Les livres! (Ineffables Husband)
Pour @Dubref !
Fandom: Good Omens
Prompt: "Ce serait sur les ineffables husbands en 1941 au moment où Crowley a sauvé zira et ses livres dans l'église. Ce serait fabuleux que tu racontes ce qu'il se passe dans sa tête quand il comprend qu'il est amoureux de Crowley et que c'est réciproque .Et qu'il se rappelle des petits détails qui prouvent ça. [...] Et avec beaucoup de fluff évidemment.Jamais assez de fluff"
Je me rends compte que je n'ai pas fait le côté "détails qui lui rappellent que Crowley est in love" T^T J'avais pourtant bien l'intention de m'y pencher en commençant l'OS! J'espère que ça te plaira quand même :3 Biz!
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1941. Londres.
Tout se déroulait selon le plan. Le fait que l'échange se déroule dans une église dérangeait vaguement Aziraphale, mais plus d'un point de vue formel (parce que ce n'était pas vraiment convenable), que sur le fond (il doutait que Dieu le lui reproche vraiment). Les nazis avaient apprécié les livres qu'il avait apportés - évidemment, c'était des premières éditions extrêmement rares, tout de même ! - et avaient commencé à parler de St-Graal (un objet qu'il avait égaré depuis longtemps, n'en voyant pas l'utilité), avant de menacer de le tuer. Sa complice était alors sortie de l'ombre, son arme pointée sur les mécréants, décidée à faire régner la justice et le bon droit. Oui, la guerre avait peut-être été abominable, mais il restait des humains bons en ce monde, prêt à lutter contre le Mal, et...
-Permettez-moi de vous présenter Fraulein Greta Kleinschmidt, lança l'un des deux nazis avec jubilation. Elle travaille avec nous.
Aziraphale tourna la tête. Le révolver de Rosa était pointé sur son visage. La réalisation le heurta de plein fouet, lui faisant ouvrir des yeux ronds, choqués.
Il avait été trahi.
-Tu as bien roulé ce connard de libraire, dit le nazi dans sa langue natale, bravo, chérie.
-C'était un jeu d'enfant, répondit-elle. Il est tellement naïf.
Encore sous le choc, Aziraphale sentit une petite partie de son cœur - une partie qu'il connaissait bien - se briser. Il avait fait confiance à Rosa - enfin, Greta - lorsqu'elle lui avait dit qu'il pouvait l'aider. Il avait cru qu'il pourrait être utile à l'humanité, même si les temps étaient si sombres qu'il se trouvait parfois sans espoir, même si les Cieux lui avaient interdit de continuer à soigner des humains. Il avait cru que Rosa était son ami.
Mais quel imbécile. Il n'avait pas d'ami.
Il n'en avait plus.
-« Se faire avoir comme un bleu », ricana l'autre nazi en glissant ses précieux livres dans sa sacoche. Je m'en souviendrais. Je me suis fait avoir comme un bleu, tu t'es fait avoir comme un bleu...
Aziraphale savait qu'ils allaient le désincorporer, mais n'arrivait pas à réagir. Il n'avait jamais été bon, de toute façon, dans les situations d'urgence. À une autre époque, pas si lointaine, il aurait pu espérer que quelqu'un arrive, il aurait pu guetter, attendre, comme une demoiselle en détresse, persuadé que son chevalier ne saurait tarder...
Mais cette époque n'existait plus. Il était seul, cette nuit, complètement seul, et si fatigué. Je n'ai pas besoin de toi, résonnèrent en souvenirs les mots d'un certain démon. Le sentiment est mutuel, évidemment ! Avait-il répliqué, furieux, avant de partir et de regretter, presque instantanément. Mais il était trop tard, déjà. Lorsqu'il s'était retourné, Crowley n'était plus là.
Bien sûr qu'il avait besoin de lui, pourtant. Il avait désespérément besoin de lui, il avait eu besoin de lui toutes les décennies qui avaient suivi jusqu'à aujourd'hui, alors que le monde s'écroulait autour devant ses yeux, sans qu'il réussisse à rattraper quoi que ce soit parmi des ruines jonchés de cadavres qu'il aurait pu, qu'il aurait dû sauver...
-Bien, où en étions-nous ? Intervint la voix du nazi, le sortant de ses pensées. Oh, oui, vous tuer.
-Vous ne pouvez pas me tuer, protesta Aziraphale, avec un mélange d'indignation et de désespoir. Ça fera de la paperasse !
Et quand pourrais-je revenir sur terre ? Sous quelle forme ? Et Gabriel, et les autres anges, que diront-ils ? Mais à quoi bon ? Il savait que...
Une porte claqua, déviant l'attention générale.
Un homme fit irruption dans l'église, une silhouette toute vêtue de noir qui sautillait en laissant échapper de petites onomatopées, une silhouette qu'Aziraphale aurait reconnu n'importe où, n'importe quand. Son cœur fit un bond phénoménal alors qu'un nom supplantait le reste de ses pensées.
Crowley !
Oh, il ne l'avait pas vu depuis si longtemps ! Ce costume lui allait bien. Il avait encore changé de coiffure, bien sûr. Mais que faisait-il dans une église, grand Dieu ? Il allait se faire mal ! Et s'il...
Reprends-toi, Aziraphale, s'admonesta-t-il difficilement. Il n'est pas là pour toi, pas après... la dernière fois.
Le cœur battant furieusement dans sa poitrine, il regarda Crowley remonter l'allée centrale en dansant d'un pied sur l'autre, se crispant un peu plus à chaque fois qu'il laissait échapper un petit bruit de douleur.
-Désolé, terrain consacré, lâcha-t-il en agitant des mains. C'est comme... Marcher pieds nu sur du sable chaud.
-Qu'est-ce que tu fais là ? Protesta Aziraphale en s'avançant vers lui.
Dans une église, faillit-il ajouter, où tu peux à peine te défendre, en présence de dangereux nazis ! Et s'il se faisait désincorporer sur un lieu consacré, que se passerait-il ?
-T'aider à te sortir d'affaire, répliqua Crowley sur un ton d'évidence.
Mais ça n'était pas possible, ça ne pouvait pas être ça. Pourquoi était-il vraiment là ?
-Bien sûr, réalisa Aziraphale, j'aurais dû le savoir ! Ces gens travaillent pour toi !
-Non, répondit Crowley d'un ton vaguement insulté, ce n'est qu'une bande d'idiots de nazis trainant dans Londres, assassinant et faisant chanter des gens... J'avais juste peur de te voir embarrassé.
Cette fois, la phrase toucha le cœur d'Aziraphale, qui se surprit à espérer. Crowley était réellement venu pour lui ? Pour l'aider ? Malgré... Malgré tout ? Est-ce que... Est-ce qu'ils étaient encore amis ?
-Monsieur Anthony J. Crowley ! s'exclama le nazi qui avait menacé Aziraphale plus tôt. Votre renommé vous précède.
-Anthony ? Releva Aziraphale.
-Tu n'aimes pas ? Répondit aussitôt Crowley, vaguement inquiet.
-Non, non, l'assura l'ange, je n'ai pas dit ça. Je m'y ferais.
Il se ferait à tous les noms du monde, si cela signifiait qu'ils se reverraient. Et puis, il mettait un point d'honneur à supporter le démon dans ses choix de noms, de vêtements, de hobby ou de pronom.
-Le fameux Monsieur Crowley ! s'émerveilla la traître d'un ton qui posa à Aziraphale quelques questions. Quel dommage que vous deviez mourir tous les deux...
Crowley répondit par un salut de gentleman, évidemment, comme s'il n'avait entendu que la première partie de l'affirmation.
-À quoi corresponds le « J » ? demanda brusquement l'ange, curieux.
-Ce... Ce n'est qu'un « J », vraiment, répondit le démon avec une petite grimace.
Aziraphale se promit d'enquêter sur le sujet.
-Oh, regardez-moi ça ! s'exclama Crowley en apercevant un bénitier. Toute cette eau bénite sans surveillance !
Quelque chose de froid et de coupant percuta le cœur d'Aziraphale, lui rappelant brusquement ce que le démon avait demandé lorsqu'ils s'étaient séparé, tant d'années auparavant. C'était la peur de perdre Crowley qui l'avait fait réagir si violemment, une peur dont la profondeur l'avait pris par surprise, et qui ne l'avait jamais vraiment quitté depuis.
-Assez parlé, lâcha le nazi qu'Aziraphale n'écoutait plus que d'une oreille, tue-les tous les deux.
-Dans une minute environ, intervint le démon sautillant, un bombardier allemand lâchera une bombe qui atterrira précisément ici. Si vous vous enfuyez en courant vraiment vite, vous pourrez peut-être éviter de mourir. Vous n'aimeriez pas mourir. Vous détesteriez définitivement ce qui vient après.
-Vous vous attendez à ce que nous croyons ça ? Ricana le nazi. Les bombes, cette nuit, tomberont à l'est !
-Oui, répondit Crowley en s'appuyant sur un banc pour soulager ses pieds, il faudrait une intervention diabolique de dernière minute pour les faire changer de trajectoire.
Aziraphale, sortit de ses sombres pensées, lui adressa un regard surprit. Il avait fait ça ?
-Vous êtes en train de gaspiller un temps précieux ! Lâcha dramatiquement le démon en ouvrant les bras. Et si, ajouta-t-il, un ton plus bas, avec une œillade moyennement discrète en direction d'Aziraphale, une bombe atterrit réellement ici dans trente secondes, il faudrait un véritable miracle pour que mon ami et moi soyons épargné.
Mon ami, répéta Aziraphale en pensée, avant de réaliser. Il veut que ce soit moi qui accomplisse le miracle ! Bien sûr, marcher dans une église doit déjà lui prendre beaucoup de ses forces... Mais il est venu quand même, en sachant que la bombe allait tomber ? Et il me fait confiance, à moi, pour le sauver ?
-Un... Un véritable miracle, bégaya-t-il en lui signifiant d'un signe de tête qu'il avait comprit.
-Tue-les, grogna le nazi qui lui avait volé ses livres. Ils sont très ennuyants.
Crowley leva les bras au ciel.
Un sifflement perça l'atmosphère.
Sauver Crowley, eut le temps de penser l'ange avant que la bombe ne percute l'église.
L'instant d'après, il était debout au milieu des ruines et des flammes mourantes. Il tourna la tête, cherchant...
Il était là. Appuyé contre une pierre, il nettoyait négligemment ses lunettes noires, où la poussière devait s'être posée. Le cœur d'Aziraphale se remit à battre, un peu plus fort qu'ordinaire, résonnant sourdement dans sa gorge nouée. Un terrible instant, il ne sut que dire ou que faire. Crowley était là, le Crowley qui lui avait tant manqué durant ces dernières années, le seul, l'unique Crowley. Son ami le plus cher. Il était venu le sauver.
D'une main qu'il tenta d'empêcher de trembler, Aziraphale retira son chapeau pour le presser contre sa poitrine, comme les humains lorsqu'ils priaient.
-C'était très gentil de ta part.
-Oh, tais-toi, répliqua Crowley d'un ton mi-indigné mi-gêné, en remettant ses lunettes.
-Mais ça l'était, insista Aziraphale. Pas de paperasse, pour commencer, ajouta-t-il avec un sourire nerveux, sans arriver à croire qu'il venait de parler de paperasse au lieu d'évoquer leur retrou...
Une minute. Paperasse...
-Oh, les livres ! s'exclama-t-il, catastrophé, en scrutant sans espoir les ruines fumantes. J'ai oublié les livres ! Tous les livres ! Oh, laissa-t-il échappé d'une voix infiniment triste, ils ont dû exploser...
Sans prendre la peine de répondre, Crowley se pencha, attrapa la poignée d'une sacoche étrangement épargnée par les flammes, et la lui tendit.
Les livres, réalisa Aziraphale avec un coup de cœur si violent qu'il craignit de le voir sortir de sa poitrine. Il a sauvé les livres. Il a sauvé les livres.
-Petit miracle démonique de mon cru, lâcha négligemment le démon.
Il a sauvé les livres, se répéta Aziraphale en attrapant mécaniquement la sacoche. Il a sauvé les livres.
-Je te ramène ?
Il a sauvé les livres. Il a sauvé les livres pour moi. Il a... Oh, Dieu, Oh, Crowley ! Il a sauvé les livres ! Mes livres ! Juste pour moi ! Pas pour l'Arrangement, ni pour l'Enfer ou le Paradis, il a sauvé mes livres parce qu'il sait que je les aime, parce qu'il me connaît, parce qu'il sait que j'aurais détesté les perdre, parce qu'il... Parce qu'il... Parce qu'il m'aime.
Aziraphale cru qu'il allait pleurer de joie, renversé par la vague d'émotions mêlées, d'euphorie et de tendresse qui bouleversait complètement l'intérieur de son âme.
Et je l'aime, Dieu, Dieu, je l'aime, oh, si fort ! Il tient à moi, ce démon, de magnifique démon, et je l'aime, je l'aime, je l'aime ! Il a sauvé mes livres !
-Aziraphale ! Appela une voix vaguement amusée. Tu comptes rester là ?
