ma date.
58. ma date.
Le tintement du minuteur retentit dans mon dos mais j'ai toujours les mains dans la pâte à cookie. Un grognement s'échappe de ma bouche, mécontent de mon rythme. Difficilement, je commence à retirer un maximum de la préparation qui me colle un peu aux doigts, tout en râlant.
— C'est cuit !
Je lève les yeux au ciel.
— Non ? Tu crois ? lancé-je, sarcastique. Je n'avais pas du tout entendu ce bip qui me perce les tympans !
— Baisse d'un ton, tu veux.
Je tourne la tête et tombe sur les sourcils froncés d'Elliott. Il prend un torchon qui trainait et ouvre le four. Il en sort mes cupcakes avant de me le mettre sous le nez.
— C'est bon ?
J'observe les gâteaux dorés à souhait.
— Parfait. Pose-les là-bas, lui dis-je en faisant un signe vers un plan de travail vide.
Il s'exécute dans la seconde alors que je replonge les mains dans mon saladier pour terminer les cookies rapidement. Elliott vient se placer derrière moi, collant soudainement son corps au mien. Il dépose le torchon sur mon épaule avant de me demander tout bas au creux de mon oreille :
— Tu n'aurais pas oublié quelque chose, Dashwood ?
Un sourcil relevé sous l'incompréhension, je réfléchis en jetant des coups d'œil autour de moi. Beurre, farine, œufs, arôme, pépites, sucre... J'ai même déjà préparé ma plaque avec le papier sulfurisé. Je passe mon avant-bras sous le nez en lui répondant :
— Non. Quoi ?
De ses grandes mains, il se saisit de mes hanches et brusquement, me rapproche encore plus de son bassin, si cela est possible.
— Me remercier peut-être...
Je ricane un peu.
— Merci mon sucre d'orge, me moqué-je gentiment.
— Fous-toi de ma gueule en plus de ça.
Mon rire s'accentue alors que je commence à faire des boules de la pâte que je pose sur la plaque.
— Qu'il est insupportable ce gamin, marmonne-t-il.
Sentant son souffle de plus en plus proche, je comprends que ses lèvres se rapprochent de mon cou. Je ferme un court instant les yeux pour profiter de son baiser mais il n'arrive jamais puisqu'il se recule et se décale sur ma gauche. Je grogne légèrement, frustré, avant de l'interroger :
— On n'en parle pas du fait que je sois plus vieux que toi ?
— Juste un détail. La maturité, c'est dans la tête. L'âge n'est qu'un chiffre.
Je pouffe de rire comme un idiot face à sa mauvaise foi.
— Et toi ? Tu n'aurais pas oublié quelque chose aussi ?
Il hausse les épaules, ne voyant pas où je veux en venir.
— Qu'est-ce que tu fous ici ?
— J'ai sorti le plat du four.
Je lui lance un regard en coin, lui faisant comprendre que je ne parle pas de ça. Il croise les bras devant lui et soupire.
— Je bosse. Comme toi.
Mes yeux descendent sur le tablier aux couleurs du café, qu'il a noué autour de sa taille. J'ai un petit sourire tout en continuant à cuisiner.
— J'avais cru le comprendre, ça, merci.
— Ben alors pourquoi tu me poses cette question ?
— Je veux surtout savoir pourquoi tu bosses là ? À la Cookie Factory ? Et pourquoi tu bosses tout court ?
— Tu n'as pas le monopole du petit boulot ici, tu sais. J'ai le droit de vouloir passer plusieurs heures debout derrière un comptoir à écouter la playlist pourrie de Wilson, juste pour le plaisir.
Je simule un rire ce qui nous arrache à tous les deux un sourire.
— Sérieusement ? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
— Je voulais juste te faire la surprise...
— N'importe quoi...
Je soupire et nous n'ajoutons rien le temps que je termine mes pâtisseries. Je mets mon plat au four, enclenche le minuteur et me lave enfin les mains.
— Tu veux vraiment savoir pourquoi je bosse ? reprend-t-il la parole alors que je m'essuie les mains.
Je me tourne vers lui et laisse mon regard caresser son corps. Je ne me suis jamais demandé pourquoi un mec comme lui pouvait être intéressé par moi et pourtant, ça saute aux yeux que nous ne sommes pas dans la même catégorie. Peut-être parce que ça paraît évident entre nous. Je balance le papier que j'utilisais et le rejoins.
Naturellement, il écarte les jambes pour que je puisse me glisser entre. Ses mains se faufilent sur mes hanches alors que les miennes se posent sur son torse. Je l'embrasse chastement mais tout en prenant bien mon temps. J'adore ça. Je me recule, un sourire en coin avant de lui chuchoter :
— Oui je veux savoir.
— Alors en dehors du fait que je vais gagner un peu d'argent pour cet été, je peux ainsi passer plus de temps avec toi. Avant juin.
Je déglutis. Je déteste quand le sujet revient sur le tapis. Nous sommes début avril et même s'il me reste encore un peu moins de deux mois, j'ai l'impression que je vais partir demain. Et même si je sais que je ne pars pas pour indéfiniment, ça me fait clairement chier de laisser Elliott ici. Son pouce vient caresser ma lèvre et me ramène à l'instant présent par la même occasion.
