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Ça y est, je suis guérie!

Une fois n'est pas coutume, je me suis un peu surestimée en matière affective. Et en matière de production littéraire aussi, ce n'est pas pour rien que cet ouvrage s'appelle ainsi. Je commence tout un tas de récits mais ne les termine jamais, alors voici un kof - petit - kof passage d'une histoire plus longue, que j'achèverai un jour si j'en ai le courage!



Annie sentait ses os craquer alors qu'elle quittait la chaleur réconfortante des couvertures sous lesquelles elle paressait depuis un long moment déjà. Il lui avait fallu trouver le courage d'ouvrir les yeux, comme tous les matins depuis quelques semaines, car l'envie même de vivre semblait avoir plié bagages au même titre que son chéri. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait, de ressentir ce néant qui l'envahissait gentiment comme l'eau s'infiltre dans les vieilles bâtisses croulantes, mais cela ne changeait rien au fait qu'elle détestait cette sensation de froid qui lui collait à la peau où qu'elle aille.

La femme posa ses pieds sur le parquet qui craquait autant qu'elle avant de se lever pour descendre à la cuisine. Alors qu'elle posait précautionneusement un pied après l'autre sur les marches, ses pensées s'activaient à l'intérieur de son crâne encore brumeux du monde onirique où elle aurait souhaité rester. Encore une journée de plus où elle se demandait à quoi rimait ce cœur qui battait dans sa poitrine si c'était juste pour que l'ennui et le dégoût la rongent comme une souris affamée. Elle manqua de se tordre la cheville quelques marches avant d'atteindre le rez-de-chaussée et retint un juron sous le coup de la douleur. La rampe à laquelle elle s'était accrochée avait rencontré ses côtes et sa respiration se fit plus difficile pour un temps.

La maison était calme. Calme, mais elle était surtout vide. Comme le cœur d'Annie. Çà et là, des cadres photos et des bibelots trônaient, vestiges d'un amour et d'une vie passée, mais le goût qu'en gardait la femme était celui du mauvais café, celui qu'on boit pour se maintenir éveillé malgré l'envie de tout plaquer et de dormir. Qu'est-ce qui allait lui arriver maintenant ? Elle ne le savait pas. Elle ne savait même pas si elle sortirait de cet état si proche de la mort un jour. Oh, elle l'avait su, bien-sûr, que quelque chose n'allait pas. Il lui suffisait de regarder attentivement le visage de celui avec qui elle avait partagé ces dernières années. Ses yeux clairs s'accrochaient au moindre détail, elle rentrait par la moindre faille qu'il laissait entre eux. Annie avait l'habitude de parler de choses graves. Même si cela lui faisait mal, elle se confiait et crevait l'abcès...Elle avait crevé les siens. Mais le plus gros avait infecté, tué leur couple sans qu'elle ne puisse rien y faire. Au milieu de son néant émotionnel, Annie ressentait parfois deux choses bien précises : la colère qu'il ne lui ait pas parlé et la tristesse d'avoir perdu celui qu'elle chérissait.

Après avoir avisé que les placards étaient vides, la femme se décida à sortir. Elle n'avait pas le choix si elle voulait remplir son ventre qui se tordrait bientôt sous la faim si elle ne faisait rien. C'est à regret qu'elle remonta les escaliers pour aller s'habiller. Après une douche rafraichissante et dont la sensation agréable avait réussi à lui arracher un sourire, Annie se drapa dans une serviette, même s'il n'y avait plus personne dans cette maison qui aurait pu lui reprocher sa nudité. Après avoir fouillé un temps dans ses placards, elle en sortit un t-shirt vert pomme un pantacourt noir avec un léger sourire : son ancien « chéri » n'aimait pas le vert, ou quoi que ce soit qui y ressemblait. Elle jeta ensuite un rapide coup d'œil dans son tiroir à sous-vêtements pour attraper un boxer et une brassière, laissant de côté les pièces de lingerie qu'elle affectionnait. Ses ensembles lui rappelaient des souvenirs amers et n'ayant plus personne pour qui les porter, Annie songea qu'ils allaient faire un somme bien mérité dans sa commode. Un jour, peut-être, elle retrouverait quelqu'un. Mais pour le moment cette pensée lui donnait des hauts le cœur, alors elle préférait penser à autre chose de beaucoup plus terre à terre, comme la liste les des courses ou encore les dossiers qu'elle devrait terminer avant la fin des vacances d'été. Au moins, elle avait e quoi s'occuper et ne pas tourner en rond.

Une fois prête, elle attacha rapidement ses longs cheveux cendrés en ce qui pourrait s'apparenter de très loin à un chignon. La canicule qui frappait le pays en ce moment ne l'épargnerait pas, et plus ses vêtements seraient légers, mieux elle se porterait. Annie traversa son jardin, jetant au passage un coup d'œil aux rosiers qui se courbaient sous le poids des roses et à la multitude de cactus en fleur qui formait une haie d'honneur le long de l'allée. Ce qu'il y avait de bien, avec ces plantes-là, c'est qu'elles ne mourraient pas de chaud comme le reste du monde en cette saison et qu'aucun parasite n'avait la mauvaise idée de les attaquer. Annie songea qu'elle aurait bien voulu être un cactus. Elle eut un léger sourire en constatant qu'elle pouvait encore trouver des choses jolies et sentir la chaleur du soleil, un peu trop forte même, sur sa peau. Elle n'était pas encore tout à fait morte, et elle finirait bien par sortir de cette dépression.

Lorsqu'elle arriva au village, les rues étaient désertes à l'exception de quelques vieux qui se faisaient dorer la pilule au soleil, tranquillement installé aux terrasses de café dans leurs chaises en osier. Au moins, il y en avait qui profitaient de la vie. Annie rentra dans l'épicerie et fut accueillie par la fraîcheur du lieu, et elle se détendit un peu, avant de filer vers le rayons fruits et légumes. Ça n'était pas très écolo ni économe, mais les brumisateurs disposés au-dessus des salades arrosaient maintenant ses bras, calmant la brûlure du soleil. Elle réprima une grimace en songeant qu'elle était bonne pour plusieurs coups de soleil et qu'elle n'avait plus de crème solaire, il faudrait passer à la pharmacie.

Ses courses finies, la femme ressortit à contrecœur pour affronter la chaleur écrasante. Les petits vieux étaient toujours là, cuivrés comme des moules à cannelé et aussi rutilants au soleil. En fait, ils dégoulinaient simplement de sueur, mais Annie préférait l'autre image, et elle s'éloigna vers la pharmacie en fredonnant une chanson qu'un d'entre eux lui avait apprise quand elle s'était installée au village, il y a longtemps. Lorsque le carillon retentit, elle vit le pharmacien relever la tête pour la scruter de ses yeux olive à travers ses lunettes en demi-lune, avant qu'il ne lui adresse un sourire.-

- Annie, ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vue dans le coin.

Il contourna de multiples monceaux de médicaments, sirops et crèmes miracles anti-âge pour venir lui serrer la main. Alexandre était toujours poli avec les gens, et elle appréciait qu'il ne lui ait pas fait la bise comme à l'ordinaire. A croire qu'il sentait qu'elle n'était pas à l'aise avec le contact humain, en ce moment. Le pharmacien retourna derrière son étale avant de ranger d'innombrables petites boîtes blanches, encore une cargaison d'antihistaminiques pour les allergiques du coin.

- C'est vrai que je ne suis pas venue souvent ces derniers temps.

Elle pouvait voir qu'Alexandre l'observait du coin de l'œil grâce à son reflet dans les vitres qui protégeaient les étagères.

- En même temps, moins je te vois et mieux c'est, tu me diras... Vu qu'à chaque fois que tu mets les pieds ici, c'est qu'il s'est passé quelque chose de grave ! tenta de plaisanter le pharmacien, sans pouvoir être tout à fait sincère.

- Pas trop mal, Alex, pas trop mal, sourit faiblement Annie en attrapant une quantité impressionnante de bouteilles de crème solaire pour une seule personne.

L'homme la regarda un peu intrigué, avec un léger sourire.

- Qu'est-ce que tu vas faire avec tout ça ?

- Ma bonne action du mois... Combien tu paris que les vieux ont oublié d'en mettre malgré tes sermons ? Ils vont encore pleurer quand le dermato va leur annoncer que l'un d'entre eux à un mélanome...

Annie n'avait pas tort, et il le savait, aussi se dépêcha-t-il d'encaisser la somme et de lui donner les bouteilles.

- Aller, Mère Theresa, va accomplir tes bonnes œuvres ! La taquina-t-il en la poussant hors de la boutique.

- Je croyais que j'étais le diable...

- Mais non, ne te fais pas plus méchante que tu ne l'es.

- Les enfants ont peur de moi.

- Tu es une sorcière alors, pas le diable. Mais tu sais, beaucoup de gens t'apprécient ici. Tu devrais venir plus souvent, ne pas rester enfermer chez toi, mettre le nez dehors.

Ils se regardèrent un moment, Alexandre inquiet d'avoir brusqué Annie, et la femme se demandant comment se tirer de ce mauvais pas. Quand le pharmacien était lancé sur sa dépression, plus rien ne l'arrêtait.

- Je mets le nez dehors...

- Dans ton jardin.

Elle recala les mèches folles qui s'échappaient de son pseudo-chignon avec une moue boudeuse.

- D'accord Alexandre, tu marques un point... J'essaierai de venir te voir une fois par semaine, ça te va, espèce d'empêcheur de tourner en rond ?

Le pharmacien eut un sourire radieux, qui surprit un peu Annie. Quand elle était dans ce genre d'état, elle avait tendance à oublier que ses amis puissent se soucier d'elle. Elle sortit de la pharmacie avec un léger sourire, Alexandre était contagieux. Puis elle s'arrêta devant le bar d'Estelle pour distribuer quelques bouteilles de crèmes parmi la section troisième âge. Les vieux, avec leurs yeux ridés maintenant grand ouverts et leurs sourires agréablement surpris, lui faisaient penser à des enfants à qui on offrirait des bonbons sans raison particulière.

- Ma petite Annie ! Viens t'asseoir avec nous !

- Je ne peux pas, Mme Hans, je dois rentrer chez moi et me faire à manger.

- Mais si tu vas rester! Ce n'est pas tous les jours qu'une mignonne petite poupée comme toi débarque... Tu ne voudrais pas me mettre de la crème ?

Elle leva les yeux au ciel avec un air faussement exaspéré devant l'invitation.

- Frédéric ! Tu n'as pas honte de dire ça à la petite... Rhoo tu n'es qu'un voyou, tu as pensé à ta femme ?

Ca y est, voilà qu'il se faisait houspiller par toutes les ménagères de plus de 65 ans présentes. C'était toujours comme ça avec eux, mais c'est pour ça qu'Annie les aimait bien. Des enfants dans une coquille toute fripée, voilà ce qu'ils étaient, dans le fond et leur présence lui faisait du bien. Après des aux revoir difficiles, chaque vieux trouvant toujours une nouveau prétexte pour l'empêcher de repartir, elle reprit le chemin de chez elle, décidée à se faire un bon petit plat.

Le soleil était haut dans le ciel à présent, et Annie s'était enduite de crème de la tête aux pieds, n'épargnant aucune zone de peau. Ses longs cheveux cendrés étaient à présent cachés sous un chapeau de paille mangé par le temps et il faut l'avouer, carrément troué par endroits. Mais bon, elle s'en fichait. Comme sa maison était à l'écart du village, ce n'était pas la présence de voisins qui l'étouffait et elle aurait pu jardiner en grenouillère licorne avec des chaussures de ski que personne ne serait venu lui dire quoi que ce soit. La femme était accroupie sur la terre desséchée par le soleil, occupée à retirer les mauvaises herbes qui avaient osé envahir son jardin quand elle avait eu le dos tourné. Quand elle s'occupait de ses plantes, elle ne pensait à rien. Bichonner ces formes de vie végétales plus ou moins fragiles demandait un grand soin et de l'attention, et comme Annie en avait à revendre, le jardinage était devenu une activité quotidienne depuis quelques semaines maintenant. C'est fou ce que les parasites, malgré la chaleur, se refusaient à mourir.

Alors elle coupait sans pitié les branches des plantes contaminées avant de les jeter dans le barbecue pour en faire un feu de joie et rôtir les pucerons qui gangrenaient son jardin. Il y a quelques semaines, elle se serait amusée à faire les voix plaintives de ses victimes qui mourraient consumées par les flammes infernales du Weber tout noir qui d'ordinaire dormait dans le garage. Maintenant qu'elle y pensait, Annie avait envie de brûler beaucoup de choses... A commencer par ce chandail hideux que son ex avait abandonné en partant. Le tas informe de laine tricoté à motifs chevrons d'un brun douteux gisait telle une serpillère dans son bureau. Les premiers jours, elle s'était emmitouflée dedans en pleurant malgré les 25 degrés environnants en espérant que Luc revienne. Mais il n'était pas plus revenu qu'il ne l'avait appelée pour vérifier que son départ ne l'avait pas détruite. La jeune femme l'avait compris maintenant, les heures et l'énergie qu'elle avait employé à sauver leur couple avait été gâchées comme les branches du rosier infestées par les pucerons qu'elle regardait maintenant se consumer. Qu'était Luc alors ? Un puceron ? Non, il était trop néfaste pour ça... C'était une sangsue qui avait tenté de se nourrir de sa joie de vivre et de sa vie. Quand il avait fini par tarir la force qui animait Annie, il s'était détaché d'elle en l'accusant de ne pas chercher à le comprendre, d'être une harpie qui voulait l'empêcher de réaliser ses rêves. Et il était partit.

