Elle et lui
Voilà un genre de one-shot. J'ai bien dit un genre car je ne sais même pas réellement nommer ce que j'ai écrit. Toujours est-il que c'est rempli de sentiments, contrairement à la plupart de mes textes (j'entends là que ce n'est pas guimauve, mais d'une certaine manière, romantique). Quoi qu'il en soit, assez parlé d'un texte que je ne suis pas fichue de catégoriser. Je vous laisse à votre lecture en espérant que ça vous plaise.
Ils se connaissaient depuis longtemps. Suffisamment d'années pour qu'elle sache qu'il y avait peu de chances qu'ils soient plus proches l'un de l'autre qu'ils l'étaient à cet instant. Mais ce n'était qu'un court laps de temps, quelques grains dans le sablier de leur existence. La vie reprendrait son cours habituel, comme si cet instant ensemble, à peine fini, était déjà passé depuis plusieurs années.
Elle n'aurait jamais pensé que les choses deviennent ainsi, car rien ne l'y avait préparée. Ils avaient des routes parallèles, à une distance raisonnable l'une de l'autre, mais qui ne se touchaient pas. Des rails bien droits sur lesquels progresser sans se poser de question. Mais sans que ni l'un ni l'autre ne le voit venir, ou peut-être ne veuille l'admettre, mais leurs chemins avaient commencé à se rapprocher de plus en plus.
Elle avait eu besoin d'un soutient, même infime, d'une approbation, quand elle avait déraillé. De quelqu'un de qui elle n'était pas assez proche, pour pouvoir laisser tomber son masque et révéler son amertume sans craindre de trop l'inquiéter, ce qu'elle ne pouvait pas faire avec ses proches. Porter seuls ses problèmes était stupide, mais elle était ainsi et il la tolérait. Lui avait besoin de calme. De quelqu'un qui cherche à l'aider, mais sache ne pas trop insister quand tout ce qu'il voulait était un silence qui ne soit pas empli d'interrogations. Un soutient discret, qui ne condamnerait pas ses coups de gueule.
Ils avaient pris l'habitude de discuter. Ils en avaient rarement l'occasion, mais cela le reposait et la mettait de bonne humeur. Ils s'étaient habitués à se croiser par hasard au détour d'une rue ou dans les transports à des heures plus ou moins probables de la journée. Parfois, ils ne savaient pas quoi dire, alors ils restaient silencieux l'un à côté de l'autre, chacun perdu dans ses pensées, mais regardant l'autre de temps en temps en se demandant à quoi il pouvait bien songer.
Son silence l'avait mise mal à l'aise les premiers temps, mais elle s'y était habituée. Il n'aimait pas parler de ses préoccupations, mais il écoutait. Comme elle... Même si avec les années, elle était devenue capable de se confier, aux prix de nombreux efforts. Quand les discussions de groupes commençaient, il n'écoutait souvent plus les bavardages, mais tendait l'oreille quand elle prenait la parole. Quand elle l'avait remarqué, cela l'avait rendue heureuse, à sa propre surprise. Elle n'avait pas eu réellement conscience de rechercher son approbation, jusque-là.
Il avait allumé la mèche le premier. Peut-être en avait-il eu envie depuis longtemps ? Elle ne le saurait jamais. Elle avait refusé de considérer qu'il puisse lui plaire, ou que la réciproque soit vraie. Dans son monde manichéen, l'amour était binaire au même titre que le désir. Les situations auxquelles elle avait été confrontée étaient claires, sans ambigüités. Lui, en l'embrassant sur un coup de tête, l'avait perturbée. Elle n'avait pas su s'il l'avait fait par jeu, ou s'il avait un autre but... Elle aurait voulu lire en lui mais n'en était pas capable.
