Chapitre 14 : Questions d'accouplement ✔️
Ils mangèrent en silence, tous les deux épuisés par leur journée bien remplie. Maxim avait mal partout, mais était très heureux d'avoir passé du temps avec la belle Proximienne. Elle lui avait appris beaucoup de choses depuis leur arrivée et il lui en était reconnaissant. Ces quelques jours passés sur Proxima lui faisaient apprécier de plus en plus ce nouvel environnement. La forêt majestueuse et paisible l'envoutait. La nature l'avait toujours attiré, mais il avait l'habitude de travailler dans des milieux stériles et rocailleux. Le paysage verdoyant de Proxima le déstabilisait, mais l'enchantait en même temps. D'autant plus qu'il trouvait la compagnie d'Anya agréable. Très agréable même.
Elle se montrait patiente avec lui. C'était une évidence, il ne connaissait rien à la chasse ou la pêche, mais cela ne semblait pas la déranger. Au contraire, la plupart du temps la jolie brune s'amusait de ses bourdes et il adorait l'entendre rire et voir ses yeux se colorer de rose.
Dans les faits, elle le déstabilisait presque autant que la planète qu'il découvrait. Certes, elle était réservée, mais ne se laissait pas marcher sur les pieds. Contrairement aux autres filles qu'ils avaient pu fréquenter par le passé, elle ne passait pas son temps à jacasser. Ses paroles comme ses gestes étaient posées et réfléchies. Lorsqu'elle se déplaçait, c'était en silence et avec assurance et sa force physique était étonnante. Ses bras étaient minces et bien découpés. Son teint était bronzé comme le miel et ses lèvres roses et charnues ne pouvaient faire autrement que l'hypnotiser.
Maxim avait même failli perdre la raison au simple contact de sa main sur son ventre un peu plus tôt dans la forêt. Elle l'avait pris par surprise et il avait dû concentrer toute son énergie pour faire en sorte que son désir ne devienne pas trop... apparent ? Il s'était senti comme avorton d'ado avec les hormones au plafond ! Il avait peu souvent ressenti une telle attirance pour une femme et il en était déstabilisé.
Le problème, c'était qu'il ignorait si cet intérêt était partagé. Elle ne semblait pas réaliser l'effet qu'elle avait sur lui. Peut-être était-ce de la naïveté ou tout simplement de l'indifférence ? Mais le fait qu'il soit d'une autre planète devait compter pour beaucoup dans la balance. Même si Anya lui plaisait, il était hors de question qu'il mette en péril leur survie pour une simple attirance. S'il tentait la moindre approche vers elle et qu'elle s'en offusquait, il y avait de fortes chances qu'elle les foute à la porte. Ce n'était tout simplement pas une option.
Ainsi, il devra se contenter de rêver d'elle à défaut de goûter la douceur de ses lèvres.
Tout à ses réflexions, Maxim se surprit à soupirer. Anya, assise près de lui, quitta le feu des yeux pour tourner vers lui.
— Je t'ai épuisé aujourd'hui, n'est-ce pas ?
— Euh... oui un peu, bredouilla Maxim.
Il prit un bouché de ragoût et tenta de se concentrer sur son repas afin d'éviter de retomber dans ses pensées de moins en moins chastes.
— Mais c'est très bien ainsi, continua-t-il après un moment. Mon corps a besoin de bouger après autant de temps dans l'espace. Et puis nous ne savons toujours pas si nos efforts pour partir d'ici porteront fruit. Je dois me renforcer et apprendre à me débrouiller.
Anya approuva de la tête avant de retourner à sa contemplation du feu, les replongeant dans le silence.
Après un moment, Maxim reprit la parole.
— La cabane, dit-il en la pointant du doigt, tu l'as construite seule ?
Un léger sourire habilla les lèvres d'Anya, mais ses yeux devinrent gris.
— Non, mes parents l'ont construite avant ma naissance. Je l'ai reprise à leur mort.
— Oh ! je suis désolé...
Anya balaya l'air de sa main, comme pour faire disparaître ce souvenir.
— Ça va. Ça fait plusieurs années déjà, la douleur est moins vive.
— Comment sont-ils morts ?
— Ils ont été tués par un Exclu. Ils l'ont probablement surpris alors qu'il pillait leurs réserves. Arkadi les a retrouvés morts, poignardés dans la remise.
Le cœur de Maxim se serra.
— C'est horrible ! Ont-ils retrouvé le coupable ?
Elle opina.
— Les Anciens l'ont condamné à mort.
La Proximienne se retourna pour attraper une buche derrière elle et la lancer dans le feu.
