Je ne m'épile pas, et vous ?
Je ne m'épile pas, et vous ?
Bonjour à tous ! Tandis que nous vous préparons de petits articles sur nos coming-out respectifs, laissez-moi discuter avec vous... d'épilation.
Tout d'abord, si vous le voulez bien, parlons de poils.
Les poils sont très souvent considérés comme un manque d'hygiène, comme s'ils faisaient ressortir la version primitive d'un corps. La pilosité est considérée dans notre société, tant pour les hommes que pour les femmes, comme une honte et quelque chose de très sale.
Mais si l'on abat tous les clichés implantés dans nos petites têtes, qu'en est-il de la réalité ? Pourquoi nous épilons-nous, si ce n'est pour les valeurs esthétiques d'une société de consommation qui marche sur la tête ? Devons-nous nous transformer en poulets de batterie, et nous plumer afin de mieux nous faire bouffer ? Sommes-nous obligés d'être appétissant ? Et puis, sont-ce les plats les mieux servis qui sont toujours les plus raffinés ?
Commençons au commencement.
La pratique de l'épilation semble bien lointaine pour certains, en réalité, cela fait moins d'un siècle que l'Homme européen s'épile, et moins de 50 ans que l'image du corps de femme parfait est devenu, dicté par les lobbies commerciaux et autres grands manitous de la finance, cette jeune fille de 16 ans anorexique, aux longs cheveux blonds, au corps glabre et aux larges lunettes de soleil qui cachent ses joues candides. Quant au profil masculin parfait, il nous suffit d'allumer la télévision pour en être inondés. Musclé, figé dans une position de contraction des abdos (comme s'ils passaient leur temps à faire caca), torse nu et surtout entouré de deux ou trois splendides femmes, toujours sexy au possible et belles comme le jour. Et bien sûr, glabre.
Mais où va le monde ? Qui trouve viril le fait de ressembler à un nourrisson ? Qui trouve sexy une fille aussi poilue que lorsqu'elle avait 9 ans ? Tout le monde. Ou tout du moins, la majorité de la population qui se laisse enliser dans les clichés qui nous entourent dès le berceau.
Peut-on lutter contre cela ? Lorsque l'on trouve ses propres poils laids, sales, honteux, que peut-on faire ?
Je ne m'épile plus depuis deux ans maintenant. Attention ! Cela ne veut pas dire que je n'entretiens pas mes poils. Je les considère, à même titre qu'une barbe ou des cheveux. Je les lave de la même façon, les taille aux ciseaux pour leur donner la coupe qui me va le mieux. Et je trouve ça beau ! Parce que lorsqu'on assume son corps, on ne peut qu'être beau.
Pour quelle raison ai-je arrêté de m'épiler ?
J'ai commencé à m'épiler à 14 ans comme toute jeune fille normale de notre belle société normative. Je consultais une esthéticienne qui s'occupait de mes poils pour un tarif abordable et prenait des nouvelles de gens qu'elle ne connaissait qu'à-travers le prisme de ma pilosité. J'ai décidé d'arrêter de moi-même lorsque j'ai assumé mon corps. Ça me faisait mal, c'était contraignant, ça m'irritait affreusement, et surtout, j'avais l'impression d'être sous le joug d'un esclavagisme insupportable. J'ai toujours détesté les clichés, et je me mettais à marcher à fond dans celui de la femme parfaite que l'on nous imposait. J'ai lu un livre qui s'appelle Théa pour l'éternité, qui parlait du désir croissant des jeunes filles d'avoir éternellement 16 ans, l'âge représenté comme celui de tous les possibles. Dans ce roman, Théa accepte de devenir cobaye d'un test de pilule pour rester jeune. Sauf qu'au cours de l'expérience, les scientifiques découvrent qu'arrêter de prendre cette pilule entraine la mort rapide du cobaye. La voilà condamnée à rester Théa, 16 ans, éternellement, et dépendante vitalement de ces pilules. A-t-on besoin d'en arriver là ? Vous me trouverez sûrement parano, mais il est déjà avéré que l'épilation, quelle que soit la manière dont elle est pratiquée, entraîne une irritation de la peau. Pour peu que vous ayez une peau "à problèmes", vous voilà avec une allergie, une peau de poulet, des rougeurs, des boutons.
De nombreux instituts cherchent à démontrer la dangerosité de l'abus de l'épilation. Dans la zone du maillot, le danger est plus important encore. Les poils sont naturellement une protection contre les bactéries. Pourquoi en avez-vous dans le nez, d'après vous ? Épiler le maillot l'irrite. Combiné à l'environnement humide des muqueuses génitales, c'est le meilleur moyen d'augmenter les chances d'attraper des bactéries ou des IST. L'épilation, sans danger ? On repassera !
J'ai longuement réfléchi. Étais-je prête à me regarder dans le miroir, avec mes poils et en les assumant ? À répondre aux provoc' dans les vestiaires, aux regards étranges l'été ? Oui. J'étais prête. Je l'ai fait.
Aujourd'hui, je n'épile aucune partie de mon corps. Je connais les meilleurs réponses toutes faites aux pouf' des salles de sport (oui oui, c'est pour un casting dans le prochain star wars. Quel rôle ? Chewbacca évidemment !).
J'ai trouvé un amoureux qui m'aime pour celle que je suis et qui m'a acceptée en tant que tel. Que demander de plus ?
Réfléchissez-y...
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