Tortue solitaire (Tortues ninjas)
Pour @Asproscycla !
Fandom: TMNT (teenagers mutant ninja turtle -- tortues ninjas, quoi)
Prompt: "Après une journée harassante où le fossé séparant le monde des hommes et le leur est apparu plus grand que jamais à Leonardo, celui-ci rentre chez lui pour retrouver sa famille"
Hello! C'est officiellement ma première fanfic TMNT! J'espère de tout coeur qu'elle te plaira ! Je l'ai écrite avec les yeux à moitiés ouverts, j'espère que tout fait sens quand même XD
Biz!
Vous êtes libres de vous référer à la version que vous préférez, bien sûr, mais personnellement j'ai écris cet OS en pensant à la série de 2003 (qui est trop biennnnnn).
*marmonne* *marmonne*
*Unnnnnnnnnnn obéir au code des arts martiaux, deuuuuuuuuuux ne se battre qu'en légitime défense...*
*tortuuuuuuuuuuues !*
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Leonardo aimait bien la nuit. Elle lui permettait d'échapper aux souterrains, tour à tour maison et prison, d'exister hors de quatre murs étroits, de respirer un air frais et de voir le ciel, enfin. Il n'y avait pas d'étoiles, bien sûr : il n'y en avait jamais, à New York. Les lampadaires, les publicités et le quadrillage net des fenêtres de building dévoraient l'éclat des astres. Seul la lune résistait, ronde, pâle, intemporelle. Parfois, Leonardo songeait que cette lune était la même depuis l'aube de l'humanité, quelle avait été contemplée par les plus grands guerriers et les plus braves héros, qu'elle avait à elle seule percé les secrets du bushido et qu'elle veillait sur lui, comme sur tous les enfants de la nuit.
Bien entendu, Leonardo n'aurait jamais osé prononcer à voix hautes de telles pensées. Il avait déjà du mal à persuader Michael-Angelo d'arrêter de rire lorsque leur sensei récitait un haïku durant sa médiation.
Il fit un pas en arrière, se fondant à la perfection dans l'aube d'un échafaudage, plia les jambes et bondit sur le toit voisin, sans soulever plus de bruit qu'un coup de vent. Il était rare, pour lui, de sortir seul ainsi, mais ses frères l'exaspéraient à un point parfois insoutenable. Entre Mickey qui jouait en criant à ses jeux vidéos, Donatello qui cisaillait il-ne-savait-quoi sur son établi et Raphael qui assommait et insultait son punching ball avec un même entrain, il était impossible d'avoir un seul instant de paix, ici-bas. Il n'avait pourtant pas cesser de leur demander, au cours de la journée, de se taire un peu, ou de lui laisser au moins une soirée pour s'entraîner dans le calme ! Une soirée, une seule, pour se perfectionner, était-ce trop demandé ? Maître Splinter avait promis de lui apprendre de nouveaux mouvements !
Exaspéré, il prit son élan, sauta au-dessus de la ruelle voisine, fendit l'air de ses sabres, et atterrit de l'autre côté, dans le plus parfait silence, un genou au sol et ses armes à la main. Au moins, il maîtrisait ça... Mais ce n'était pas assez ! Ses frères ne le voyaient-ils pas ? Ils devaient s'entrainer encore, tous ! Et si Shredder tentait de nouveau quelque chose contre eux ? Il frissonna en se remémorant les silhouettes qui l'avaient encerclé, il n'y avait pas si longtemps, qui l'avaient désarmée et battues, sans lui laisser la moindre chance de riposter, ou la moindre dignité.
Mais ses frères s'en fichaient, ils ne pensaient qu'à rire et jouer...
Énervé, frustré, il fit de nouveau siffler ses sabres, dont l'éclat blafard de la lune releva brièvement la colère. Ah, ils étaient bien heureux de l'avoir comme leader lors des moments difficiles, mais dès qu'il fallait parler de choses sérieuses, il se retrouvait seul !