Complètement extatique, la sacoche serrée contre sa poitrine et le regard un peu flou, Aziraphale laissa ses jambes avancer vers lui, vers le plus incroyable démon du monde, vers son plus cher ami, vers Crowley. Ce dernier se trouvait actuellement adossé à une voiture noire, miraculeusement lustrée. Les mains dans les poches, il faisait visiblement semblant d'avoir l'air décontracté.
Aziraphale dut se racler la gorge pour parler, le cœur vacillant, réalisant que le démon attendait son avis sur l'automobile en question.
-Une nouvelle voiture ? Tenta-t-il, la voix légèrement tremblante.
-Ouais, ouais... Achetée ces dernières années... lâcha nonchalamment Crowley en tapotant le capot. Pas mal, hein ?
-Absolument splendide, répondit Aziraphale sans détacher son regard de lui.
Crowley se rengorgea aussitôt, incroyablement ravi, et ouvrit une portière pour l'inviter à l'intérieur. Aziraphale se laissa tomber sur le siège passager, persuadé que ses jambes n'auraient pu le porter plus longtemps. Il serrait toujours la sacoche contre lui. Crowley a sauvé mes livres.
Lorsque le démon entra et s'assit à côté de lui, il ne put s'empêcher de le détailler, de se repaitre de sa présence comme un assoiffé, cherchant chaque subtile différence avec le souvenir qu'il en avait, rafraichissant dans sa mémoire le dessin de sa mâchoire, de son nez, de ses pommettes, de ses lèvres, de ses lunettes noires qu'il brûlait d'enlever pour contempler ses yeux, ses yeux qui lui avait tant manqué. Mais c'était peut-être mieux ainsi. S'il avait réellement pu retirer les lunettes de Crowley, à cet instant, il lui aurait été complètement impossible de lui mentir, de lui cacher ce qu'il venait juste de comprendre, enfin, après des siècles, des millénaires, à cultiver en lui cette profonde révélation.
Je t'aime, pensa-t-il au moment où le démon se tournait vers lui, un sourire hésitant au coin des lèvres.
-Où est-ce que je te dépose, mon ange ?
Était-ce lui qui projetait ses désirs dans la réalité, ou Crowley avait-il véritablement appuyé sur ces deux derniers mots, comme s'il les savourait ?
-J'ai... J'ai un cellier secret, sous la librairie. Quelques petites choses de contrebande. Je pourrais... Nous pourrions... Manger ensemble ?
-Ma foi... répondit Crowley d'une voix qui suggérait que « oui, pourquoi pas », avec un sourire qui, lui, disait qu'il serait prêt à tout pour ce repas.
La voiture démarra doucement. Et Crowley appuya sur la pédale de l'accélérateur.
-Crooooowleeeeey, glapit l'ange en se cramponnant d'une main à sa sacoche, de l'autre à la poignée. Repenti, pour l'amour du Ciel ! Tu vas heurter quelqu'un...
-Tu ne me fais pas confiance ? Répondit le démon en lui adressant un sourire éblouissant.
Le cœur d'Aziraphale décida de démissionner et cessa brusquement de battre.
-B... Bien sûr que si, balbutia-t-il faiblement en tentant de réanimer l'organe qui gisait dans sa poitrine.
Il ne dit pas un mot durant le trajet, trop occupée à trier l'incroyable vague de sentiment qui continuaient à s'agiter en lui. C'est qu'il venait de se rendre compte qu'il aimait Crowley de toute son âme, et l'âme d'un ange était démesurément grande par rapport à un pauvre petit corps humain. Il avait l'impression que s'il ne faisait pas l'effort de retenir ses sentiments, il allait briser sa forme matérielle sous la pression, se séparer en millier de petits morceaux.
Il lui fallut un instant pour réaliser qu'ils étaient arrivés. Sa portière s'ouvrit. Crowley s'inclina faussement respectueusement pour l'inviter à sortir.
La librairie et les rues qui l'entouraient avait été miraculeusement épargné par les bombardements. Aziraphale avait au moins réussit à négocier ça avec Là-Haut, prétendant de trop grandes complications s'il devait changer de couverture. Toujours accroché à la sacoche, il se dirigea vers la porte d'entrée, qui s'ouvrit avec empressement.
-Crowley ? s'étonna-t-il en voyant le démon hésiter, le regard étrangement fixé sur la devanture. Oh, tu préfères peut-être que je t'appelle Anthony ?
-Non, non, se reprit l'intéressé, Anthony n'est qu'un nom pour les humains, Crowley est pour... Bref. C'est juste... Cela faisait vraiment longtemps que je n'étais pas entré dans cette librairie. Elle...
Elle m'a manqué, sembla-t-il retenir. Aziraphale s'écarta pour lui faire signe d'entrer. Crowley sourit en se glissant à l'intérieur, les mains dans les poches, sa démarche plus serpentine que jamais. La porte se ferma dans son dos et la lumière se répandit dans le salon, ainsi qu'une douce chaleur.
-Ça n'a pas beaucoup changé, s'amusa le démon en promenant son regard aux alentours. À part l'ajout plutôt considérable de nouveaux bouquins, bien entendu.
Il sembla hésiter, puis se dirigea en sautillant légèrement vers le sofa et s'y laissa tomber.
-Crowley ? Est-ce que tout va bien ?
-Juste un petit creux, mon ange, répliqua le démon en passant une jambe au-dessus de l'autre.
-Oh, mon cher ! Réalisa Aziraphale en se précipitant vers lui. Tes pieds ! L'église ! Tu es blessé ? Est-ce que cela fait encore mal ? Mais quelle idée, de marcher dans un espace consacré, quelle idée...
-Je... je vais bien... balbutia Crowley, les joues rouges pivoines, en voyant Aziraphale s'agenouiller devant lui.
L'ange consentit enfin à se séparer de sa sacoche - les livres que Crowley avait sauvé pour lui ! - et referma délicatement ses mains sur la cheville du démon, qui s'immobilisa en laissant échapper un petit son étranglé.
Les mains d'Aziraphale étaient chaudes contre la peau froide de sa cheville. Ses doigts glissèrent sur le cuir chic pour défaire les lacets, révélant des chaussettes aux motifs de canards. Crowley avait inventé les chaussettes de mauvais goût quelques années plus tôt, mais ce n'était franchement pas sa préoccupation principale, pour le moment. Les doigts de l'ange s'insinuèrent sous ses chaussettes, directement contre sa peau - Oh, Di... Sat... N'importe qui... - pour laisser son pied nu dans la paume de ses mains. De sous son talon au bout de ses orteils, la peau était rouge et sèche, presque craquelée par endroit.
-Il... Il fallait bien que quelqu'un te sorte de là, répondit faiblement Crowley, sa voix déraillant sur la fin. J'ai... je passai et j'ai senti ta présence, mais on m'avait dit... On m'avait dit qu'il y avait des nazis qui se réunissaient ce soir dans cette église, et... Aziraphale, qu'est-ce que tu fais ?
Aziraphale était en train de défaire l'autre chaussure, exposant un pied dans le même état.
-Je crains de ne pas pouvoir les guérir miraculeusement, regretta-t-il. Le Paradis aurait quelques questions à me poser sur la guérison d'un démon. Mais je peux essayer la façon humaine...
Crowley ne dit rien. La respiration coupée, il vit Aziraphale glisser sa main sous le sofa pour en sortir une boite métallique, où patientait du désinfectant, un pot de baume et des bandages.
Aziraphale crut voir Crowley fermer les yeux lorsqu'il commença à le soigner, mais il ne dit rien, trop concentré sur son propre cœur, qui battait bien trop fort, et sa tâche, qu'il accomplit avec une douceur qui n'avait rien à envier à la tendresse. Toucher Crowley était nouveau, pour lui, et il comptait savourer chaque secondes volée.
-Tu m'as manqué, dit-il au bout d'un long moment de silence.
C'était la première fois, depuis le Commencement, qu'il avouait franchement qu'il portait une affection à Crowley. Il crut que le démon n'allait pas répondre, lorsqu'il l'entendit dire, d'une toute petite voix :
-Toi aussi.
Et rien ne fut dit, encore, pendant un long moment, jusqu'à ce qu'Aziraphale se relève et parte chercher dans sa cave de quoi préparer à manger. Après, seulement, ils se remirent à parler, se racontant les plus drôles anecdotes de ces dernières années, passant sur la solitude et les moments de désespoirs complets. Ils rirent, ils burent, ils échangèrent les pires stupidités, et restèrent ainsi toute la nuit, sans avoir la force d'évoquer l'idée de se séparer. Mais Crowley était blessé, n'est-ce pas ? Il valait mieux qu'il reste encore un peu, quelques jours, quelques semaines... Ils verraient bien après.
Lorsque Crowley s'endormit, la nuit suivante, Aziraphale plaça la sacoche de livre dans sa propre chambre. Il savait qu'il n'aurait jamais le droit d'aimer ouvertement Crowley, il savait qu'ils ne pourraient jamais avoir une relation plus profonde que celle qu'ils partageaient à présent, mais il était déjà incroyablement, miraculeusement heureux ainsi.
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