CHAPITRE 5
Le Projet B quoi ?
Un immense brouhaha a remplacé le calme bref qu'avait crée l'annonce de cette Eva Ogden. Je lance un regard surpris à ma voisine qui me répond par un bref mouvement des épaules.
Ne nous ont-ils pas secouru parce que nous sommes des civils, blessés et choqués par-dessus le marché ?
- Silence !
La voix forte et puissante résonne dans la pièce malgré le désordre sonore et semble liquéfier les conversations. Mes yeux se tournent instinctivement vers la source de cet ordre bref et j'aperçois l'un des hommes présent sur l'estrade, debout face à nous. La prénommée Eva s'était quant à elle légèrement reculée afin de laisser la parole à l'inconnu.
Je le fixe un instant, interloquée. Il ne fait pas plus d'un mètre soixante-dix et son corps frêle est en parfaite opposition avec la stature impressionnante des autres hommes présents sur le promontoire.
Il remonte doucement les lunettes qui trônent sur son nez long et fin et réajuste les manches de sa chemise blanche sans nous considérer un instant. Son comportement calme et détaché crée déjà multiples murmures dans la foule en contre-bas.
- Stan Thomson. Directeur du Pôle de Renseignement de l'Entente et co-fondateur du projet B241.
Le dénommé Stan effectue une légère pause, nous balayant du regard comme s'il ne nous aperçoit pas.
- Je pense que vous n'êtes pas sans savoir que nous sommes en état d'alerte maximal depuis que le GIAN a envahi notre contrée. Ce scénario a toujours été une possibilité et c'est pourquoi nous avons mis en place, mademoiselle Ogden et moi, un programme capable d'assurer la défense militaire de l'Entente. Le projet B241 est un processus de formation rapide et optimalisé ayant pour but de créer des renforts militaires en un temps minime. Vous allez tous devenir ces renforts militaires.
Un silence de mort s'abat sur la pièce. Je le fixe, stupéfaite. Ils ne nous ont pas sauvés pour nous protéger mais pour nous utiliser comme chair à canon.
- Que va-t-il arriver à ceux qui s'y refusent ou qui ne sont pas en capacité d'endurer cette formation ?
Ma voix éraillée brise soudain le néant auditif qui avait envahi l'espace clos et je me mords la lèvre, soudain gênée.
Stan rive sur moi son regard glacial et insensible et j'ai envie de m'enfoncer dans ma chaise. Un frisson de dégoût me parcourt pendant qu'il me fixe silencieusement. C'est un serpent, je pense. Un serpent avide et froid, qui n'hésiterai pas à sauter au coup de la pauvre souris que je suis.
- Il n'a jamais été question de refuser. Ceux qui ne veulent pas coopérer avec nous pour protéger l'Entente, ceux ne nous seront pas d'une quelconque utilité, tous ces parasites seront exécutés comme les traîtres qu'ils sont.
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