- Je vais tout brûler.

Les tendances pyromanes d'Annie ne s'appliquaient qu'aux affaires de son ancien chéri. Elle n'abîmerait jamais cette maison, pas délibérément en tous cas. C'était la sienne, achetée avec l'argent qu'elle avait gagné à la sueur de son front, et elle la chérissait. C'était aussi pour ça que Luc était parti : cet endroit était le refuge de la jeune femme et même un huissier des plus zélés ne parviendrait pas à l'en déloger. Son ex, lors de ses moments d'emportement, l'avait un jour qualifiée de tout un tas d'adjectifs sympathiques et dans les plus polis, de mollusque. Annie songeait que le seul point commun entre elle et les invertébrés marins était qu'elle était solidement accrochée à son rocher, même si celui-là avait quatre-murs et un toit.

Quand les branches malades furent entièrement réduites en cendres, la jeune femme détacha son regard du brasier avant de rentrer ses mèches folles dans son chapeau de paille. Puis elle prit une grande inspiration avant de se diriger d'un pas décidé vers la maison, ayant attrapé un grand sac au passage. Luc avait laissé des affaires partout et à cet instant précis, elles sortaient par les yeux d'Annie. Les bibelots, le chandail, les dossiers à l'abandon, les affaires de toilette, rien n'échappait à la rafle. Tout allait brûler... Les vêtements avaient eux aussi atterri dans le sac avec un bruit mou. Il était temps de faire peau neuve et de se débarrasser des parasites qui avaient envahi sa maison de la même manière que ceux qui avaient envahi son jardin. Une fois la maison intégralement nettoyée, Annie jugea que les sacs de 100 litres étaient décidément bien pratiques et qu'il était temps de procéder à l'immolation. Elle traîna son fardeau jusqu'à un coin du jardin où la terre n'avait jamais rien laissé pousser, avant de déverser le contenu du sac sur la terre en écoutant avec satisfaction le bruit du verre des bibelots qui se brisait en tombant. C'est fou ce que ça pouvait lui faire du bien de contempler les vestiges d'une vie passée sur le point de disparaître... Elle partit chercher un bidon d'essence dans la remise avant d'en asperger le tas formé par les affaires. Pour un peu, elle se serait presque sentie comme Dieu au moment du déluge, alors qu'il faisait pleuvoir la pluie purificatrice. Elle craqua une allumette : il était temps que les affaires de Luc aient un aperçu des châtiments divins de l'Ancien Testament.

- Qu'est-ce que tu fais ?

La voix enfantine l'avait fait sursauter et elle se retourna pour voir une fillette d'un peu plus d'une dizaine d'années derrière la grille du jardin. A travers les barres en fer forgé, elle parvenait à distinguer une crinière rousse flamboyante et une salopette en jean. Annie esquissa un sourire en reconnaissant Sandra, la nièce d'Alexandre. Le pharmacien était trop jeune pour avoir des enfants aussi grands alors du coup il accueillait la petite chez lui aux vacances, trop heureux de s'en occuper. L'apparition de ce petit soleil orange avait déconcentré la jeune femme qui en avait oublié son allumette et se suçotait maintenant les doigts pour calmer la brûlure.

- Je vais brûler des parasites !

L'air absolument ravi qu'affichait Annie à l'idée mettre le feu à des affaires qui, de loin, semblaient encore tout à fait utilisables intrigua Sandra qui se rapprocha de la femme aux cheveux cendrés, la tête légèrement inclinée sur le côté en signe d'interrogation. Annie se retourna vers le tas d'affaires qui dégageait maintenant une très forte odeur d'essence avant de prendre une inspiration : elle adorait la senteur abrasive du liquide, il n'y avait rien à faire.

- Ce chandail est horrible, mais tu penses vraiment qu'il mérite de mourir comme Jeanne d'Arc ?

La comparaison fit rire Annie. Elle aimait bien la petite...Et c'était probablement la seule enfant qui n'ait pas peur d'elle.

- Jeanne d'Arc ne méritait pas d'être brûlé vive. Ce chandail immonde, et tout ce qui l'entoure, si.

La jeune femme sentait les yeux azur de Sandra se poser sur elle, et elle avait l'impression qu'ils parcouraient les méandres de son cerveau pour trouver une explication logique au bûcher qui prenait place dans le jardin. Puis soudain, elle vit un éclair de réalisation frapper la petite qui eut un sursaut. Annie s'attendait à l'entendre crier « Eurêka ! », telle Archimède dans son bain, mais sa réaction fut beaucoup plus calme.

- Le chandail immonde... C'est celui de Luc, non ?

La petite la regardait avec une expression un peu inquiète, comme si elle constatait que quelque chose n'allait pas avec la jeune femme. C'est vrai que les yeux noisette d'Annie brillaient différemment de d'habitude, ils étaient même étrangement sombres et le sourire de madone qu'elle arborait les fois précédentes où elle avait vu le petit lion roux était comme brisé, bien qu'il ait l'air normal. C'était juste une légère crispation de la mâchoire, un elle ne savait quoi dans les fossettes qui sonnait douloureusement faux pour qui connaissait réellement la jeune femme. Annie recala ses mèches cendrées qui tentaient de fuir son chapeau une nouvelle fois avant de s'approcher de la petite fille.

- Toutes ces affaires sans exception appartenaient à Luc.

A l'entente de l'imparfait, Sandra arqua un sourcil.

- Il est...Mort ?

Devant l'air mal assuré de la rouquine, Annie éclata de rire. Pendant un instant, elle aurait voulu que ce soit le cas, simplement pour que Luc lui ait fait mal malgré lui...Hors il était parfaitement conscient de ses actes destructeurs et s'était maintenant arrogé le droit de prendre du bon temps.

- Non, rassure-toi, il est vivant. Il m'a juste...quittée. Et brisé le cœur, accessoirement.

Le sourire de la jeune femme avait disparu pour se muer en un rictus qui respirait l'ironie. Un moyen supplémentaire de cacher la douleur, elle ne voulait pas que Sandra la voit dans cet état.

- Donc tu te venges...sur ses affaires ?

- Oui. Puéril, n'est-ce pas ?

- Je ne trouve pas... Ça me fait juste penser à quand mon papa a mis le feu au nid de frelons qui était sur le toit de notre maison.

Chacun ses parasites, pensa Annie. D'une certaine manière, elle était réconfortée que Sandra, malgré son jeune âge, comprenne le besoin de destruction qu'elle avait et ne le condamne pas. Elle se détourna de la petite fille pour attraper une allumette et d'avancer vers le tas à embraser. La jeune femme marqua une pause avant de gratter l'allumette, s'interrogeant encore une fois sur le bien fondé de sa décision : certaines de ces affaires pouvaient encore servir, ou elle aurait pu les donner à Emmaüs. Sauf que la simple pensée de savoir que ses parasites personnels puissent échapper à la purge la révoltait, l'écœurait. Alors avec un sourire amer, elle gratta l'allumette et la regarda tomber, petite lumière fragile, sur le monceau qui fut en un instant recouvert par des flammes orangées qui semblaient exécuter une danse de la victoire avec leurs oscillations.

La chaleur devint bientôt trop forte pour que les deux filles restent près du feu et elles reculèrent. Les yeux d'Annie, rivés sur le bûcher, pleuraient sous l'effet de la sécheresse et des bourrasques qu'ils recevaient parfois avec les cendres portées par le vent. Elle voyait du coin de l'œil Sandra, qui se tenait à côté d'elle, le regard aussi perdu dans les flammes. La jeune femme se détendit un peu, elle n'était pas seule...quoi qu'il y avait mieux comme spectacle pour une enfant. Elle s'autorisa à desserrer les poings, c'était sa manière de dire à dieu à son ancienne vie et d'appréhender la nouvelle. Une vie sans Luc pour la détruire. Alors qu'elle était perdue dans ces réflexions, elle sentit des petits doigts venir toucher les siens. Sandra, sans détourner le regard de l'incendie, cherchait à lui donner la main, ce qui lui arracha un sourire sincère et ému, comme ceux qu'elle faisait avant. Reportant son attention sur les flammes, Annie ouvrit sa main et celle de la petite fille vint s'y nicher, tel un chat qui se loverait sur les genoux de son maître. Les doigts de Sandra, étrangement frais, serrèrent les siens avec vivacité. Et juste avec ça, Annie sentit qu'elle était un peu moins morte.



Voilà, voilà, voilàààààà... Un jour, je continuerai la suite et j'écrirai un happy end pour Annie. Un jour. J'espère que ça vous a plu!

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