Maxim attendit un moment avant de poser une autre question. Il voulait respecter la tristesse d'Anya.
— L'assassin de tes parents, reprit-il doucement, tu as dit qu'il était un Exclu. Pourquoi ?
Elle se retourna vers lui, une lueur orange dans les yeux.
— Parce qu'il a enfreint la loi, tout simplement !
Anya l'annonçait comme si c'était une évidence, mais Maxim n'était pas certain de comprendre.
— Vous n'avez pas de prisons ?
— De prison ?
— Un endroit où l'on enferme les criminels. Ils perdent ainsi leur liberté et ne nuisent plus à la société.
— Non, nous n'avons pas cela sur Proxima. Les Exclus sont menés dans le désert, à plusieurs kilomètres de la frontière de l'anneau vert. Ils ne peuvent revenir ici et ceux qui le font sont exécutés.
— Ils sont donc condamnés à mort, d'une manière ou d'une autre.
Anya souleva les épaules
— Oui si tu veux, bien qu'il y ait des rumeurs à propos d'Exclus qui auraient survécu.
Maxim prit une autre bouchée le temps d'assimiler les informations qu'il venait de recevoir. Il semblait y avoir une forme de justice établie sur Proxima, le signe d'une société avancée. Une dernière question surgit néanmoins dans sa tête.
— Il y a des lois que je dois connaître afin d'éviter d'être exclu ?
Anya fronça légèrement les sourcils, dans une mimique réflexive. Sa jolie bouche se contracta et sans le vouloir, ce détail eut pour effet d'attirer son regard sur ses petites lèvres rosées. Il se ressaisit et prit une gorgée d'eau pour balayer son envie de les embrasser.
— Eh bien, reprit Anya, tu dois éviter le vol, le meurtre et la violence de manière générale. Oh et c'est interdit de se reproduire sans autorisation.
Surpris, Maxim faillit recracher sa gorgée d'eau. Il l'avala de travers et toussa à plusieurs reprises avant d'arriver à parler.
— Vous devez avoir une autorisation pour le sexe ?!
Anya éclata de rire, ses iris se pigmentant de rose.
— Bien sûr que non ! C'est seulement pour le droit d'avoir des enfants. Seuls les Seigneurs peuvent se reproduire sans autorisation.
Du revers de la main, Anya essuya les petites larmes qui s'échappaient du coin de ses yeux.
— Et cette autorisation, comment l'obtient-on ? osa-t-il.
— Nous pouvons l'échanger contre des crédits qu'on accumule. Ils sont une manière de calculer notre utilité dans la société. On s'assure ainsi que les Proximiens les plus travaillants ou les plus généreux pourront transmettre leurs gènes aux générations futures.
Maxim resta silencieux un instant, puis se tourna vers Anya pour s'assurer d'une chose.
— Donc faire l'amour n'est pas interdit ?
Ce fut au tour d'Anya d'être surprise par cette question. Ses yeux devinrent violets et le rouge lui monta délicieusement aux joues.
— Non, c'est loin d'être interdit, murmura-t-elle avant de retourner à sa contemplation du feu.
Maxim sentit son pouls s'accélérer malgré lui. Une tension palpable s'était immiscée dans leur conversation. Il prit une grande inspiration et tendit la main vers le visage Anya. Il dégagea une de ses mèches brunes qui cachait ses yeux violets. D'une voix qu'il aurait voulu moins rauque, il lui posa une dernière question.
— Le violet... c'est pour ?
Anya grimaça avant de répondre.
— C'est de la gêne. Et puis cesse de me questionner sur la couleur de mes yeux !
Maxim sourit, mais acquiesça à sa demande. Le silence envahit les lieux, mais la tension était toujours là. Il ressentait un léger plaisir à la voir si timide tout à coup, à découvrir ce côté vulnérable d'elle. Anya n'était peut-être pas si indifférente que cela après tout.
Ils terminèrent de manger en silence, hypnotisés par les lueurs du feu et perdus dans leurs pensées chacun de leur côté. Maxim finit par sentir la fatigue s'emparer de lui. Il bâilla ouvertement et se leva. Avant de la quitter pour la nuit, il tenait à lui exprimer sa reconnaissance pour le temps et la patience qu'elle lui avait consacrés.
— Merci, Anya, pour cette belle journée. Je suis conscient que je te bombarde sans cesse de questions. Cette planète est tellement différente de la Terre, tellement dépaysante. En revanche, je me rends compte que, plus le temps passe, plus je tombe amoureux de Proxima.
Il fit une pause avant d'ajouter :
— Et je pense que c'est un peu grâce à toi.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro