lueur blanche désagréable : il est allumé. Son écran de verrouillage indique un nouveau message. 

Roméo a disparu. Juliette est au bord des larmes. Elle a envie de tout péter, de tout faire sauter. Pourtant, elle se saisit de l'appareil, le déverrouille et consulte le message :

24 Octobre 2016 - 6h00 - 
Bonjour ma belle,
Je suis certainement parti tôt ce matin encore, mais cette fois je n'ai pas oublié ton anniversaire !! Tu vois, on me la fais pas à moi ! Passe une excellente journée. Ce soir, dîner aux chandelles chez le père de Mercutio, j'ai réservé sa plus belle table...
Je t'aime à la folie, tu es le plus beau cadeau que l'on aurait pu me faire <3
Éternellement tien,
Roméo.

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