D'un geste souple, il fendit l'affiche qui pendait devant son nez, à moitié accrochée à un panneau publicitaire rouillé. Le visage humain, souriant, qui y figurait, se posa à ses pieds, comme pour l'accuser. Il laissa échapper un bruit exaspéré et la piétina puérilement, vaguement apaisé par le bruit du papier froissé.
Enfin, puisqu'il était dehors, autant patrouiller un peu. New York était de plus en plus dangereuse, depuis l'accroissement du pouvoir politique de Shredder. Aider une personne en détresse lui permettrait d'avoir accomplit au moins une chose aujourd'hui.
Fidèle à ses habitudes, il commença par le quartier est et se déplaça lentement, décrivant un cercle d'un ou deux kilomètre autour de sa bouche d'égout favorite. Mais évidemment, tout était calme ce soir, si calme qu'il commençait à croire que New York – non, le monde entier – se moquait de lui.
Il était sur le point de renoncer lorsqu'un cri déchira – enfin ! – l'air nocturne, surplombant brièvement le vacarme des voitures et des passants enivrés.
Le cri n'était pas éteint que Léo s'élançait déjà, passant de toit en toit avec la facilité d'un chat courant sur un terrain plat. Ne te bat pas contre le vent, souffla Maître Splinter dans ses pensées, car ses mouvements seront les tiens.
Ses sabres étaient déjà dans sa main.
Les ombres sont tes amies : elles vont, viennent, se déchirent et se reforment pour former des zones aveugles, où le ninja peut exister.
Il n'était plus très loin.
N'attaque qu'une fois que tu as compris la nature de ton adversaire.
Il était arrivé.
Un homme était recroquevillé sur le sol, un baluchon serré contre sa poitrine. Il était vêtu d'habits sales, dépareillés et assez rapiécés pour qu'il ne reste pas grand-chose de la trame originale.
-S'il vous plait, sanglota-t-il. C'est tout ce que j'ai...
Deux hommes et une femme sortirent de l'ombre, le torse couvert de vestes de cuir noir, leurs cicatrices tendues sur les muscles de leurs bras, le poing serré sur deux masses d'armes et une batte de hoquet.
Parfait, songea Leonardo – avec une pointe de culpabilité. Voilà de quoi me défouler...
La femme leva sa batte au-dessus de la tête du sans-abri, qui laissa échapper un cri étranglé et cacha son visage dans ses mains.
Tout se déroula très vite, l'espace de quelques minutes, à peine... Mais le temps ralentissait toujours pour un ninja au combat : ses mouvements se faisaient plus fluides et ses pensées plus rapides, entamant une danse cent fois rejouée, laissant chanter les lames qui prolongeaient sa chair. Là est vraiment ma place, songea Leonardo envoyant valser l'arme du dernier assaillant. Protéger des gens, honorer l'esprit du bushido.
Ses trois ennemis fuirent sans demander leur reste. Il ramassa le baluchon abandonné et se retourna vers l'homme terrifié, recroquevillé au bout de la ruelle, qui jetait sur lui un regard hanté.
-Monsieur... commença gentiment Leonardo en tendant le paquetage en direction de son propriétaire.
-Le monstre vert, murmura l'homme en tentant de reculer plus, plaqué contre un mur de brique décrépit. Le monstre vert...
-Je ne vous veux aucun mal, répondit patiemment la tortue. J'ai récupéré vos affaires. Tenez...
-Ils avaient raison, continua le sans-abri, visiblement au bord de l'hystérie. Il y a un monstre vert, un monstre vert dans les rues de New York ! Je suis perdu, je suis...
Leonardo n'entendit pas la fin : il était déjà parti.
Quelque chose faisait furieusement battre son cœur, quelque chose d'amer qui rongeait l'arrière de ses pensées. Il cessa brusquement sa course, surpris de se trouver essoufflé, et s'adossa contre un muret. Sa gorge était nouée et son cœur pesait lourd, sous sa carapace. Toute l'irritation accumulée au cours de la journée s'était soudain changée en lassitude, une fatigue qui le paralysait tout entier.
Comment avait-il pu penser que sa place était là-bas ? N'avait-il pas encore apprit qu'il n'était pas de leur monde, qu'il pourrait être aussi fort que les guerriers de ses légendes sans qu'aucun humain ne le reconnaisse jamais ? Un monstre, c'est tout ce qu'il était pour eux. Un monstre vert. Et il ne pourrait jamais rien y changer.
Il laissa échapper un rire désabusé et essuya ses yeux, dont les bords commençaient à brûler. Il se sentait seul, terriblement seul, sur ce toit isolé, au-dessus d'une ville peuplée de créatures qui ne lui ressemblaient pas, qui ne savaient pas qu'il existait et ne voulait même pas de lui.
Combien de temps resta-t-il là, avant de se décider à rentrer ? Une heure, peut-être deux. Il s'en fichait : un tel sentiment d'échec pesait sur ses épaules qu'il était étonné de parvenir à marcher droit. Il avait honte, honte de s'être énervé contre ses frères – ne leur avait-il pas envoyé quelques remarques blessantes en partant ? Il ne se souvenait plus exactement –, honte d'avoir été pris pour un monstre, et honte d'en être autant blessé. Quel triste leader il faisait.
La bouche d'égout claqua au-dessus de sa tête, le coupant brusquement de la surface. Un air aussi nauséabond que familier vint le remplacer, ainsi que le clapotis d'une eau saumâtre où flottaient des formes qu'il avait depuis bien longtemps appris à ne pas détailler.
Ses pieds entamèrent d'eux-mêmes le chemin qui menaient à leur repaire, ne s'arrêtant qu'une fois atteinte l'entrée du dernier tunnel. Il était partit en colère, râlant comme un enfant, complètement ridicule... Les autres allaient se moquer de lui en le voyant revenir aussi dépité. Mais quel choix avait-il ? Il allait bien falloir les affronter un jour ou l'autre.
Il s'engouffra à contre-cœur dans le passage secret, accroché au mince espoir que ses frères soient déjà partis se coucher.
-Michael-Angelo, lui parvint l'intonation, reconnaissable entre toutes, de Donatello. Va te coucher !
-Pas fatigué, répondit la voix pâteuse de l'intéressé.
-Tu as des cernes qui touchent presque le sol ! Répliqua le scientifique, visiblement exaspéré.
-Pas fatigué, s'entêta l'autre.
Leonardo sourit malgré lui. Il pouvait presque le visualiser, l'air boudeur, les bras croisés, probablement assis en travers du canapé.
-Je te promets de te réveiller quand il reviendra, insista Donatello.
Léo s'arrêta, les yeux écarquillés dans l'obscurité. Quelque chose d'étrange lui serrait le cœur.
-Nous sommes des ninjas, répliqua Mikey avec dramatisme. Entraîné à guetter les ombres des jours durant, sans prendre garde au passage du temps ni au vol de l'hi...
Son dernier mot fut avalé par un formidable bâillement.
-De l'hirondelle, termina-t-il.
-T'as vu beaucoup d'hirondelles dans le coin, toi ? Railla une troisième voix, celle de Raphaël.
-Ça va, ça va, grommela l'autre. Si on ne peut même plus faire des figures de styles...
-Elle manque de style, ta figure, le taquina Donatello, faisant sourire le leadeur qui patientait dans l'obscurité, incapable de se décider à avancer.
-Don a raison, reprit Raphaël au bout d'un court instant de silence. Va te coucher, on te réveillera quand il reviendra. Il ne devrait plus tarder. Il est juste sorti faire un tour. Tu t'inquiètes pour rien.
-Je m'inquiète ? s'offusqua Michael-Angelo. Ça doit faire une centaine de fois que Don a vérifié qu'il n'y avait aucune nouvelle alarmante sur les fréquences de la police, trois heures au moins que maître Splinter est partit demander à April et O'Neil s'ils l'avaient vu, et une bonne heure que tu tapes à côté de ton pauvre petit punching ball tout cabossé !
