— Bordel Clyde arrête de pioncer !

— Lâche-moi, laisse-moi juste cinq minutes...

— Tu sais quoi, débrouille-toi si t'es en retard, j'ai pas que ça à faire de t'attendre j'dois y aller.

— Bah alors casse-toi.

Le colocataire de Clyde leva les yeux aux ciels avant de sortir du petit appartement, « j'dois y aller », hein ? Aller où exactement ? Il devait bosser comme ouvrier, ouais devait, mais Clyde savait qu'il s'était fait virer, alors c'était bien beau de lui faire des leçons de morales, mais quand on gagne de l'argent de façon illégale...

Ouais, illégale, sinon comment pouvait-il gagner autant en aussi peu de temps ? Enfin bref, Clyde finit par sortir de son lit, il n'attendait que le départ de son colocataire pour agir. Il avait rendez-vous aujourd'hui. Pour le travail ? Non, absolument pas, c'est juste aujourd'hui qu'il devait se réapprovisionner en pilules.

Ouais, son traitement, il ne lui en restait quasiment plus, vraiment, quasiment plus. Il en avait besoin, sans ça, les choses risquaient d'être compliquées. Bordel, elles sont où ces pilules ? Merde, la boite, où est-ce qu'il avait mis cette foutue boite ?

La boite, la boite, il faut la retrouver. Vite. Elle est où ? Où ? Merde, merde, merde... Pourquoi elle n'est pas à sa place ? C'est ce connard d'Antoine qui l'a pris avant de partir ? Ce sale enfoiré...

Ah, elle est là.

Qu'est-ce qu'elle foutait par terre ? Peu importe, Clyde se rua sur la boite, il prit l'une de ses pilules et se sentit instantanément mieux.

Que deux. Il ne lui en restait que deux. Il devait absolument se réapprovisionner. Sa fournisseuse lui avait donné rendez-vous. Il devait s'y rendre.

Il sortit de chez lui, enjambant le bazar environnant. Il se rata, son pied heurta le coin d'un meuble. C'était douloureux, il détestait avoir mal. Si possible, il préférait ne pas avoir à se blesser. Jamais. Après avoir récupéré, il se rendit dans les rues des quartiers pauvres. Les quartiers pauvres ? Quelle blague, même les quartiers les plus aisés de cette foutue ville étaient pauvres, à quoi c'était censé servir de faire cette distinction ? 

Ouais, tout ça c'est juste une mascarade. Mais Clyde n'en avait quelque part, que faire. Tant qu'il pouvait se réapprovisionner en pilules, le reste n'avait pas grande importance.

Froid. Les pavés, ils sont froids. Et mouillé. Peut-être qu'il aurait dû enfiler des chaussures avant de partir. Tant pis, au moins il portait un manteau.

Il devait se rendre à côté du bar du centre-ville... C'était quoi déjà son nom ? Peu importe. Pourquoi la rue était aussi remplie ? Depuis quand les gens sortent de chez eux dans cette foutue ville ? Une quinzaine de personnes rien que dans cette rue... Pas de gens, pas de gens, pas de gens, dangereux. Les gens sont dangereux. 

« Flip, Flap »

Le son des pas sur le sol humide.

Insupportable.

« Flip, Flap »

Beaucoup trop de « Flip, Flap », donc beaucoup trop de gens.

Des gens...

Il devait prendre une pilule.

Il n'en restait plus qu'une seule.

Il continua à avancer dans cette rue bien trop remplie pour lui, il arriva finalement devant le bar après une marche bien trop longue à son gout.

— Clyde ? 

Qu'est-ce qu'elle foutait là elle ?

— On ne t'a pas vu depuis un moment, est-ce que...

Clyde se mit à accélérer le pas, aucune envie de discuter avec cette femme. Une ancienne collègue, elle avait pris Clyde en pitié. Peu importe, il devait partir. Oui, partir.

Le rendez-vous... il s'en éloignait, peu importe, il reviendrait quand elle sera partie.

Mais les pilules ?

Il lui en restait une... une... 

Il devait la prendre.

Il tremblait. Il prit sa dernière pilule, mais il tremblait. Elle lui échappa des mains, elle roula.

Il la suivit, paniqué, il fallait qu'il la prenne, elle ne pouvait pas partir.

Mais la pilule avait pris la fuite, elle aussi ? Elle aussi le laissait tomber ? Même les pilules se mettent à l'abandonner ?

Volé.

Une fillette, une douzaine d'années tout au plus, avait ramassé la pilule.

Cette voleuse... Clyde la saisit par le col, qu'est-ce qu'il avait dit ? Il ne s'en souvenait pas vraiment.

 Il l'avait insulté, ça, c'est sûr. Cette peste avait pris sa pilule.

Il l'avait menacé ? Sûrement. Cette peste avait pris sa pilule. 

Mais la fillette se mit à fondre en larme, Clyde n'en avait que faire, il essaya de récupérer sa pilule de force.

La fillette ne voulait pas lâcher, au final, le traitement fut éjecté à plusieurs mètres.

Clyde ne vit pas l'endroit où elle atterrit.

Un homme poursuivait cette gamine ? Ouais, un type venait de débouler à l'autre bout de la rue. Plutôt musclé. Il se rua vers elle.

La pilule.

Il la repéra, roulant vers une plaque d'égout.

Merde.

— Enfin retrouvé... tu vas me suivre bien gentiment, petite.

Elle tenta de s'enfuir, lui sortit un couteau. La fille avait peur. Affreusement peur.

— N'essaye même pas.

Mais l'homme n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit de plus.

Clyde s'interposa, mettant son poing en plein dans le visage de cette brute.

— Laisse cette gamine tranquille.

« Splatch » 

Le son de sa pilule plongeant dans les égouts. 

Hey, bon vous connaissez la chanson, je suis la grande et géniale narratrice, ce chapitre nous éloigne de nos personnages principaux afin de présenter Clyde.

Quel trait de caractère utiliseriez-vous pour décrire ce cher Clyde ?

La sortie d'Evana, chapitre 8

Avant de penser à se rendre à Glaska, il fallait manger ! La vieille femme affamée se servit de son camouflage et se dirigea face à un marchand de fruits. Le commerçant, effrayé de voir ses produits s'envoler, ne chercha même pas à comprendre ce qu'il lui arrivait.