Chapitre 14 - « Tu es le Troy Bolton du lycée. »
Lucie ne savait pas vraiment quoi faire. Elle avait déjà terminé tout le travail scolaire qu'elle devait faire et s'était tellement avancée qu'elle était même prête pour des tests qui n'allaient arriver que dans un mois, voire plus. Et tout ceci alors que ce n'était que le troisième jour de vacances. Elle serait bien allée s'entrainer pour le gala du Nouvel An, mais elle avait déjà prévu d'y aller plus tard dans la journée et, étrangement, elle n'en avait pas envie.
Non, ce qu'elle avait besoin à cette instant précis, c'était d'avoir de la compagnie. Alors tout naturellement, du moins ce qui était devenu un peu plus naturel ces derniers jours, elle s'était mise à la recherche de Lucas. Sauf que, avec sa chance légendaire, elle ne le trouvait nul part. Il avait pris l'étrange habitude d'apparaitre aux moments les plus inopportuns et, maintenant qu'elle avait besoin de lui, il avait tout simplement disparu de la circulation.
Elle avait déjà fait trois fois le tour du lycée et commençait sérieusement à s'impatienter quand elle décida de repasser par sa chambre pour voir s'il n'avait pas soudainement réapparu. Contrairement aux fois précédentes, elle n'essaya pas de frapper, mais poussa plutôt la porte qui n'était évidemment pas fermée puisqu'elle le trouva assis par terre et avec une guitare sur les genoux ainsi que plusieurs feuilles étalées devant lui.
« C'est pas trop tôt ! » S'exclama-t-elle en entrant dans la pièce, mais laissant tout de même la porte ouverte derrière elle. « J'ai bien cru que je ne te trouverais jamais. »
Lucas sursauta en portant une main à son coeur en l'entendant entrer et la regarda s'installer sur son lit avec des yeux ronds. « Qu'est-ce que tu fais ici ? »
« Je m'ennuie. » Répondit-elle en haussant les épaules. « Tu joues de la guitare ? »
Il la posa derrière lui avec le même air qu'aurait un enfant prit en flagrant délit de faire une bêtise. « Euh... Oui. »
« Enfaite, » commença-t-elle en riant à sa propre blague, « tu es le Troy Bolton du lycée. »
« Est-ce que ça fait de toi Gabriella alors ? »
Un silence suivit cette remarque, Lucas réalisant certainement ce qu'il venait de dire et Lucie bien trop stupéfaite pour dire quelque chose. Il connaissait visiblement Highschool Musical, il savait quelles étaient les relations entre les personnages, alors venait-il vraiment de faire cette comparaison ? Il fallait qu'elle fasse quelque chose pour détourner la conversation, maintenant.
« Comment est-ce que tu as appris à en jouer ? » Demanda-t-elle en se raclant la gorge, un malaise désormais installé entre eux.
Il cligna des yeux et commença à rassembler les feuilles qui se trouvaient devant lui. « Mon père, mais pour les autres je suis autodidacte. »
« Les autres ? » Embraya-t-elle, sincèrement intéressée. « Tu joues d'autres instruments ? »
Il haussa les épaules, mais toujours en évitant de la regarder dans les yeux. « De la basse, ça ressemble beaucoup à la guitare, du piano et un peu de batterie. »
Lucie avait toujours admiré ceux qui pouvaient jouer d'un instrument. La seule chose qu'elle était capable de faire était de jouer la mélodie de Mario Bros au piano et encore, elle se trompait une note sur deux. La musique n'était vraiment pas un de ses talents.
Elle continua à l'observer sans rien dire. Il paraissait soudainement très timide et s'il y avait un mot que Lucie n'aurait jamais associé à Lucas, c'était bien timidité. Il avait la tête baissée et touchait à tout ce qui pouvait se trouver à sa portée. Ses cheveux bruns partaient dans tous les sens comme s'il venait juste de se lever et il n'avait visiblement pas daigné se changer puisqu'il portait un simple jogging gris et un t-shirt blanc.
Mais tout dans son attitude criait la gêne.
« La musique représente beaucoup pour toi, n'est-ce pas ? » Lui demanda-t-elle, estimant que c'était la seule explication logique à son comportement.
Il leva enfin les yeux vers elle, le bleu électrique se fixant dans le vert clair. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Et bien, » commença-t-elle en se mettant en tailleur, « on a tous cette chose qui nous permet de nous évader, d'oublier nos problèmes. C'est un peu une sorte d'exutoire qui nous est nécessaire. Personnellement, c'est la danse. Je ne pourrais pas m'en passer même si c'était une question de vie ou de mort. Je suppose que pour toi c'est la musique, non ? »
Il s'appuya contre sa table de nuit et fixa son regard sur le mur d'en face. « On peut dire tellement de choses à travers une musique, des choses que l'on ne peut pas forcément avouer à voix haute. La musique est universelle, même si les goûts de chacun sont différents, tout le monde écoute de la musique. C'est ce qui fait que c'est un moyen très efficace pour transmettre un message. »
Il fit une pause pendant laquelle il se contenta de regarder dans le vide sans bouger. Lucie ne dit rien pour le laisser aller au bout de sa réflexion.
« Oui, la musique me permet d'oublier, mais elle m'aide surtout à m'exprimer. » Dit-il enfin en la regardant à nouveau dans les yeux. « Je ne sais pas vraiment dire ce que je ressens et la musique me permet de le aire, même s'il n'y que mon père et Max qui connaissent ma passion. »
Lucie pencha légèrement la tête sur le côté et fronça les sourcils. « Les jumeaux ne le savent pas ? »
« Oh ils doivent le savoir, » répondit-il en haussant les épaules, « mais ils ne m'en parlent pas et ça me convient parfaitement. J'ai l'impression que partager cette partie de moi- »
« Reviendrait à la laisser partir. » Termina-t-elle en acquiesçant. « La partager aux autres serait comme leur donner le droit de te juger et de s'approprier ce que tu ressens. Mais si vraiment elle t'aide à t'exprimer, pourquoi ne pas t'en servir pour leur transmettre des messages ? »
Il plissa les yeux avec réflexion, mais ne répondit pas.
Lucie ne savait plus quoi penser. Il y a encore une semaine, elle ne ressentait que de la haine envers lui et la voilà maintenant qui discutait des bien faits d'avoir une passion avec lui. Toute cette situation était tellement improbable et peu logique.
Mais il avait tellement changé. Son attitude n'avait plus rien d'arrogant et de cynique, il se comportait comme s'il se souciait de ce que les autres ressentaient, de ce qu'ils pouvaient penser de lui. Il semblait plus calme et posé, réfléchissant à chaque parole qu'il pouvait prononcer comme s'il avait peur de la froisser. Rien à voir avec ce qu'elle avait toujours pu penser de lui.
Tout ceci était très perturbant. Elle ne savait plus quoi ressentir, elle était totalement perdue. Elle nageait dans un océan d'incompréhension où se mélangeait tous ces sentiments contradictoires qui lui brouillaient l'esprit à force de lui poser des questions.
Il fallait qu'elle s'éloigne.
« Je crois que je vais te laisser faire ce que tu as à faire. » Dit-elle en se levant et en s'avançant vers la porte, évitant à tout prix son regard. « Je vais aller à la bibliothèque pour essayer de trouver un livre à lire que je n'ai pas encore lu. À plus tard. »
« Attend ! » S'exclama-t-il avant qu'elle ait pu passer le seuil de la porte. « J'ai oublié de te demander, ça te dit une sortie nocturne ? »
Lucie se retourna avec les sourcils froncés. « Une sortie nocturne ? Tu veux dire sortir après le couvre-feu ? » Il hocha la tête et elle se renfrogna. « Ce n'est pas un peu délicat. »
Lucas haussa les épaules avec un sourire. « Je le fais tout le temps. Mais j'ai quelque chose à te montrer alors, t'es partante ? »
Ω
Lucie avait accepté.
C'était certainement dingue, complètement et totalement dingue, mais elle avait accepté de l'accompagner dans sa sortie nocturne.
Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit oui, elle n'arrivait pas à déterminer ce qui l'avait poussée à dire oui, mais elle savait que c'était étrange. Elle avait une petite idée, mais c'était tellement inconcevable qu'elle ne pouvait se résoudre à l'admettre. Sauf que c'était ce qu'elle ressentait, qu'elle le veuille ou non. De la confiance ? Non, comment pouvait-elle lui faire confiance après six ans de galère ? Et pourtant. Ce n'était pas l'idée même qu'elle puisse lui faire confiance qui l'effrayait, mais plutôt le fait que c'est ce qu'elle ressentait.
Lucas lui avait dit qu'il viendrait la chercher à vingt-trois heures. Il était actuellement 22h59 et Lucie faisait tout le tour de sa chambre en paniquant. Qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter ? N'avait-t-elle donc jamais appris de ses expériences passées que les plans de Lucas étaient toujours peu fiable ?
Elle sursauta lorsque quelqu'un frappa à la porte et elle dut rassembler tout son courage pour aller ouvrir. Quand ce fut le cas, elle trouva Lucas devant elle, habillé avec des couleurs sombres et son portable en main. On aurait dit qu'il était prêt à aller braquer une banque.
« Prête ? » Demanda-t-il d'un ton enjoué et un sourire éclatant sur les lèvres.
Lucie avala sa salive et lança un regard à son lit par dessus son épaule. « Tu es sûr que c'est une bonne idée ? Si on se fait prendre et que mes parents l'apprennent, je suis morte. »
Le sourire de Lucas se fit plus doux et la lueur dans ses yeux plus rassurante. « Je ne te ferais pas prendre ce risque si je n'étais pas sûr de moi. Fais-moi confiance. »
Encore cette histoire de confiance. Comment pouvait-elle lui faire confiance après tout ce qui s'était passé ? Mais elle ne pouvait pas se mentir à elle-même et en le voyant comme ceci devant elle, elle lui faisait confiance.
Elle hocha la tête et ferma la porte derrière elle, essayant de ne pas déjà regretter sa décision. Le sourire de Lucas grandit et il lui fit signe de le suivre, dans le silence évidemment.
Ils marchèrent pendant quelques minutes en silence, faisant attention à ne pas trop faire de bruits et vérifiant que personne n'arrivait à chaque changement de couloir. Lucie ne savait pas du tout où il l'emmenait et ce n'était pas le chemin qu'ils empruntaient qui allait lui donner des indices.
À un moment, alors qu'elle regardait à hauteur du plafond, Lucie se renfrogna. « Il y a des caméras. »
« Elles ne sont pas activées. » Répondit instantanément Lucas. « C'est plus un moyen de dissuasion. Apparement, la direction a confiance en sa technique et ne pense pas qu'il y ait des élèves assez fous pour tenter l'expérience. Visiblement, elle se trompe. »
Lucie n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée qu'il savait autant de choses sur le système de sécurité du lycée.
« Viens par ici. » Murmura-t-il soudainement en lui prenant la main et en l'entrainant dans un renforcement de mur qui était dissimulé par une colonne.
Elle n'était pas bête, Lucie avait très bien compris que c'était parce que quelqu'un arrivait et qu'elle ne devait pas faire de bruit, mais c'était bien la dernière de ses préoccupations.
La seule chose sur laquelle elle pouvait se concentrer actuellement était sa main dans celle de Lucas et leur proximité. Il dut d'ailleurs lui-aussi le remarquer puisqu'il lui lâcha la main et gardait le regard rivé en direction du couloir. Mais Lucie, elle, ne pouvait par détourner les yeux de son profil.
Jamais, vraiment jamais, elle n'avait été aussi proche de quelqu'un. Elle était persuadée qu'il pouvait sentir sa respiration courte et son coeur accélérer. De son côté, elle sentait la chaleur qui irradiait de son corps et le mouvement de chacun de ses muscles. Elle se sentit rougir rien qu'en y pensant.
Après ce qui lui parut une éternité, le danger s'était enfin éloigné et ils purent sortir de leur cachette, reprenant leur route vers leur destination finale et permettant à Lucie de respirer à nouveau convenablement. Quelques minutes plus tard, ils passaient la porte menant à l'arrière de bâtiment.
« Il fait froid. » Chuchota Lucie plus pour elle que pour quelqu'un d'autre et regrettant de ne pas avoir pris de veste.
« C'est ma faute. » Déclara Lucas en grimaçant et en lui jetant un coup d'oeil. « J'aurais dû te dire qu'on allait dehors et que tu devais prendre une veste. »
Enlevant sa propre veste, il lui la tendit et se retrouva en t-shirt, dehors en pleine nuit. Lucie la prit et le regarda avec de grands yeux alors qu'ils continuaient à marcher.
« Mais, et toi ? »
Il haussa les épaules, concentré sur là où il mettait les pieds. « J'en ai d'autre là où on va. »
Cette réponse attisa sa curiosité, mais elle enfila la veste, bien trop frigorifiée pour se poser plus de questions.
Ils continuèrent à marcher pendant un certain temps, pénétrant dans la petite forêt qui bordait l'extrémité du parc. Le sol était assez boueux et glissant, il fallait donc faire attention pour ne pas s'étaler par terre à cause d'un mauvais pas. Lucas semblant connaitre le terrain par coeur, il aida Lucie lorsqu'il fallut descendre une sorte de petit fossé et lui indiquait tous les endroits qu'il fallait éviter.
Lucie se posait de plus en plus de questions quand à leur destination et elle eut sa réponse quand il traversèrent une clairière et tombèrent sur un petit bâtiment en béton qui était dissimulé par les arbres. C'était donc ça leur destination.
Elle ne dit rien et se contenta de regarder Lucas s'approcher de la porte, taper un code sur l'endroit prévu à cet effet et ouvrir la serrure. Elle le suivit à l'intérieur, s'arrêta sur le seuil et écarquilla les yeux avec stupéfaction.
« Bienvenue dans notre QG. » Déclara Lucas avec fierté et en désignant la pièce de la main.
Celle-ci était composée de plusieurs parties, même si elle ne devait pas faire plus de douze mètres carrés. Il y avait tout d'abord un coin où se trouvait une table avec quatre chaises, des feuilles éparpillées un peu partout sur le plateau. Ensuite il y avait un petit canapé et un fauteuil placé en face avec une étagère où se trouvait toutes sortes de jeux. Enfin, il y avait une armoire avec de la nourriture à l'intérieur et un micro-onde pour réchauffer les aliments.
Il n'y avait pas spécialement de décoration et il y faisait assez froid, mais l'endroit était étrangement chaleureux et mettait facilement à l'aise.
« Je viens de mettre le chauffage donc il faut laisser le temps à la pièce de se réchauffer. » Expliqua Lucas comme s'il avait lu dans ses pensées et allant prendre un sweat qui se trouvait sur un coin du canapé. « Sinon, c'est ici que nous mettons en place nos plan afin d'éviter de nous faire prendre et on y vient aussi quand on s'ennuie. »
Il s'installa sur le fauteuil alors que Lucie faisait le tour de la pièce en regardant tout autour d'elle. « C'est... étonnant. Comment est-ce que vous avez trouvé cette endroit ? »
« C'était en cinquième. On avait décidé d'explorer la forêt et on est tombés dessus par pur hasard. » Il se leva à nouveau et alla prendre un paquet de chips avant de reprendre sa place. « L'endroit était abandonné et on s'est assurés que personne ne savait qu'il se trouvait là avant de s'installer. Après un bon nettoyage, on a commencé à aménager, de nuit évidemment pour plus de discrétion, et voici le résultat après cinq ans de travail. »
Lucie était impressionnée. Jamais elle n'aurait pu imaginer qu'ils avaient un QG aussi bien aménagé et fonctionnel au fin fond de la forêt. Seulement, une question lui trottait dans la tête.
« Pourquoi m'avoir emmenée ici ? Je suppose que les garçons ne seront pas très contents de l'apprendre, alors pourquoi ? »
Il fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté. « Je ne sais pas, une simple envie je pense. »
Lucie haussa un sourcil, mais ne dit rien.
Ils passèrent le reste du temps à parler et à jouer à tous les jeux qui leur tombaient sous la main, dévalisant les réserves de nourriture qu'ils avaient fait.
Le temps passa tellement rapidement qu'aucun d'eux ne se rendit compte de l'heure et chacun s'endormit sur place.
Ω
Lucas était perturbé. Vraiment très perturbé.
Tout ce qui se passait, tout le changement effectué pendant ces vacances lui donnait le tournis et il avait l'impression qu'il allait se réveiller d'un instant à un l'autre en se rendant compte que ce n'était qu'un rêve. Parce que, bon dieu, tout ceci était irréel.
Le simple fait que Lucie accepte de ne plus le traiter comme la représentation du mal était déjà un grand pas en avant, mais le rapprochement qu'il y avait eu entre eux deux était juste pas croyable.
Lucas n'était pas stupide, il comprenait parfaitement ce qu'il ressentait. Il avait compris que Lucie lui plaisait, même s'il ne savait pas depuis quand, mais jamais il ne l'admettrait à voix haute. Tout d'abord parce qu'il n'en était pas capable, mais aussi parce que le faire serait du suicide. Il n'était pas assez fou pour admettre quelque chose qui n'était pas réciproque.
Mais tout ce qui se passait entre eux était une véritable torture. Comment était-il censé garder son calme lorsqu'elle se trouvait plus proche de lui qu'elle ne l'avait jamais été, autant mentalement que physiquement ?
Il essayait vraiment de faire comme si de rien n'était, comme lorsqu'ils avaient dû se cacher pour ne pas se faire prendre l'autre nuit. Il pouvait sentir son souffle contre sa peau et le fait qu'elle ne le lâchait pas du regard n'arrangeait rien.
Ses yeux, mon dieu, ses yeux.
Ses yeux étaient absolument saisissants. À chaque fois que Lucas les regardaient, il se sentait hypnotisé, comme s'il pouvait s'y perdre pendant des heures en essayant de retenir chaque forme et chaque détail que ce tumulte de ton provoquait. La couleur verte avait toujours été associée à l'espoir et à la chance dans la culture occidentale, mais était aussi le symbole de l'équilibre, de l'acceptation, de la compassion, de l'harmonie et de l'amour. S'il y avait une couleur qui définissait parfaitement Lucie, c'était bien le vert.
Voilà pourquoi Lucas était fasciné par ses yeux. En les regardant, il se sentait apaisé, mais surtout submergé par tout un tas d'émotion qu'il ne savait comment décrire. C'était comme écouter une mélodie particulièrement douce, mais puissante tout à la fois et qui avait le don de vous donner des frissons. Ajoutez à cela des paroles qui décrivaient parfaitement l'état émotionnel dans lequel vous vous trouviez et une drôle de sensation se rependait dans tout votre corps.
Votre coeur se mettait à battre à un rythme soutenu, votre respiration s'accélérait et se faisait plus bruyante, un frisson vous parcourait la colonne vertébrale, vous aviez la tête qui commençait à tourner à cause de toutes ces pensées qui vous brouillaient l'esprit, mais vous ouvraient aussi de nouveaux horizons, vous aviez la gorge nouée et aucun son ne voulait sortir, comme si vos cordes vocales ne fonctionnaient plus. Vous ne saviez pas vraiment ce qui se passait, vous n'arriviez pas à mettre de mots sur ce que vous ressentiez, mais vous saviez que vous étiez à la fois triste et heureux. Vous vous sentiez étrangement bien et aimeriez rester dans cet état plus longtemps.
C'était l'effet qu'avait les yeux de Lucie sur Lucas. Il savait que s'il les regardait trop longtemps, il pouvait en suffoquer puisqu'il en avait le souffle coupé. Il aurait voulu pouvoir exprimer tout ceci à voix haute, mais il ne savait pas comment faire, il ne savait pas quels mots choisir pour décrire parfaitement ce qu'il pouvait ressentir. Alors il le gardait pour lui, se sentant parfois écrasé par le poids qui pesait sur son esprit, sur ses émotions, espérant que cela changerait à un moment ou une autre. Un jour peut-être.
Bien sûr, cela ne l'empêchait pas d'avoir peur. Jamais il n'avait ressenti tout ceci et c'était effrayant.
Alors qu'il déambulait dans les couloirs, complètement perdu dans ses pensées et n'ayant aucun but précis, il passa devant le studio de danse, dont la porte était ouverte, et entendit de la musique. Il n'y avait qu'une personne pour s'entrainer à cette heure-ci.
Lucas resta planté sur place à ne pas savoir quoi faire. Son coeur l'entrainait vers la porte, mais sa raison lui criait de partir en courant dans la direction opposée. Tout en lui se contredisait, lui donnant l'impression d'avoir la tête qui allait exploser.
Il finit quand même par céder et s'approcha timidement de la porte, sans se cacher pour ne pas passer pour un psychopathe, et regarda Lucie danser pour la première fois.
Il l'avait déjà vu danser, du moins en groupe, mais jamais il ne l'avait vu faire de solo. C'était exactement comme s'il la voyait à travers de nouveaux yeux, il la redécouvrait entièrement. C'était certainement lié à sa prise de conscience, il ne savait pas, mais c'était une sensation très étrange.
Il n'y connaissait rien en danse, on pouvait même dire qu'il était vraiment très mauvais, mais même ses yeux inexpérimentés se rendaient compte qu'elle était vraiment très douée. Chacun de ses mouvements étaient gracieux et d'une technique imparable. Son expression était à la fois concentrée, mais reflétait aussi toutes les émotions qu'elle voulait transmettre.
Et c'était un succès.
La regarder danser était comme lire un livre ou regarder un film particulièrement émouvant ou, dans le cas de Lucas, écouter une musique d'une puissance exceptionnelle qui regroupait toutes sortes d'instruments qui se mariaient parfaitement.
Elle mettait tellement de coeur dans sa danse que même le dernier des abrutis devait admettre qu'elle était incroyable.
Lucas était hypnotisé. Il ne pouvait pas la lâcher des yeux, même avec toute la bonne volonté du monde. C'était à la fois relaxant, mais très désagréable parce qu'il ressentait à nouveau ce rush d'émotion qui lui tordait l'estomac et lui retournait le cerveau depuis quelques jours maintenant.
Au bout d'un certain temps qu'il ne saurait déterminer, il s'arracha au spectacle et repartit dans le couloir, encore plus perturbé que quand il était arrivé.
Il fallait qu'il s'éloigne.
Nombre de mots : 3666
Quel chapitre, mon dieu quel chapitre.
Écrit en une seule journée en plus de cela.
Bref, maintenant je vous vois venir avec vos gros sabots à me demander pourquoi ils passent d'une relation de haine à une relation aussi ambiguë si soudainement. Avant que vous me sautiez à la gorge, je vais m'expliquer. Vous vous demandez certainement où est la phase d'amitié dans leur relation ? Et bien, je vous le dis tout simplement, il n'y en a pas et c'est tout à fait volontaire. Bien sûr, il y a une raison à cela, mais puisque je ne fais pas les choses à moitié, vous la découvrirez au fur et à mesure des chapitres.
Voilà.
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