Leonardo se laissa tomber contre le mur du passage secret, une main serrée sur sa poitrine. Comment avait-il pu croire, ne serait-ce qu'un instant, qu'il était seul ? Comment avait-il pu se persuader que ses frères ne se souciaient pas de lui ? Quel imbécile ! Songea-t-il en souriant sans le vouloir. Qu'importe l'avis des humains ! Les inconnus pouvaient le traiter de monstre autant qu'ils le voulaient, qu'en savaient-ils ? Ils n'étaient pas de sa famille, il n'avait pas de comptes à leur rendre !
-Dites, commença la voix hésitante de Michael-Angelo. Vous croyez qu'il était vraiment fâché ?
Oh, non, Mikey... songea Leonardo se dirigeant vers le bout du tunnel. Jamais vraiment...
-On aurait peut-être dû faire un peu plus attention, regretta Donatello, il est tellement à cran, depuis l'épisode avec Shredder...
-On aurait peut-être dû faire silence, comme il nous l'avait demandé, convint Mikey, comme à regret.
-Mais c'est la quatrième fois, cette semaine ! s'offusqua Raphaël. On habite ici aussi !
Leonardo était presque arrivé. Il ramassa un débris de dalle et le lança contre la paroi, provoquant un écho tonitruant. La discussion de ses frères cessa instantanément.
Lorsqu'il pénétra dans la cave, quelques secondes plus tard, la salle était vide, déserte, silencieuse. Il allait ouvrir la bouche pour appeler lorsqu'une masse le heurta de plein fouet, le clouant sur le sol dallé.
-Raph, c'est moi !
Il y eut un instant suspendu, Leonardo bloqué sous son frère qui le surplombait, ses saïs à la main. Un air de profond soulagement passa sur le visage de Raphaël, suivit d'une joie qu'il cacha aussitôt par un rictus moqueur.
-Alors, Cendrillon, on rentre à pas d'heure ? Plaisanta-t-il en s'écartant.
Leonardo accepta la main qu'il tendait pour l'aider à se relever.
-Enfin, ajouta Mikey, surgit de nulle part, en entourant les épaules de Leonardo, Cendrillon, elle, ne faisait pas autant de boucan !
-Qui sait, railla Don en rangeant son arme, il a peut-être ramené le prince charmant...
-Je ne vois que Raph, répliqua Michael-Angelo, et il n'est pas vraiment charmant.
-Dis donc, espèce de...
Mikey tira la langue et s'accroupit au moment où Raphaël tendait une main par-dessus l'épaule de Léo pour l'attraper.
-Trop lent, Charmant ! Gloussa Mikey en s'éloignant.
Leonardo se mit à rire, mais une main se posa sur son épaule, attirant son attention. Donatello avait un air sérieux, légèrement hésitant.
-Tu as pu t'entraîner, finalement ?
-Bah, répondit le leader en haussant les épaules. Ce n'était pas si urgent. Je le ferais un autre jour.
Les deux autres, qui se poursuivaient à travers la pièce, s'arrêtèrent si subitement qu'ils faillirent se rentrer dedans.
-Je suis désolé, dit Léo en les regardant, un par un, dans les yeux (car c'est ce que demandait le code de l'honneur du bushido, non ?). Je n'aurais pas dû insister pour que vous sacrifiiez vos passes-temps à ma paranoïa, je n'aurais pas dû vous crier dessus, et je n'aurais pas...
Raphaël lui claqua dans le dos, étranglant la fin de son excuse. Sa main serra le bras de Leonardo, qui lui adressa en retour un sourire affectueux. Mikey attrapa l'autre épaule et Donatello posa brièvement les mains sur les bras de ses deux frères, fermant le cercle.
Puis Mikey se laissa tomber au sol, sauta sur Raph, vola un de ses saïs, et commença à courir avec.
Léonardo s'assit sur le canapé. Donatello s'appuya sur l'accoudoir et lui tendit une boite de pizza, où restait trois parts, visiblement mises de côté. Puis Don attrapa un paquet de bonbon abandonné par Mikey et ils contemplèrent tranquillement, en mangeant, deux tortues ninjas en train de se lancer des boules de papiers.
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