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Le départ d'Armelle (Erwan et l'Ankou)

Pour NathanDesrivires !

Personnages: Erwan et l'Ankou, des Contes des Royaumes Oubliés :3

Prompts: "J'adorerais revoir Erwan et l'Ankou qui vont chercher les morts ensemble".

C'est étrangement... Tristo-fluffy? Doux-amer? Sappy? J'espère que ça te plaira en tout cas!

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Armelle était bien vieille. Lorsqu'elle croisait son visage, dans le miroir, elle ne le reconnaissait même pas, tant il était ridé, froissé, tâché, comme un vieux papier. Elle avait été svelte et légère, autrefois, du genre à s'envoler sur la piste de danse tous les vendredis soir, au bras d'un jeune homme ou d'un autre. Elle était désormais pliée en deux, raide, coincée, incapable de se déplacer sans l'avoir longuement planifié.

Oui, Armelle était bien vieille. Elle avait, sur sa table de chevet, toute une collection de photographies jaunies. Sa fille, son fils, ses petits enfants, à la mer, à la montagne, dans le jardin. Son mari en costard et elle, si belle, dans sa robe d'un autre temps, tous les devant posant, un peu gênés, devant l'église d'un petit village perdu. Elle se souvenait de tout, de chaque parfum, de chaque sourire, de chaque baiser. Elle était reconnaissante au temps de ne pas lui avoir pris ça.

Armelle était bien vieille et elle savait, au fond d'elle, qu'elle ne serait bientôt plus rien. Elle avait tenu à voir sa famille la veille et leur avait péniblement écris une lettre, qu'ils recevront par la poste, vendredi prochain. Tout était près.

Le vent fit claquer un volet, quelque part. Avait-elle bien fermé la fenêtre du grenier ? Tant pis. Mais qu'est-ce qui grinçait ainsi ? On aurait dit une roue mal huilée, un peu comme la vieille charrette de son père, à la ferme, lorsqu'elle était toute petite et qu'il l'emmenait en balade.

Le grincement persistait. C'est alors que les souvenirs revinrent à la vieille Armelle, les légendes d'autrefois, les histoires du soir et les illustrations de ses livres d'enfants.

L'Ankou. Le voilà qui s'approchait, qui venait collecter son âme, l'emmener loin, là-bas, ailleurs, au-delà.

La porte de son salon s'ouvrit. Elle se figea, assise dans son fauteuil, près de la cheminée. Elle s'était plus ou moins attendu à des éclairs, des grondements, une pluie incessante battant le pavé ; mais il faisait beau dehors et l'air embaumait de parfums printaniers.

Un jeune homme se tenait sur le seuil. Un beau jeune homme roux, souriant, au visage sympathique.

— Bonjour ! Est-ce que je peux entrer ?

— Faites, je vous prie, offrit Armelle, car elle s'enorgueillait d'être une bonne hôtesse. Il doit rester un peu de thé dans la cuisine, si vous le désirez...

— Je vous remercie, répondit le jeune homme en s'approchant. J'aurais adoré, croyez-moi, mais je n'ai plus eus soif depuis bien longtemps !

— Oh, oui, bien sûr ! J'espère que vous ne m'en voudrez pas de vous le dire, mais vous ne ressemblez pas à ce à quoi je m'attendais...

Le jeune homme lâcha un rire chaleureux, la tête rejetée en arrière.

— C'est que je ne suis pas lui ! s'expliqua-t-il avec bonne humeur. La roue de la charrette s'est coincée dans l'allée. Je suis venu attendre avec vous, le temps qu'il la dégage. On pourrait croire qu'il saurait s'occuper correctement d'une charrette, vu le temps qu'il passe dessus, l'étendue de ses pouvoirs, et tous le tralala, mais croyez-moi, il est totalement incapable de changer une roue !

Ce fut au tour d'Armelle de rire doucement.

— Ce n'est pas de sa faute, cette ornière est vraiment traitre. Mon Étienne y coinçait toujours son vélo.

— Oh, vous avez quelqu'un qui vous attends ?

L'image de son défunt mari se dessina sous les paupières d'Armelle, lui arrachant une larme. Allait-elle réellement le revoir ?

— Bonjour, intervint une nouvelle voix. Désolé pour l'attente.

Un deuxième homme pénétra dans la pièce. Il portait une large cape noire qui lui tombait sur l'épaule et une grande faux qu'il tenait dans la main droite. Il était très beau, avec sa peau pâle, ses grands yeux sombres et ses longs cheveux d'ébènes.

— Oh, alors c'est vous ? s'enquit Armelle. Je suis désolé, vous êtes moins... squelettique, que ce à quoi je m'attendais. Non que cela me dérange, bien sûr.

— Oh, oui, j'ai opté pour un petit changement, il y a deux-trois siècles. Il était plus au goût de mon mari.

— Comme ça doit être pratique, de pouvoir choisir, soupira tragiquement la vieille Armelle.

L'Ankou sourit et s'approcha d'elle.

— Êtes-vous prête, Madame Armelle ? Il me semble que vous avez déjà tout compris.

— Je suis morte ?

— Exactement. Il ne me reste plus qu'à détacher l'âme de votre corps. Ça ne vous fera pas mal, ne vous inquiétez pas.