— Embrasse-moi, m'ordonne-t-il, le visage fermé.
Je ne me fais pas prier et m'empare aussitôt de ses lèvres. Pendant de longues secondes, nous nous évadons loin de ce café, profitant seulement du plaisir de partager ce baiser langoureux. Ses ongles viennent griffer le bas de mon dos alors que mes mains s'approprient leur territoire. Quand la température entre nous devient trop importante mais surtout quand mon désir pour lui commence à devenir un peu trop voyant, je m'apprête à reculer pour mettre fin à notre baiser mais Elliott en a décidé autrement.
Ses mains agrippent l'arrière de mes cuisses pour me soulever avec facilité. Ses lèvres s'activent un peu plus, y mettant une fougue nouvelle. Il se redresse puis nous fait faire demi-tour. Il pousse presque violemment le saladier vide pour faire de la place et me dépose délicatement sur le plan de travail derrière nous. Il me lèche la lèvre inférieure, juste à l'endroit de mon piercing, me faisant gémir dans l'instant. Il connait tous mes points faibles.
— Stop, chuchoté-je sans force. Stop... stop...
Il ne m'écoute pas – ou ne veut pas m'écouter – trop pris par le désir. Avec mes mains, je le repousse un peu et me répète plus fort.
— Pourquoi ? geint-il, déçu.
— Parce qu'on est au boulot !
— Y'a que nous.
Son ton ressemble à celui d'un gamin boudeur. C'est trop adorable. Je l'embrasse doucement.
— Et si Wilson arrive ou un client ? On n'est pas là pour s'envoyer en l'air mais pour bosser, lui rappelé-je.
— Alors déjà, si quelqu'un arrive, on entendra la petite clochette. Ensuite... Je n'avais pas dans l'idée de m'envoyer en l'air avec toi ici mais... Clairement, j'adore cette idée. Je vote pour !
Je ris en baissant la tête jusqu'à ce que le haut de mon crâne touche ses pectoraux. Sa main frôle ma nuque pour venir se nicher dans mes cheveux.
— Tu es fou !
— Ouais, peut-être un peu, admit-il, joyeusement. Mais j'ai envie de toi. Tout le temps. Je n'y peux rien.
Ma tête se relève à toute vitesse. Il a... Mes yeux sont grands ouverts sous la surprise de cette déclaration. Je savais que sexuellement, nous nous entendions bien mais je ne pensais pas qu'il avait envie de moi tout le temps. Mes joues s'empourprent aussitôt.
— Et puis, il faut que je profite de ton corps avant que tu partes.
— Arrête de parler de ça, lui dis-je sèchement.
Nous nous défions du regard quelques secondes. Il pose sa main sur ma joue et souffle à deux ou trois centimètres seulement de mes lèvres :
— Alors pars plus tard.
Je grimace.
— Elli...
— Je sais. J'ai dit que je ne t'empêcherai pas de partir, évoque-t-il sa quasi-promesse. Et je m'y tiendrai.
Ce que je ressens à ces mots est assez complexe. C'est entre la déception et le soulagement. Mais quand je le vois baisser le visage, mon cœur se serre.
— Je... Mais... Rien ne t'oblige à partir à ton anniversaire ? Pourquoi à ce moment-là d'ailleurs ? Et le Bac, tu en fais quoi ?
— On sait aussi bien l'un que l'autre que je ne l'aurai pas mon Bac alors pourquoi le passer franchement ?
Il hausse les épaules, me signifiant qu'il ne peut pas me contrer, puis soupire.
— Parce que j'ai déjà pris mon billet d'avion. Parce que ce sont mes dix-huit ans, que ça a une importance, m'expliqué-je. Et que si je ne le fais pas à ce moment-là, j'ai peur de ne jamais le faire.
Il hoche la tête mais je sais qu'au fond, il ne comprend pas ma décision.
— Peu importe le jour que je choisirai, ça sera toujours trop près de nous et la situation sera la même. C'est mon départ le problème, pas la date, affirmé-je.
— C'est vrai...
Il plonge son regard dans le mien et son sourire en coin apparaît.
— Donc raison de plus pour s'envoyer en l'air ici et maintenant, déclare-t-il, très sérieusement.
— Tu ne lâcheras pas l'affaire ?
— Non, comme toi avec ton voyage.
Je murmure un ok que, j'espère, inaudible mais il se saisit à nouveau de mes lèvres et les embrasse avec passion. Ses bras m'entourent et me font glisser sur le meuble pour faire entrer en contact nos corps. Il laisse un soupir d'aise passer sa bouche avant d'aller dévorer mon cou qui ne demande que ça. Malheureusement, alors que j'avais basculé ma tête en arrière pour lui laisser le champ libre pour attaquer ma pomme d'Adam, la sonnette de la porte de la boutique retentit. Nous grognons à l'unisson.
— J'arrive, crie-t-il à l'attention du nouvel arrivant.
Il m'embrasse encore une fois et recule en m'annonçant :
— Tu ne perds rien pour attendre !
— C'est plutôt toi, non ?
Je lui fais un clin d'œil et il disparaît derrière la porte après m'avoir fait un énième sourire craquant.
_____________________
for him.
problem child.
....
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro