mon anniversaire 2.0.
64. mon anniversaire 2.0.
— Oh crotte !
Le cri s'élève nous faisant sursauter, ma tante et moi. Je me tourne et vois Dae étendu de toute sa longueur sur la pelouse, face contre terre. Encore une fois, il est tombé. Je ris légèrement en levant les yeux au ciel. Je crois que c'est une des choses qui me manquera le plus chez Dae quand je serai loin : sa maladresse.
— Tu ne veux pas l'embarquer avec toi demain ?
Sun s'est glissé derrière moi pour pouvoir me chuchoter cette question au creux de mon oreille. Ady vient aider Dae à se relever, son hilarité l'empêchant de le faire seul.
— Et te priver de ses jolis vols planés ? Non jamais de la vie, lui réponds-je sur le même ton.
— Trop aimable...
Alors que ma licorne se dirige finalement vers moi tout en faisant une grimace à son frère qui est toujours derrière moi, ma tante me tapote l'épaule. Elle me sourit et fait un signe de la main vers Nolan. Du bout des lèvres, je m'excuse mais elle secoue la tête me signifiant que ce n'est rien. C'est adorable de sa part de me laisser avec mes amis alors que nous ne nous sommes pas vus depuis une éternité.
Une moue aux lèvres, Dae se glisse entre mes bras m'obligeant à détourner mon attention de Faith. D'une voix plaintive, il m'apprend :
— George m'a viré du barbecue...
— C'est plus sûr ! Je vais aller te remplacer alors ! déclare Sun, après avoir ricané.
À l'aveugle, je lui donne une tape sur la cuisse ce qui n'a aucun effet sur lui. Il nous contourne sans plus de cérémonie et s'éloigne.
— Il est méchant, marmonne Dae, tel un grand enfant. Moi aussi je peux faire cuire des côtes de machin chose bidule chouette.
Je secoue la tête tout en lui caressant le dos.
— Tu viens à peine de te crouter dans mon jardin alors qu'il n'y avait pas d'obstacle, lui rappelé-je. George a peut-être eu peur que tu te blesses...
— Ou que je mette le feu à la baraque.
— Oui, aussi !
Je ris franchement cette fois. Il se recule et je ne sais pas s'il est réellement vexé ou s'il fait seulement semblant quand il croise les bras devant lui.
— Allez boude pas, Dae-Dae ! Ce n'est pas contre toi. Tu sais aussi bien que nous que tu n'es pas le cuisinier de la famille Lim !
— Puis heureusement !
Je sens derrière ces mots, une critique envers son frère. Comme si ressembler à Sun serait la pire chose au monde pour lui.
— Il va falloir que tu prennes sur toi, Dae.
Il grogne légèrement. Je lui donne une petite claque sur l'avant-bras et poursuis :
— Sun et toi, vous êtes dans la même situation. Vous allez devoir faire des compromis pour que ça fonctionne.
Il lève les yeux au ciel comme si je racontais des bêtises.
— Je sais ce que tu penses de lui mais tu n'es pas objectif. Ce n'est pas le père fouettard non plus !
— Bien sûr, en convient-il. Mais...
Il jette un coup d'œil à son frère qui se trouve à présent avec mon père devant le barbecue.
— Tu ne peux pas comprendre, affirme-t-il finalement en secouant la tête.
— Explique-moi alors.
— On est là pour ton anniversaire, pas pour parler de ma relation chaotique avec mon stupide frère !
Il s'éloigne aussitôt de moi pour rejoindre la table où toutes les boissons ont été installées. Tandis qu'il nous sert des sodas, la main d'Ali se glisse dans la mienne.
— Je te déteste toujours, tu sais, me déclare-t-elle très sérieusement.
— Oui, je sais...
— Mais je t'aime bien quand même.
Je ris légèrement.
— Te moque pas de moi ! Si tu ne reviens pas à Noël comme tu as promis, tu ne seras plus jamais mon frère.
Mes yeux s'écarquillent. Je connais assez ma petite sœur pour savoir qu'elle ne plaisante qu'à moitié avec sa menace. Elle serait capable de ne plus adresser la parole. Elle l'a bien fait pendant onze jours quand elle a appris mon départ.
— Puis je me marierai avec Elliott, na !
— Quoi ?
— Avec grand plaisir, princesse ! s'exclame la voix d'Elliott dans notre dos, nous faisant sursauter tous les deux.
Je me tourne et il est de retour à mes côtés. Il m'embrasse doucement mais je n'ai aucune réaction.
— Vous ne me feriez jamais ça, hein ? les interrogé-je malgré moi.
— Tu ne le sauras que si tu ne tiens pas ta promesse, rétorque Elliott. Tu montes, princesse ?
Ali hoche la tête, un grand sourire aux lèvres et tend les bras devant elle pour qu'Elliott la prenne dans ses bras. Il la soulève avec facilité, dépose à nouveau ses lèvres sur les miennes un court instant et repart avec ma sœur :
— Il faudrait une piscine pour...
