Chapitre 23
" En guise de punition, je t'interdis de revenir ici pendant une semaine. "
__________________________
On rejoignit l'infirmerie, accompagnées de mes amis. Ça me mettait un peu la pression. Si je ratais, tout le monde sera déçu et ils pourront même penser que je ne suis pas si puissante que ça finalement. Mais je ne devais pas rater. J'allais réussir. Coûte que coûte.
Mia s'agenouilla devant le lit d'Armande, je fis de même de l'autre côté du lit. Elle me regarda, l'air de me demander si j'étais prête et je hochai la tête.
Je plaçais mes mains au-dessus du coeur d'Armande et Mia posa les siennes au-dessus des miennes.
C'était son coeur qu'on devait soigner car c'était lui qui propulsait le sang empoisonné qui rendait ses veines noires et la laissait dans cet état. Il fallait donc pouvoir soigner le sang à partir du coeur.
Je fermais les yeux et je me concentrais. À un moment, je commençai à réciter un des sortilèges que j'avais appris avec Mia. Elle me suivit et fit la même chose. Une lumière blanche jaillit de nos mains pour aller s'infiltrer sous la peau d'Armande, jusqu'au muscle en question.
Armande fut soudainement secouée de spasmes. Dans son sommeil, son corps bougeait, faisant trembler le lit. J'arrêtais immédiatement le sortilège, prise de panique. Son corps se calma peu à peu. Je pensais réussir.
- Qu'est-ce qui lui est arrivé ? demanda Aymeric.
- Je... Je ne sais pas. C'était pourtant le bon sortilège. Je ne comprends pas..., répondis-je, abattue.
- Je crois que c'est une réponse du poison envers votre tentative de guérison, répondit Kachi. Le poison a en quelque sorte muté pour créer des spasmes car il ne veut pas être éliminé du corps d'Armande.
- Tu ne saurais pas comment la guérir toi, vu que c'est ta magie ? Ou bien t'arriverais à retirer le poison de son corps ? C'est bien toi qui l'a introduit dedans, non ? demanda Mia, une pointe de colère dans la voix.
- Oui, c'est moi mais je ne connais pas de remède. Je donne mais je ne récupère pas, c'est comme Coraline. Elle peut empoisonner mais elle ne peut pas guérir son propre poison.
Je soupçonnais que ce soit cette même maîtrise des poisons qui avait fait en sorte qu'ils s'entendent bien. Mais à ce moment-là, notre principale occupation devait être la guérison de Carter et Armande.
Cependant, personne ne savait comment s'y prendre, pas même l'auteur de leur coma. Comment allions-nous pouvoir procéder ?
J'avais déjà utilisé la carte de Mia pour avoir une magie plus maîtrisée et plus puissante mais ça n'avait pas suffit. Que fallait-il de plus dans ce cas ? J'étais à court d'idées.
Se pourrait-il que leur maladie soit incurable ? Non. Impossible. Je refusai. Il devait y avoir un remède. Tout mal avait son remède. Une fois, ma mère m'avait dit "Tout problème a une solution. S'il n'y en a pas, alors il n'y a pas de problème."
Elle avait raison. Je pouvais guérir la maladie de Carter et Armande. J'allais faire ce qu'il fallait pour y arriver.
- Qu'est-ce qu'on peut faire maintenant pour les guérir ? demandai-je à l'intention de mes amis.
- Peut-être que tu pourrais chercher dans les manuscrits. Mais nous n'avons que des magies grecques et non pas azyas. Or, là, c'est un poison azya.
Pourrais-je les soigner en demandant l'aide de Tezcatlipoca ? Je n'y avais pas pensé, j'avais favorisé Apollon car c'était le Dieu de la médecine. Mais Tezcatlipoca s'y connaissait en poison aussi, en tant que Dieu de la Nuit, des Ténèbres. Pourrait-il me donner la recette de l'antidote ?
Il fallait que j'essaie. C'était la seule piste donc je devais l'exploiter au maximum. Avec un peu de chance, cette méthode marchera.
Je me concentrais du mieux que je pouvais pour essayer d'appeler Tezcatlipoca. Je ne l'avais encore jamais appelé en étant sur la terre anglaise, et donc à magie grecque. Aurais-je du mal comme je l'avais eu avec Apollon lorsque j'étais dans la tribu ?
Je ne pensais pas. Je n'arrivais pas à appeler Apollon car il y avait ce dôme qui empêchait toute magie extérieure d'y pénétrer. Ici, je devrais pouvoir y arriver.
J'allais l'appeler lorsque quelqu'un entra dans l'infirmerie et me coupa dans ma concentration.
- Alyssia Piétrowiak. Que t'ai-je dit hier soir ?
Je me retournai vivement et je vis Andrew debout devant moi, en colère. Lui qui d'habitude était toujours d'un calme déstabilisant. Il me lançait un regard noir et j'avais l'impression d'être une proie en panique face à son prédateur.
- Je t'ai dit de ne pas essayer de les soigner sans moi ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans cette phrase ? Tu m'as désobéi délibérément.
- Mais il y avait du monde qui surveillait si tout allait bien. Et puis je vais bien.
- Là n'est pas la question. N'as-tu pas songé que tu pouvais les tuer en essayant de les soigner ? Tu ne peux pas te permettre de faire tout ce que tu veux sur leur corps !
Je n'y avais pas pensé. Et j'aurais probablement dû. Ma tentative de guérison tout à l'heure avait provoqué des spasmes à Armande.
Et si un jour, ce poison décidait de mettre fin aux jours de son hôte ? Je n'y avais pas songé. J'avais foncé tête baissée, trop sûre de moi. J'étais encore trop immature. Andrew avait raison. Je ne pouvais pas prendre ce risque.
- En guise de punition, je t'interdis de revenir ici pendant une semaine.
- Une semaine ?! Mais Andrew, tu ne peux pas me faire ça ! Tu sais très bien à quel point ils comptent pour moi !
- Et c'est pour ça que je le fais. Je veux que tu comprennes que ce n'est pas parce que tu as des pouvoirs dits "puissants" que tu dois tout te permettre sans m'en parler. Me suis-je bien fait comprendre ?
Son ton était dur. Je savais que ça ne servait à rien de négocier avec lui, il ne changerait pas d'avis. J'hochai la tête, vaincue. Je n'avais pas d'autre choix.
- Maintenant, allez au cours du soir. C'est l'heure.
Chacun se dirigea vers la sortie en silence, préférant ne pas énerver Andrew plus qu'il ne l'était déjà. On descendit tous dans les sous-sols du lycée. Je me demandai avec qui je me retrouverai pour les patrouilles du soir.
Je m'arrêtais un moment dans le couloir éclairé de néons. J'avais envie de partir. Je n'avais pas envie d'aller au cours du soir. Je voulais aller dans la forêt, ou au lac, ou n'importe, tant que j'étais seule. Je voulais être seule pour me retrouver.
Les paroles d'Andrew faisaient écho dans ma tête. "Ce n'est pas parce que tu as des pouvoirs dits "puissants" que tu dois tout te permettre."
Avais-je cette habitude-là ? Était-ce l'image que je renvoyais aux autres ? Une fille prétentieuse qui se croyait au-dessus de tout le monde parce qu'elle possédait des pouvoirs hors du commun ?
Était-ce l'image que je renvoyais ou était-ce ce que j'étais ? Je ne le savais pas. Qui étais-je ? Voilà la vraie question. J'étais tellement focalisée sur mon objectif que je m'étais perdue de vue.
Je voulais simplement que l'école puisse vivre sans crainte et que plus personne ne soit blessé. J'avais été kidnappée, j'avais assisté à des combats que jamais je n'aurai cru possible d'exister avant cela, j'avais vu mourir des gens à cause de moi.
Et dans toutes ces mésaventures, j'avais laissé ce que j'étais. Je ne savais plus qui j'étais.
Mais si je séchais le cours du soir pour aller au lac, Andrew me passerait un savon, et déjà qu'il était en colère contre moi, mieux valait ne pas en rajouter. Alors je me forçais à mettre un pied devant l'autre pour aller jusqu'à la salle de sport.
On était en retard et tout le monde était déjà en binôme devant nous. Un Azya, un élève de Preston. M. Herrigan nous sermonna sur notre retard mais je n'y prêtais guère attention. Il pouvait bien m'engueuler, je n'en avais rien à faire. J'en avais marre. J'étais au bout du rouleau.
Pourquoi est-ce que ces choses-là m'arrivaient-elles ? Qu'avais-je fais de mal dans la vie pour mériter ça ? Je ne supportais plus d'être la fille de Nicolas. Je ne supportais plus ces deux magies en moi. Je ne me supportais plus. Je voulais être quelqu'un d'autre. Quelqu'un de normal.
Je voyais les lèvres des gens bouger mais je n'entendais qu'un bruit de fond sourd. Je n'arrivais plus à distinguer leurs paroles. J'avais simplement un bourdonnement continu qui me bouchait les oreilles.
Ma vision commença à se troubler et je commençai à voir la tête qui tournait. Qu'est-ce qu'il m'arrivait ? J'avais pourtant mangé correctement. Qu'est-ce qu'il se passait ?
Je me sentais vaciller de droite à gauche. Une personne se jeta sur moi pour me soutenir mais je n'arrivais pas à distinguer ses traits. Des voix s'élevaient à côté de moi mais je ne comprenais rien. J'étais coupée du monde.
Je me sentis partir petit à petit puis ce fut le noir complet.
__________________________
Je m'excuse de mon retard ! J'ai eu toute une série de contrôle et j'ai passé mes soirées à réviser. Par conséquent, je n'ai pas eu le temps de poster. Désolée.
Maloann
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro