Chapitre 13
" Eliusbo mapora gnanti. "
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Cette scène m'en rappela une autre : la mort de ma mère. Pourquoi les gens qui m'étaient chers, qui m'étaient proches, finissaient tous par mourir ?
Zara, ma mère, Hannah, Coraline, Tegan, Aymeric, Carter, Armande et maintenant ma soeur que je venais tout juste de rencontrer et avec qui j'aurais adoré faire connaissance en tant que seule famille "sensée" qui me restait. Je ne considérais plus Nicolas comme mon père.
On m'avait dit que lorsqu'un mage utilisait toute sa magie, il mourait car sa vie était reliée à sa magie. Ma soeur avait consommé trop de ses pouvoirs et était donc vidée de toute énergie.
Étais-je porteuse d'une malédiction ? Est-ce que le fait d'avoir deux pouvoirs extrêmement puissants faisait que je vivrai seule pour toujours ?
Je me mis à pleurer en haut de ce temple. Tout ce qu'il y avait autour de moi n'avait plus d'importance.
Itzamna continuait à détruire le village Azya sous nos pieds, les Tzitzimimes arriveraient bientôt en masse et les cris déchirants de la population s'élevaient dans les airs.
La Lune continuait de nous éclairer de sa lumière sanglante, ajoutant une touche à ce chaos qui se déroulait autour de moi.
Je ne savais même pas comment refermer le portail. Je ne comprenais même pas la langue dans laquelle était écrite l'incantation. Ça allait être la fin du monde. Nous nous étions battus jusque là pour rien. Il n'y avait plus rien à faire. On n'avait plus aucune chance.
Je hurlai de rage. Ça ne pouvait pas se finir comme ça. J'étais censée être née pour être puissante et pouvoir être utile, ce qui signifiait à ce moment-là, sauver le monde. Alors pourquoi ? Pourquoi avais-je échoué ? Apollon ! Tezcatlipoca ! Aidez-moi !
Un jeune homme arriva en haut des marches et prit appui de ses mains sur ses genoux pour essayer de reprendre sa respiration. Il devait avoir grimpé toutes les marches du temple au pas de course.
- Qui es-tu ? lui demandai-je. Si tu veux vivre plus longtemps, tu ne devrais pas rester ici.
Son regard électrique se planta dans le mien ce qui me provoqua un frisson.
- Je ne suis pas là pour fuir la mort. On m'a envoyé pour vérifier si vous étiez encore en vie puisque vous aviez l'air faibles d'en bas et le flux de lumière en a fait paniquer plus d'un.
- Et bien comme tu peux le voir, Naïa est morte et nous n'avons donc plus la possibilité de refermer le portail.
Je parlais avec haine. C'était la faute des Azyas. C'était eux qui avaient ouvert le portail, c'était eux qui avaient ressuscité Itzamna et c'était eux qui avaient tué mes amis.
Je leur vouais une haine profonde et je les tenais coupables de tout ce qu'il se passait en ce moment ainsi que de tout ce qui se passera par la suite.
- Elle est morte !? s'étouffa le jeune garçon.
Je ne pris même pas la peine de répondre tellement cet énergumène m'agaçait. Cependant, en faisant attention à son physique, il me rappelait Carter. Ils avaient la même couleur d'yeux : d'un bleu/gris clair. Il semblait avoir mon âge.
Il se jeta sur le corps inerte de Naïa et approcha son oreille de son visage. Qu'était-il en train de faire ?
- Elle n'est pas morte. Elle respire encore, même si ce n'est que très faiblement.
Je poussai un long soupir de soulagement. Alors elle était encore en vie. Enfin un bon point dans cette journée cauchemardesque. Mais la réalité revint au galop.
- Dans tous les cas, nous allons mourir, même si elle se réveillait, elle n'aurait pas la force de finir l'incantation. C'est fini.
- Tu ne peux pas faire l'incantation toi ? Puisque tu es censée être la mage la plus puissante, il doit bien te rester un grand stock d'énergie magique.
- J'aimerai bien mais comment pourrais-je le faire ?
- Je peux fouiller dans l'esprit de Naïa pour trouver quelle est l'incantation et te la dire.
- Tu peux faire ça ? m'exclamai-je soudain reprise d'un regain de motivation.
Il hocha la tête. Il avait le même pouvoir que Carter, c'était pour cela qu'il me le rappelait tant. Il pouvait lire dans les pensées.
Il me tendit sa main droite et il posa son autre main sur le front de Naïa. Au bout de quelques instants, j'entendis la voix du garçon résonner dans ma tête.
Il me disait une phrase dans le langage Azya et me dit de le répéter à voix haute. J'obéis., ne sachant aucunement ce que j'étais en train de dire.
- Eliusbo mapora gnanti.
Les phrases s'enchaînèrent mais rien ne se passaient. Ça ne fonctionnait pas. Peut-être que le temps entre chacune de mes phrases étaient trop long puisqu'elles devaient sortir des pensées de Naïa pour aller vers celles du garçon puis des pensées du garçon jusqu'aux miennes.
Il fallait que je puisse lire dans les pensées de Naïa directement mais je n'avais pas la capacité de le faire.
- Laissons tomber, nous ne pouvons plus rien faire, dis-je en signe de défaite.
- Je ne savais pas que tu étais du genre à baisser les bras aussi facilement. Alors la fameuse Alyssia Piétrowiak n'est donc qu'une lâche, me répondit le garçon.
Pour qui se prenait-il ? Il n'avait qu'à le faire son enchantement s'il n'était pas content. J'allais lui hurler dessus lorsque quelque chose me revint en tête, comme une illumination.
J'étais dans le bureau d'Andrew. Il m'avait dit que Nicolas Piétras était capable d'apprendre les autres magies si le mage qui la possédait était d'accord.
Comme j'étais sa fille, je devrais pouvoir faire de même. Moi aussi, je possédais une magie puissante, alors je devrais avoir les mêmes capacités que lui.
- Apprends moi ta magie ! ordonnai-je au jeune homme.
- Comment veux-tu que je fasse ça ? C'est impossible, me répondit-il en ouvrant de grands yeux, incrédules.
Il avait l'air de me prendre pour une folle, comme si la pression m'avait fait perdre la tête. Je pris ses mains, dans l'espoir que ça permettrait de mieux avoir contact avec lui et je le fixais dans les yeux.
- Es-tu d'accord pour m'apprendre ta magie ?
- Euh... Tu es bizarre. Tu es sûre que la fatigue n'a pas endommagé ton cerveau ?
- Réponds-moi juste ! dis-je impatiente.
Pourquoi devait-il parler tant ? Il n'avait qu'à dire oui et on en aurait fini. Et le temps pressait, les Tzitzimimes allaient arriver d'une minute à l'autre.
- Euh... Oui... Si tu veux, dit-il en bredouillant.
- Mets-y de la conviction ! hurlai-je à bout de patience.
- Ça va ! Je veux bien t'apprendre ma magie ! hurla-t-il aussi, visiblement agacé par ce qu'il croyait être de la folie.
Un courant d'énergie traversa mes bras pour venir se loger dans mon ventre, là où se trouvait le tatouage d'Apollon. Je sentis des petits picotements à cet endroit-là.
- Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? demanda le jeune homme surpris.
Je le poussai sans même lui répondre. Il était vraiment long à comprendre les choses. Je n'avais pas le temps de lui donner des explications pour l'instant. Le temps pressait et je devais refermer ce portail à tout prix et rapidement.
- Si des démons sortent du portail, tu les tues avec cette épée, lui dis-je en désignant l'arme que m'avait faite Tezcatlipoca en espérant qu'il sache s'en servir.
Je me plaçai à côté de Naïa et je mis mes doigts sur ses tempes. Je cherchais l'incantation dans sa mémoire. Je faisais ça comme si je l'avais fait toute ma vie.
Je trouvais ce que je cherchais et les mots sortaient de ma bouche en même temps que je lisais les pensées de Naïa. J'entendais le garçon pousser des cris derrière moi.
- Mais c'est quoi ces monstres ? Pourquoi ils ressuscitent ? Ça fait vraiment parti de notre religion ce truc ? Mais comment je fais pour les tuer ? C'est quoi cette arme ?
J'en déduisis que les Tzitzimimes avaient commencé à ressortir. J'essayais de me concentrer malgré les cris que poussaient le garçon. J'avais envie de l'assommer mais je devais finir l'incantation d'abord. Pourquoi avait-il envoyé un garçon aussi incompétent pour nous venir en aide ?
Je finis par dire la dernière phrase de l'incantation et j'entendis le bruit de lourdes pierres que l'on frotte l'une contre l'autre. Lorsque je me tournai, le portail était fermé.
J'avais réussi. Enfin. J'avais refermé la porte qui reliait notre monde à celui des démons, enfermant les Tzitzimimes par la même occasion. J'avais sauvé le monde.
Cependant, je n'avais pas le temps de me reposer dès maintenant sur ma réussite, le garçon était en train de courir autour de la stèle pour fuir des Tzitzimimes.
Je soupirai fortement. Les mages m'avaient envoyé cet incapable pour nous sauver. On voyait qu'ils tenaient à nos vies.
Lorsqu'il passa à côté de moi, je lui arrachai l'épée des mains et je tuais tous les démons rapidement. On en avait fini avec les Tzitzimimes et le portail. On en était arrivé à bout ! J'étais exténuée.
Un cri rauque de monstre retentit derrière moi. Je me retournai et je vis Itzamna et les mages toujours épris d'un combat sans pitié.
Le sommeil allait devoir attendre, nous avions un problème bien plus important sur les bras. À présent, il fallait tuer Itzamna.
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