Chapitre 3 - « Tu ne changeras jamais. »
Lucas était impatient. Non, il était bien plus que ça. Il avait de plus en plus de mal à rester en place et à se concentrer sur son repas tellement il pouvait anticiper ce qui allait se passer cette nuit-là. Après le succès de la blague qu'il avait mis en place sur Lucie, il ne pouvait pas se permettre que son plan tombe à l'eau aujourd'hui. Il avait une réputation à entretenir quand même !
C'était pour cela qu'il se devait de vérifier tous les détails avec ses amis. « Dix minutes après le couvre-feu ce soir, devant le bureau. On est d'accord ? »
« Ça fait la dixième fois que tu nous le répètes Lucas. » Grommela Matteo, la bouche pleine. « Pourquoi est-ce que tu stresses autant ? »
Lucas fronça les sourcils en plantant sa fourchette dans une de ses pommes de terres. « Je ne suis pas stressé, je veux juste que tout se passe à la perfection. »
« Donc tu stresses. » Conclut Thomas en relevant la tête de son livre. « Mais pourquoi est-ce que tu te mets autant la pression maintenant ? Ça fait des années qu'on fait ça et tout s'est très bien passé, alors pourquoi est-ce que ça changerai maintenant ? »
« Vous prenez tout ça bien trop à la légère. » Soupira-t-il en se passant une main dans les cheveux et jetant un coup d'œil autour de lui. « Vous verrez quand on se fera prendre parce qu'un de nous n'a pas respecté le plan à la lettre. Pas vrai Max ? » Il regarda son meilleur ami qui semblait perdu dans ses pensées et lui donna un coup de coude. « Max ? »
Celui-ci tourna la tête et le regarda avec de grands yeux. « Il faut que je te dise quelque chose. »
Le ton alarmiste qu'il avait utilisé inquiéta Lucas qui bougea avec malaise sur sa chaise. « Euh... d'accord, raconte. »
Avec un regard déviant au dessus de l'épaule du brun, Maximilien secoua la tête et baissa les yeux vers son assiette. « Pas maintenant. »
Lucas lança un regard interrogatif aux jumeaux, mais tous deux haussèrent les épaules alors que la sonnerie annonçant la fin du dîner retentissait. Ils se levèrent tous les quatre en même temps et passèrent devant le trio des filles, Lucas s'assurant toujours auprès de ses amis qu'ils avaient bien compris le plan.
Lucie, qui les avait observés du coin de l'œil pendant la majorité du repas, fusilla du regard le dos de Lucas. « Je suis sûre qu'ils préparent un mauvais coup. »
Alexia leva les yeux au ciel en jetant un regard exaspéré à Camille, qui le lui rendit bien. « Et qu'est-ce que ça peut te faire ? Ce qu'ils font ne te regarde pas. »
Lucie se retourna vers ses amies, clairement indignée par cette remarque. « Ça me regarde si ça me touche de près ou de loin. Cette obstination qu'ils ont à vouloir faire des blagues de mauvais goût est totalement ridicule, surtout Lucas. Sérieusement, qu'est-ce qu'il y gagne ? »
« Ça fait des années que tu te poses cette question et tu n'as jamais eu de réponse. » Répondit Camille, établissant un fait que tout le monde connaissait. « Tu ne changeras jamais. »
« Dit la fille qui s'entête à protester contre les uniformes alors que c'est une règle qui ne changera jamais non plus. » Rétorqua Lucie en commençant à monter les escaliers menant à l'étage des Premières.
« Ma bataille est utile et sera bénéfique à tous lorsque je l'aurais remportée. Toi, tu ne fais que te flageoler sur un garçon qui te fait trop de blagues. »
« Des blagues qui touchent tout le monde je te rappelle. » Argumenta-t-elle en s'arrêtant devant la porte de leur chambre et croisant les bras sur sa poitrine en se tournant vers Camille.
Un sourire apparut sur les lèvres de cette dernière. « C'est là que tu te trompes Lucie. Ses blagues ne touchent très peu, voire aucun élève mis à part toi. Tu es sa cible principale et je doute que ça change un jour. »
Lucie ouvrit la bouche pour protester, mais la referma rapidement en se rendant compte qu'elle n'avait rien pour la contredire. Ce que disait Camille était vrai. Même lorsque les blagues de Lucas touchaient un plus grand nombre de personnes, comme celle de la salle de danse, elle n'en restait pas moins la cible directe. Lorsqu'elles n'étaient pas dirigées à son encontre, elles touchaient les adultes, soit les profs et le personnel du lycée. Jamais un autre élève. Et ça c'était totalement injuste pour elle !
Camille commença à s'éloigner à reculons, amusée par la situation et contente d'avoir gagné leur petit débat, alors qu'Alexia rigolait à côté de Lucie. « Vos discussions sont absolument passionnantes. »
Lucie se contenta de leur lancer un regard noir, même s'il manquait grandement de conviction, avant d'entrer dans la chambre.
Quelques temps plus tard, le couvre-feu sonna, signifiant aux élèves que plus personne ne devait être dans les couloirs. Bon, ça c'était en théorie puisque certains ne se gênaient pas pour sortir malgré l'interdiction. Bien sûr, il s'agissait toujours des quatre mêmes.
Dix minutes après la sonnerie, et comme convenu, Lucas et Max se trouvaient cachés derrière une colonne au point de rendez-vous à attendre les jumeaux qui, évidemment, étaient en retard. Cela faisait cinq minutes que Lucas les maudissait intérieurement.
« Je te promets que s'ils n'arrivent pas dans les trente secondes qui suivent, je leur fais la peau. » Murmura-t-il à Max d'un air sombre.
C'est à ce moment-là que des bruits de pas précipités et des chuchotements se firent entendre à l'autre bout du couloir. Lucas ferma les yeux en entendant les mots se préciser au fur et à mesure que les voix se rapprochaient. « Mais fais attention où tu marches débile ! » fut accompagné d'un « T'as qu'à aller droit au lieu de faire des zigzagues ! ». Ouais, Lucas allait définitivement en tuer un des deux, voire les deux, pour avoir la paix.
Lorsqu'ils apparurent devant lui, il ne se gêna pas pour les fusiller du regard. « À ce que je vois, votre discrétion est partie en vacances avec votre ponctualité. » Tous deux commencèrent à protester, mais Lucas les réduit au silence d'un seul regard. « Non mais vous avez quoi dans le crâne ? Parlez encore plus fort tant que vous y êtes, vous êtes sûrs qu'on ne se fera pas repérer comme ça, bande de crétins. »
Ils s'excusèrent rapidement et Lucas secoua la tête avant de vérifier que personne n'était dans le couloir. Une fois sûr que la voie était libre, il fit signe aux autres de le suivre et s'arrêta quelques mètres plus loin, devant la porte du bureau qui les intéressait. Après quelques secondes à batailler, Lucas réussit à crocheter la serrure et entra rapidement, suivi des autres, et referma doucement la porte. Il se tourna ensuite vers ses amis qui regardaient autour d'eux en sortant les affaires dont ils avaient besoin.
« D'accord, il nous reste une demi-heure avant que Monsieur Lebon revienne de son tour de garde. » Dit-il en vérifiant sur sa montre. « Matt, tu te charges des enceintes, mais arrange-toi pour qu'elles ne soient pas visibles. Tom, je te laisse gérer le timer. Max, occupe-toi des accessoires, je connecte tout ensemble. »
Tous acquiescèrent, mis à part Matteo qui pointa quelque chose dans le coin de la pièce. « Et on fait quoi de la caméra ? »
Lucas fronça les sourcils en suivant la direction qu'il montrait et, en effet, une caméra rutilante s'y trouvait. Il jura dans sa barbe en s'en approchant, puisqu'avant il n'y en avait pas. « Je m'en occupe, commencez à tout installer. »
Il sortit son ordinateur de son sac et monta sur une chaise pour savoir le modèle de la caméra et son numéro de série. Le lycée avait apparemment investi dans de nouveaux équipements pour s'assurer de la sécurité, et certainement les empêcher de faire leurs blagues. Évidemment, c'était un échec flagrant. En moins de cinq minutes, Lucas avait réussi à pirater la caméra et lui faisait diffuser des images de la veille à la même heure, sans oublier de changer la date.
Une fois ce problème résolu, il se chargea de calibrer les installations des garçons avec le déclenchement à distance qui se trouvait sur son ordinateur. Quand leur œuvre fut terminée, ils s'assurèrent que rien n'était visible et qu'ils n'avaient rien oublié avant de sortir du bureau, cinq minutes avant l'heure butoir, ce qui leur laissait le temps de retourner dans leur chambre sans problème. Ce n'est qu'arrivé dans le couloir des Premières que Lucas se permit de relâcher la respiration qu'il retenait depuis qu'ils avaient quitté le bureau.
Matteo lui donna une tape sur l'épaule. « Tu vois, tout s'est bien passé, comme toujours. Ça ne servait à rien de stresser. »
« Peut-être, mais la prochaine fois que tu arrives en retard, je te fais la peau. » Le menaça-t-il d'une voix si basse que Matteo pâlit à vue d'œil.
Après avoir acquiescé avec véhémence, les jumeaux partirent en courant dans leur chambre, laissant Maximilien et Lucas entrer dans la leur.
« Ça, c'est fait. » Conclut ce dernier en s'effondrant sur son lit, complètement épuisé, mais fier de sa réalisation.
Ω
Lucie avait de nombreuses activités au sein du lycée, la danse étant la principale d'entre elles et celle qu'elle préférait. Seulement, il y avait plein de petites choses à côté qui contribuaient à la divertir. Le tutorat en faisait parti.
L'année précédente, elle avait décidé de s'inscrire au programme de tutorat qui était mis en place entre les collégiens et les lycéens, et elle avait fait la rencontre de Mélanie qui venait à l'époque de faire sa rentrée en sixième. Mélanie avait de longs cheveux noirs avec de grands yeux bleus qui s'en démarquaient par leur brillance et, malgré sa petite taille, elle avait un caractère très marqué. C'était une fille avec beaucoup d'ambition pour son âge, ce qui expliquait certainement pourquoi elle prenait des séances de tutorat alors qu'elle était très intelligente. Lucie la considérait un peu comme la petite sœur qu'elle n'avait jamais eu.
Elle était justement en train de l'attendre à la bibliothèque, penchée sur un devoir de maths prévu pour la semaine suivante. Heureusement, elle ne l'attendit pas longtemps puisque la jeune fille arriva quelques minutes plus tard.
« Cette année, je suis bien décidée à battre Paul qui m'a dépassée de seulement 0,5 l'année dernière. Je compte sur toi pour donner tout ce que tu as Lucie. » Déclara Mélanie en signe de bonjour, la détermination toujours plus présente dans sa voix, en posant son sac sur la table avec force.
Lucie releva la tête de sa feuille, le sourire aux lèvres en regardant la plus jeune s'installer devant elle. « Bonjour à toi aussi, comment se sont passées tes vacances ? »
« Non ! » S'exclama-t-elle avec un geste de la main. « Nous n'avons pas le temps pour des choses aussi futiles. Il faut qu'on se mette au travail maintenant ! »
Lucie rigola brièvement, mais fit ce qu'elle lui demandait. Elles travaillèrent toutes les deux sur des maths pendant un certain temps, Lucie lui expliquant des choses qui n'étaient pas forcément au programme de cinquième, jusqu'à ce qu'Alexia ne vienne les interrompre, visiblement surexcitée.
« J'en ai reçu un autre Lucie ! » Dit-elle en lui tendant une nouvelle photo Polaroïd accompagnée d'une petite feuille de papier.
Elle s'en empara et les observa. Sur la photo était représenté un bois en automne et, si Lucie ne se trompait pas, il s'agissait de celui qu'il y avait derrière l'établissement. Sur le bout de papier était marqué "Je n'ai jamais imaginé qu'on pût être à ce point hanté par une voix, par un cou, par des épaules, par des mains. Ce que je veux dire, c'est qu'elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n'ai jamais su où aller depuis."
« Je reconnais ces phrases, elles sont tirées de La Promesse de l'Aube, un roman de Romain Gary. » Réfléchit-elle à voix haute. Elle se tourna ensuite vers Alexia. « Tu sais toujours pas qui c'est ? »
La concernée secoua la tête en reprenant ce qui lui appartenait. « Je les ai trouvés dans la chambre donc je sais que c'est un Première déjà. »
« T'as un admirateur secret ? » S'incrusta Mélanie en se penchant sur la table pour mieux voir.
« C'est trop mignon hein ? » Répondit-elle avec un sourire léger en posant son menton dans sa main.
« Vieux jeu surtout. » Commenta Lucie plus pour elle-même. Les deux filles se tournèrent simultanément vers elle et la fixèrent sans ciller. « Bah quoi ? »
« Ce que tu peux être rabat-joie ! » S'exclama Alexia en levant les yeux au ciel. « Tu ne peux pas apprécier la délicatesse du geste ? En plus, les photos et les phrases qu'il choisit sont magnifiques, il a très bon goût. »
« D'accord, » céda-t-elle en levant les mains en l'air, « je dois bien admettre qu'il s'y connaît en littérature, mais il y a quand même d'autres moyens pour t'approcher que de te laisser des mots, soit dans ton casier, soit dans ta chambre. C'est moyenâgeux comme technique ! Il pourrait très bien venir te voir en face. »
« S'il ne vient pas, c'est qu'il doit être timide. » Rétorqua-t-elle en observant le Polaroïd. « Personnellement, je trouve ça très romantique, surtout le fait qu'il sache que j'aime la photographie. »
« Tout le monde sait que tu aimes la photo, ce n'est pas très original. » Raisonna Mélanie, les yeux plissés en regardant le bout de papier. Alexia la regarda avec indignation, mais elle l'ignora et continua sur sa lancée. « Et tu ne veux pas savoir qui se cache derrière tout ça ? »
« Bien sûr que si ! »
« Alors pourquoi tu n'enquêtes pas ? Je suis sûre que tu peux trouver plein d'indices. »
« Merci ! » S'exclama Lucie avec un regard entendu à l'encontre d'Alexia. « C'est ce que je m'entête à lui dire depuis le premier, mais elle ne veut rien entendre ! »
Depuis celui qu'elle avait trouvé dans son casier dans les vestiaires de danse, Alexia avait reçu environ cinq autres lots similaires. Les photos n'étaient jamais les mêmes et les phrases pouvaient être tirées de poésies, de romans ou même de répliques de théâtre. Chacune appartenait à un auteur qui avait marqué la littérature, française ou non. Jusqu'à présent et en plus de Victor Hugo, elle avait reçu du Shakespeare, du Maupassant, du Voltaire, du Molière et même du Antoine de St Exupéry. Autant dire que son admirateur secret avait une grande culture littéraire.
« Mais pourquoi ? » S'indigna Mélanie en la regardant comme si un troisième œil lui avait poussée au milieu du front. « T'as de quoi faire une super enquête là ! »
« Non, je préfère lui laisser du temps. Il me dira qui il est uniquement quand il sera prêt. » Conclut Alexia en rangeant le papier et le Polaroïd dans son sac.
« Quel gâchis. » Soupira Mélanie en secouant la tête et regardant Lucie en faire de même.
Alexia les regarda chacune leur tour avec précaution. « Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de vous laisser travailler ensemble, vous vous ressemblez bien trop pour que ce soit raisonnable. »
Mélanie se redressa en gonflant la poitrine avec fierté. « Je prends ce que tu viens de dire comme un compliment, Lucie est mon héroïne. »
Cette dernière regarda la plus jeune avec un grand sourire alors qu'Alexia se penchait en avant sur la table. « Tu sais, elle n'est pas du tout comme tu l'imagines. Je n'ai jamais vu une personne aussi désorganisée et aussi excessive qu'elle. »
« Tu réalises que tu viens de te décrire toi là ? » Se demanda Lucie en plissant les yeux. Toutes deux se défièrent du regard pendant quelques secondes avant que Lucie ne lui montre la porte. « Maintenant va t'en, tu perturbes notre zone de travail. »
Alexia lui fit une grimace, mais s'éloigna tout de même, jurant par la même occasion qu'elle était la pire des amies mais qu'elle l'aimait quand même.
Lucie sourit en regardant sa meilleure amie partir, ses cheveux blonds volant derrière elle. Elle avait de la chance d'être tombée avec elle en sixième. Elle se tourna ensuite vers Mélanie qui la regardait avec le menton posé dans la main.
« Tu sais, je ne la crois pas. Tu es bien trop intelligente pour être comme elle te décrit. »
Ω
« Lucie ! Il faut absolument que tu viennes avec moi ! »
La concernée était tranquillement en train de marcher dans le couloir la menant jusqu'à sa chambre lorsqu'une Camille survoltée avait fait son apparition et l'avait entraînée à sa suite avec force et, surtout, contre son gré.
« Pitié, dis-moi que ce n'est pas encore pour une de tes causes désespérées. » La supplia-t-elle en faisant exprès de traîner les pieds.
« Ce ne sont pas des causes désespérées. » S'outra Camille en la traînant un peu plus par le bras. « J'ai besoin de ton aide pour convaincre Monsieur Lebon de me laisser utiliser le foyer pour mettre mes affiches. »
« Déjà, depuis quand tu as besoin de moi pour convaincre quelqu'un de faire quelque chose ? » S'étonna Lucie en acceptant de se mettre à sa hauteur. « Tu te débrouilles très bien toute seule. Ensuite, quelles affiches ? »
« Si je lui demande, il me dira non, alors que si c'est toi il acceptera forcément. Les affiches pour mon club de protestation, tu sais, j'en ai parlé hier soir. » Elle la regarda comme si Lucie était censée se souvenir de quelque chose, ce qui n'était absolument pas le cas. Camille finit par lever les yeux au ciel. « Tu n'écoutais pas évidemment, tu étais bien trop occupée à lorgner sur ce que pouvait préparer Lucas. »
Lucie se renfrogna et se dégagea de la poigne de son amie. « J'essayais juste d'avoir des informations utiles pour l'éviter le plus efficacement. »
« Mais oui, bien sûr. » Souffla-t-elle avant de s'arrêter devant Monsieur Lebon qui se trouvait à proximité de son bureau et de lui faire un sourire éclatant. « Monsieur, nous avons quelque chose à vous demander. »
Elle se tourna ensuite vers Lucie qui avait envie de se retrouver n'importe où, sauf ici. Remarquant que Camille attendait quelque chose, elle se lui lança un coup d'œil pour la voir la regarder avec de grands yeux et lui faire un signe de tête.
« Oh. » Dit-elle en réalisant que c'était à son tour de parler avant de regarder Monsieur Lebon avec l'expression la plus innocente qu'elle avait en réserve. « On voulait savoir si c'était possible de mettre des affiches dans le foyer pour promouvoir un... un club. »
Monsieur Lebon les regarda avec suspicion. « Quel genre de club ? »
Et s'ensuivi une longue explication de Camille de ce qu'était son "club". Si Lucie était honnête avec elle-même, elle aurait presque pu trouver l'idée intéressante si elle ne venait pas de Camille, justement. La connaissant, tout allait être excessif.
Un peu plus loin de là, dans la salle attenante au bureau de Monsieur Lebon, Lucas était en compagnie des garçons et ne loupait rien de la scène qui se déroulait devant lui. Non seulement sa blague allait être un succès, mais il y avait de grandes chances pour que Lucie en soit elle aussi victime. Quand les trois commencèrent à se diriger vers le bureau, il se redressa.
« Je fais une pierre deux coups là. » Murmura-t-il avant d'ajouter à l'intention de Thomas, « À mon signal. »
Lorsque Lucie, Camille et le surveillant eurent franchi le seuil de la porte, Lucas fit un signe de la main à Thomas qui démarra la dernière phase du plan sur l'ordinateur qu'il avait sur les genoux. Aussitôt, un mélange de musiques de tous genres se déversa des enceintes qu'ils avaient installées la veille au soir, le tout accompagné de ballons et de confettis multicolores.
Les réactions furent immédiates. Les trois entrants sursautèrent et se couvrirent les oreilles avant de sortir le plus rapidement de la pièce, assez difficilement à cause des ballons qui les entouraient et donc, à l'aveuglette. Monsieur Lebon ferma immédiatement la porte pour réduire le bruit alors que tous les élèves qui étaient autour s'arrêtaient pour regarder ce qu'il se passait.
« Je le savais. J'en étais sûre. » Murmura Lucie en retrouvant un semblant d'audition.
Lucas choisit ce moment-là pour s'approcher de façon casuel, les mains dans les poches et un grand sourire sur les lèvres. « Et bien, vous organisez une fête sans nous inviter ? »
« Monsieur Chapuis, » intervint Monsieur Lebon en croisant les bras, « vous n'aurez pas quelque chose à voir avec ce qu'il se passe dans mon bureau par hasard ? »
Lucas prit un air choqué en plaçant une main sur son cœur. « Moi ? Jamais ! » Voyant que le surveillant insistait du regard, il ajouta, « Innocent tant qu'il n'y a pas de preuves, ce n'est pas ce que dit la loi ? »
Monsieur Lebon réprima un sourire. « Comment est-ce que tu as fait ? »
« Ah mon cher Monsieur, un magicien ne dévoile jamais ses secrets. » Déclara-t-il avec un sourire en coin. Il se tourna ensuite vers Lucie qui le fusillait du regard et s'empara d'un des confettis qu'elle avait dans les cheveux. « Tu feras attention, tu as quelque chose dans les cheveux. »
Et avec un clin d'œil, il tourna les talons et alla rejoindre les garçons qui l'attendait pour aller célébrer leur victoire. Une de plus.
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Pour votre information, il y aura 40 chapitres et un épilogue dans cette histoire et c'est aussi le premier tome d'une série de trois tomes. Je suis vraiment fière de ce que ça peut donner d'ailleurs.
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