Ses incertitudes l'avaient accompagnée pendant plusieurs semaines. Elle était confuse et ne pas savoir ce qui se passait dans sa tête ou dans la sienne ne faisait qu'augmenter son malaise. Pendant cette période, il avait fallu qu'elle laisse tomber le masque devant lui pour pleurer, sans jamais évoquer ce qui la troublait chez lui. Il restait impassible, égal à lui-même, lui remontant le moral sans pour autant rien laisser transparaitre qui puisse indiquer qu'il éprouvait quoi que ce soit d'autre que de l'amitié ou de la sympathie pour elle.
Alors, elle s'était décidée à éclaircir la situation. Mais en ce soir de juin, rien ne se produisait comme elle l'avait prévu. L'alcool qu'ils avaient tous les deux bu leur était monté à la tête, sans pour autant qu'ils ne soient plus maitres de leur comportement. Toutes ces questions qui tourbillonnaient dans sa tête étaient devenues soudain moins importantes, et elle avait juste envie qu'il lui donne un peu d'attention. Elle s'était retrouvée lovée dans ses bras comme si c'était la plus naturelle des actions et il l'avait embrassée sans hésiter. C'était simple, même si ni l'un ni l'autre n'avait aucune idée de ce qui se passerait ensuite. Ils se sentaient bien ainsi, ensemble.
Quand ils avaient été seuls, ils avaient discuté de quelques banalités. Et même si l'alcool ne levait plus leurs inhibiteurs respectifs, il était déjà trop tard pour qu'ils oublient le goût des lèvres ou le contact si apaisant de la peau de l'autre. Sans un mot, leurs bouches se rencontraient à nouveau et leurs doigts se nouaient, comme pour s'assurer que l'autre ne parte pas. Qu'y avait-il à dire de plus ? Aucun des deux ne partirait. Ils avaient trop besoin de ce moment de tendresse pour calmer leurs craintes respectives ou soulager leurs épaules des fardeaux qu'ils se refusaient à déposer.
Personne n'avait jamais été aussi attentionné et doux envers elle. Même s'il ne l'aimait pas, elle était heureuse qu'on lui témoigne autant de respect, et que cela vienne de lui. Elle n'avait pas eu peur quand elle s'était dévêtue, ses moindres inquiétudes dissipées par les baisers qu'il lui donnait et par les douces caresses avec lesquelles il dessinait son visage. Elle ne parvenait pas à penser à ce qu'ils se diraient le lendemain, pas plus que lui. Elle avait planté son regard dans le sien, se demandant si elle parviendrait enfin à faire tomber les barrières entre eux. Mais ses yeux à lui restaient indéchiffrables, malgré la tendresse et le sérieux qu'elle y lisait à cet instant. Quand elle lui avait demandé à quoi il pensait, il avait simplement répondu : A toi, et à ce moment.
Même avec la chaleur de sa peau contre la sienne et leurs doigts entrelacés, elle était encore consciente de la distance qui les séparait. Il resterait un mur entre eux, comme une infime paroi de verre. Il en était conscient également. Mais à cet instant, ils avaient besoin l'un de l'autre, ils essayaient d'avouer des choses qu'ils ne savaient pas dire. Ils savaient qu'ils ne s'aimaient pas, mais peut-être qu'avec ça, ils se comprendraient mieux.
Quand tout avait été fini, il l'avait prise dans ses bras et l'avait longuement embrassée, encore plus tendrement qu'avant. Ils savaient tous les deux que quand cette étreinte pendrait fin, le dernier grain de leur sablier tomberait et ils redeviendraient ce qu'ils avaient été jusque-là. Néanmoins, lorsqu'ils rompirent le contact, ils étaient paisibles. Pour le moment, aucune question ne les troublait et ils étaient heureux. Ils avaient partagé quelque chose qu'aucun d'entre eux n'oublierait, même si les circonstances faisaient qu'ils deviennent jamais plus que des amis.
Voilà voilà! Ce petit texte ne va nulle part, ne se rattache à rien... Il n'en avait pas la vocation. Si vous souhaitez laisser des commentaires, ne vous gênez surtout pas!
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