Chapitre 6 : Ce qui doit rester dans l'ombre
« Nous allons faire tomber le créateur de M-Land, nous mettrons fin à ce jeu. Rejoignez-nous. »
Mia et Thomas se trouvaient à une table de la guilde des aventuriers. Le jeune homme avait appris de ces erreurs et avait fini par dénicher un plat à son goût, ce qu'il n'avait pas mangé durant bien plus d'un mois, une fine galette contenant divers légumes inconnus.
— Personne ne prend l'annonce qu'on a envoyée au sérieux pour le moment, c'est vrai, mais dès qu'on aura réussi à s'imposer c'est là que cette déclaration aura du poids, expliqua Mia en dévorant sa côte de Vishar.
— Et comment on fait pour s'imposer exactement ? Pour les autres joueurs, on a quand même réussi à gagner un évènement contre Morgan et les exécuteurs, c'est pas rien !
— Pas rien ? Morgan n'est que le numéro deux de leur petite équipe, sans leur chef et deux des exécuteurs supérieurs, forcément notre victoire n'étonne personne. Et puis, les exécuteurs sont réputés pour être protecteurs envers les nouveaux joueurs. Si on veut être pris au sérieux, on va devoir faire un peu plus que ça.
— Et tu as un plan ?
— Pas pour le moment, de toute façon il suffit d'attendre la prochaine opportunité. Je sens que les prochains jours vont être amusants !
Mia finit son assiette, puis pointa Thomas avec son couteau.
— En fait, le monde d'avant ne te manque pas ?
— Pointe pas ça vers moi, c'est dangereux, demanda Thomas sans répondre à la question.
— Tu trouves ? Moi ça me rappelle notre première interaction à ton réveil dans ce monde, tu t'en souviens ?
— Tu parles de la fois où tu m'as attaqué avec ton bâton étoilé en disant vouloir mon épée ? Ouais je m'en souviens, j'avais failli y passer.
— Tout de suite les grands mots ! C'était plutôt amusant, non ?
— C'est pas vraiment ce que j'aurais dit, et arrête de pointer ce couteau vers moi.
— Pff, rabat-joie, lâcha Mia en posant son couteau, enfin, ça ne répond pas vraiment à ma question, le monde d'avant...
— Il ne me manque pas, je n'ai plus rien là-bas de toute façon, que je sois ici ou ailleurs, aucune différence. Je veux juste... si on pouvait arrêter la grande pandémie, c'est tout ce que je demande.
Mia détourna le regard, Thomas en profita pour aborder un sujet qui lui pesait sur le cœur depuis un moment.
— Au sujet de la discussion de la dernière fois, commença-t-il.
— Celle qui a été interrompue par l'attaque de cette fille invisible ?
— Ouais...
Thomas s'était énervé contre Mia, quand elle avait provoqué la mort d'un homme sans que la situation ne le nécessite, simplement pour augmenter son niveau de M-Land et gagner en puissance.
— Tu vas continuer à tuer des gens comme ça ?
— Je savais que tu allais revenir sur ce point alors j'ai eu une idée, faisons un serment !
— Un serment ? Comment ça ?
— Un contrat magique officiel, si je brise ce serment, j'en mourrais. Alors ?
Thomas hésita un instant, mais il secoua la tête.
— Je n'ai pas non plus envie que tu meures, Mia.
— Si je brise pas le serment je meurs pas donc ne t'en fais pas ! Je compte bien le respecter, tu as ma parole. De toute façon moi non plus je n'ai pas envie de mourir ! Pour ce qui est du contenu ça pourrait simplement être « interdiction de tuer, sauf si c'est nécessaire » qu'en dis-tu ?
Le jeune homme ne parvenait pas à comprendre la raison pour laquelle l'avis de sa camarade avait drastiquement changé, elle qui d'habitude n'en faisait qu'à sa tête... Thomas, même si Mia était censée être son alliée, resta méfiant.
— J'aimerais juste qu'en échange, tu fasses une simple chose pour moi, continua Mia.
— Tu veux quoi ?
— T'as l'air tendu, ne t'inquiète pas c'est trois fois rien ! En fait, tu n'as même pas besoin de faire quoi que ce soit concrètement !
