Chapitre 19
Pour faciliter la lecture de certains dialogues, je mettrais "..." ce qui sifnifiera que la personne continue de parler.
Maloann
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"Aly, arrête, tu vas te tuer."
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Carter venait de me répondre. Sa voix résonnait dans ma tête comme s'il s'y trouvait. Je ne pus empêcher les larmes de couler le long de mes joues.
J'étais si heureuse d'entendre sa voix. Elle m'avait tellement manqué. Il m'avait énormément manqué. Je l'avais cru mort pendant si longtemps.
- Oui, c'est moi, lui répondis-je à travers mes larmes.
"Comment ça se fait ? Tu es vivante ? Ou suis-je mort ?"
- Je suis revenue, tu n'es pas mort. J'aimerai tant tout te raconter mais je dois tout d'abord te guérir.
"Tu m'as tellement manqué Aly."
- Tu m'as aussi horriblement manqué. Je te croyais mort jusqu'à mon retour ici. Tu te sens comment ? demandai-je.
"J'ai l'impression d'avoir un trou sur le ventre et que le trou me ronge de l'intérieur pour s'agrandir encore et encore."
Cette révélation me serra le coeur. Carter souffrait réellement. Me dire qu'il subissait ça depuis ma disparition provoquait en moi un pincement au coeur.
De plus, j'étais la première personne à qui il parlait depuis des mois. Ses amis qui étaient guéris ne l'avaient pas abandonné, ils avaient été là pour lui mais ils n'avaient pas la capacité de pouvoir avoir une conversation avec lui.
Il avait dû se sentir seul. Il avait sûrement dû crier sa souffrance de nombreuses fois mais personne ne pouvait l'entendre.
J'ouvrais les yeux et je dirigeai mon regard sur sa blessure. C'était vraiment atroce comme plaie. Je gardai une main sur sa tempe pour ne pas perdre le contact et je descendis l'autre vers la tâche sombre.
Je posai délicatement mes doigts sur son ventre. Je le sentis frémir à mon toucher même si c'était probablement imperceptible par une autre personne que moi. Je l'entendis jurer dans ma tête. Ça devait vraiment faire un mal de chien.
Je soulevai ma main et j'ouvrai la paume au-dessus de son ventre. Je commençai à faire de petits ronds avec ma main au-dessus de son corps puis une lumière blanche jaillit de ma paume. Elle s'étala sur la tâche noire.
"Que fais-tu Aly ?" me demanda Carter dans un mélange d'inquiétude et de surprise.
- Je suis désolée de ne pas avoir été là ces derniers mois alors que tu souffrais. Je t'ai prodigué un sort anesthésiant. Tu ne devrais plus avoir trop mal. Maintenant je vais essayer de te soigner.
"Aly, attends."
- Oui ?
"Je t'aime."
Je ne pus m'empêcher de sourire en entendant ces quelques mots. Ils me réchauffèrent le coeur. Je voulais que Carter revienne auprès de moi, entièrement vivant, en pleine santé.
- Je t'aime aussi, je te promets de te reparler vite, soufflai-je avant de couper la communication.
Lui parler m'avait vraiment fait un bien fou. J'avais momentanément oublié à quel point ma vie avait totalement basculé. Mais il fallait que je le guérisse. Lui et Armande. Je me mis à genoux devant le lit à côté de son corps pour procéder à la guérison lorsque je fus interrompue.
- Tu vas bien Aly ? me demanda Kachi.
J'avais oublié sa présence. Il avait assisté à mes propos, et à mes larmes. Je me sentis de suite gênée de m'être montrée de cette façon devant lui. J'avais dû sembler pathétique, misérable.
- Oui ça va, je suis désolée que tu ais dû assister à cette scène.
Il se rapprocha de moi et s'agenouilla à côté de moi, comme pour me montrer son soutien, qu'il était là pour moi et que je pouvais me confier si je le désirai. Cependant, ce n'était pas le moment, j'avais plus important à faire.
- C'est ton petit ami ? me demanda-t-il.
Je hochai la tête et je relevai les yeux pour voir le visage sans émotion de Carter, endormi.
- Je suis désolé qu'il soit dans cet état.
- Ne t'excuse pas, ce qui est fait est fait, maintenant, il faut le guérir, c'est la seule solution qu'il y a pour qu'il revienne parmi nous. ça ne sert à rien de s'attarder sur le passé.
Je posais délicatement mes mains sur sa blessure, sachant à quel point mon contact lui était douloureux, malgré le fait que je l'avais anesthésié.
Même s'il était anesthésié, je ne voulais pas provoquer une douleur atroce à cause de mon toucher. Je ne savais pas si mon sortilège allait être assez efficace.
Je fermai les yeux pour me concentrer et commençai à faire un sortilège que Mia m'avait appris. Je me rappelai de toutes les étapes du sortilège. Lorsque j'eus fini, je ré-ouvrais les yeux mais rien ne s'était passé. La blessure était intacte et Carter était toujours endormi.
Je décidai de ne pas perdre espoir et d'essayer un nouveau sortilège. Je me concentrai pour lui faire le sortilège que j'avais prodigué aux mages qui avaient été en mauvais état après le combat contre Itzamna.
Rien ne se passa non plus. Je commençai à perdre patience. Je récitai alors à la suite tous les sortilèges de guérison que je connaissais jusqu'à en être épuisée.
Mais toujours rien ne se passait. L'état de Carter ne s'améliorait pas d'un pouce. Sa blessure était intacte et il était toujours dans le coma.
Je m'énervai contre moi-même de ne pas réussir à le guérir. À quoi ça servait de posséder une magie puissante si on ne pouvait même pas l'utiliser pour aider ses amis ? Où est-ce que j'ai raté pour que ça ne fonctionne pas ?
Je me sentais partir petit à petit. Je n'avais presque plus d'énergie magique. Je me sentais vaciller sur mes genoux mais je devais réussir. Je devais le soigner, quoi qu'il m'en coûte car s'il était dans cet état, c'était de ma faute.
Je me poussai à continuer mais quelqu'un m'en empêcha.
- Aly, arrête, tu vas te tuer, tu n'as plus beaucoup d'énergie magique et tu sais que ta vie dépend de cette magie. Tu reprendras quand tu seras reposée.
Je refusais d'échouer. Je devais y arriver. J'avais de puissants pouvoirs, autant qu'ils servent à quelque chose. Je n'avais pas pu sauver Hannah mais je me devais de ramener à la vie Carter et Armande.
Je continuais à lancer les premiers sortilèges de guérison qui me venaient à l'esprit mais Carter ne guérissait pas. Ma tête commençait à tourner et je voyais des points noirs apparaître dans mon champ de vision.
Kachi me prit par les épaules et me tira en arrière d'un coup.
- Je t'ai dit d'arrêter pour aujourd'hui, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans cette phrase ? me hurla Kachi. C'est quoi ton but en faisant ça ? Le guérir ? Tu vois bien que tes sortilèges n'ont aucun effet ! Tu veux te tuer en essayant de le guérir ? Mais à quoi ça servirait ?
... Tu mourras et tes deux amis seraient toujours dans le coma. C'est ça que tu veux ? Leur seule solution pour guérir, c'est toi, mais si tu meurs, ils resteront comme ça jusqu'à la fin de leur vie ! Tu comprends ce que je te dis ?
Il était dur dans ses propos. Je restai abasourdie quelques temps, assimilant chacune de ses paroles. Il avait raison, essayer de le guérir jusqu'à me donner la mort ne servirait à rien à cet instant même puisqu'aucun sortilège ne fonctionnait.
Ça aurait été une mort inutile et Carter et Armande resteraient prisonniers de leurs blessures à jamais.
Kachi m'avait remis les idées en place. Je reviendrai demain, en plus de ça, je commençai à avoir terriblement faim. L'heure du dîner devait être arrivé. Il fallait qu'on se rende à la cafétéria.
Kachi m'aida à me relever et il me soutint jusqu'à la grande salle. Lorsque j'entrai c'était de nouveau la cohue. J'entendais des injures venir de part et d'autre de la salle.
Les Azyas étaient assis à quatre tables dans un coin de la salle et essayaient de se faire petits car ils savaient qu'ils n'étaient pas désirés.
Au fond de la salle, sur l'estrade des professeurs, les enseignants essayaient de faire régner l'ordre mais tout ce qu'ils réussissaient à faire, c'était rajouter des cris à ce brouhaha.
Alors mon école était comme ça dans le fond. J'étais déçue. J'avais une bonne image de Preston et de ses élèves parfaits. Peut-être l'avais-je trop idéalisé.
Pour moi ici, c'était comme une maison, la seule maison que j'avais à présent. Maintenant, c'était aussi la seule maison que les Azyas avaient, leur seul refuge. Je ne pouvais pas les laisser être mis à l'écart.
Ici, je me sentais chez moi et j'aimais les gens qui s'y trouvaient. Ils te souriaient dans les couloirs et te disaient bonjour sans même que tu ne les connaisses. Mais s'ils n'acceptaient pas les Azyas, c'était comme s'ils ne m'acceptaient pas, moi.
Je voulais que tout le monde s'accepte ici et qu'on puisse vivre en harmonie tous ensemble. Mais était-ce trop demandé ?
En ayant marre des cris incessants qui remplissaient la salle, je montai sur une table à manger. Les élèves qui utilisaient la table râlèrent mais je n'en avais que faire.
Les professeurs étaient en train de me sermonner d'être sans savoir vivre mais ça m'importait peu. Je voulais que cette guerre entre nos deux civilisations cessent.
Je pris un verre vide et un couvert, une fourchette pour être exacte, et je tapai les deux l'un contre l'autre pour attirer l'attention de tout le monde.
Cela fonctionna puisque plus aucun bruit ne s'éleva de la pièce. Tous étaient surpris par mon tempérament. Toute trace de fatigue avait quitté mon corps, laissant place à l'adrénaline.
- Bonjour. Je me présente, même si je pense que chacun d'entre vous sait qui je suis. Je me prénomme Alyssia Piétrowiak. Vous voulez savoir ma véritable identité ? Eh bien je suis reliée à Apollon, dieu grec de la médecine, et à Tezcatlipoca, dieu Azya de la mort et j'ai aussi appris à utiliser le pouvoir de télépathie.
Une nouveau brouhaha s'éleva dans la salle. J'entendais "Elle ment, ce n'est pas possible d'avoir deux Dieux". "Personne ne peut apprendre un pouvoir, ce n'est qu'une menteuse".
Pour leur prouver le contraire, j'enlevais mon pull et mon tee-shirt et je me retrouvais debout sur la table de la cafétéria, devant toute l'école, en soutien-gorge.
Plusieurs personnes poussèrent des cris horrifiés. Peut-être était-ce du à mon affront moral, ou bien à mes multiples tatouages qui recouvraient à présent mon ventre et mes bras. Une professeure m'ordonna de me revêtir et de descendre de cette table mais je l'ignorai.
- Vous voyez ce tatouage blanc ? C'est le symbole de mon appartenance à la civilisation grecque, et ces tatouages noirs, ceux de la civilisation Azya. Vous ne voulez toujours pas me croire ?
J'entendais des petits cris et des murmures dans toute la salle mais je n'y fis pas attention. J'appelai intérieurement mes deux Dieux pour m'aider à les convaincre que les Azyas et les élèves de Preston pouvaient cohabiter.
Si ces deux religions pouvaient cohabiter en moi, elles pouvaient cohabiter à l'extérieur de moi. Lorsque j'ouvris les yeux, je savais qu'ils étaient en moi. Je les sentais en moi. De nouveaux cris horrifiés emplirent la salle.
- Je peux aussi communiquer avec mes Dieux. Mon oeil noir est pour la tribu Azyas et mon oeil blanc est pour la civilisation grecque. Vous voulez savoir qui je suis encore ? Ma mère se prénomme Katia Piétrowiak, c'est une Azya, de son vrai nom Zia.
... Et mon père ? Ce n'est autre que Nicolas Piétras. Donc tout comme lui, j'ai la capacité d'apprendre les magies d'autres mages si j'ai leur accord. J'ai hérité des deux civilisations. Est-ce pour cela que vous ne pouvez pas m'accepter ?
... Pourtant vous avez très bien réussi à le faire jusqu'à présent, pourquoi est-ce que ça changerait ?
Un nouveau brouhaha s'éleva dans la salle. "Elle est vraiment la fille de Nicolas Piétras ? Comment est-ce possible ?" Je continuai mon discours sans perdre une once de détermination.
- Être sa fille fait-il de moi un monstre d'après vous ? Vous devriez me rejeter parce que vous avez peur n'est-ce pas ? Mais la peur fait partie à part entière de la nature humaine. C'est normal d'avoir peur.
... C'est elle qui nous pousse à nous rassembler auprès de nos camarades pour ne pas être seuls. Lorsque nous sommes en guerre, nous cherchons des alliés pour pouvoir nous battre à plusieurs parce que ça nous rassure.
... Nous nous serrons les coudes et nous nous encourageons les uns les autres. Mais pour vaincre la peur, il suffit d'être courageux. Les ennemis d'hier sont les amis d'aujourd'hui. Si nous nous acceptons les uns les autres, nous serons plus forts et nous pourrons surmonter n'importe quel obstacle.
... Ne faites pas d'un cas une généralité. Koya, le chef de la tribu Azyas, était une mauvaise personne, mais les Azyas, eux, ne le sont pas. Mon père est une mauvaise personne, et je ne pense pas que cela signifie que j'en suis une.
... Alors, êtes-vous toujours butés sur l'idée que les Azyas ne sont pas pareils que nous ? Ne voulez-vous pas essayer de les accepter ? Ne voulez-vous pas évoluer et devenir plus fort ? Ne voulez-vous pas découvrir et apprendre de nouvelles choses ?
... Ne voulez-vous pas cohabiter ensemble ? Croyez-vous toujours que nous sommes différents au point de ne pas pouvoir se mélanger ? Preston est le seul endroit où peuvent se réfugier les Azyas.
... Alors êtes-vous des monstres pour leur priver la possibilité de vivre paisiblement ? Nous sommes tous ce qu'ils ont en ce moment. Nous nous devons de leur tendre la main. Nous devons nous entraider afin d'évoluer et de devenir plus fort.
... Nous devons nous accepter les uns les autres pour avancer. Nous sommes tous des mages et nous formons une seule et même famille.
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