— On dirait déjà un vieux couple marié ! dit Dae, m'empêchant d'entendre la suite de la phrase de mon copain.
— Qu'est-ce que vous avez tous avec le mariage ? râlé-je.
Mon ami lève un sourcil sous l'incompréhension tout en me donnant le verre qu'il m'a servi. Je le remercie et bois mon soda cul sec.
— Moi ? Rien ! Je suis plutôt pour mais bon...
Il lance un regard à Ady qui parle à mes oncles un peu plus loin.
— Il part quand lui ?
— Il part en vacances avec son père en août puis après il enchaine avec l'université. Mais de mon côté, faut que je m'organise pour Londres dès qu'on aura les résultats des exams alors...
Je lui caresse doucement le haut du bras pour tenter de le réconforter un peu.
— Je ne vais pas te mentir, ça va être dur au début, Dae-Dae mais... Tu es fort et surtout, tu vas danser. Tout le temps. Avec des personnes aussi passionnées que toi et apprendre auprès de grands professionnels. Tu vas réaliser ton rêve ! Alors tout le reste n'aura plus aucune importance.
Il hausse les épaules, peu convaincu.
— Je verrai bien.
Je le prends dans mes bras, amicalement et il me rend aussitôt mon étreinte.
— Au fait, tu devrais aller voir ton père. Ça lui fout vraiment les boules que tu partes demain...
Je relève les yeux et croise le regard de mon père qui le détourne très vite. C'est vrai qu'il a l'air triste. Le voir ainsi me fait mal au cœur. Je me recule, remercie Dae et sans réfléchir, me dirige vers le barbecue. En me voyant, Sun comprend aussitôt et nous laisse seuls après m'avoir donné une légère tape amicale dans le dos.
— La viande va être bientôt prête ! m'apprend mon père.
— Super, soufflé-je.
Depuis que toute la vérité m'a été dite, mes rapports avec mes parents se sont fortement améliorés. Surtout mon père. Nous nous sommes remis ensemble au football. Nous sommes retournés à la Cookies Factory. Nous avons refait quelques aventures tous les deux. Et inventé une danse sur les Beatles les dimanches. Même si nous ne nous sommes plus jamais reparlés à cœur ouvert, notre relation est... Je ne peux pas rêver mieux !
Cependant, à cet instant, je suis mal à l'aise. Dae a raison, sa tristesse est presque palpable mais je ne sais pas quoi lui dire pour lui remonter le moral. J'attrape mon anneau entre les dents et l'observe retourner l'énorme côte de bœuf, puis lui dis :
— Merci d'avoir organisé cette soirée pour moi.
Il lève la tête, un petit sourire aux lèvres.
— Avec plaisir ! Enfin, après, ce n'est pas comme si tes amis m'avaient réellement laissé le choix de l'organisation, déclare-t-il sur le ton de la confidence.
Je secoue la tête, amusé tout de même par le comportement des garçons.
— Ils étaient tellement à fond ! C'était à la fois drôle et effrayant à vivre.
Il rit légèrement.
— Dae peut être...
— Et Sun aussi ! me coupe-t-il. En fait, c'était Elliott, le moins exigeant.
Mon père fait un pas sur le côté pour récupérer les saucisses et tout en les disposant sur la grille, il se renseigne :
— Mais tu sais pourquoi il a fallu que j'achète des bouteilles de soju ?
— Non ? Ils ont fait ça ?
— Oui ! Ils voulaient en ramener du restaurant de leurs parents mais j'ai refusé. Si on doit finir ronds comme des queues de pelles, je ne veux pas qu'on le fasse financés par les Lim.
Je cache mon visage dans mes mains alors que j'explose de rire. Mais comment j'ai pu hériter d'un père comme lui ?
— On va peut-être éviter de finir complètement bourrés !
— Hey ! C'est pas tous les jours que mon fils fête ses dix-huit ans, non mais oh !
Il dit ça mais je sais pertinemment qu'il ne chantera pas l'hymne nationale en gaélique à la fin de la soirée, torse nu, debout sur une table. Nous restons un moment silencieux. Lui à s'occuper de la viande et moi, à regarder les invités profiter de leur soirée. C'est sympa d'être comme ça. Je mets les mains dans les poches et jette un coup d'œil aux parents d'Elliott qui discutent avec ma grand-mère et son compagnon. Ils semblent se détendre doucement.
— Tu as une idée de... ton programme après Rome ? m'interroge mon père, tout bas, presque timidement.
— Tu m'as déjà demandé, papa.
— Je sais mais... Je te redemande !
Je soupire, à la fois las de lui répondre et triste. Je suis presque sûr qu'il me posera la même question demain matin dans la voiture quand il m'emmènera à l'aéroport. C'est plus fort que lui. C'est l'inquiétude qui parle.
— Après Rome, j'irai sûrement faire un petit tour en Croatie. Puis à Prague et Budapest.
— Comment ça sûrement ?
Un détail que j'avais omis de lui dire, sachant que ça l'inquièterait inutilement.
— Je n'ai encore rien réservé mais...
— Quoi ? me coupe-t-il, paniqué.
Il lâche la pince qui lui sert à tourner la viande et me fixe longuement, attendant que je lui réponde et surtout que je lui dise que c'est une blague. Malheureusement...
— Je veux visiter des villes, des pays, pas faire une course, papa. Je ferai au feeling.
Il murmure un « Mon dieu » en s'appuyant sur la table à sa droite puis prend une profonde inspiration.
— Tu vas me tuer avant l'heure...
— Pas du tout. Tout va bien se passer.
— Tu as intérêt à m'appeler tous les jours, me menace-t-il en me pointant de son index.
— Je vais te répondre la même chose qu'à Dae, pas d'appel mais je répondrai à cinquante messages par jour.
— C'est tout ?
Je ricane face à la réaction de mon père qui est identique à celle de mon meilleur ami. C'est un véritable gamin. Je passe un bras sur ses épaules et lui dis :
— Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Et si j'ai un problème, je t'appellerai pour que tu voles à mon secours, d'accord ?
Il secoue la tête alors que sa main caresse mon dos.
— Tu vas quand même me manquer, me souffle-t-il, la voix un peu cassée.
— Je...
— Bon, allez, va me chercher les steaks hachés pour les hamburgers !
Je lui souris et n'ajoute rien avant de me diriger vers la maison. Quand je m'apprête à passer la baie vitrée de la salle à manger, Sun me rejoint tout en glissant sa main dans la mienne.
— Qu'est-ce qu'on a dit sur ça ? lui demandé-je en relevant nos mains à la hauteur de mon torse.
Son sourire déjà bien présent s'agrandit fortement, lui donnant un petit air diabolique.
— Je sais, je sais... Mais j'aime trop faire tourner en bourrique le géant pour arrêter, affirme-t-il tout bas, en se penchant vers moi. Puis j'aime bien te tenir la main.
Nous entrons dans la maison qui semble complètement vide, tous les invités squattant le jardin pour profiter du beau temps. Quand nous arrivons dans la cuisine, je découvre un Dae assis par terre, farfouillant dans un placard à côté du four. Intrigué de le trouver là, je l'interroge aussitôt :
— Qu'est-ce que tu fais là ?
— Je cherche des verres !
— Je t'ai dit dans le placard au-dessus du micro-ondes, intervient Elliott, derrière moi.
Je tourne la tête vers lui. Il est appuyé contre le frigo. Dae râle et se relève gracieusement pour aller ouvrir le bon placard. Pendant ce temps, mon petit-ami s'approche de nous, passe un bras sur les épaules de Sun et lui annonce :
— Un jour, je vais te massacrer, Lim Sun et faudra pas venir pleurer après parce que je t'aurais prévenu ! Et plus d'une fois !
Je lève les yeux au ciel, désespéré par cette jalousie qui ne quitte pas mon petit-ami. Mais le pire, c'est que Sun a encore et toujours son sourire aux lèvres. Quels idiots ! Je lâche la main de Sun pour la glisser sur le flanc d'Elliott jusqu'à ses omoplates. Je me love contre lui.
— Arrête de jouer les caïds ! lui susurré-je.
— Je ne joue pas, je le suis, nuance !
Il se penche et m'embrasse lentement, une main sur ma joue. Mon corps est comme attiré par le sien.
— Hey, les chauds lapins ! nous interpelle Dae. C'est servi !
Nous nous séparons et le sourire en coin d'Elliott ne m'échappe pas. Il est content de lui. Je me détourne de lui et me retrouve face à Dae qui me tend un verre. Sun, de son côté, en fait de même avec Elliott qui l'accepte aussitôt. Toute jalousie étant déjà partie. Je suis entouré de gamins ! J'inspecte le shot qu'il vient de me donner et n'ai aucun doute sur le fait que ce soit du soju.
— Vous avez fait acheter combien de bouteilles de soju à mon père ?
Ils échangent un regard amusé avant que Dae me réponde :
— Huit !
— Huit ? Vous comptez les sortir de la cuisine pour les invités au moins ?
— Nous sommes des invités, me fait remarquer Sun, souriant.
— On ne va pas s'en boire huit à nous quatre !
— Ce sont des petites...
Dae me montre du doigt la bouteille qu'il vient d'ouvrir et en effet, elle ne doit même pas faire cinquante centilitres.
— Vous êtes barjes quand même !
Mon meilleur ami lève son verre et fait son toast :
— Les barjes te souhaitent un bon anniversaire !
La main libre d'Elliott vient attraper la mienne.
— Et à notre dernière soirée ensemble avant un long moment !
Nous trinquons bruyamment et buvons notre soju cul sec alors que les larmes me montent aux yeux. Ces trois mecs vont réellement me manquer.
Plus que je n'aurais pu le penser.
Et plus qu'ils ne peuvent l'imaginer.
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