Le jeune homme roux s'approcha et s'agenouilla à ses côtés pour lui prendre la main. Puis l'Ankou abaissa la lame de sa faux, jusqu'à ce que le bout pointu vienne piquer le front de la vieille femme. Armelle prit une soudaine inspiration. Elle se sentait légère, soudain, incroyablement légère ! Elle sentit qu'on lui tirait la main et, d'instinct, sauta sur ses pieds. Elle avait de nouveau vingt ans, elle était vêtue de sa robe à fleur, sa préférée, celle qu'elle portait le jour où elle avait rencontré Étienne, et elle avait envie de danser.

Le jeune homme roux la fit tourner sur elle-même en riant et l'entraina vers la porte ouverte, d'où se déversait une magnifique lumière. L'Ankou leur emboita le pas, de façon à ce que même si Armelle se retourne, elle ne voit pas le corps brisé affalé dans le fauteuil, comme une marionnette sans fil.

Dans la petite cour, une charrette patientait. C'est drôle, parce qu'elle semblait toute petite, au premier coup d'œil, mais était pourtant remplie d'une centaine de gens, au moins, sans qu'aucun manque de place.

— Je m'appelle Erwan, au fait, se présenta le jeune homme roux en l'aidant à monter à l'arrière.

Une petite fille l'accueillit avec un sourire, l'entrainant jusqu'à la dernière place libre.

— Je pense que nous sommes au complet pour aujourd'hui ! Lança joyeusement Erwan à l'Ankou qui refermait la porte.

La Mort fit tourner sa cape et disparut, pour se matérialiser à la place du conducteur, à côté d'Erwan.

— Frimeur, lâcha ce dernier en se penchant pour quêter un baiser, qui lui fut offert avec la tendresse de l'habitude.

Puis l'Ankou secoua ses rennes et son destrier à la robe d'ébène claqua ses sabots sur le sol. La charrette s'ébranla et s'élança en avant, droit vers le mur de la petite cour. Personne ne s'inquiéta, pourtant. Qu'aurait-il pu leur arriver ?

L'instant d'après, la charrette avançait à toute allure sur une route goudronnée, slalomant avec une impossible dextérité entre les voitures filantes. Aucun des passagers n'était gênés par la vitesse ou par les vibrations du véhicule, presque inexistantes.

— Mesdames, messieurs et les autres, lança joyeusement Erwan en sortant de sa veste un harmonica doré, que diriez-vous d'une petite œuvre de ma composition ?

Sans attendre de réponse, il se mit à jouer un air entrainant, qu'Armelle se surprit à rythmer de la paume des mains. Il ne fallut pas longtemps avant que l'Ankou se mette à chanter, des mots profonds et joyeux venues d'une langue qu'elle ne connaissait pas, mais qui parlaient – elle en était certaine – de la vie, de la mort et de l'amour.

À un certain point, elle se mit à danser, encouragée par les autres passagers et par la petite fille, qui sauta et tournoya avec elle à l'arrière de la charrette, qui ne semblait jamais manquer de place.

Elle n'aurait su dire combien de temps s'était écoulé, ni quelle route ils avaient empruntés. Lorsque la musique s'effaça et que la charrette s'arrêta enfin, ils se trouvaient au bord de la mer, sur une plage de sable si blanc qu'on l'aurait cru d'argent. Une barque patientait, à côté d'un vieil homme à la barbe dorée.

— Saint Pierre ! s'exclama joyeusement Erwan en sautant à terre. Comment ça va ?

— Ma foi, pas mal, répondit l'intéressé en ébouriffant les cheveux du jeune homme. Et vous deux, comment ça va ? Aucun problème, cette fois ?

— Rien du tout, répondit l'Ankou en s'approchant, tout sourire. Pas la moindre protestation !

— Tant mieux ! Fit Saint Pierre en regardant les âmes descendre de la charrette. Je sais de source sûre que certains sont très attendus, là-haut ! Allez, vous tous, on embarque ! Direction, Au-Delà !

Armelle prit la main d'Erwan pour sauter dans la barque, riant lorsqu'il la fit voler en l'air avant de la déposer.

— Votre Étienne vous attends, dit-il gentiment, il est juste au-delà de l'horizon.

Elle lui sourit et s'installa sur le banc.

— À bientôt ! Lança Saint Pierre en montant à son tour dans l'embarcation. La prochaine fois que vous viendriez, je serai là, comme d'habitude !

Il planta sa rame dans l'eau et lui donna une petite poussée. Aussitôt, l'horizon s'ouvrit en grand, comme une déchirure, libérant un magnifique flot de lumière dorée. L'instant d'après, Erwan et l'Ankou se trouvait sur leur charrette, au bord d'une plage vide.

Erwan bailla, s'étira, et se laissa tomber en arrière. Au ciel bleu, au-dessus de sa tête, se superposa un visage familier.

— Déjà fatigué, mon petit fossoyeur ?

— Je crois que je vais avoir besoin d'une pause, soupira tragiquement Erwan en souriant.

L'Ankou rit, l'embrassa, et le fit rouler sur le sable d'argent. Saint Pierre lui avait promis que personne ne viendrait les déranger. Ils avaient bien une petite éternité avant de se remettre au travail.

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