Au dernier instant (Johnlock)
Pour @WeAreGolden !
Fandom: Sherlock BBC (Johnlock)
Prompt: "Un John (BBC) perdu entre Mary et Sherlock une fois qu'il est revenu de sa «mort». John tromperais Mary avec Sherlock, il serait encore plus perdu dans ses sentiments et au final quand c'est son mariage (avec Mary) il dit non au dernier moment et décide d'aller avec Sherlock."
Je n'ai pas fais exactement comme tu me l'as suggéré avec les scènes, j'espère que ça te plairas! Biz :3
------------
Au dernier instant
John demanda au serveur de lui apporter une carafe d'eau et caressa nerveusement la petite boite au fond de sa poche. Il était à la fois terrifié et exalté par ce qu'il s'apprêtait à faire. Demander Mary en mariage ! Mais qu'est-ce qui lui avait pris ?
Pour la trente-troisième fois en une demi-heure, il regarda sa montre. Elle n'était pas encore en retard. À vrai dire, il se sentait si tendu, si nerveux, qu'il avait presque envie qu'elle ne vienne pas, qu'il revende la bague, et qu'il oublie cette folle idée.
Mais... Mais il aimait Mary. Pas autant qu'il avait aimé Sherlock, bien sûr – oh, Sherlock... – mais il l'aimait quand même, sincèrement. Elle avait été là lorsqu'il en avait le plus besoin, lorsque le deuil menaçait de le dévorer tout entier, le poussant au-dessus d'un abîme tristement semblable au toit d'un hôpital. Elle n'avait pas comblé le vide de son cœur, bien sûr – qui aurait pu ? – mais elle lui avait tant et tant apporté qu'il n'imaginait plus vivre sans elle.
Il sourit. Sa main lâcha la petite boite. Il était toujours nerveux, mais il savait ce qu'il avait à faire. Ce soir, il demanderait Mary Morstan en mariage.
John avait imaginé beaucoup de choses susceptible de mal se passer, ce soir-là. Et si elle était retenue ailleurs ? Si on lui volait la bague ? S'il avait une urgence médicale ? Si le serveur décidait de les empoisonner ? Si le restaurant prenait feu ? Si des terroristes décidaient de tous les prendre en otage pour satisfaire d'obscurs divinités ? Si les extra-terrestres choisissaient précisément aujourd'hui pour contacter les humains ?
Oui, son imagination débordante avait envisagé des centaines de scénarios. Mais jamais, au grand jamais, il n'aurait pu envisager ce miracle-là, cette magnifique catastrophe, cette terrible et délicieuse surprise, cette colère et cette joie mêlée de larmes et de rejet. Un visage surgissant au milieu d'une foule anonyme, se révélant soudain derrière une façade de serveur. Un être familier, une figure du passé.
Sherlock.
Sherlock ! Son Sherlock ! Le Sherlock qu'il avait perdu ! Génial, impétueux, drôle, maladroit, tendre, imprévisible, magnifique Sherlock !
Un instant, il craignit un fantôme, un symptôme de la folie, de la douleur, du deuil, ou même un revenant venu l'empêcher de faire sa demande. C'était si doux et si douloureux, de le revoir. Il connaissait par cœur chaque ligne de son visage, chaque nuance de son regard, chaque boucle de sa chevelure...
Puis il s'aperçut que Mary le voyait aussi. Et, soudain, il comprit que Sherlock n'était jamais mort. Il comprit qu'il avait pleuré un mensonge.
Son immense douleur se changea en colère. La colère s'arma de violence.
Il frappa Sherlock en pleine face.
~
Deux mois s'étaient écoulés, déjà, depuis le retour de Sherlock. Deux mois.
Assit dans son fauteuil, à Baker Street, John observait distraitement le détective consultant qui réfléchissait, en face de lui, le regard à mille lieux d'ici. Il sentit ses lèvres s'étirer malgré lui alors que Sherlock plissait involontairement les sourcils, peinant sur une déduction plus complexe que les autres. Comme il s'était réhabitué vite à son ancienne vie ! Parfois, lorsqu'il ne s'attardait pas sur les traits légèrement plus émaciés de Sherlock, l'état de délabrement du salon, ou sa propre maigreur, causée par la dépression contre laquelle il avait dû lutter ces dernières années, il pouvait presque croire que rien n'était arrivé. La chute, la tombe, le deuil, les nuits de pleurs et de cauchemars, le manque affreux au quotidien, l'ennui, l'absence insupportable de sa présence...
Oui, parfois, il se sentait parfois prêt à tout laisser de côté pour plonger de nouveau dans l'aventure, pour suivre Sherlock au cœur du crime, au centre du mystère, sur la route de l'aventure. Il se sentait prêt à retourner à Baker Street tard le soir pour s'asseoir en face de lui, pour parler, pour goûter sa présence, pour sourire à ses blagues idiotes – et pourtant adorables – pour s'émerveiller de son génie, pour panser ses blessures... Pour que ce soit eux-deux, de nouveau, contre le reste du monde.
Eux-deux, pour toujours.
Mais ils n'étaient plus que deux.
Car quoi que John fasse, Mary ne quittait jamais totalement ses pensées. C'est vers elle qu'il retournait le soir, après tout, qu'elle qu'ait été l'aventure de la journée. C'est elle qu'il embrassait. C'est près d'elle qu'il se réveillait.
C'est elle qu'il avait demandé en mariage.
Alors, à la fin de la journée, il finissait toujours par s'arracher à son détective pour quitter l'endroit qu'il considérait en secret comme chez lui, afin de rejoindre la maison qui portait son nom et qui, pourtant, lui avait toujours été étrangère.
Sherlock ne disait rien, dans ces moments-là, lorsque l'enquête était finit et que son ami se dirigeait vers la sortie. Pas même au-revoir. John aurait pu l'accuser d'être insensible, s'il ne l'avait pas si bien connu. Il savait, il sentait, que ses départs blessaient le détective, chaque fois un peu plus. Il voyait ses yeux se perdre, se parer d'une supplication muette qui n'attendrait jamais ses lèvres. Reste avec moi, John, s'il te plait.
Mais Sherlock ne disait rien, ne dirait jamais rien, à ce sujet. Il savait qu'il était arrivé trop tard. Il savait qu'il était dans son tort. Il savait que John était officiellement lié à Mary, désormais, et non plus à lui.
Et s'il avait tenté sa chance plus tôt ? Songeait-il, parfois. S'il avait tenté quelque chose, avant sa fausse mort, avant Mary...
La question, lancinante, ne le quittait jamais.
~
Et puis la réponse vint, aussi évidente qu'au premier jour de leur rencontre, lorsque leurs lèvres se trouvèrent dans le noir, lorsque leur peau se frôlèrent pour mieux s'écraser l'une contre l'autre, lorsque leurs mains se lièrent puis s'écartèrent pour se caresser, lorsque leurs corps franchirent la barrière que leurs esprits s'étaient imposés.
Une nuit dans la même chambre d'hôtel, une nuit côte-à-côte après deux mois de tension inavouée. Une nuit, c'est tout ce qu'il avait fallut pour qu'ils s'abandonnent enfin, pour que Mary s'efface des pensées du docteur, pour qu'il se laisse emporter par ce qu'il fallait bien nommer « amour ».
Cette nuit consumée, rien ne put plus les arrêter. C'était des rendez-vous volés à l'arrière d'une scène de crime ou dans son cabinet de consultation. Des baisers échangés avec autant de hâte que de passion sur la banquette d'un taxi. Des nuits sans dormir à la poursuite du plaisir, dans des chambres d'hôtels anonymes...
Mais jamais à Baker Street. John avait trop honte. Et Sherlock ferait tout, absolument tout, pour que John ne cesse pas cette relation qu'il avait tant et tant désiré, durant ces deux années au loin. Même si elle ne les satisfaisait pas entièrement. Même si le secret les rongeait de l'intérieur, empoisonnant leurs étreintes, corrompant leurs caresses. Même s'il avait rêvé de mieux.
Ils ne parlaient jamais, dans ces moments-là. Ils ne parlaient jamais de leur relation, d'ailleurs, en règle générale. John, fondamentalement honnête, n'aurait jamais supporté devoir admettre à voix haute la faute qui pesait déjà si lourd sur sa conscience. Sherlock, lui, était terrifié à l'idée que John, au pied du mur, choisisse Mary. Car, après tout, n'était-ce pas déjà ce qu'il avait fait ? Le mariage approchait. Et tous les deux savaient qu'après, ce serait terminé. John ne pourrait jamais construire une vie sur un mensonge. Il lui faudrait choisir.
~
John souriait au bras de la mariée, toute de blanc vêtue. Tout le monde était là, tous ceux qui importaient.
Mary lui sourit. Il avait fait son choix. Celui que tous s'attendaient à ce qu'il fasse. Celui de la respectabilité. Celui de la tranquillité. Il pouvait compter sur Mary. Elle serait une ancre dans son quotidien, un point d'attache stable, sans surprises, sans fausse mort, sans aventures précipitées au dernier moment, sans manipulation et mensonge éhontés. Et puis, il l'aimait. Lorsqu'il en doutait, il n'avait qu'à se pencher sur son visage au sourire malicieux, sur son regard décidé, sur sa silhouette familière, et sentir son cœur se réchauffer.
Tout le monde riait et papotait, autour d'eux, appréciant la joie de l'évènement. Puis le regard de John accrocha une silhouette solitaire, en retrait. Son cœur se tordit violemment.
Les yeux de Sherlock fixaient le vide. Ses doigts étaient posés sur ses lèvres. Peut-être se souvient-il de notre dernier baiser.
Le cœur de John se tordit encore, plus fort, plus violemment, alors que ses pieds suivaient instinctivement Mary, alors que tous se taisaient pour entendre le maire faire son traditionnel discours. Il aurait dû se concentrer sur les paroles l'officiant, sur le bras passé autour du sien, sur la silhouette qui se tenait à ses côtés, sur le visage de celle qu'il s'apprêtait à épouser... Mais il ne pensait qu'à Sherlock.
