Chapitre 15
" Alyssia ? Tu es en vie ? Comment se fait-il ? On te croyait tous morte. "
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- Comment ça "rentrer en Angleterre" ? demandai-je surprise.
- Je suis originaire d'Angleterre aussi. On m'a juste gardé captive après que Zia m'ait envoyé ici. Maintenant que Koya n'est plus de ce monde, nous sommes libres.
- Mais nous, qu'allons-nous devenir ? Les mages les plus âgés sont soit morts soit partis avec la population. Il ne reste que nous. Qu'allons-nous faire ? entendis-je derrière moi. Nous venons que d'ici. Nous ne savons rien du monde extérieur et notre île a été détruite.
Je me retournai et tous les mages Azyas avaient l'air tourmentés par ces questions. Personne ne savait ce qu'il allait faire maintenant que leur civilisation avait été anéantie. À trop vouloir, on finit par tout perdre.
- On ne survivrai même pas dans le monde actuel, on a toujours vécu en société ici, fit remarquer un autre mage. On ne connaît rien de l'extérieur.
Ils avaient l'air tous inquiets par leur sort et cela me faisait de la peine. Je réfléchissais à ce que je pourrais faire pour eux et la seule idée qu'il me vint fut de les amener à l'école.
Mais étais-je toujours la bienvenue après l'incident qu'il s'était passé ? Et s'ils toléraient mon retour, accepteraient-ils des Azyas, ceux qui avaient tué des élèves de Preston ?
Qui ne tente rien n'a rien. J'essayai de m'en convaincre.
- Si vous voulez, vous pouvez venir en Angleterre. Il faudrait simplement trouver un moyen de rentrer, dis-je.
- Je crois que j'ai un moyen, répondit Naïa. Je connais une magie de téléportation.
- C'est hors de question ! s'exclama le jeune homme qui lisait dans les pensées. Tu as déjà dépensé trop d'énergie et tu dois te reposer ! Si tu nous téléportes tous en même temps, tu mourras à coup sûr !
- Alyssia m'a soigné, je sais que je peux le faire.
- Nous pouvons rester une nuit ici, le temps que tu te reposes, proposai-je raisonnablement.
- Je ne resterai pas ici une nuit de plus, répondit-elle, déterminée à quitter cette île pour de bon.
Tout le monde avait envie de quitter cette île au plus vite et personne ne pouvait le nier.
Naïa s'appuya sur ses coudes pour pouvoir s'asseoir. Elle commença à réciter un sortilège. Un vent se leva pour tourbillonner autour de nous.
Tous les mages étaient rassemblés autour de Naïa. Je voyais bien qu'il lui était difficile de continuer à utiliser sa magie mais elle ne s'arrêtait pas.
Le paysage autour de nous commença à devenir blanc puis on fut plongé dans un espace blanc, comme un espace entre deux mondes. Puis le blanc se transforma en forêt d'épicéas. Cette forêt que je reconnaissais bien.
Nous étions à côté du lac. Tout le monde était bien arrivé. Naïa s'effondra au sol pour la deuxième fois de la soirée. Je me précipitai sur elle en l'appelant. Elle ne se réveillait pas mais respirait encore. Elle avait dû s'évanouir.
Je demandai au garçon qui lit dans les pensées de la porter alors que je conduisais tout le groupe de mages vers le bâtiment de l'école.
Je ne cessais d'être nerveuse. Je ne savais pas comment j'allais être accueillie. Ça devait faire plusieurs mois que j'étais portée disparue et mes amis étaient morts, par ma faute. Je me demandai aussi si Andrew voudrait bien accepter d'accueillir ces mages Azyas.
Alors que je marchai le long des chemins de terre battue, suivie du groupe de mages, je ne pus m'empêcher de laisser des souvenirs affluer dans ma mémoire.
Je repensais à la première fois où j'avais couru dans cette forêt lors des cours du soir, la fois où Aymeric m'avait embrassé après être allés à la soirée du premier novembre, je me souvins aussi de la fois où on était tous allé à la piscine et que j'avais découvert leurs tatouages, ce qui m'avait en quelque sorte fait entrer dans leur monde.
Ces moments me semblaient si lointains et bien paisibles.
Puis la scène de mort prit place dans mon esprit. Tous mes amis au sol, certains avec une mare de sang sous eux, d'autres avec des veines noires ressortant de leur peau.
Puis ce fut l'image de la mort de ma mère qui me vint à l'esprit, sa gorge tranchée, le sang dégoulinant le long de son cou.
Et enfin vint l'image du cadavre de Zara, pour couronner le tout. Je voyais ses veines noires, ses yeux exorbités et un frisson me parcourut tout le corps.
- Tout va bien ? me demanda Kachi en s'approchant de moi.
Je hochai la tête en lui souriant faiblement en guise de réponse. Nous étions arrivés devant les lourdes portes en bois de l'école.
J'étais terrifiée à l'idée de remettre les pieds ici alors que c'était chez moi, c'était ma maison. Je pris une grande inspiration alors que mon coeur battait la chamade et j'ouvrais les portes pour entrer dans le hall du bâtiment.
La familiarité de l'endroit me fit chaud au coeur. Cet endroit m'avait réellement manqué. Et c'était beaucoup plus chaleureux que la cellule où j'étais enfermée pendant plusieurs mois sans pouvoir voir le ciel et la lumière du jour.
- Wow, c'est grand. Et c'est beau, s'exclama un mage derrière moi.
On était au milieu de la nuit mais le bruit qu'on avait fait en arrivant avait réveillé un professeur que je ne connaissais pas qui vint à notre rencontre.
Les sens du personnel ici devaient être aiguisés, d'une part car c'était des mages, et d'autre part, à cause des événements qui avaient eu lieu ici.
Chacun devait être sur leur garde en étant attentif au moindre bruit inhabituel. Leur vie n'était plus aussi paisible qu'elle ne l'était avant ma venue dans cette école. J'avais causé tout ça. Je tâchai pour le moment de ne pas y penser.
- Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ?
Son regard se posa sur moi et son visage se décomposa sous mes yeux. Il ouvrit la bouche puis la referma. Il commença à bégayer et sans rien dire de compréhensible, il s'en alla en courant.
- Tu es sûre qu'on est les bienvenu ? demanda Kachi à côté de moi.
Je hochai la tête, même si je n'avais pas réellement de réponse sûre à sa question. Le professeur revint en compagnie d'Andrew, à moitié réveillé. Je me doutais qu'il était parti le chercher.
Le voir me mit de bonne humeur, lui aussi m'avait manqué. Lorsqu'il me vit, ses yeux s'écarquillèrent et toute trace de fatigue disparut instantanément de son visage. Je ne savais pas s'il était heureux ou non de me voir.
Il resta bouche bée devant nous pendant plusieurs secondes qui avaient l'air de durer une éternité. Il ne détournait pas le regard de mon visage, ne serait-ce que pour regarder qui m'accompagnaient.
- Alyssia ? Tu es en vie ? Comment se fait-il ? On te croyait tous morte. Que t'est-il arrivé là bas ? Et pourquoi as-tu ces tatouages noirs sur les bras ? Et quelle est cette tenue ? Pourquoi as-tu autant de blessures ? Que s'est-il passé ?
Je me sentis oppressée par les questions d'Andrew mais ça signifiait qu'il était heureux de me voir et inquiet de ce qu'il avait pu m'arriver là-bas. Cela enleva un poids de mes épaules.
- Je t'expliquerai tout demain si tu veux bien, là, j'aurai une faveur à te demander.
Il hocha la tête. Il paraissait toujours aussi perturbé de me voir en chair et en os en face de lui. Comme si j'étais revenue à la vie.
- Les gens que tu vois là, ce sont des mages Azyas. Ils n'ont nul part où aller, peuvent-ils rester ici ?
- Alyssia ! Ces gens là sont ceux qui ont saccagé la soirée de concert de Noël ! s'exclama Andrew.
- Je le sais bien, mais ils ne sont pas comme tu le crois. Fais-moi confiance et donne leur une seconde chance. Laisse-les au moins dormir une nuit, on en reparlera demain quand je t'expliquerai ce qu'il s'est passé. Je te dois des explications et je te promets de te les donner. Mais j'ai réellement besoin de sommeil après tout ce qu'il s'est passé ce soir.
Il me regarda droit dans les yeux sans détourner le regard. Je fis de même. Ça n'avait pas changé, on faisait toujours une bataille de regard pour savoir qui avait le plus raison dans l'histoire. Cependant, j'étais déterminée. Il broncha.
- D'accord, mais ce n'est pas définitif. On en discutera lorsque tu te seras reposée.
Je le remerciai et le directeur monta à l'étage pour donner des chambres aux mages Azyas. Lorsque tout fut réglé, j'allais à ma chambre. J'étais épuisée.
J'ouvris la porte et je restai sur le seuil. Cette chambre, si simple d'apparence, m'avait tout aussi manqué. Je me retrouvai chez moi, là où était ma place.
Je m'allongeai sur le lit sans prendre la peine de me déshabiller et je m'endormis instantanément, fatiguée par cette grosse journée qui m'avait semblé interminable. C'était si bon d'être de retour chez soi.
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