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Promesse oubliée

« Bonjour Oncle Albert, c'est moi ! »

La jeune femme referma doucement la porte et se retourna, tout sourire vers son grand-oncle. Ce dernier était tombé malade quelques semaines auparavant, étant de ce fait dans l'obligation de rester alité et ce, malgré ses protestations.

-Comment vas-tu aujourd'hui ?

-J'irai mieux quand je pourrai sortir et rentrer chez moi, bougonna le vieil homme.

-Tu sortiras quand tu seras guéri et pas avant. Et ne t'inquiètes pas pour ton jardin et ton potager, je m'en occupe.

-Fais attention à mes tomates, ne les laisse pas mourir.

-Mais oui, je sais.

-Et n'arrose pas trop...

-Les carottes, et ne pas donner trop à manger aux poules, j'ai retenu la leçon.

Le vieil homme soupira et la jeune femme se radoucit en le voyant si triste.

« Je sais que c'est long, Oncle Albert, mais plus tu te reposeras et prendras tes médicaments et au plus vite tu sortiras. Et de toutes manières il vaut mieux que tu attendes encore quelques semaines pour que l'hiver passe. »

Le dénommé Albert haussa les épaules en faisant la moue, perdu dans ses pensées. Il sembla soudainement revenir à lui dans un sursaut.

-L'hiver, tu dis ? Mais on est quel jour ?

-Mercredi.

-Non la date, quelle date ?

-Le quinze janvier.

-Oh mon Dieu, c'était aujourd'hui.

Albert ferma alors douloureusement les yeux et passa une main tremblante sur son visage fatigué, sous le regard inquiet de sa petite-nièce, qui s'empressa de le questionner.

« Ce qu'il s'est passé ? C'est que je viens de rompre une promesse vieille de cinquante ans. Viens ma petite, assieds-toi, je vais tout te raconter ».


***


« Ça s'est passé il y a tellement de temps que j'ai l'impression que c'était dans une autre vie. Comme tu le sais, mes parents étaient fromagers dans un petit village. J'ai toujours vécu là-bas et même s'il n'y avait pas beaucoup d'enfants de mon âge, il y avait Paul. P'tit Paul, qu'on l'appelait. C'était le fils du Charpentier et mon meilleur ami. On avait encore des couches-culottes qu'on faisait déjà les quatre cent coups, tous les deux. Il était même plus que mon ami ou mon frère, c'était mon double, mon reflet. Si on cherchait l'un, il fallait trouver l'autre. Je ne me rappelle d'aucune journée passée sans lui. Tu te souviens de la cabane que tu avais dans mon jardin ? J'avais la même avec Paul. On l'avait construite de nos propres mains au sommet d'un grand arbre dans une forêt, un cèdre je crois. Qu'elle était belle, cette petite cabane. Oh bien-sûr, aujourd'hui elle me semblerait bien ridicule mais à l'époque c'était un vrai palace, pour deux garnements comme nous. Puis un jour nous avons décidé d'ajouter une balançoire à notre petit coin de Paradis. Comme le reste, je suppose qu'elle était brinquebalante et de travers, mais il nous semblait qu'elle pouvait nous emmener au bout du monde sans le moindre effort. On avait huit ans quand on l'a accrochée. Alors Paul m'a tendu son petit doigt, et nous nous sommes promis que cinquante ans plus tard, nous nous retrouvions au même endroit, tous les deux. Bien-sûr, pour nous c'était presque une promesse en l'air : on ne voyait pas notre vie autrement qu'à deux : comment aurais-je pu faire sans une partie de moi ? Si le miroir ne me renvoyait rien d'autre que du vide ? Et pourtant, nous avons été séparés. C'était le trente septembre mille-neuf-cent-trente-neuf. Pour le protéger de la guerre et des soldats qui progressaient de plus en plus vers nous, les parents de Paul l'ont envoyé chez sa tante à Paris. Et moi je suis resté là, à attendre son retour. Mais Paul n'est jamais revenu, même après la Libération. Alors vers mes vingt-en-un ans, j'en ai eu assez de travailler avec ma mère et je suis à mon tour descendu à la Capitale. Peut-être avec l'espoir de tomber sur lui par hasard, mais rien. Aucune nouvelle de mon P'tit Paul. Puis le temps a fait son effet, j'ai rencontré Irène et elle m'a convaincu de tourner la page. C'est ce que j'ai fait. Mais un coup de vent suffit pour les faire se rabattre avec violence. Voici la bourrasque. C'est aujourd'hui que je devais retrouver mon amis de toujours. Tiens, ouvre donc le tiroir là-bas, dans un vieux mouchoir il y a une épine. C'était un souvenir, pour ne pas oublier notre promesse. Parce que si l'hiver ne fait pas tomber les épines du cèdre, rien ne pourra faire tomber le souvenir d'une promesse d'enfant. »


***


La jeune femme était restée bouche-bée devant le récit de l'Oncle Albert, lui qui était d'habitude si silencieux sur son passé et son enfance, venait pour la première fois, de parler à cœur ouvert et d'évoquer les deux.

Un instant elle fut tentée de lui demander pourquoi il n'avait pas cherché à retrouver son ami, pourquoi il s'était contenté d'espérer son retour sans jamais savoir où était Paul et comment il allait. Mais c'est en posant son regard sur les rides du vieil homme, sur son regard douloureux et perdu dans le vide qu'elle comprit qu'il avait préféré vivre dans l'ignorance plutôt que dans la douleur : ne jamais savoir ce qu'était devenu son ami d'enfance plutôt que d'apprendre une nouvelle fois son départ.

-Je sais ce qu'on va faire, Oncle Albert, je vais aller chez toi et m'occuper de ton jardin et de tes poules puis je vais aller à ta cabane. Comme ça je verrai si ton ami est là, et toi tu pourras te reposer pour retourner le voir le plus vite possible.

Le vieil homme soupira avant de lever un regard fatigué.

-Je suppose que je n'ai pas le choix. Mais attends avant de partir. J'ai quelque chose pour lui.

D'une main tremblante, Albert ouvrit le tiroir de sa table de chevet. Il déplaça délicatement quelques reliques de son passé : la bague de fiançailles d'Irène, la fleur désormais séchée qu'il lui avait un jour offert, une pomme de pin, un caillou informe... Tous ces objets si simples qui avaient pourtant une valeur sentimentale plus élevée que tout l'or du monde.

Du petit tiroir, il en tira un paquet de lettres qui semblait bien lourd pour ses vieux muscles.

-Des lettres ? Mais il doit y en avoir des dizaines ! Peut-être même une centaine !

-Ce sont toutes les lettres que je lui ai écrites. Je ne les ai jamais envoyées, j'avais trop peur qu'elles me reviennent. Je pense que maintenant, c'est le moment de savoir, le moment de se jeter à l'eau. Peu importe la profondeur du fond, je suis prêt.

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