Il ne pensait qu'à ses lèvres. À tous les baisers qu'ils n'échangeraient jamais. Toutes les caresses, toutes les paroles, qui ne seront jamais les leurs. Il ne pensait qu'à la vie qu'ils ne construiraient pas, aux rendez-vous qui resteraient de simples fantasmes, aux réveils côte-à-côte qui n'auront jamais lieu. Il ne pensait qu'à tout ce qu'ils avaient partagé et tout ce qu'ils ne partageraient jamais plus après aujourd'hui, après cette cérémonie, après ce simple « oui », et fut terrifié de sentir ses yeux se remplir de larmes brûlantes.
Il aimait Mary, sincèrement. Elle était une douce chaleur au sein de sa poitrine, une épaule stable et douce sur laquelle s'appuyer.
Mais il aimait Sherlock, aussi. Différemment. Sherlock n'était pas une chaleur diffuse, il était un torrent de lave. Ses épaules n'étaient ni stables, ni respectables, et il lui avait fait beaucoup de mal. Mais la passion qu'il ressentait pour lui l'enflammait, de la même manière que l'adrénaline des courses-poursuites exaltait son quotidien morne. Sherlock avait des faiblesses, des défauts, des vulnérabilités, plus que Mary, peut-être... Mais tous ces traits de caractères, il les chérissait si fort, si fort ! Il aurait pu mourir pour lui, sans hésiter, il aurait pu faire n'importe quoi pour le sauver, pour l'aider, pour l'empêcher de souffrir. N'importe quoi.
Mais il était trop tard. On apportait déjà les alliances. Il avait renoncé à Sherlock, à son génie, à sa tendresse maladroite, à son affection sans mesure, à la vie qu'ils auraient pu mener. Il était trop tard. Il ne pouvait pas faire ça à Mary, il ne pouvait pas l'abandonner maintenant. Et puis, il aurait l'air de quoi ? Il n'avait pas envie de donner raison à tous ceux qui le harcelaient pour les mettre ensembles. Il avait envie d'être respectable et respecté. Il avait envie...
Non, c'était des mensonges.
Ce dont il avait véritablement envie, c'était Sherlock. C'était une vie d'aventure, de passion et de frénésie. C'était ce dont il avait toujours eut envie.
Allait-il gâcher sa vie pour s'épargner un instant de souffrance ? Allait-il gâcher la vie de Mary et de Sherlock par souci de respectabilité ?
Un coude lui entra dans les côtes. Il retourna brusquement à la réalité. L'officiant lui jetait un regard mi-inquiet mi-courroucé. La salle était muette.
-Tu es sensé répondre « oui », mon chéri, murmura Mary sur un ton de plaisanterie inquiète.
John jeta un coup d'œil en arrière. Son regard accrocha celui de Sherlock, tout au fond de la salle. Le détective retint son souffle.
Si je dis non, maintenant, tu m'accepteras ? Lança le regard du blogueur.
Sherlock cligna plusieurs fois des yeux, comme pour en chasser des larmes. Toujours.
John eu un minuscule et fugitif sourire. Ils avaient toujours été excellents pour communiquer sans parler. Puis il se tourna vers Mary.
Elle avait compris. Il le sut dès que leurs regards se croisèrent. Elle était loin d'être bête, et elle le connaissait bien.
-Mary, dit John, très lentement, en prenant dans les siennes les mains de sa fiancée. Ne doute jamais de la sincérité de mes sentiments. Je t'aime vraiment. C'est juste... Ce n'est qu'à présent que je me rends compte... Oh, Mary, je suis si désolé...
-Tu l'aimes plus, n'est-ce pas ? Murmura-t-elle, la voix étranglée.
John n'eut pas la force de répondre. L'assemblée, choquée, était silencieuse.
-Cela me surprenait, aussi, que tu me choisisses, moi, soupira-t-elle en fermant les yeux. Je n'arrivais pas à y croire. Peut-être n'y ai-je jamais cru...
-Je suis désolé... répéta John, tout bas, des larmes au coin des yeux. Tellement désolé...
Elle s'écarta, les yeux toujours fermés.
John tourna la tête vers le fond de la salle, au bout de l'allée. Sherlock, debout, immobile, l'observait. Lui non plus n'arrivait pas à y croire. S'était-il perdu dans son palais mental ? Allait-il se réveiller et se rendre compte qu'il rêvait ? Ou qu'il était sous l'influence d'une drogue ou d'une autre ?
John franchit l'espace qui les séparait.
-J'ai assez menti, déclara le médecin. Sherlock, je suis désolé, je t'ai fait du mal, à toi aussi. Est-ce que...
Sherlock hocha frénétiquement la tête, incapable du moindre mot.
Alors John l'embrassa. Et, enfin, l'univers entier retourna à sa juste place.
Sherlock Holmes et John Watson, ensemble, jusqu'à ce que la mort les sépare.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro