Chapitre 8 - « Les Bahamas ! »
Merci iamantares maintenant il faut que je retourne écrire ...
Lucas était assis sur son lit, sa guitare posée sur ses genoux et ses doigts grattant les cordes d'une telle manière à ce qu'une mélodie agréable à l'oreille en sorte. Il ne savait pas vraiment où il allait avec cet air, mais il s'arrêta lorsqu'un des accords qu'il avait placé ne lui plaisait pas. Au lieu de quoi, il recommença plusieurs fois jusqu'à trouver celui qui correspondait le mieux. À partir de ce moment-là, il laissa son esprit divaguer tout en continuant de jouer.
C'était son père qui lui avait appris à en jouer à l'âge de huit ans. Il lui avait bassiné les oreilles pendant plusieurs mois à essayer de le convaincre de lui apprendre et ce fut pour Noël qu'il avait enfin cédé et qu'il lui avait offert sa première guitare. Il se souvenait très bien de la joie qui l'avait envahi lorsqu'il l'avait découverte. Depuis ce jour, il jouait minimum une fois par jour.
Ce souvenir le fit sourire, sourire qui tomba légèrement quand il se remémora des situations plus récentes et plus préoccupantes. Il était inquiet pour Matteo qui semblait mal supporter que son frère face des choses sans lui, mais il était surtout inquiet pour Max.
Ne vous méprenez pas, Lucas était absolument ravi que son meilleur ami sorte enfin avec Alexia, mais il avait peur que les secrets de cette dernière ne vienne tout gâcher. Il se sentait aussi un peu coupable car si elle avait des secrets, c'était justement à cause de lui. Si Lucie ne le détestait pas, alors il n'y aurait eu aucune raison pour qu'elle n'accepte pas la relation de sa meilleure amie et ils n'aurait pas été obligé de se cacher. Il espérait juste que quand Lucie le découvrirait, ça n'allait pas gâcher leur relation, sinon il allait s'en vouloir toute sa vie.
En parlant de Lucie, il n'arrivait pas à se l'enlever de la tête depuis le coup qu'elle leur avait fait en retenue. En tant que professionnel en la matière, il devait bien admettre qu'elle avait frappé fort, c'était même du génie. Qui aurait pu croire qu'elle pouvait se montrer aussi vicieuse et manipulatrice ? Tout ce que Lucas adorait. Bien sûr, ceci apportait son lot de mauvais côté car, si il continuait sur sa lancée, ses vengeances allaient être de plus en plus magnifiques et douloureuses pour lui. Autrement dit, non seulement il allait devoir lui-même se surpasser, mais il allait sacrément souffrir.
Mais ce n'était pas ce qui le dérangeait le plus. Non, ce qui le perturbait vraiment c'était que quand il disait qu'il pensait constamment à elle, c'était tout le temps, sans interruptions. Et le problème, c'était qu'il ne savait pas pourquoi, ni ce que ça voulait dire et encore moins comment faire en sorte que ça s'arrête. Il était tellement frustré par tout ce qui pouvait se passer dans sa tête sans être capable d'y définir avec des mots concrets qu'il avait envie de s'infliger à lui-même un lavage de cerveau complet.
C'est la sonnerie de son portable qui l'empêcha de sérieusement considérer cette option. Celui-ci était posé à côté de lui sur son lit, mais il sursauta tellement fort qu'en essayant de le prendre, il l'envoya se fracasser contre le mur d'en face. Alors qu'il frôlait la crise cardiaque, il se précipita dessus et le retourna prudemment en priant tous les dieux qui existaient que l'écran n'était pas cassé pour la énième fois consécutive, sinon il était persuadé que son père allait lui couper les vivres.
Heureusement pour lui, l'écran était intacte et il s'empressa de décrocher avant que la messagerie ne se déclenche automatiquement.
« Al- »
Un bruit assourdissant se fit entendre à l'autre bout du fil et il dut éloigner son portable de quelques centimètres pour ne pas devenir prématurément sourd. Étrangement, ça ne l'étonnait pas plus que ça, il aurait même dû s'en douter, son père n'étant pas vraiment doué avec tout ce qui touchait de près ou de loin à l'informatique. Lucas pouvait l'entendre parler sans réussir à déchiffrer ne serait-ce qu'un seul mot qu'il pouvait prononcer.
« Papa, » commença-t-il en soupirant d'exaspération, « et si tu allais dans un endroit calme pour que je puisse t'entendre ? »
Il ne perçut aucune réponse, mais comprit que son père l'avait entendu quand le calme fut à nouveau rétabli et qu'il put enfin rapprocher son portable de son oreille sans craindre de perdre quelques points d'audition.
« Les Bahamas ! » S'exclama son père d'une voix enjouée en signe de bonjour.
Lucas récita la première chose qui lui passa par la tête. « Les Bahamas est un pays anglophone situé au nord de la mer des Caraïbes qui occupe 700 îles et îlots des îles Lucayes situées dans l'océan atlantique et dont la capitale est Nassau. »
Il y eut un silence de quelques secondes avant que son père ne se racle la gorge. « Euh, d'accord, mais je voulais enfaite savoir si tu voulais y aller à Noël. »
« Oh. » Répondît-il en posant sa guitare sur son lit sans trop savoir quoi dire. « Drôle de choix de destination pour la période de Noël, non ? »
« C'est une idée de Marie en réalité et puisque nous n'y sommes jamais allés, je me suis dis que c'était l'occasion. » Déclara-t-il avec excitation, comme si il n'aurait jamais pu lui-même avoir cette idée.
Cette remarque fit légèrement grimacer Lucas. Marie était la nouvelle petite amie de son père et, même après deux ans de relation, il avait toujours du mal à s'y faire. Ce n'était pas parce qu'il ne voulait pas que son père soit avec quelqu'un d'autre que sa mère ou alors parce que Marie était désagréable, non, d'ailleurs elle était très sympathique, mais plutôt parce que quinze ans de différence les séparaient. Il était vraiment content que son père soit enfin heureux avec une femme, mais il avait du mal à se faire à l'idée que Marie pouvait très bien passer pour sa sœur. C'était bizarre à encaisser, mais il savait qu'il y arriverait éventuellement un jour.
C'était en partie pour cela qu'il n'était pas sûr de vouloir partir avec eux. Ça pourrait paraître étrange et complètement dingue de refuser un voyage pareil, mais il savait pertinemment qu'il suffisait qu'il demande à son père pour y retourner.
« Euh, je n'ai pas vraiment envie d'y aller non. » Finit-il par répondre en se frottant les yeux et en se laissant tomber sur sa chaise de bureau avec un bruit sourd.
« C'est vrai ? » S'étonna-t-il avec un mélange de surprise et d'inquiétude. « On pourrait très bien aller ailleurs si tu veux ou même rester à la maison. Je suis sûr que- »
« Non non Papa, » l'interrompit Lucas en secouant la tête même s'il ne pouvait pas le voir, « allez-y tous les deux. De toute façon, j'avais prévu de rester au lycée. »
« Tu es vraiment sûr de toi ? » Lui demanda-t-il et il pouvait très bien l'imaginer froncer les sourcils et enlever ses lunettes pour le fixer d'un regard bleu identique à celui de son fils. « Il s'agit quand même des vacances de Noël, je n'ai pas envie que tu les passes seul. »
« J'ai plein de choses à faire pour m'occuper, ne t'en fais pas pour ça. »
« J'espère que ces choses ont au moins un rapport avec ton travail scolaire. » S'entêta-t-il, mais cette fois-ci avec suspicion.
« En partie ? » Répondit-il, mais son affirmation ressortit davantage comme une question, de quoi suffire à le décrédibiliser.
Son père soupira avec exaspération. « Il va vraiment falloir que tu arrêtes avec tes coups foireux Lucas, tu vas voir que ça va te retomber dessus un jour. Tu finiras même par entraîner les garçons avec toi dans ta chute. »
Lucas leva les yeux au ciel avec un sourire amusé. « Mais non, ils ne seront même pas là en plus. Et puis, c'est juste une mission de reconnaissance et de surveillance. »
Ce n'était pas entièrement un mensonge. Ça faisait des mois qu'il préparait ce coup avec les garçons et les vacances de Noël étaient le moment parfais pour le finaliser. Non seulement il allait tâter le terrain pour s'assurer du bon fonctionnement du plan, mais il allait aussi faire quelques installations. Il attendait ce moment avec impatience depuis une éternité, alors il n'allait certainement pas laisser passer sa chance.
« Écoute, tu sais très bien que je ne suis pas contre tant que tu ne te fais pas prendre, » tempéra son père, de quoi le faire redescendre sur terre, « mais je ne veux pas que tu oublies ce qui est vraiment important, c'est-à-dire tes études. »
« Je sais et je ne l'oublie pas non plus, » s'empressa-t-il d'acquiescer, « mais j'ai aussi vraiment besoin de me changer les idées car avec tout ce qui se passe dans ma tête en ce moment, je deviendrais complètement dingue sinon. »
« Qu'est-ce qu'il peut donc bien se passer dans ta tête mon fils ? » Se moqua-t-il, certainement avec le même sourire en coin dont Lucas avait hérité.
Son sarcasme le fit à nouveau lever les yeux au ciel. « C'est ça moque toi, mais en attendant il s'y passe des choses que j'arrive pas à expliquer. Donc, à moins que tu aies une solution miracle pour m'éviter de penser à Lucie, il faut bien que je fasse quelque chose pour m'occuper. »
« Qui donc ? » Embraya-t-il immédiatement, sincèrement intéressé.
Lucas se maudit intérieurement. Pour une fois dans sa vie, il n'aurait pas pu juste se taire ? Vraisemblablement, il n'en était pas capable et il continuait à s'enfoncer plus profondément dans ses problèmes.
« Personne. » Se contenta-t-il de répondre en espérant que son père laisse tomber le sujet. « Alors, est-ce que je peux rester au lycée pendant les vacances ? »
Il y eut un silence de quelques secondes avant qu'il n'abdique. « D'accord, mais tu ne viendras pas te plaindre si je décide de garder tes cadeaux de Noël pour ma consommation personnelle. »
Lucas rigola et secoua la tête. Même sans cadeaux de Noël, son instinct lui disait qu'il allait passer de bonnes vacances.
Ω
Tic. Tac. Tic. Tac.
Lucie ne savait pas trop ce qu'elle attendait, assise sur sa chaise dans la salle de littérature à regarder l'horloge tourner. À vrai dire, tous les élèves étaient dans le même cas puisque tous attendait que le prof, qui était assis à son bureau à chercher dans tout un tas de notes, daigne enfin lever la tête et leur dire en quoi allait consister le cours d'aujourd'hui. Cela faisait bien cinq minutes que le silence régnait dans la pièce et que tout le monde attendait dans le flou total.
Elle était vraiment perplexe. Comment est-ce qu'un prof comme lui avait pu être engagé dans un lycée aussi prestigieux que le Lycée Victor Hugo ? Même s'il était doué dans son domaine, il perdait quand même de précieuses minutes de cours à chercher dieu seul sait quoi. Ce n'était pas très professionnel de sa part.
En jetant un coup d'œil autour d'elle, Lucie put constater que la plupart des élèves attendaient sans bouger, mais il y en avait certains qui en profitaient pour rattraper leur nuit. Alors qu'elle soupirait en se demandant quand est-ce qu'ils allaient enfin commencer à travailler, son regard croisa le regard bleu de Lucas et elle eut la soudaine envie de détourner les yeux pour se concentrer sur ce qui se passait devant elle. D'ailleurs, c'est ce qu'elle s'empressa de faire alors qu'un frisson lui parcourait l'échine.
Elle ne savait pas ce qui s'était passé et elle n'avait pas spécialement envie de le découvrir.
Heureusement pour elle, ce fut à ce moment-là que le prof décida d'enfin se lever pour commencer son cours. « Très bien, aujourd'hui nous allons faire un débat ! »
Lucie échangea un regard dubitatif avec Alexia et Camille. À moins que ce débat n'ait pour sujet un livre, il n'y avait aucune utilité à en faire un en littérature.
« Je vais devoir choisir deux élèves. » Murmura-t-il plus pour lui-même que pour le reste de la classe avant de relever la tête avec un grand sourire. « Mes deux préférés, Lucie et Lucas ! Le thème se sera les inégalités entre les hommes et les femmes dans la société d'aujourd'hui. »
Décidément, ce prof était de plus en plus bizarre. Il admettait sans problème devant la classe entière qu'il avait des préférences et ça n'avait pas l'air de plus le déranger. De plus, son débat n'avait rien à voir avec la littérature.
C'est Alexia qui exprima ses pensées à voix haute. « Excusez-moi Monsieur, mais en quoi est-ce que ça va nous aider avec la matière ? »
« Vous allez apprendre à argumenter. Lucie, vous allez évidemment défendre le droit des femmes et Lucas vous allez vous charger de la partie adverse. »
« Quoi ? » S'exclama ce dernier en secouant la tête. « Mais comment est-ce que vous voulez que j'argumente alors que ce n'est pas du tout ce que je pense ? »
« Parfois, défendre des idées qui ne sont pas les siennes peut être bien plus bénéfique et utile. Et puis, comme je l'ai déjà dit, ce qui nous intéresse n'est pas les idées qui vont s'en dégager, mais la façon dont vous allez argumenter. » Répondit-il en installant deux chaises l'une en face de l'autre juste devant le tableau.
« Est-ce qu'on a le temps de préparer quelque chose au moins ? » Continua Lucas en soufflant, mais le prof secoua la tête.
Lucie leva les yeux au ciel et le regarda d'un air las. « Arrête de te plaindre Lucas et fais ce qu'on te demande. À moins que tu n'aies trop peur de te faire rétamer. »
Il haussa un sourcil et tous deux s'observèrent d'un air de défi. C'était l'occasion rêvée pour enfin prouver lequel des deux était le meilleur.
« Venez-vous installer s'il vous plaît. » Alors qu'ils s'installaient, le prof se frotta les mains avec délectation. « Nous allons commencer avec la place de la femme dans le monde du travail. »
Lucie sauta immédiatement sur l'occasion pour ne pas laisser à Lucas la chance d'ouvrir les hostilités. « En moyenne, une femme touche 18,6% de moins qu'un homme sur son salaire, c'est comme si elle commençait à travailler bénévolement à partir du mois de novembre. J'aimerais beaucoup savoir comment un tel écart est possible dans une société aussi démocratisée qu'est la nôtre aujourd'hui. »
Il grimaça légèrement, mais pas assez pour montrer un signe de faiblesse alors qu'il essayait désespérément de trouver une répartie crédible et surtout incontestable. Même si les idées ne se bousculaient pas, il tenta quand même sa chance en espérant que Lucie n'allait rien trouver à redire.
« Tout d'abord parce qu'une femme occupe plus souvent un temps partiel et non un temps plein et tout le monde sait que le salaire est par conséquent inférieur. Il est possible de constater la même chose entre un homme avec un temps partiel et un homme avec un temps plein. De plus, même si elles sont plus diplômées, elles s'orientent aussi plus souvent vers des filières qui conduisent à des secteurs où les rémunérations sont moindres. Ces disparités ne sont donc pas spécifiques aux femmes. »
« Je suis bien d'accord sur ce point là, » répliqua-t-elle légèrement agacée par sa réponse, « mais comment expliques tu qu'une femme exerçant le même métier qu'un homme et avec le même diplôme que lui soit encore moins payée ? Il en va de même avec les hauts postes à responsabilités. Une femme va avoir beaucoup plus de mal à accéder à ces postes qu'un homme. »
« Si ces postes ne leur sont pas attribués c'est uniquement parce qu'il y a un risque important qu'elles tombent enceintes ou alors qu'elles doivent s'absenter pour les enfants et qu'elles doivent par conséquent prendre des congés. »
Lucas était parfaitement conscient que cet argument sonnait faux et pouvait être très mal interprété, mais c'était la seule chose qui lui était venu à l'esprit.
Lucie le fusilla du regard, outrée par ce qu'il venait d'insinuer. « Ce que tu es en train de faire c'est de la discrimination. C'est exactement comme dire que tu refuses d'engager un homme uniquement parce qu'il est gay et qu'il y a un risque pour qu'il drague ses collègues au lieu de travailler. Non seulement c'est immoral, mais c'est aussi puni par la loi. Comment est-ce que tu peux assumer qu'une femme prévoit dans un avenir plus ou moins proche d'avoir un enfant ou alors que le père ne s'occupe pas d'eux ? »
« Là tu n'argumentes rien du tout. Tu ne fais que dire non et poser des questions pour que ce soit moi qui apporte des réponses. » Contra-t-il en soupirant.
La situation commençait sérieusement à déraper, tous deux prient dans leur rivalité constante pour se concentrer seulement sur le débat. Pour tout ceux les connaissant un minimum, c'était prévisible et inévitable.
Lucie le dévisagea en bouillonnant de l'intérieur, mais en se retenant un minimum. « Et toi tes arguments sont inutiles et fades. Je ne sais pas qui tu comptes convaincre avec ça, mais ça ne marchera jamais. Ce débat ne mène nul part. »
« Exactement, » s'interposa le prof avec un grand sourire comme si c'était exactement ce qu'il avait prévu, « c'est pour cela que vous allez tous me préparer de vrais arguments sur les deux partis pour le prochain cours. Vous pouvez y aller. »
Lucie lança un dernier regard de défi à Lucas qui le lui rendit bien, avant de tourner les talons et d'aller chercher ses affaires. Comme à son habitude ces derniers temps, Alexia était déjà partie donc ce n'était plus que Camille et elle.
Bien sûr, la première chose qu'elle fit fut de se plaindre de Lucas. « Son discours était ridicule. Pour quelqu'un qui ne soutenait pas cette thèse, il avait l'air pas mal convaincu par ce qu'il avançait. »
« Je ne pense pas que ce soit le cas. Il a juste fait ce qu'on lui demandait de faire et si ses arguments étaient si mauvais, c'était justement parce qu'il n'y croyait pas lui-même. »
Elle dévisagea Camille sans en revenir. Est-ce qu'elle était sérieusement en train de le défendre ? Elle qui défendait la femme plus que n'importe qui dans ce lycée ? N'ayant vraiment pas envie de s'étendre sur le sujet, Lucie leva les yeux au ciel et fixa son regard devant elle pour éviter de rentrer dans quelqu'un.
Cependant, une scène la fit froncer les sourcils. « Est-ce que c'est Alexia ? »
Un peu plus loin dans le couloir, Alexia était en train de discuter avec Maximilien et tous deux semblaient plus au moins... proches. Malgré les protestations de Camille, Lucie s'approcha un peu plus, essayant tant bien que mal de comprendre ce qu'il se passait et curieuse de savoir.
Elle s'arrêta net lorsqu'elle entendit ce que sa meilleure amie était en train de dire. « Je ne vais quand même pas aller la voir et lui dire "au faite, ça fait un mois et demi que je te mens et que je sors avec le meilleur ami de ton ennemi." »
« Pardon ? »
Ils se retournèrent tous les deux simultanément, Max visiblement mal à l'aise et embarrassé et Alexia avec les yeux écarquillés qui trahissaient sa stupeur. Lucie fixait cette dernière en espérant vraiment qu'elle avait mal entendu, mais son attitude prouvait bien que ce n'était pas le cas.
Après quelques secondes sans bouger, Lucie lâcha un rire sans humour avant de repartir dans la direction opposée. Elle se sentait véritablement trahie. C'était peut-être un peu démesuré comme réaction, mais c'était exactement ce qu'elle ressentait. Cela faisait six ans qu'elle s'était toujours confiée à Alexia et qu'elle ne lui avait jamais rien cachée et celle-ci n'hésitait pas à lui cacher quelque chose d'aussi important ? S'il y avait bien une chose dont elle n'avait jamais douté, c'était bien son honnêteté. Apparemment, c'était une erreur.
« Attend Lucie, laisse moi t'expliquer. » L'interpella Alexia en la rattrapant.
Elle se retourna d'un geste de brusque et la fusilla du regard. « Oh oui je t'en prie, explique-moi. Explique-moi pourquoi ça fait un mois et demi que tu me mens délibérément sur un sujet aussi important. »
Alexia déglutit et la regarda avec des yeux suppliant. « Il s'agit de Max, je savais très bien que ça te dérangerait que ce soit le meilleur ami de Lucas. »
Lucie ne savait pas ce qui faisait le plus mal, le fait qu'elle n'ait pas confiance en elle ou alors qu'elle pense qu'elle puisse faire preuve d'une telle méchanceté.
« Alors c'est vraiment ce que tu penses de moi ? Tu penses vraiment que j'aurais pu être aussi méchante et injuste ? »
La blonde fronça les sourcils sans comprendre. « Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« J'aurais peut-être été déroutée au début, mais si c'était ce que tu voulais alors qu'est-ce que je pouvais y faire ? » Dit-elle en secouant la tête, éberluée par le fait qu'elle ait pu penser une telle chose. « Tu fais bien ce que tu veux, c'est ta vie et je n'avais pas mon mot à dire. Mais non, tu as préféré penser que j'allais avoir une réaction aussi puérile qu'enfantine. Grand bien t'en fasse. » L'amertume lui nouait la gorge et elle commença à s'éloigner. « Et bien tu sais quoi, je vais emmener ma méchanceté le plus loin possible de toi, je pense que ça vaut mieux pour tout le monde. »
« Lucie attend. » S'entêta Alexia, sa voix se brisant légèrement à la fin de sa phrase.
Mais Lucie ne se retourna pas et continua sa route. Elle était blessée, vraiment blessée.
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