mes étoiles.
39. mes étoiles.
Je ris aux souvenirs de ma soirée. Aux fajitas qu'ils ont adoré. Aux baisers volés d'Elliott. Aux filles chantant à un karaoké improvisé avec Elliott. À moi les prenant en photo pour garder une trace de ces moments. À mon regard que je portais constamment sur mon petit-ami comme s'il était scotché naturellement à lui.
— Qu'est-ce qui te met de si bonne humeur ? m'interroge-t-il en entrant dans ma chambre.
Je me tourne vers lui et laisse mon regard le détailler sans chercher à lui répondre. Le mater est clairement plus intéressant à cet instant. J'attrape mon anneau entre mes dents tout en profitant de son corps robuste et viril.
— On dirait que tu n'as pas bouffé depuis trois mois et que tu te retrouves face à un morceau de viande, me dit-il pour me taquiner.
— C'est un peu le cas en fait, soufflé-je. Sauf que dans mon cas, ça ne serait pas que trois mois...
Je ne sais pas si mon sous-entendu est assez clair pour qu'il comprenne que je ne suis pas du tout un habitué des histoires de couple, de cœur et encore moins de cul par la même occasion. Vu le froncement de sourcils, il a dû faire le rapprochement. Il me rejoint et m'entoure de ses bras avant de m'embrasser délicatement comme si je pouvais me briser s'il y mettait trop de passion.
Je suis inexpérimenté, pas fait en porcelaine. Je passe alors mes bras autour de son cou et approfondis notre baiser. C'est impressionnant tout ce qu'il peut me faire ressentir. C'est comme si tous mes organes se réveillaient en même temps. Alors même si cette image est peu ragoutante, elle est absolument vraie. Mon estomac se retourne. Mon cœur danse la gigue. Mes poumons se mettent à courir un cent mètres. Je crois même que ma rate a fait un saut périlleux. Mais c'est surtout mon entre-jambe qui semble se souvenir qu'elle a un rôle à jouer dans ma vie.
Malheureusement, Elliott ne semble pas enclin à l'aider à montrer tout son talent. Il se recule et passe une main dans mes cheveux comme il le ferait avec un gamin ou un chien. Je lève un sourcil face à son geste et croise les bras devant moi, lui indiquant clairement que je boude. Il sourit et me vole un nouveau baiser rapide.
— J'ai un petit quelque chose pour toi.
Il s'éloigne et prend son sac qu'il avait laissé au pied de mon bureau. Il ouvre la petite poche de devant et plonge sa main dedans.
— Je ne savais pas qu'on devait se faire un cadeau.
C'est la première fois que je fais la Saint-Valentin. Alors certes, il y avait mes petites sœurs et je suis avec Elliott depuis à peine une semaine mais je me rends compte maintenant que ça compte quand même. Que j'aurais dû moi-aussi penser à lui offrir un présent. Je baisse les yeux, un peu honteux.
— Non, non. C'est pas pour la Saint-Valentin, c'est juste...
Quand je n'entends plus sa voix, je relève les yeux vers lui. Il joue mal à l'aise avec un objet dans ses mains.
— C'est quoi alors ? le pressé-je un peu, piqué par la curiosité.
— Tu ne dois pas t'en souvenir mais il y a cinq ans, je n'avais pas pu être à Barnard Castle pendant les vacances de Pâques. J'étais en voyage scolaire et j'étais tellement déçu. Alors je m'étais mis dans l'idée que je devais te ramener un cadeau pour m'excuser.
— Un cadeau ?
— Ouais ! Je l'ai trouvé mais en rentrant, je n'ai pas eu le courage de te le donner et les semaines ont passé. Puis les années. Ensuite, tu as disparu pendant une éternité.
Je le vois déglutir. Me raconter tout ça semble beaucoup le toucher. Je m'approche alors de lui et pose ma main sur son avant-bras.
— Quand je suis venu ici, à ton retour, je l'avais dans la poche. Ce qui était ridicule parce que je savais que je ne te le donnerai jamais à ce moment-là. Mais aujourd'hui...
— Aujourd'hui, tu peux, lui affirmé-je, tout bas.
— C'est ridicule. J'avais treize ans et surement, pas tous mes neurones en état de marche.
— Tu te décides à me le donner ou je dois te l'arracher de force ?
— On sait tous les deux que tu perdrais, annonce-t-il.
Il a raison, bien sûr. Mais je ne me démonte pas. Je tends la main, la paume tournée vers le plafond et j'attends qu'il mette la sienne au-dessus. Finalement, quand je n'y croyais plus, il lâche l'objet qui atterrit dans un petit cliquetis. Instinctivement, je referme les doigts sur lui et ramène le tout vers moi, sûrement apeuré par l'idée qu'il puisse le reprendre à tout moment. Mon poing serré contre la poitrine, je n'ose pas le regarder.
— Enfin, maintenant tu dois...
Il fait un signe de l'index vers ma main serrée pour me signifier de l'ouvrir et de jeter un coup d'œil.
— C'est à moi ?
— Oui !
— Tu ne le reprendras pas ?
Il ricane, croyant peut-être à une blague mais je ne plaisante pas. Peu importe ce que c'est, il est à moi et je ne veux pas qu'il me le retire.
— Non, jamais. A moins que tu n'en veuilles plus un jour... Ce que je n'espère pas.
Dans un grand silence, j'ouvre alors ma main et découvre un porte-clés en bois clair. Il a la forme d'une étoile. Il y a quelque chose de gravé sur chaque face. Sur la première, je peux lire « Love you » et sur la seconde, « To the stars and back ». Je reste bouche-bée.
— Tu comprends mieux pourquoi j'avais renoncé à l'idée de te le donner à l'époque.
— Merci, lui soufflé-je, intimidé par son cadeau.
Je me mets sur la pointe des pieds et l'embrasse avec tout l'amour que j'ai en réserve, mon étoile coincée entre mes doigts. Nous restons ainsi à partager ces baisers que nous aurions dû échanger depuis une éternité si Elliott avait eu le courage de me donner ce porte-clés, si j'avais ouvert les yeux sur la réalité de mes sentiments pour lui.
— S'il te plaît, commence-t-il en se reculant de quelques millimètres seulement.
Il n'ouvre pas les yeux, il semble avoir peur de ce qu'il s'apprête à me dire.
— Mets les clés d'ici dessus et... Quand tu partiras, tu le garderas avec toi pour te rappeler que tu as un foyer, que tu peux revenir. Que tu peux me revenir.
Ses mots me brisent le cœur. C'est la Saint-Valentin. Ce sont nos débuts. Il ne devrait pas penser à ça, à mon départ. Nous devons vivre au jour le jour. Être heureux aujourd'hui avant de penser à autre chose. Je ne sais pas quoi lui répondre parce que, oui, je veux toujours partir mais je ne veux pas le quitter. Si je devais lui répondre quelque chose aujourd'hui, ça serait que je serai incapable de le laisser derrière moi mais je ne veux pas lui faire des promesses que je ne tiendrai peut-être pas au final...
Alors à la place de phrases bancales, d'explications banales ou de promesses trop vite oubliées, j'empoigne le bas de son tee-shirt et le lui retire sans aucune protestation de sa part. Je laisse tomber le vêtement par terre et le pousse doucement en direction de mon lit. Nos regards se cherchent, se croisent, communiquent avant que je ne me cale entre ses jambes pour pouvoir l'embrasser à ma guise.
Il se laisse faire, me laisse dominer notre échange mais ses mains viennent explorer ma peau sous mon haut. Je ne peux retenir le léger soupir qui passe la barrière de mes lèvres quand il me caresse doucement puis s'en le faire exprès, j'accentue la pression de mes lèvres sur les siennes. J'ai besoin de lui, de lui prouver que je tiens à lui autant que lui.
Mes doigts glissent sur ses épaules musclées et appétissantes. Dans un élan qui ne me ressemble pas, je passe mes jambes par-dessus les siennes pour me retrouver assis sur ses cuisses. Il place ses grandes mains sur mes fesses et instinctivement, mon bassin donne un coup vers l'avant qui sonne la fin de notre baiser.
Je ris nerveusement. Honteux de ce qu'il vient de se passer, je me cache dans le creux de son cou. Nos corps sont collés l'un à l'autre. Tout se mélange pour que nous ne formions plus qu'une même entité à cet instant. Notre chaleur, notre rythme cardiaque, notre odeur, notre souffle... Et ça ne fait que s'amplifier quand ses mains remontent le long de mon dos de manière à me retirer mon haut qui semble être de trop. Cette fois, c'est moi qui me laisse faire.
Quand je me retrouve à moitié nu devant Elliott, je sens mes joues rosir de timidité. Je ne me déteste pas physiquement – même si je ne dirai pas non à une dizaine de centimètres en plus – mais je ne suis pas aussi à l'aise que mon petit-ami avec ma nudité et la nudité en règle générale. Je prends une profonde inspiration avant de porter mon attention sur lui. Maintenant qu'il s'est débarrassé de mon tee-shirt, ses yeux me dévorent littéralement. Il se redresse et vient reprendre où nous nous étions arrêtés. Cependant, je suis encore une fois maître de la situation, décidant de l'intensité de notre échange.
À cet instant, il n'y a plus de départ, d'absence, de voisin, de parents, de petites sœurs... Il n'y a même plus de notion de temps. Il y a juste nous, notre plaisir... Ces mots...
Love you to the stars and back...
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