Voilà ce qu'elle attendait, une contrepartie. Si cette femme normalement si indomptable avait décidé par elle-même de s'enchainer, ce n'était évidemment pas sans arrière-pensée. Lorsqu'elle révéla à Thomas ce qu'elle avait derrière la tête, le jeune homme fut fortement étonné, pourquoi une telle condition ? Elle était prête à sacrifier une partie de sa liberté, à sacrifier la force qu'elle pouvait facilement acquérir, et ce pour simplement une assurance si banale ?
— J'aime pas ça, avoua franchement Thomas.
— Ma condition ne te plait pas ?
— Ce n'est pas ça... je pensais juste que tu me faisais plus confiance que ça, même si on... On n'est pas toujours d'accord, on reste coéquipier... Enfin, si ça peut te rassurer, j'accepte.
Mia lui tendit sa main, un cercle vert sur laquelle d'étranges runes étaient notées s'y trouvait.
— Alors, allons-y.
Thomas serra la main de Mia, actant ainsi le serment. Le sourire de la jeune femme s'élargit, un sourire sincère, sans malice apparente.
Les desserts furent apportés, pour Mia, une glace à la vanylle, elle en raffolait, Thomas à force de la voir prendre ce dessert encore et encore, avait fini par se laisser tenter et il choisit la même chose.
— En fait, t'as lu le journal ? demanda Mia en attaquant sa coupe.
— Le journal ? Non pourquoi ?
— Tu sais, les journaux ne disent jamais les informations les plus intéressantes dans ce pays, les évènements importants sont systématiquement passés sous silence. Du moins, ne sont pas détaillés comme ils le devraient.
— Ah oui ?
— Par exemple, ce journal ne parle pas de la mort de Meïly.
La phrase de Mia resta en suspens, dans cet espace où les mots n'ont pas leur place, les regards des deux camarades se rencontrèrent. Thomas réalisa les paroles que sa partenaire venait de prononcer, c'est là que commença le déni.
— Mia, c'est pas drôle.
— Ce n'est pas une blague, elle est morte dans la nuit. Je ne sais ni à cause de qui, ni pourquoi, mais une chose est sûre, je ne ressens plus son énergie vitale.
— Qu'est-ce que tu...
— Je suis dans la classe des soutiens je te rappelle, ça fait partie de mes pouvoirs, je peux ressentir l'énergie vitale des gens. En fait c'est un peu plus compliqué, je peux comme enregistrer certaines personnes pour connaitre en permanence leur état de santé. Dans tous les cas, celle de Meïly est tombée à zéro au court de la nuit, elle est morte.
— POURQUOI TU N'AS RIEN DIT AVANT ?
— Ne va pas croire que je n'ai rien fait, sentir son énergie diminuée m'a réveillé, j'ai passé la nuit à essayer de la trouver, mais ça n'a servi à rien.
— Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
— Je t'en parle là.
— Pourquoi tu l'as pas fait avant !?
— C'est... ça t'aurait mis en danger... idiot, marmonna-t-elle.
Son expression changea alors, devenant d'un coup beaucoup plus sérieuse, elle baragouina « je le sens », elle comme si plus rien n'avait d'importance, elle se leva sans hésitation et quitta l'établissement en courant.
Thomas, dans l'incompréhension, paya pour le repas, Igiy arriva à sa table et lui demanda, inquiet :
— Tu vas bien ?
— Ouais, on va dire ça...
C'est alors qu'une alarme se mit à retentir dans toute la ville.
⟐⟐⟐⟐
Mia faisait face à la mer.
— Il est là, marmonna-t-elle.
Un homme, non, un enfant se trouvait au loin.
Il marchait sur l'eau, non, pas tout à fait sur l'eau, partout autour de lui une substance noire se propageait, c'est là-dessus que se posait chacun de ses pas.
Le fléau était en route.
Hey, ici la grande narratrice, un chapitre assez calme aujourd'hui, avant que la tempête n'arrive.
Bien évidemment que j'ai connaissance du pacte passé entre Mia et Thomas, mais je ne vous révèlerais rien des coulisses.
Les pions sont en place et avance inévitablement, suivant leur destin.
Petite question de fin, avez-vous une idée de ce qu'aurait pu demander Mia à Thomas ?
La sortie d'Evana, chapitre 4
La vieille femme, grâce à son invisibilité, s'infiltra à bord du bateau, elle se cacha dans la cale du navire, prête à redevenir indétectable si la situation l'exigeait.
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