notre épilogue.
Quand ma main atteint sa cible, mon esprit me souffle que je vais peut-être avoir de gros problèmes, que je fais sûrement la plus grosse erreur de toute ma vie en partant d'ici, maintenant. Mais je n'ai pas le choix, je ne peux plus reculer. Mon avion décolle dans un peu plus de trois heures, ce n'est plus le moment de réfléchir si c'était une bonne chose de suivre cette envie de partir.
J'ouvre un peu plus la porte et avant de sortir, jette un dernier regard à George qui est debout dans le hall, à un mètre de moi. Je vois bien qu'il retient ses larmes, tout comme moi. Incapable de parler à cause de la boule qui a pris place dans ma gorge, je me contente d'un petit sourire.
La fraîcheur du matin me surprend un peu et je regrette déjà de ne pas avoir pris ma veste en jean par-dessus mon pull. Je soupire et lorsque je lève les yeux pour prévenir mon père que je retourne à l'intérieur, mon regard tombe sur lui.
Elliott.
Il est là, adossé au monospace de mon père, les bras croisés devant lui et ma veste coincée entre eux. J'étais tellement persuadé qu'il ne me dirait pas au revoir que mon cerveau n'arrive pas à faire face à la présence d'Elliott.
— Tu es là ?
Ma question est stupide. Bien sûr qu'il est là. Je ne suis pas en train d'halluciner. Je lève les yeux au ciel quand son rire s'élève un court instant.
— Je crois bien...
— Je... Je pensais que...
Il se décolle du véhicule et s'approche de moi, un sourire aux lèvres.
— Tu pensais quoi, Woody ? Que j'allais te laisser partir comme ça ? Comme une fleur, sans un dernier baiser ?
Je hausse les épaules.
— Disons que lorsque je me suis réveillé dans mon lit vide, j'ai... Ouais j'ai pensé que... Cette fois, tu avais compris que je t'en demandais trop...
Son sourire s'agrandit alors que je ne pensais pas cela possible. Il se penche vers moi et m'embrasse tendrement, une main sur ma joue. Comme il en a pris l'habitude, quand il met fin à notre baiser, il passe sa langue sur mon piercing.
— Tu comptais réellement partir sans ta veste ? me questionne-t-il, changeant de sujet. Toi qui es frileux comme pas deux.
Il me la tend mais je préfère observer son visage. Ses cheveux ébouriffés. Les paillettes dans ses yeux. Les quelques taches de rousseur qui sont apparues en même temps que le soleil. Ses lèvres aguicheuses. Sa cicatrice tentatrice. Tout chez lui va me manquer.
— Tu vas me manquer, lui avoué-je en attrapant enfin mon vêtement.
— Tu sais, je t'ai promis de ne pas te demander de rester, de ne rien faire pour te retenir mais...
Mon cœur tambourine à toute vitesse dans ma poitrine. Mes mains tremblent. Mon esprit se met à prier très fort pour qu'il le fasse finalement parce que c'est impossible pour moi de le laisser là. D'ailleurs, ma voix me trahit :
— Fais-le !
Il rigole légèrement comme si ma supplication n'était qu'une bêtise de plus.
— Je t'ai fait une promesse, Woody. Je ne la briserai pas.
La tête bascule vers l'avant, les larmes aux yeux. Jamais je n'aurais pu imaginer que ce départ serait si difficile.
— Mais rien ne m'empêche de te suivre, murmure-t-il.
Pendant quelques secondes, j'ai l'impression d'avoir rêvé ces mots. Nos regards se croisent.
— Quoi ? m'écrié-je.
Il fait un geste de la main derrière lui. Je me penche sur le côté et aperçois un sac identique au mien dans une couleur différente, au niveau de la roue de la voiture.
— Tu... Tu... Quoi ? répété-je, en me remettant droit.
— Je viens avec toi. Si tu veux de moi...
— Mais ta mère ?
— Disons que ce départ était un des sujets de notre grande conversation avec mes parents. Ma mère ne l'a pas hyper bien pris comme tu t'en doutes, encore moins bien que notre couple mais bon, je ne lui ai pas laissé le choix.
— Mais comment tu vas faire pour ton Bac ? Tu ne peux pas tout envoyer promener et gâcher ton avenir à cause de moi et de mes lubies stupides...
— Calme-toi ! Je ne gâche rien. J'ai pris conscience que la fac n'était pas pour moi. Quand on reviendra, je passerai un diplôme en alternance pour être ébéniste. Ça a toujours été mon rêve et il serait bien que j'essaie de le réaliser.
— Et Dae ?
— Il est déjà au courant, m'apprend-t-il. Il a d'ailleurs fait une bourde la première fois qu'on a bu du saké au resto des Lim mais tu n'as pas réagi. J'ai eu vraiment peur mais il a réussi à tenir sa langue pour une fois.
Mes yeux balaient encore une fois son corps entier pour déterminer s'il me dit la vérité ou s'il me fait une méchante blague. Il finit par m'attraper les mains et reprendre la parole :
— J'ai travaillé pour gagner de l'argent pour pouvoir partir et m'acheter un billet sur le même vol que toi aujourd'hui mais... Mais si tu veux faire ce voyage seul, je le comprendrais.
— Crétin !
— Mais tu l'aimes quand même le crétin.
Je ne prends pas la peine de répondre et me contente de me mettre sur la pointe de pieds pour l'embrasser. Je ne sais pas quelles études et encore moins le métier que je voudrais faire plus tard. Ni quels sont mes envies pour la vie en général. Ni mes compétences, mes limites. Mais une chose est sûre, je ne serai plus jamais cet enfant à problèmes et je découvrirai qui je suis vraiment...
Fin
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